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22 juin 2004 2 22 /06 /juin /2004 15:51
par M.l'Abbé Christian Laffargue


Dans une lettre apostolique signée le 7 avril 2002, dimanche dans l'octave de Pâques dédié depuis peu à la divine Miséricorde, le Pape JEAN-PAUL II réaffirme motu proprio (de sa propre autorité) la doctrine et la discipline de l'Eglise sur la célébration du Sacrement de Pénitence.
Pour mieux marquer l'importance de ces rappels, deux cardinaux-préfets de Congrégations (J. Ratzinger pour la Foi, J.-A. Medina Estevez pour le Culte divin et les Sacrements) et le Président du Conseil Pontifical pour l'interprétation des textes législatifs (Mgr J. Herranz), ont chacun insisté sur l'importance de ce texte.

On ressent, à la lecture de ce document, le souci douloureux du Bon Pasteur - illustré par les souffrances physiques et visibles du Saint Père dans ses récents déplacements pastoraux - des brebis blessées pour les conduire dans la bergerie afin que l'oubli de l'aspect divin du sacrement n'entraîne de graves dommages pour la vie spirituelle des fidèles et pour la sainteté de l'Eglise.
(Ière partie, in fine).

Le Pape rappelle ce que le Code de Droit Canon (C.I.C.), l'exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia (2 déc. 1984) et le Catéchisme de l'Eglise Catholique (C.E.C.) ont clairement affirmé au sujet du sacrement de Pénitence et de Réconciliation. Il insiste surtout sur la tendance à l'abandon de la confession personnelle et sur le recours abusif à l'absolution générale ou collective qui doit rester exceptionnelle et dont l'extension est devenue arbitraire (CIC, 961,§1,2°).

Dans sa Lettre aux prêtres pour le Jeudi-Saint 2001, consacrée au Sacrement de Pénitence, il leur demandait de faire redécouvrir au Peuple de Dieu que le Sacrement de Pénitence est la voie ordinaire pour obtenir le pardon et la rémission des péchés graves (…) dans les formes liturgiques prévues(n°12). Dans celle du Jeudi-Saint 2002, consacrée au Sacrement de l'Eucharistie, il insistait pour redire que la célébration personnelle est la forme ordinaire de l'administration de ce sacrement et que c'est seulement en cas de grave nécessité qu'il est légitime de recourir à la forme communautaire de la confession avec absolution collective tout en rappelant - ce que beaucoup ignorent aujourd'hui - que même dans ce cas on ne peut jamais jamais se dispenser de recourir ensuite à la confession individuelle des péchés graves, ce que les fidèles doivent avoir le désir de faire pour que l'absolution soit valide (CEC n°1483). (n°3 de "Misericordia Dei")

Le Pape Jean-Paul II rappelle ce que le Droit canon précisait clairement (Canon 961,§1,2°), qu'une grave nécessité n'est pas suffisante pour le seul motif d'un grand afflux de pénitents tel qu'il peut se produire pour une grande fête ou un grand pèlerinage (n°4, 2). Il n'appartient pas, d'ailleurs, au confesseur d'en juger mais à l'évêque diocésain dans le cadre des dispositions prises par les Conférences épiscopales et soumises à Rome (congrég. pour le Culte divin et la discipline des Sacrements) à la lumière du présent document (n°5, 6 et suiv.).

Les pénitents n'ont pas à choisir l'absolution collective, comme s'il s'agissait d'une possibilité normale et équivalente à la forme ordinaire (personnelle) (4,c).
Ils sont tenus par l'obligation de confesser selon leur espèce et leur nombre les péchés graves non encore confessés individuellement, après un sérieux examen de conscience (canon 988,§1) et on doit réprouver tout usage qui limite la confession à une accusation d'ordre général, ou seulement à un ou plusieurs péchés considérés comme étant plus significatifs.
Sur la confession des péchés véniels le Saint Père rappelle (n°3) qu'il est recommandé aux fidèles de les confesser aussi compte tenu de l'appel de tous à la sainteté ; il cite sur ce point le canon 988,§2, Reconciliatio et paenitentia (n°32) et le Catéchisme au n°1458.

Il est demandé que les Ordinaires (dont les évêques), les curés et les recteurs d'églises et de sanctuaires vérifient qu'il existe concrètement les plus grandes facilités possibles pour les confessions : présence visible des confesseurs dans les lieux de culte durant des heures précises, l'adaptation des horaires à la situation réelle des pénitents, leur disponibilité spéciale pour confesser avant et durant la célébration des Messes(n°2).
Au n°9, le Pape précise que le lieu des confessions doit être muni d'une grille fixe permettant aux fidèles et aux confesseurs de l'utiliser librement (canon 964,§2). (n°9,b). Il touche ici au devoir de discrétion et au droit des fidèles à l'anonymat.

Mais tout ceci serait facilement admis, et suivi, si ne sévissait depuis la fin du XXème siècle la perte du sens du péché. Le Pape Jean Paul II le rappelle dans l'introduction de Misericordia Dei en citant le n°18 de Reconciliatio et paenitentia. Il citait aussi cette exhortation apostolique à propos de la distinction entre péchés mortels et péchés véniels au n°70 de l'encyclique Veritatis splendor du 6 août 1993. C'est la contestation de certains théologiens sur cette distinction (n°69) qui pervertit la conscience personnelle. Elle est alors "erronée", obscurcie, n'étant plus éclairée par la Vérité qui fait voir et juger ce qui est bien et ce qui est mal. Et c'est l'Eglise qui "de par la volonté du Christ est maîtresse de vérité" (cf n°62 à 64 de Veritatis splendor).

Concluons avec les premiers mots du Saint-Père dans son motu proprio : Puisse l'Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde (Jn 1,29) sauver son peuple de ses péchés (Mt 1,21) et lui ouvrir le chemin du Salut !

"Ouvrez donc bien votre cœur pour en faire sortir les péchés par la confession; car à mesure qu'ils en sortiront, le précieux mérite de la Passion divine y entrera pour le remplir de bénédiction." Saint François de Sales (Vie dévote, chap. XIX)
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