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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 23:16
Reportage Jérôme Triomphe prépare la défense de l'un des trois supporters mis en examen vendredi dans l’affaire de la banderole anti-Ch’tis. Son client, 30 ans, a reconnu avoir participé au déroulement de la banderole lors la finale de la Coupe de la Ligue PSG-Lens, samedi 29 mars. Il est cadre dans une grande entreprise. Supporter «indépendant», il a déjà fait l’objet de deux interdictions administratives de stade de trois mois dont la deuxième a été annulée par la justice.

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-Votre client s’attendait-il à ce que l’affaire prenne une telle ampleur?

Ni mon client ni personne ne pouvait imaginer la démesure que prendrait cette affaire désormais d’Etat : le Président de la République intervenant publiquement, le Procureur de la République de Bobigny organisant une conférence de presse, les analyses ADN pour tenter de retrouver les personnes impliquées alors qu’il existe des listes d’attente pour ce genre d’investigations lourdes y compris dans des dossiers criminels. Un responsable politique a même évoqué la possibilité de faire appel aux services secrets pour retrouver les coupables ! Cette débauche de moyens en est même indécente quand on sait combien d’infractions restent sans poursuites.

- Pourtant cette banderole était voulue choquante… Elle ne s’adressait pas aux Ch’tis en général et leurs auteurs n’avaient aucune intention de les blesser. Cette banderole s’adressait à un groupe de supporters du club de LENS, les «Red Tigers» dans le cadre d’échanges et de rivalités qui sont récurrents entre certains supporters. C’est choquant pour un œil extérieur non averti mais cela fait des années que des supporters se répondent match après match par banderoles interposées, y compris entre certains supporters Ch’tis de clubs concurrents. Elles n’ont pourtant jamais suscité l’indignation d’aujourd’hui alors que leurs termes n’ont rien à envier à celle qui est en cause. La médiatisation autour de cette affaire s’explique certainement par le succès de l’excellent film de Dany Boon «Bienvenue chez les Ch’tis». Mais faut-il donc faire 17 millions d’entrées pour être l’objet d’une attention et d’une protection politico-médiatico-judiciaire particulières?

-Alors, l’accusation de «provocation à la haine et la violence» était-elle fondée?
Non, évidemment. Les propos de cette banderole sont en effet volontairement caricaturaux et outranciers : ils portent en eux-mêmes la démonstration de leur absence de portée. Qui peut prendre au sérieux , et en tirer un sentiment haineux ou un comportement violent, le fait que les ch’tis seraient des pédophiles, des chômeurs et des consanguins?
L’affaire qui s’en est suivie en est d’ailleurs l’illustration : loin de pouvoir provoquer à la haine ou à la violence, cette banderole a provoqué l’indignation, la réprobation générale et même la compassion envers les Ch’tis.
Tout ce qui est choquant ou même immoral ne tombe pas sous le coup de la loi. C’est le «droit au mauvais goût» qu’a développé Maître Francis Terquem, avocat et cofondateur de SOS Racisme, dans les colonnes de «Libération» du 4 avril 2008.

Propos recueillis par Daphné Mongibeaux
www.parismatch.com
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