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18 septembre 2006 1 18 /09 /septembre /2006 15:42
Une vertu est une disposition durable et ferme, qui nous incline à faire le bien et à éviter le mal.
Les Vertus théologales (Foi, Espérance et Charité) ont Dieu comme objet, elles sont données par Dieu (infuses) en même temps que la grâce sanctifiante, la vie divine (Jn 6,44-15,5; Rm5,5; 2 Co3,5; Ph.1,29).
Les vertus morales ont pour objet les actes humains conformes à la droite raison. Elles peuvent être naturelles (on jeûne pour "la ligne", pour la santé) ou surnaturelles afin que l'esprit domine "sur la chair" (1 Co.9,27). Elles sont acquises.
Elles ont en commun le juste milieu (in medio stat virtus) entre les excès opposés.
Il existe quatre vertus morales principales ou cardinales (du latin cardo: gond, pivot. Quatre gonds sur lesquelles les autres s'appuient): la prudence, la justice, la force et la tempérance.

La prudence

Cette vertu morale "dispose la raison pratique à discerner en toute circonstance notre véritable bien et à choisir les justes moyens de l'accomplir" (C.E.C. 1806). Elle prévoit afin de pourvoir; elle guide le choix et commande l'action (Sineux). pour acquérir la prudence, l'âme s'informe puis elle se forme au creuset de l'expérience. On peut être "prudent" humainement et "imprudent" surnaturellement (cf la crainte trop humaine "de la santé, du manque d'argent, de l'opinion, etc...).
Aux prudents de ce monde ("les sages et les habiles") le Père ne se révèle pas (Mt 11,25).
La prudence surnaturelle règle nos pensées (pour qu'elles ne s'égarent pas en dehors de Dieu), nos intentions (pour qu'elles restent pures), nos affections, notre volonté (pour qu'elle soit fidèle à la volonté de Dieu sur nous et sur les autres). La prudence chrétienne est réglée par la foi. Elle réside dans l'intelligence. Elle suppose de réfléchir (sur le passé -l'expérience-, le présent et l'avenir), de consulter (les sages et les expérimentés), d'agir (de décider; l'indécis voit mais n'agit pas).
Il existe diverses espèces de prudence: la prudence individuelle (qui règle sa propre conduite) et la prudence sociale (qui a pour objet la famille et la vie en société: la prudence politique).

Le principe général restant de ramener ses jugements et ses décisions à notre fin dernière: le salut de notre âme, le Ciel (cf. St Ignace de Loyola, Exercices spirituels, "Principe et fondement" n°23 et 1ère annotation).
Le don de conseil correspond à la vertu de Prudence. Les vices opposés: l'imprudence, la précipitation, la témérité, l'inconstance, la négligence.

La justice

C'est la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1807). Envers Dieu, c'est la vertu de religion. Envers les autres, c'est respecter les droits de chacun. L'homme juste se distingue par la droiture habituelle de ses pensées et la rectitude de sa conduite envers le prochain (Lv 19,15-Col 4,1).
La vertu de religion a pour objet le culte de Dieu, soit intérieur, soit extérieur. Dans les actes intérieurs se place l'adoration où tout notre être se prosterne devant Celui qui est tout avec comme conséquence: la reconnaissance. Conscients alors d'être pécheurs, nous avons des sentiments de pénitence qui nous poussent à la prière. Dans les actes extérieurs, le principal est le sacrifice où nous nous offrons à Dieu en union avec la victime immolée, l'agneau de Dieu, dans des sentiments de réparation et d'adoration. La Messe est le sacrifice par excellence de la Loi nouvelle.
Les prières publiques en font partie: l'Office divin (la liturgie des Heures), l'adoration eucharistique (la bénédiction du Saint-Sacrement), les processions, etc...
Les vices opposés: le faux culte du vrai Dieu (les superstitions, les "dévotions" non reconnues par l'Eglise, etc...), le vrai culte d'un faux Dieu (l'idolâtrie, le fétichisme, telle image ou statue "miraculeuse", la divination (astrologie, chiromancie, cartomancie, spiritisme, etc...), les vaines observances (les superstitions: portes bonheur, mauvais sorts, etc...), l'irréligion qui affiche le mépris ou la haine de Dieu, le parjure, le sacrilège (léser les choses sacrées), la simonie (vouloir acheter ou vendre des choses saintes: dons, sacrements...).
Dans les vices opposés, il faut compter les atteintes à l'honneur, à la réputation, à la paix...
Les vertus annexes à la justice: la piété filiale, la gratitude ou reconnaissance, la vengeance ou répression,, la véracité, l'affabilité, la libéralité (ses opposés: l'avarice et la prodigalité).
Le don du Saint-Esprit correspondant: le don de piété.

La force

La force est la vertu morale qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien. Elle affermit la résolution de résister aux tentations et de surmonter les obstacles dans la vie morale. Elle rend capable de vaincre la peur, même de la mort, d'affronter l'épreuve et les persécutions (C.E.C. n°1808).
Ses actes: entreprendre et endurer des choses difficiles.
Elle permet de vaincre la crainte des fatigues et des dangers, des critiques ou des railleries, de déplaire, le respect humain. Son acte principal: le martyre (du sang ou d'épreuves constantes et durables).
Les vices contraires: la peur et la lâcheté d'un côté, la témérité de l'autre.
Les vertus annexes: la magnanimité (la disposition à entreprendre de grandes choses pour Dieu et le prochain) qui a pour défaut contraire la pusillanimité (la crainte excessive de l'échec, mais aussi la mesquinerie ou la prodigalité). La patience (qui fait supporter avec égalité d'âme, par amour pour Dieu et en union avec Jésus-Christ, les souffrances physiques ou morales). La persévérance ou constance (qui permet de ne pas succomber à la lassitude ou au découragement).
Le don du Saint-Esprit correspondant: le don de force (Je puis tout en celui qui me fortifie Ph. 4,13)
"Dans le monde, vous aurez de l'affliction, mais courage, J'ai vaincu le monde" Jn 16,33

La tempérance

La tempérance est la vertu morale qui modère l'attrait des plaisirs et procure l'équilibre dans l'usage des biens créés. Elle assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l'honnêteté (C.E.C. n°1809).
Le vice opposé: l'intempérance (dans le boire et le manger, par exemple) mais aussi l'excès contraire: le refus de tout bien sensible.
L'abstinence (se priver volontairement de biens sensibles, comme la nourriture, en tout ou en partie, en quantité ou en qualité) dont l'acte propre est le jeûne et la sobriété (elle concerne les boissons liquides notamment alcoolisées). Leurs contraires: la gourmandise et l'ébriété.
La chasteté est la vertu de tempérance appliquée aux actes de le sexualité sous l'autorité de la raison.
"La chasteté signifie l'intégration réussie de la sexualité dans la personne et, par là, l'unité intérieure de l'homme dans son être corporel et spirituel (...) La vertu de chasteté comporte donc l'intégrité de la personne et l'intégralité du don." C.E.C. n°2337
La continence (ou chasteté parfaite) est la forme absolue de la chasteté; la chasteté conjugale use de modération ou d'interruption provisoire dans les relations conjugales.
Les vices opposés à la chasteté: la luxure, la masturbation, la fornication, la pornographie, la prostitution, le viol (CEC n°2351-52. Sur la chasteté et l'homosexualité: n°2357-59).
L'humilité se rattache à la vertu de tempérance car "elle modère le sentiment de notre propre excellence" (l'orgueil, son contraire, est "l'amour désordonné de sa propre excellence").
"Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifier comme si tu ne l'avais pas reçu?" 1 Co 4,7

abbé Christian LAFFARGUE

Sources:
- R. Père SINEUX o.p., "Initiation à la théologie de Saint Thomas", Livre II, chap.2
- A. TANQUEREY, "Précis de théologie ascétique et mystique", Livre II, chap.2
- Catéchisme de l'Eglise Catholique (C.E.C.)

Cet article a été diffusé dans les Bulletins des 3, 10 et 17 septembre 2006 de la paroisse de Tossiat-Certines (diocèse de Belley-Ars)
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