Mgr Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, a réagi hier, par un communiqué, à l'annonce faite par Roselyne Bachelot, lundi, lors de la Journée de la femme, concernant la revalorisation forfaitaire de l'acte de l'interruption volontaire de grossesse.
« Alors que la France connaît un fort taux d'IVG, deux fois plus qu'en Allemagne, le ministre de la santé vient d'annoncer le relèvement tarifaire pour l'avortement, écrit-il. L'on ne peut être insensible au fait que 83 % des femmes (sondage Ifop-Alliance pour les droits de la vie publié le 4 mars 2010) reconnaissent que l'avortement laisse des traces psychologiques difficiles à assumer et 60 % d'entre elles souhaiteraient éviter d'y avoir recours. »
« Cette revalorisation d'un acte qui donne la mort au plus faible est un couperet antisocial, poursuit Mgr Aillet [...] Il est fort regrettable que Madame Bachelot ne veuille pas prendre en compte l'expression des Françaises qui plébiscitent, au contraire, une vraie politique de prévention de l'avortement et d'accompagnement des femmes enceintes. »
Réactions
Cette prise de position suscite déjà des réactions, en particulier celle de Marie-Paule Lavergne, présidente de l'association départementale du planning familial : « Je ne suis pas surprise par cette déclaration. L'Église est contre la contraception, le préservatif et évidemment l'avortement. Nous combattons ces idées, ceci pour la défense des femmes, de leurs droits, et pour le respect de la loi, qui nous semble même trop restrictive. »
Autre réaction, celle de Martine Lignières-Cassou qui, en tant que députée, fut rapporteur de la loi de 2001 sur la contraception et l'IVG. « Qu'un évêque français prenne une telle position, publiquement, est extrêmement inquiétant, souligne la députée-maire de Pau. Cette déclaration s'inscrit dans un mouvement général de régression des droits des femmes. Et pas seulement sur l'IVG, même si l'on sent, depuis quelques années, une forte pression des mouvements anti-avortement. »
« On connaît les difficultés d'accès à l'IVG, poursuit Martine Lignières-Cassou. C'est pourquoi cette mesure d'augmenter de 50 % le forfait des actes d'IVG réalisés en milieu hospitalier est une bonne mesure. Je me souviens qu'en 2001, Mme Bachelot était l'un des rares députés de droite à défendre la loi. Elle reste donc fidèle à ses convictions. »
Sud Ouest - Vendredi 12 mars 2010