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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 08:19


Eglise. Les scandales pédophiles utilisés à des fins polémiques. 

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Vincent Tremolet de Villers« Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites », dit le Christ, et il faudrait avoir détruit la morale élémentaire propre à chaque être humain pour ne pas être scandalisé par la bestialité qui entraîne un homme à s’attaquer aux enfants.

Partout, des hommes ont failli. Dans l’Église catholique aussi. Institution sainte composée de pécheurs, elle s’afflige des « actes scandaleux et criminels » de ses fils, comme l’affirme l’impressionnante lettre de Benoît XVI à l’Église d’Irlande. « Le problème de l’abus des mineurs n’est pas propre à l’Irlande et à l’Église », poursuit-il dans sa profonde réflexion sur ce « temps de douleur, dans laquelle la fragilité de la condition humaine a été aussi clairement révélée ».

Évoquer ces sujets, pour un catholique, oblige à la modestie, tant s’imposent le respect et la honte face à la souffrance infligée à des enfants par des prêtres qui ont défiguré le visage de l’Église. Doit-on accepter pour autant que le pape et l’Église subissent, sur ce sujet, une véritable lapidation médiatique où la vérité, l’erreur, les préjugés et la malveillance sont inextricablement liés ?

Après le scandale, il y a quelques mois, des prêtres de la “très catholique Irlande” (la formule est obligatoire), est apparu celui du choeur de Ratisbonne dirigé de 1964 à 1994 par Georg Ratzinger, le frère du pape. Il y aurait eu des attouchements sexuels dans le pensionnat durant ces trente années, dont le vieil homme ignore tout. Il se souvient que des enfants y reçurent parfois des paires de gifles : « Le frère du pape reconnaît avoir commis des abus physiques », a-t-on pu lire dans la presse. « Si ce n’est Georg, c’est donc son frère », ont poursuivi les procureurs, avec en main le nouveau motif de condamnation: un prêtre pédophile avait été recueilli en 1980 pour se faire soigner dans l’archevêché de Munich, à la tête duquel se trouvait le très catholique Joseph Ratzinger. Hans Küng, vieux théologien autrefois célèbre, s’interrogeait sur “le silence de Benoît XVI”. Présumé coupable, le pape se voyait reprocher, à la une du New York Times, de ne pas avoir réduit à l’état laïc un prêtre américain pour des actes commis entre 1954 et 1970, prescrits aux yeux de la justice, et qui avait supplié la Congrégation pour la doctrine de la foi, trois mois avant sa mort,de le laisser mourir en prêtre… « Le pape éclaboussé par les scandales pédophiles », ont repris en boucle radios et télévision.

Ce pape le fait exprès: négationniste et propagateur du sida l’année passée,le voilà protecteur des pédophiles! Les Thénardier de la souffrance des enfants se sont interrogés sur la nécessité de sa démission.“Et si les prêtres étaient mariés ?”, a-t-on entendu, comme si le mariage était une thérapie pour criminel sexuel. On a cherché en vain ceux qui avaient couru les plateaux de télévision lors de l’affaire Frédéric Mitterrand pour fustiger l’amalgame entre homosexualité et pédophilie. L’amalgame entre prêtrise et pédophilie a, lui, été médiatiquement imposé.Au risque de faire subir aux ecclésiastiques du monde entier une irrésistible loi du soupçon.

Ceux qui se font le devoir d’informer ignorent- ils que 80 % des actes de pédophilie sont commis par des hommes vivant en couple ? Qu’une savante étude montre qu’aux États- Unis, on trouve beaucoup plus de pédophiles chez les professeurs d’éducation physique que dans l’Église (6 000 condamnations en cinquante ans pour une centaine de condamnations de prêtres) ? Que Benoît XVI a plus fait qu’aucun autre chef d’institution contre ce fléau et à demander dès 2001 que les coupables soient livrés à la justice ? Ou poursuiventils des motifs plus obscurs ? Mgr Müller, évêque de Ratisbonne, s’est élevé contre « une licence à diffamer qui permet de façon apparemment légale de priver de leur honneur et de leur dignité toutes les personnes et congrégations se refusant à obéir à l’exigence de domination totalitaire du néo-athéisme ou à la dictature du relativisme ».

On ne saurait mieux dire: comme en un furieux parricide, la nouvelle morale née de Mai 68, celle de la sexualité sans tabou,de l’érotomanie généralisée, de l’orgasme remboursé par la Sécurité sociale, tente d’achever l’ancienne en la salissant du pire des crimes. « Qui veut faire l’ange fait la bête », ricane-t-elle, assurant que la maîtrise de soi entraîne plus sûrement à ce genre de pratique que la partouze généralisée. En cette affaire,nous sommes au-delà de l’indigence médiatique (qui ne sait pas ce qu’elle fait), mais dans le déchaînement de la machine infernale qui, ayant refusé la grandeur de Dieu et de ses créatures, s’acharne à tout réduire, tout détruire, tout salir.

Vincent Trémolet de Villers est journaliste

A lire sur le même sujet : 
Pédophilie : Pourquoi on veut "mouiller" le pape, par Laurent Dandrieu
Entretien avec Mgr Stanislas Lalanne : 
"Pédophilie : attention aux amalgames"

Photo © Patrick Iafrate

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