Il fait chaud à Unieux visiblement. . .
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Discussion de parvis sur la messe des « ralliés »
A la sortie de la chapelle, M. l'abbé discute avec un fidèle, Philippe, 17 ans. Au cours de la conversation, Philippe raconte son dernier week-end avec des amis en région parisienne. Et Philippe de dire que le groupe d'amis a choisi d'aller à une messe de ralliés...(N.B. : conversation fictive en style parlé).
Philippe: pourquoi vous faites cette tête-là, Monsieur l'abbé ? C’est quand même la bonne messe !
M. l'abbé: que la messe soit bonne, sans doute; mais ce n'est pas le principal.
Philippe: pas le principal ? Qu'est- ce qu’il vous faut de plus, Monsieur l'abbé ?
M. l'abbé: Eh bien, je prends une comparaison. Le rhum est une bonne chose, d'accord? (Philippe acquiesce en souriant d'un air en- tendu). Bon. Mais à chaque fois que l'on boit du rhum, on ne fait pas forcément une bonne action ? (Philippe comprend). Alors c'est pareil pour la sainte Messe. Que la messe en elle-même soit bonne, c'est une chose; mais il faut aussi qu'assister à cette messe soit bon; il faut que l’assistance à cette messe soit une bonne action.
Philippe: Oui enfin, quand même, le rhum et la messe, ce n'est pas pareil! Vous avez l’air de dire qu’on peut faire mal en assistant à la messe traditionnelle !
M. l'abbé: Tout à fait, c'est bien ce que j'ai voulu dire ! De même qu'on peut faire mauvais usage du rhum, de même il n'est pas forcément bien d'assister à une vraie messe. Cela peut même être mal.
Philippe: alors ça c’est la meilleure !
M. l'abbé: cher Philippe, c'est un peu compréhensible ton étonnement. Normalement, un catholique n'a pas à se poser de questions en assistant à une messe catholique. Mais en ce moment dans l'Eglise, il y a bien des choses anormales. Nous, par exemple, on dit la messe dans des salles aménagées comme on peut, avec l'hostilité du clergé de la région, avec une étiquette de pestiféré, d'excommunié, de schismatique... Beaucoup de gens ne viennent pas ici parce qu'ils croient que c'est mal. Pourtant c'est bien la bonne messe ! Ce qu'il y a, c'est qu'ils se trompent en pensant que c'est mal de venir ici.
Philippe: oui justement, ils se trompent, vu que c’est la bonne messe!
M. l'abbé: non, Philippe, fais attention. Leur problème ce n'est pas la messe; leur problème c'est qu'on leur a dit que c'est mal d'y aller. C'est tout différent. Eh bien, le problème avec les ralliés, il est du même genre: leur messe est bonne, d'accord; mais y aller, est-ce bon? C'est une autre affaire ! Tu vois la distinction ?
Philippe: d'accord, je vois la distinction. Mais je vois vraiment pas pourquoi c’est mal d'a1ler chez Saint-Pierre ou au Christ-Roi!
M. l'abbé: tu vois, quand on commence à se demander si assister à telle messe est bien ou mal, tout de suite on parle de celui qui dit cette messe. Intéressant, non?
Philippe: là, je ne vois pas bien. ..
M. l'abbé: Eh bien si ! on va dire, comme tu viens de le faire: je vais à la bonne messe chez Saint-Pierre, au Christ-Roi, chez Saint-Pie-X, à Saint-Georges, place Foch, ou rue Buisson etc:.. La messe dite dans ces différents cas est la même. Pourtant, assister ici ou là, ce n'est pas pareil. Cela dépend de celui qui la dit.
Philippe: mais pourquoi?
M. l'abbé: parce que la messe et le rhum ce n'est pas pareil ! Tout à l'heure tu aurais pu me dire: mais moi, je fais attention quand je bois du rhum; il n'y a jamais aucun problème; c'est toujours avec modération ! Mais la messe n'est pas quelque chose qui se consomme tout seul dans son coin, de façon privée.
Philippe: c’est quoi alors? Moi je vais à la messe pour me recueillir, pour prier. pour communier. Tant pis si le prêtre est à Saint-Pierre ou à Saint-Pie-X Vous n'avez qu'à vous arranger entre vous, après tout!
M. l'abbé: la sainte Messe est l'acte le plus élevé de culte public de l'Eglise. C'est-à-dire que c'est un acte avant tout social, dans lequel on honore Dieu et on en reçoit ses bienfaits, sous l'autorité de l'Eglise, société que Dieu a instituée pour pouvoir être honoré comme Lui le veut.
Philippe: là, Monsieur l'abbé, c'est un peu dur...
M. l'abbé: je recommence. En privé, tu peux prier le bon Dieu assez librement, quand tu veux, comme tu veux; c'est ta prière, en quelque sorte. Mais le bon Dieu a voulu être honoré aussi et surtout en réunissant les hommes autour de la croix, par la messe; et cela c'est la prière publique et officielle de l'Eglise. Elle rend ainsi à Dieu au nom de tous les hommes tout l'honneur et la gloire qui lui sont dues. La messe n'est donc pas une dévotion privée, ni des assistants ni des prêtres qui la disent. C'est un acte commun de culte, qui suppose que celui qui fait le culte (le prêtre) ait reçu de l'Eglise l'autorité pour le faire. Il doit dépendre d'un évêque, lequel dépend du pape. C'est pourquoi je parlais de l'autorité de l'Eglise.
Philippe: mais vous, Monsieur l'abbé, vous êtes indépendant de cette autorité.
M. l'abbé: Philippe, on arrive là au cœur du problème. Ce que tu dis, c'est ce que disent les conciliaires et ceux qui les croient, quand ils disent que assister à la messe chez nous n'est pas permis. Encore une fois, ce n'est pas parce que la messe qu'on dit est mauvaise qu'ils disent cela; c'est parce qu'on résiste à la hiérarchie, à Rome. Et nous on dit: il ne faut pas assister à la messe chez les ralliés, parce qu'ils se soumettent à la hiérarchie conciliaire.
Philippe: si je comprends bien, en fait, le fond du problème, c’est la soumission à la hiérarchie actuelle ?
M. l'abbé. Exactement ! Normalement dans l'Eglise, un prêtre est soumis à son évêque qui est soumis au pape; du coup il reçoit une mission de célébrer la messe et les autres sacrements pour une portion des fidèles de l'Eglise. Or, depuis une trentaine d'année, il se trouve que pour garder la foi, les fidèles ont demandé à des prêtres qui eux aussi voulaient la garder, de s'occuper d'eux, au point de résister aux évêques et au pape. Leur but n'était pas de résister pour résister, en bons gaulois qu'ils étaient, mais de défendre leur foi face à des décisions de Rome qui contribuaient à faire perdre la foi aux fidèles.
Philippe: quelles décisions?
M. l'abbé: eh bien par exemple, la promulgation de la nouvelle messe de Paul VI, en 1969. Mais avant, il y a eu le concile, avec plusieurs mauvais textes, notamment sur l'œcuménisme, la liberté religieuse. Plus tard, il y a eu les changements sur les autres sacrements, puis le nouveau Droit Canon, en 1983. Il y a eu tous les scandales de l'œcuménisme, comme Assise, en 1986. Et puis il y a eu la lutte farouche contre Mgr Lefebvre qui pourtant ne faisait, comme il le disait souvent, que ce qu'il avait fait pendant toute sa vie, avec approbation de Rome. En 1988, Mgr a sacré des évêques parce qu'il a compris que Rome voulait détruire la Tradition. La foi des fidèles continuait à être menacée. C'est là l'essentiel qu'il faut bien comprendre: la hiérarchie, les évêques, le pape, sont là pour conduire les prêtres et les fidèles dans la foi. S'ils ne le font pas, les fidèles et les prêtres doivent résister et chercher à garder la foi ; ce qui est une forme de soumission plus haute finalement.
Philippe: bon...bon... mais la messe chez les ralliés dans tout ça Je vais y perdre la foi?
M. l'abbé: Il faut prendre le problème par l'autre bout...
Philippe (interrompant): l’autre bout?
M. l'abbé: oui, l'autre bout. La question de savoir si je vais perdre la foi est capitale. Mais ce qu'il faut se demander, c'est: quelle est, face à la messe des ralliés, l'attitude de foi qui convient ? Dans ta question, n'y a-t-il pas un sous-entendu, du style: si je fais attention, vu que c'est quand même la bonne messe, il n'y aura pas de problème. Comme pour le rhum. Je me trompe ?
Philippe: non, Monsieur l'abbé, on est d'accord !
M. l'abbé: Il faut donc voir l'autre bout, celui que j'ai expliqué tout à l'heure. La messe est avant tout un acte public et hiérarchique. La messe d'un prêtre rallié est la messe d'un prêtre qui, officiellement au moins, obéit à l'évêque du lieu et au pape; un prêtre qui va donc recevoir de temps en temps son évêque pour des cérémonies; un prêtre qui ne prêche pas que la nouvelle messe est mauvaise, dangereuse pour la foi; un prêtre qui va donc rassembler autour de lui des fidèles plus faibles dans leur foi, moins au courant des dangers sérieux qui menacent la vie chrétienne dans l'église conciliaire; un prêtre, qui, s'il est logique avec lui-même, estime que la situation de l'Eglise aujourd'hui est grosso modo normale, en tous cas assez normale pour rendre la résistance publique de la Fraternité Saint-Pie X illégitime; un prêtre qui en obéissant à des autorités libérales et modernistes va inévitablement dévier; un prêtre qui finalement trahit tout ce qu'a fait Mgr Lefebvre, qui trahit les âmes, les trompe, en leur faisant croire, par sa soumission publique à la hiérarchie, que le pape conduit vraiment ses brebis et ses agneaux dans les sentiers de la vraie foi...
Philippe: vous y allez un peu fort, Monsieur l'abbé !
M. l'abbé: Monseigneur parlait comme cela en son temps l Un prêtre rallié, actuellement, n'a pas une position juste dans l'Eglise. Il n'est pas en ordre avec le bon Dieu. Il n'est pas dans la vérité. Il est entre deux chaises, tiraillé entre son désir de bien faire, et sa soumission aux autorités conciliaires. Ses sermons s'en ressentent obligatoirement. La table de presse, les revues aussi; il y aura des documents de l'évêché au fond de l'église. Il y a encore le risque sérieux, avec le temps, de se laisser attiédir par le contact de fidèles bien moins formés dans la foi; risque aussi de se laisser attirer, soit par une doctrine plus accommandante, soit éventuellement par la sympathie des gens ou des prêtres.
Philippe: Donc, on ne peut jamais assister à la messe chez les ralliés?
M. l'abbé: on ne peut jamais déplaire à Dieu l Ces messes ne sont pas pour nous ! Si pour des raisons exceptionnelles on est amené à être présent à une cérémonie des ralliés, il convient de garder une attitude discrète, évitant de donner l'impression qu'on adhère à leur soumission aux évêques et au pape. Par exemple en s'abstenant de communier. C'est qu'il faut penser aussi à l'exemple que l'on donne autour de soi.
Philippe: et le dimanche, si c'est la seule messe accessible?
M. l'abbé : si tu as bien compris notre conversation, tu: peux conclure toi-même que le dimanche, dans ce cas, on n'est pas obligé d'assister à cette messe-là. On ne peut pas être obligé d'assister à la messe d'un prêtre qui ne confesse pas publiquement que l'Eglise conciliaire met la foi des fidèles en danger. Ce n'est pas possible d'être obligé dans ces conditions. Le bon Dieu te donnera des grâces autrement, ne serait-ce qu'en récompensant ta courageuse fidélité, ton attachement à la vérité.
Philippe: à la vérité?
M. l'abbé: oui, à la vérité. Résumons un peu. Je disais au début: la messe des ralliés est bonne; mais là n'est pas la question. La question c'est: est-ce vraiment bon d'y assister? Est-ce que je me rattache vraiment, en toute vérité, à l'Eglise, à Notre Seigneur par cette messe? La réponse est non, parce que le prêtre rallié n'est pas dans une position vraie, il ne résiste pas aux mauvais pasteurs alors qu'il le devrait. Il se trompe, et trompe les gens. Comment veux-tu ensuite trouver à ses cotés, sous son influence, sous son autorité de prêtre, un véritable amour de la vérité, de Notre Seigneur, de l'Eglise, du pape même ? Il est dans le faux sur une question essentielle !
Philippe: décidément, cela va plus loin que ce que je croyais !
M. l'abbé: oui, il faut reconnaître que ce n'est pas évident. Aujourd'hui il faut se former plus que jamais, savoir ce qu'on fait. Le danger est partout. Mais c'est aussi une période extraordinaire, comme disait Mgr Lefebvre, car cela nous pousse à aimer plus véritablement l'Eglise, Notre Seigneur, à demeurer forts dans la foi ! Et c'est aussi le meilleur service de charité que l'on peut rendre à ceux qui ont encore du mal à saisir toutes les difficultés de la situation actuelle. Soyons les témoins de la vérité, de la volonté de Dieu !
Abbé Jacques Mérel
Fraternité sacerdotale Saint Pie X
article paru dans Le Pellican daté de juillet 2008
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Le taux de rémunération des livrets d'épargne réglementés va être majoré au 1er août. Le Journal Officiel publie aujourd'hui le décret d'application. Conformément à l'annonce du gouvernement à la mi-juillet, le taux d'intérêt des livrets d'épargne va augmenter de 0,50 point. Le taux des Livrets A de la Caisse d'Epargne et de la Banque Postale et les livrets bleus du Crédit Mutuel, ainsi que les livrets de développement durable (ex-Codevi) passe de 3,5% à 4% au 1er août. Par ailleurs, le Livret d'épargne Populaire (LEP) (pour les personnes non imposables ou payant moins de 732€ d'impôts en 2007) augmente de seulement 1/4 de point, passant de 4,25% à 4,5%. Le taux de rémunération du CEL (compte épargne logement) s'élève à 2,75% contre 2,25%.
Par ailleurs, le taux du livret jeune qui doit être égal au minimum à celui du Livret A grimpe donc à 4%. Cependant, les banques sont libres de proposer une rémunération plus importante.
Le taux du Livret A doit être révisé deux fois par an, tous les 15 janvier et les 15 juillet pour tenir compte de l'évolution des taux du marché monétaire et de l'inflation. Cette révision prend effet dès le mois suivant, le 1er février et le 1er août. La rémunération du Livret A est désormais égale au chiffre le plus élevé augmenté d'un quart de point entre ces deux possibilités. Soit l'inflation des douze derniers mois, soit la moyenne arithmétique entre, d'une part, l'inflation des douze derniers mois et, d'autre part, la moitié de la somme de la moyenne mensuelle de l'Euribor trois mois et celle de l'Eonia (pour le dernier mois connu). Ces deux taux sont les références du marché monétaire européen.
Source de l'article : Le Figaro
CA AURAIT PU ETRE UNE BELLE HISTOIRE…
Dieudonné faisant baptiser sa fille par l’abbé Laguérie avec Jean-Marie Le Pen pour parrain : pour le comique, qui fut un grand bouffeur de curés et un antifrontiste acharné, cela aurait pu être une belle histoire. Dommage qu’il nage en pleine confusion et ne s’assume pas. Dommage aussi qu’un de ses proches ait voulu jouer les censeurs. Révélations sur les dessous de cette affaire qui a bien failli être étouffée.
Tout commence au mois de mai dernier. Au soir du défilé annuel du Front national en l’honneur de Jeanne d’Arc et de la Fête du travail, une rencontre est organisée à Paris. A l’initiative d’un individu que nous nommerons Orléans (car nous allons être amenés à le retrouver, et pas à son avantage), Dieudonné et l’abbé Philippe Laguérie sont réunis. Dieudonné souhaite faire baptiser son avant-dernier enfant, sa fille Plume, alors âgée de onze mois. Cette information nous est connue dans les jours qui suivent. Nous décidons de ne pas en faire état dans l’immédiat. Pour une raison évidente : il ne nous paraît pas souhaitable que la cérémonie soit parasitée par une manifestation hostile devant l’église Saint-Eloi de Bordeaux dont l’abbé Laguérie est le curé. Une première date est fixée pour le baptême, le 7 juillet, un lundi, jour de relâche du spectacle que donne l’humoriste au Théâtre de la Main d’Or, à Paris, sous le titre : J’ai fait l’con. Il est prévu que Jean-Marie Le Pen soit le parrain. Mais la veille, le président du Front national doit présider un banquet patriotique dans la Nièvre. Le lendemain, son agenda politique l’oblige à être au Parlement européen à Strasbourg. D’autres impondérables interviennent, de sorte que la cérémonie est décalée au vendredi 11 juillet. Par discrétion, et bien qu’un baptême soit tout ce qu’il y a de public dans la religion catholique, les cérémonies préliminaires ayant lieu sur le parvis de l’église, nous ne nous y rendons pas. Le dimanche 13 juillet en revanche, nous appelons les principaux protagonistes : Dieudonné, Jean-Marie Le Pen et l’abbé Laguérie. A ce jour, nous sommes les seuls à nous être entretenus avec les trois, et cela juste avant que tout soit tenté, par Orléans, pour museler l’ensemble de la presse.
Dieudonné est à moitié breton ! » (Jean-Marie Le Pen)
Nous sommes certains de notre information mais il est de notre devoir de la vérifier auprès du père, du parrain et du prêtre. C’est Bruno Larebière qui se charge des contacts pour le compte de « Minute ». Le premier à être joint est l’abbé Laguérie, juste avant les vêpres. Il a peu de temps mais il confirme, tant le baptême que l’identité du parrain : c’est bien Le Pen. Au sujet du président du Front national, il ne tarit pas d’éloges sur sa foi catholique : « Je n’ai jamais vu un parrain aussi performant ! Il reprenait toutes les paroles de toute la force de sa conviction bretonne ! » L’abbé Laguérie n’est pas surpris : les deux hommes se connaissent depuis longtemps et s’apprécient. « Peut-être parce que moi aussi j’ai le verbe haut ! Il y a une grande amitié entre Jean-Marie Le Pen et moi. D’ailleurs il m’embrasse quand il me voit ! » L’abbé traditionaliste raconte encore que le président du Front national n’était pas là depuis cinq minutes qu’il y avait déjà « quelques gauchos » devant l’église, qui l’avaient reconnu en passant, l’église Saint-Eloi n’étant guère éloignée du cinéma Utopia, quartier général de tout ce que la préfecture girondine compte de gauchistes de tout poil.
Quelques minutes plus tard, joint également sur son téléphone portable, Jean-Marie Le Pen confirme à son tour d’autant plus facilement que, comme il le dit en souvenir sans doute de son éducation chez les jésuites de Saint-François-Xavier de Vannes, Morbihan, un baptême se fait « coram populo » : en présence du peuple. Il n’y a rien de secret. Ce n’est bien sûr pas la première fois que le président du Front national est sollicité pour être parrain. Ces dernières années, il a refusé de l’être à plusieurs reprises. Pas par défiance à l’égard des parents « mais compte tenu de mon âge : le parrain doit pouvoir suppléer la disparition des parents, donc être plus jeune ».
Cette année, Jean-Marie Le Pen a pourtant fait deux exceptions. Une première fois en faveur d’Alexandre Barbera Ivanoff – petit-fils du peintre russe Serge Ivanoff (1893-1983) qui émigra en France après la Révolution bolchevique avant de s’installer aux Etats-Unis –, fondateur du mouvement de « l’essentialisme artistique » et « peintre de l’esprit corsaire », ce qui l’amena d’ailleurs à réaliser un portrait de Le Pen en corsaire, muni d’une longue vue, une hermine sur l’épaule. A près de trente-cinq ans, Barbera Ivanoff est donc entré dans l’Eglise catholique avec Le Pen pour parrain.
La deuxième exception, c’est donc pour la fille de Dieudonné qu’il accepté de la faire. « Quand il m’a demandé d’être son parrain, j’ai accepté volontiers », nous confiait Jean-Marie Le Pen, ajoutant, malicieux et moqueur : « C’est le mariage de la grande famille paria ! Les parias sont cousins germains ! » « Et puis vous savez, ajoutait Le Pen, Dieudonné est à moitié breton ! » Et de rire de bon cœur en narrant que, quand on lui demande ce qu’il a de commun avec l’humoriste, « je réponds toujours : nos grands-mères ! » A propos, cette petite Plume, un peu plus d’un an maintenant, est-elle blanche comme maman ou marron comme papa ? Cette question, justement, a fait réfléchir Le Pen : « C’est drôle les mystères de la génétique : ma filleule est toute blanche, alors que son petit frère est plutôt noir. » Allez comprendre.
L’humoriste plus serein que son compère
L’information a beau être archi-confirmée, il faut encore joindre Dieudonné. Bruno Larebière s’en charge, lui laissant un message téléphonique. C’est à partir de là que tout va déraper. Dans l’heure qui suit ce message, alors que notre collaborateur s’apprête à rappeler l’humoriste, c’est Orléans qui se manifeste auprès de moi. Il appelle, explique-t-il, de la part de Dieudonné. Celui-ci ne veut pas qu’on parle de ce baptême. C’est une affaire privée. Et surtout, la divulgation de l’information ne peut que nuire à ses intérêts, au moment où il parvient à retrouver un peu de visibilité médiatique. Le ton est d’abord à peu près aimable, puis se fait sec, puis carrément comminatoire.
Orléans téléphone aussi à Bruno Larebière. Deux fois. Tempêtant, exigeant qu’on ne publie pas l’information. Parlant comme s’il s’adressait à l’un de ses employés, si tant est qu’il existe encore des patrons qui osent encore parler comme cela à leurs employés. Essayant enfin de négocier, puisque l’intimidation ne fonctionne pas, jusqu’à ce que Bruno Larebière l’envoie paître : « J’ai fini par l’envoyer bouler en lui disant que je n’avais pas pour habitude de négocier avec un intermédiaire et que si Dieudonné avait quelque chose à me dire, il avait mon numéro de téléphone. »
Cinq minutes plus tard, la soirée dominicale étant bien avancée, Dieudonné le rappelle enfin. Pour manifester sa colère ? Absolument pas. C’est un homme charmant que nous avons au téléphone. Aimable. Et courtois. Qui fait valoir que s’il ne souhaite pas s’exprimer sur le baptême de sa fille, que si le cheminement qui l’a conduit à la faire baptiser est « quelque chose de très intérieur, de très personnel », il n’entend pas nous empêcher d’écrire quoi que soit : « Ecrivez ce que vous avez à écrire, faites votre travail. Pour le sujet sur Dieudonné et la religion catholique, qui semble vous intéresser, c’est un sujet dont on peut parler. On pourra se voir plus tard avec plaisir. » Ce qu’il souhaite en fait, c’est laisser passer la « polémique » qui ne manquera pas de naître en raison de la personnalité du parrain. Puis il pourra parler de Dieu. Mais, avant de se quitter pour mieux se revoir, pourquoi avoir choisi l’abbé Laguérie ? « Dans les discussions que j’ai pu avoir avec lui, j’ai ressenti un sentiment d’ouverture. »
A converser avec Dieudonné, qui ne demande rien, ne cherche pas à négocier, comme le très désobligeant intermédiaire, qu’on parle éventuellement du baptême de Plume mais en « omettant » la présence de Jean-Marie Le Pen, on comprend que sa démarche n’a rien à voir avec ce que Orléans a tenté de nous vendre… Un Orléans qui, excipant de son amitié avec Dieudonné, agissait plus comme s’il avait personnellement à perdre dans cette affaire, tel un dogue défendant son garde-manger, que pour protéger son « ami ». La journée qui suit va le confirmer.
L’ancien du GUD tente de museler les médias
Le lundi 14 juillet en effet, Orléans revient à la charge, encore plus déterminé. Appels et textos se succèdent. Cela devient si étrange que je décide de différer la publication de l’article, le temps de savoir qui manipule qui. L’information, de toute façon, sera publiée. Nous en avons informé, et Orléans, et Dieudonné. Un site d’informations en ligne est au courant. En raison d’échanges de bons procédés réguliers entre nous, et dans la mesure où nous étions au courant depuis mai, il avait été décidé que nous en aurions la primeur mais que, si nous ne publiions pas l’information, ce site serait averti et aurait la voie libre. Le lundi soir donc, à 23 h 55, la dépêche tombe sur le site de Novopress, diffusée par la branche aquitaine de l’agence de presse indépendante (1). Son titre : « Dieudonné, un parrain nommé Le Pen ».
La machine médiatique est-elle lancée ? Oui et non. Oui car, le lendemain, la nouvelle est sur la plupart des sites nationalistes. Mais c’est compter, encore une fois, sans Orléans, qui, ajoutant les courriers électroniques à sa panoplie de petit intimidateur déjà bien lourde, « ordonne » à tous ceux qui ont relayé l’information de Novopress de la retirer, n’hésitant pas à contourner ceux qui résistent en faisant intervenir directement auprès de l’hébergeur du site afin qu’il le censure, ou expliquant, histoire de discréditer du même coup, et l’information et l’agence Novopress, qu’il s’agit d’un « canular » ! Durant vingt-quatre heures, l’offensive est sur le point de réussir. Jusqu’à ce que la véracité des faits soit confirmée par Novopress et que « Libération », le mercredi, publie, sans citer bien sûr l’agence de presse, son « scoop » écrit au conditionnel et dégoulinant de fiel (sans compter que l’abbé Philippe Laguérie se retrouve fait « évêque » dans les colonnes de « Libé » !) Rage de Orléans, qui fait savoir à qui veut l’entendre qu’il se vengera (de qui ? de quoi ?), tandis que, de son côté, Dieudonné se montre serein… Comme si, décidément, Orléans avait des intérêts personnels en jeu, du genre de ceux qui mettent sur les nerfs les producteurs de spectacle quand le succès n’est pas garanti ou ceux qui rendent terriblement nerveux ceux qui, espérant un retour sur investissement, se sont portés caution pour la location d’une salle de grande dimension et craignent qu’elle ne soit à moitié vide le jour de la représentation venue.
Est-ce de cela qu’il s’agit ? Avec Orléans, difficile de savoir ce qui le motive. Cela fait plusieurs années que cet ancien dirigeant du GUD, le Groupe Union Défense qui fit tant pour la renommée de la faculté d’Assas et le chiffre d’affaires du rayon barres de fer du BHV, s’active dans l’ombre de l’humoriste. Eté 2006, quand Dieudonné, l’essayiste Alain Soral, le fondateur du Réseau Voltaire Thierry Meyssan et Ahmed Moualek, président de l’association La Banlieue s’exprime, s’envolent à destination de Damas, la capitale syrienne, pour gagner ensuite le Liban qui vient d’être bombardé par l’aviation israélienne (2), le voyage n’a été rendu possible que par l’entregent de Orléans. Celui-ci est d’ailleurs de la partie, prenant soin de se tenir à l’écart des photographes. Sauf une fois.
L’affiche dite de « la beurette » resurgit…
Ce moment d’inattention – ou plutôt cet instant de vantardise – va lui coûter cher. Sur cette photo, on le voit poser en compagnie de Soral, Dieudonné et Meyssan, tous assis sur un canapé surmonté des portraits du président syrien Bachar el-Assad et de son père, Hafez el-Assad. Et cette image, qui aurait dû rester une photo souvenir, va être publiée sur le site de La Banlieue s’exprime. Fureur, déjà, de Orléans, qui obtient d’Ahmed Moualek qu’il la retire, mais trop tard. Le mal est fait. Gérant et principal actionnaire d’une société spécialisée dans le conseil en communication, Orléans compte des clients qui n’apprécient ni son apparente complaisance à l’égard du régime syrien, ni son compagnonnage avec des individus qui ont la réputation, plutôt justifiée au demeurant, d’être des antisionistes fervents. Il y perdra un contrat, que l’on dit juteux, avec un « designer » renommé de la place de Paris.
La venue de Dieudonné à la Convention présidentielle Bleu Blanc Rouge organisée par le Front national en novembre 2006 dans le cadre de la candidature de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle de 2007 (3), c’est également lui. L’opération est doublement intéressante : en raison bien sûr des passerelles qu’il installe entre politiques de bords a priori opposés sur des bases dont on ose espérer qu’elles ne se limitent pas à l’antisionisme ; en raison, aussi, de son aptitude à manier le double jeu. Proche de Marine Le Pen, Orléans l’a en effet laissée dans l’ignorance de la venue de Dieudonné à cette convention. C’est avec Jean-Marie Le Pen – et deux proches de celui-ci, quoi qu’ils en disent depuis – qu’il a monté cette visite supposée être inopinée, avec le résultat médiatique – les « ravages » disent certains – que l’on a vu. Marine, elle, n’était pas au courant. Parce qu’elle s’y serait opposée ? Sans doute. Quand elle a appris la présence de Dieudonné, elle était proprement furax et a déserté les allées où se rendait celui-ci afin d’être sûre de ne pas avoir à le croiser. Quant à Orléans, cette fois, il ne fut pas sur les photos. Ouf.
Ouf pour le chiffre d’affaires de sa société de communication, supérieur à 800 000 euros en 2006, et qui sera sans doute bien plus élevé en 2007, élection présidentielle oblige. C’est en effet de ses locaux qu’est sortie la plupart du matériel de propagande du candidat Le Pen, à commencer par l’affiche dite, très improprement, de « la beurette », cette jeune fille au piercing et au teint mat censée être une militante du Front national alors que, dans le pays où elle réside et où on peut la croiser dans les agences de casting et dans les « books », le Front national ne se présente pas aux élections. Voilà pourquoi le FN a toujours été incapable de mettre les médias en relation avec cette charmante personne. Comme quoi entre manipulation et communication, il y a parfois peu de marge.
Quand Dieudonné veut réhabiliter Judas
Jeudi dernier, pour la première fois depuis le baptême de sa fille Plume, Dieudonné a fait mine de s’en expliquer. Comme s’il y avait quoi que ce soit à justifier ! Comme s’il n’était pas possible de dire, tout simplement, que oui, il avait voulu que sa fille soit catholique, et que oui, il avait souhaité que Jean-Marie Le Pen en soit le parrain. Annonçant une conférence de presse, c’est un sketch qu’il a livré au début de son spectacle (NDXA : on peut regarder le sketch en cliquant ici). Et là, oui, il a « fait l’con », en une manœuvre tactique qui pourrait bien être issue des cogitations d’une agence de com’ et ressemble assez aux tergiversations d’Alain Soral quant à la question de savoir pour qui il a voté à l’élection présidentielle.
Au Théâtre de la Main d’Or, Dieudonné a pris l’affaire par la dérision, se mettant en scène en train d’appeler Le Pen (« Jean-Ma, je l’appelle Jean-Ma ») pour lui demander s’il lui était possible de l’aider à se faire un peu de pub, tirade à prendre bien sûr au deuxième degré mais qui laisse un sentiment de malaise. Pas seulement parce que, quand il fait mine d’appeler Le Pen et de lui demander s’il le dérange, le président du FN est supposé répondre : « J’étais dans le jardin en train de torturer un chat » (rires gras de la salle), mais parce qu’il occulte par des blagues à deux balles, au motif sans doute que son auditoire ne pourrait pas comprendre, que le baptême est un sacrement, de sorte qu’on finit par se demander ce que veut vraiment Dieudonné.
Au dîner qui a suivi le baptême, à Bordeaux, ville décidément bénie pour Dieudonné puisque c’est là, à la gare, qu’il a rencontré sa femme Noémie qui est originaire de la région, la conversation entre Jean-Marie Le Pen, l’abbé Laguérie (le curé qui « jacte en latin ») et lui a été amicale mais vive. Au menu : des questions théologiques. L’Ancien Testament, par exemple, qui, on s’en doute, n’est pas son texte préféré… Un témoin d’un échange nous l’a confié : « J’ai été effrayé de la véhémence de son propos. »
Le débat le plus fourni a porté sur la personnalité de Judas. C’est ainsi que Dieudonné a prénommé… son petit dernier, né en juin ! « Nous avons eu, nous a confirmé Jean-Marie Le Pen, une grande discussion, avec l’abbé Laguérie et un petit groupe d’initiés, sur la culpabilité de Judas. » Le sujet passionne l’humoriste depuis longtemps. Il y a dix ans, il en avait fait un spectacle : Pardon Judas. Il voulait même en tirer une adaptation cinématographique, dont il avait écrit le scénario avec le frère dominicain Jean Cardonnel, figure emblématique des chrétiens progressistes et auteur de Judas l’innocent (éd. Indigène, 2001). « Je jouerai Judas, expliquait Dieudonné en 2002, Alain Chabat sera Jésus et Benoît Poelvoorde aura le rôle d’un papillon. » « Il y a un côté Che Guevara dans mon Jésus, poursuivait-il […]. Il faut installer le rire dans le sacré, parce que le sacré, c’est chiant. »
La thèse de Dieudonné, qui nous a confirmé avoir « travaillé avec Jean Cardonnel sur le sujet », n’est pas nouvelle. La psychanalyste Françoise Dolto l’a déjà développée, ainsi que Bernard-Henri Lévy, et Marcel Pagnol en a fait une œuvre théâtrale peu connue et simplement titrée : Judas, qui fut créée en 1955 à Paris avec Raymond Pellegrin dans le rôle-titre. A les en croire, notamment Françoise Dolto et BHL, la trahison de Judas était nécessaire. « Pourquoi dit-on que c’est un salopard, s’interrogeait la psychanalyste, alors que, sans lui, la Passion n’aurait pas pu se déclencher et que le Christ lui a dit : “Ce que tu as à faire, fais-le vite.“ ? »
Pour Dieudonné, outre la nécessité de la trahison de Judas dans l’accomplissement de la mission divine, cette trahison a le mérite d’avoir été franche et nette, au contraire de celle de Pierre (« Je ne connais pas cet homme ») et il mérite donc un procès en réhabilitation avec cet autre argument : « Pourquoi a-t-on pardonné à certains et pas à d’autres ? Le pardon est-il sélectif ? »
L’abbé Laguérie, on s’en doute, n’a pas été convaincu par cette présentation de celui à qui, pour Dieudonné, on fait porter « un fardeau qui n’est pas forcément le sien », au point que, le surlendemain du baptême, dans son sermon dominical à Saint-Eloi, il a parlé en chaire de Judas. Jean-Marie Le Pen s’est lui aussi dressé contre cette thèse, même si, reconnaît-il, « moi aussi j’ai dû la défendre quand j’étais chez les jésuites » ! « Jésus était connu, explique le président du Front national, il avait fait la marche sur Jérusalem le dimanche des Rameaux. Il n’avait pas besoin que Judas le trahisse pour être arrêté. De toute façon, la faute de Judas, c’est moins la trahison que le suicide, c’est le suicide qui est une faute contre l’espérance. »
Le petit Judas, pas le traître mais le fils cadet de Dieudonné, devrait lui aussi, selon nos informations, être baptisé très prochainement. Par l’abbé Laguérie ? On verra. En tout cas pas avec Le Pen pour parrain : c’est un Inconnu célèbre, Pascal Légitimus, qui mit en scène il y a quinze ans le spectacle d’Elie Semoun et Dieudonné au Zénith, qui a été pressenti pour le porter sur les fonts baptismaux. En parlerons-nous ? On ne sait pas encore. Mais concernant le baptême de Plume, on vous a raconté tout ce qu’on savait. N’en déplaise à Orléans.
Jean-Marie Molitor
1. http://aquitaine.novopress.info
2. Voir notre reportage : « Avec Dieudonné, Soral et Meyssan à Beyrouth », in « Minute » n° 2273 du 13 septembre 2006.
3. Voir notre entretien avec Dieudonné, in « Minute » n° 2282 du 15 novembre 2006.
Article paru dans le n°2368 de Minute reproduit ici avec l'aimable autorisation de Jean-Marie Molitor
M. Christian Marquant sera l'invité du Forum catholique, le lundi 8 septembre prochain. Il répondra en direct aux questions des liseurs du Forum, de 18h30 à 22h. Ce sera l'occasion de faire le point avec lui sur l'application du Motu proprio Summorum Pontificum en France. Quelles méthodes ? Quels moyens ? Quels premiers résultats ? Quelles espérances ? Un rendez-vous à ne pas manquer et à noter dès à présent !
Le Rendez-vous se tiendra à cette adresse, où l'on peut dès à présent poser ses questions.
« L’Eglise n’interdit rien à personne. Quand on éclaire le trottoir, on n’oblige pas à marcher dessus ! Donner de la lumière, ce n’est pas obliger à vivre d’une certaine manière. » (Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, responsable du groupe de travail des évêques sur la bioéthique ; texte extrait de l’autre quotidien catholique, 25 juillet 2008.)
« L’Eglise n’interdit rien à personne. » Un archevêque ! Dans le journal officieusement officiel et officiellement officieux de l‘épiscopat français ! On reconnaît bien sûr à ce propos énorme / Un élève parfait de Monseigneur Gallorme. Vous savez bien : le Mgr Gallorme mis en scène par Michel de Jaeghere dans son Ite missa est (cf. Présent de vendredi dernier). Mgr d’Ornellas inaugure ainsi un gallormisme radical. Il était tenu pour un lustigérien docile et averti. Il s’affirme aujourd’hui comme un radical-gallormiste bon teint. Et il aura contribué sans retard à introduire dans le langage ecclésiastique courant le nom propre « Gallorme » et l’adjectif « gallorme » issus de la verve vengeresse de MDJ.
« L’Eglise n’interdit rien à personne. » Mais oui, Monsieur, Madame, mettez-vous au courant. Cela peut faire un quatrain : « Je puis vous dissiper vos craintes ridicules / Madame, et je sais l’art de lever les scrupules / L’Eglise n’interdit, savez-vous, jamais rien / Ayez avec l‘évêque un moment d’entretien. J’ai emprunté les deux premiers vers à l’acte IV (scène 5) que vous savez. Pour accueillir d’Ornellas, on lui chantera ce quatrain sur l’air de Tiens, voilà la quille ! qui était fort répandu au temps du service militaire. On l’intitulera : Tiens, v’la l’archevêque.
« L’Eglise n’interdit rien à personne. » Héritiers de Staline, approchez ! Successeurs de Mao, venez tous ! Libertins et libertaires, assassins et violeurs, escrocs et imposteurs, anarchistes et terroristes, homophiles et pédophiles, accourez, votre heure est enfin arrivée, liberté, égalité : l’Eglise n’interdit plus rien. Rien, à personne. Elle vous écoute. Elle vous éclaire. Elle vous accompagne. Elle a repris, mais en mieux, la vieille invention d’un philosophe de la fin du XIXe siècle : une « morale sans obligation ni sanction ». Désormais l’Eglise, vous dit-on, éclaire les trottoirs, c’est tout. Fidèle à « l’esprit du Concile », elle a remplacé la morale obscurantiste pré-conciliaire par une éthique résolument scientifique et moderne. Et même par une bioéthique. Elle participe par son « prophétisme » à la profonde « mutation anthropologique » qui est devenue le « point focal de réflexion » d’une originalité tout à fait spécifique. Episcopus dixit. Allez savoir, quand nous sommes plongés dans la « diffraction des savoirs » ! Et, en réalité, dans l’incertitude dogmatique, liturgique et morale.
« L’Eglise n’interdit rien à personne. » Le Ciel défend, c’est vrai, certains contentements / Mais on trouve avec lui des accommodements. Ce pauvre Décalogue tellement négatif, huit commandements sur dix sont des interdits. Le Décalogue n’est pas « à l‘écoute » : ce n’est jamais que la pédagogie de Dieu, nous autres évêques conciliaires et collégialistes nous avons changé tout cela. N’ayez pas le scrupule du Décalogue. Enfin votre scrupule est facile à détruire (acte IV). Puisque nous sommes dans les alexandrins, la sentence de l’archevêque gallorme en fait un inoubliable, avec la césure classique (et mnémotechnique) : L’Eglise n’interdit / jamais rien à personne.
« L’Eglise n’interdit rien à personne » ?
— Non, voyons ce n’est pas possible, ce n’est pas cela que l’archevêque a vraiment voulu dire. Il faut comprendre son intention, qui est d’avancer vers la sainteté…
— Il faut plutôt ne pas prétendre juger des intentions. De ce que l’archevêque gallorme a voulu dire, nous ne savons rien d’autre que ce qu’il a dit. Quelle « catéchèse » !
— Mais voyez, au contraire, dans le même numéro de La Croix, l’article intitulé : « L‘épiscopat continue de défendre les positions d‘“Humanae viae”. »
— Je vois le titre, mais je lis aussi l’article : c’est en Argentine. Ce n’est apparemment pas dans le diocèse de Rennes, ni dans le « groupe de travail des évêques sur la bioéthique ». Peut-être, en France, ne savent-ils pas trop ce qu’ils disent, ce qu’ils pensent, ce qu’ils expriment, objectivement. Cela fait cinquante ans (et même exactement, cinquante-trois) que je le répète : Ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils ne savent pas ce qu’ils disent. (Nouvelles Editions latine 1955). Le dernier Gallorme en date m’a en quelque sorte accroché par la cravate quand il a proclamé que l’Eglise n’interdit rien (etc.). Il m’a ainsi détourné de mon Sarko flingue la presse (II). Ce sera pour demain.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 6640 de Présent, du Mardi 29 juillet 2008