Benoît XVI a entrepris une lutte opiniâtre contre la pédophilie dans l’Eglise. Pourtant, il n’est pas épargné par la polémique. En arrière-plan, la volonté de faire plier l’Eglise sur le célibat des prêtres.
D’abord, dire le dégoût et la honte. Le dégoût de voir des prêtres à qui des parents, parce qu’ils avaient affaire à des hommes de Dieu, ont confié leur enfant en toute confiance, et qui ont trahi cette confiance de la plus atroce manière : «Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une meule de moulin et être précipité à la mer, plutôt que de scandaliser un seul de ces petits », dit Jésus (Luc 17, 2). La honte, pour tout catholique, de voir le visage de l’Eglise souillé par une telle trahison, et l’immense majorité des prêtres, qui vit son sacerdoce avec conscience et générosité, frappée par une insupportable suspicion. Cette honte et ce dégoût, on les retrouve exprimés dans la Lettre pastorale aux catholiques d’Irlande que Benoît XVI a publiée le 20 mars, lettre absolument sans précédent dans l’histoire de l’Eglise.
Il ne se contentait pas d’y renouveler sa condamnation de ces « actes scandaleux et criminels », mais reconnaissait également les fautes de la hiérarchie dans sa gestion de ces affaires. « De graves erreurs de jugement furent commises et des manquements dans le gouvernement ont eu lieu. Tout cela a sérieusement miné votre crédibilité et efficacité », écrivait le pape aux évêques d’Irlande (le 24 mars, Benoît devait accepter la démission de l’entre eux, Mgr John Magee, accusé de passivité dans sa gestion de ces affaires dans son diocèse). Remarquable de fermeté mais aussi de douceur, la lettre du pape a su trouver les mots justes pour évoquer les blessures des victimes et leur légitime révolte contre l’Eglise : « Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous réconcilier avec l'Eglise. En son nom, je vous exprime ouvertement la honte et le remord que nous éprouvons tous. » Et pour inviter, à travers un certain de nombre de conseils concrets (appel au jeûne, à l’Adoration, au sacrement de Réconciliation, mais aussi le lancement d’une vaste mission nationale pour aider à redécouvrir les fondements de la vocation), à « un chemin de guérison, de renouveau et de réparation ».
S’agit-il, comme on l’a lu ici ou là, d’un texte de circonstance, d’une réaction tardive à laquelle Benoît XVI aurait été acculé par l’exposition médiatique de scandales passés ? L’examen objectif de son pontificat, et même de son action sous le pontificat de Jean-Paul II, prouve qu’il n’en est rien.
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