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18 octobre 2007 4 18 /10 /octobre /2007 10:51

A sa « chanson de Fortunio », que Musset me pardonne, j’emprunte une cadence et deux rimes, pour une annonce pacifique :

Si vous croyez que je vais dire

Qui donc blâmer,

Je ne saurais pour un empire

Vous les nommer.


Autrement dit, mon propos ne va désigner personne. Mais voici que circulent, dans l’opinion tradi ou à son adresse, quelques idées trop inexactes. Je voudrais consoler, en les rétablissant, quelques vérités envoyées pleurer au pain sec dans le cabinet noir.

C’est ainsi que l’on entend parler à nouveau d’une rétractation du cardinal Ottaviani : il aurait explicitement rétracté son Bref examen critique de la nouvelle messe, récemment réédité par les Editions Renaissance catholique de Jean-Pierre Maugendre. On nous ressort l’histoire d’une lettre où le Cardinal aurait assuré en outre n’avoir donné à personne l’autorisation de publier sa lettre-préface au Bref examen. Cette fabrication de 1970 n’avait pas survécu à 1970. La revue Itinéraires avait immédiatement démontré que la prétendue lettre de rétractation n‘était pas authentique. Cette démonstration n’avait rencontré aucun démenti, elle ne fut contestée ou réfutée ni alors ni depuis lors. L’actuelle tentative de réanimation d’une calomnie clairement disqualifiée est une grave contre-vérité ; elle ne doit tromper personne ; il convient d’y veiller. Et d’un.

Et de deux : l’effort réitéré pour nier que six « observateurs » protestants ont activement participé aux travaux du « consilium » qui, de 1964 à 1968, a fabriqué la messe nouvelle. C’est un argument de poids contre une prétendue intangibilité de la messe de Paul VI. Comme, analogiquement, l’accord de Metz fait peser une lourde suspicion sur la constitution conciliaire Gaudiun et spes. Pour la messe, des personnalités dignes de foi témoignent qu’au cours des travaux on demandait leur avis à ces « observateurs » ou même qu’ils le donnaient spontanément. Cela passe communément pour un fait historiquement admis. Pour l‘écarter, on invoque une déclaration « officielle » de… la « salle de presse du Saint-Siège », en 1976, assurant que ces six théologiens protestants furent admis comme « simples observateurs » et ne participèrent pas à l‘élaboration des textes du nouveau missel. La « salle de presse » a bien pu officiellement parler ainsi, elle n’a pas l’autorité du Magistère pour prononcer des sentences intouchables. Sinon, on en arriverait bientôt à prendre pour obligatoire de croire sur parole le moindre propos du concierge d’un cardinal romain.

Troisièmement, pour donner à la messe nouvelle autant de titres que la messe tridentine, et voiler son infériorité, on nous rappelle sans nuance les cardinaux romains (et parmi eux le cardinal Ratzinger) qui l’ont toujours célébrée à partir de 1970. C’est passer un peu vite sur le fait que ces cardinaux, par exemple Odi et Siri, ne l’ont fait qu’en exprimant des réserves importantes. L’un disait que la messe tridentine porte le célébrant, tandis que la messe nouvelle, c’est le célébrant qui doit la porter. L’autre trouvait la vérité catholique dans la messe nouvelle, mais à condition d’y creuser profond. Quant au cardinal Ratzinger, il écrivait notamment : « A la place de la liturgie fruit d’un développement continu, on a mis une liturgie fabriquée. On est sorti du processus vivant de croissance et de devenir pour entrer dans la fabrication. » Mais qui est donc ce « on » qui a voulu que le nouveau missel soit « promulgué pour être substitué à l’ancien » ? Question (dont la réponse est connue) posée simplement pour montrer que la critique de la nouvelle messe, de son auteur et des indications pastorales du Concile n’est pas interdite, contrairement à ce que l’on cherche maintenant à nous faire croire.

C’est là le point.

JEAN MADIRAN


Article extrait du n° 6445 de Présent, du Jeudi 18 octobre 2007
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