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11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 16:13
Nous serons quelques-uns (et peut-être toute l’Eglise ?) à célébrer pieusement cette année le cinquantième anniversaire de la mort de Pie XII (9 octobre 1958).

• La mort de Pie XII en 1958 marque, dans l’histoire de l’Eglise, le moment où le Saint-Siège va cesser d’opposer frontalement son autorité magistérielle et ses condamnations aux tendances révolutionnaires qui, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, agitent le clergé catholique.

• A la fin des années cinquante, un peu avant ou un peu après 1958, parmi les propos ordinaires du monde ecclésiastique, j’ai entendu plusieurs fois annoncer en privé que Pie XII « serait probablement » puis « avait été » le dernier pape tridentin. J’ignorais bien sûr d’où pouvait provenir une aussi surprenante rumeur, et d’ailleurs j’en discernais mal la portée. Nous le voyons aujourd’hui, c’est bien à partir de 1958 qu’a été progressivement abandonné dans les diocèses l’enseignement de la foi chrétienne selon la pédagogie prescrite par la préface au Catéchisme du concile de Trente, c’est-à-dire la pédagogie des trois connaissances nécessaires au salut et des quatre parties obligatoires de tout catéchisme catholique.

• La révolution religieuse qui s’est déchaînée durant toute la seconde moitié du XXe siècle s’est manifestée d’abord dans cette subversion du catéchisme. Ce fut l’affaire du « catéchisme progressif » qui eut, mais prudemment en sous-main, le soutien de l‘épiscopat français. Ce catéchisme voulait imposer de suivre sans jamais la devancer l’« expérience religieuse des enfants catéchisés » (au lieu de la susciter et la guider par l’enseignement traditionnel des trois connaissances). Pie XII y donna un coup d’arrêt en 1957. L‘épiscopat se soumit en traînant les pieds. Mais déjà des familles se regroupaient pour enseigner elles-mêmes le catéchisme romain traditionnel à leurs enfants. Elles avaient raison. Après 1958, les efforts réels du Saint-Siège pour sauver le catéchisme du désastre qu’on lui connaît furent trop discrets, trop débordés, trop impuissants. Et aujourd’hui encore, il manque dans la plupart des diocèses le modeste mais indispensable livret du petit catéchisme pour enfants baptisés. Quand il en subsiste quelque chose, c’est par initiative privée, et souvent clandestine (cf. Histoire du catéchisme 1955-2005).

• Sous Pie XII commença aussi la non-résistance catholique au communisme. Mais il ne lui consentit aucune apparence de complicité, aucun caractère officiel, aucune tolérance. Cette non-résistance systématique s‘était fortement installée dans la presse catholique et dans l‘épiscopat. Elle avait pour origine le clan démocrate-chrétien, dont quelques notables clercs ou laïcs avaient étroitement collaboré pendant la guerre avec le parti communiste, et le souvenir de cet excitant concubinage leur était resté doux. Ce fut, s‘élargissant comme une immense tache d’huile, l’extension d’un « progressisme » politico-religieux, partisan de l’« ouverture », du « dialogue », de l’« accompagnement » pratiqués aveuglément à l‘égard de toutes les « modernités » sans discrimination. Pie XII y était totalement imperméable. Et sous son pontificat la rébellion révolutionnaire du clergé baissait la tête.

• Il ne lui avait pas échappé que le concile du Vatican (1869-1870) avait été suspendu en raison de l’entrée dans Rome des troupes italiennes. Il s‘était donc posé la question de reprendre ce concile interrompu. Il consulta, il médita, il pria, et finalement il jugea imprudent de réunir un concile en un temps où l’on avait déjà tant de mal à contenir le tumulte révolutionnaire d’un clergé qui était rebelle dans son cœur.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6630 de Présent, du Samedi 12 juillet 2008

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