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18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 19:52
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17 avril 2008 4 17 /04 /avril /2008 10:37
Dom Gérard et la messe
par Jean Madiran



Il n’y aurait donc plus de problème avec la nouvelle messe de Paul VI. La mouvance traditionnelle elle-même a enfin compris la nécessité de l’admettre telle quelle. La reconnaissance de cette nécessité, eh bien ce fut Dom Gérard le moteur d’un tel miracle. On l’en félicite ou on le lui reproche, mais enfin c’est bien lui qui l’a fait : un mois après ses funérailles, voilà déjà ce que l’on pouvait entendre et lire en substance, voire littéralement.

Si on laisse passer aujourd’hui, que n’inventera donc pas dans un an.


Bref avertissement.
– Il faut d’abord savoir de quoi l’on parle et ce que signifient les mots que l’on emploie. C’est l’usage qui en est le grand maître. Quand les gens entendent parler de « messe de Paul VI », de « nouvelle messe » ou de « nouvel Ordo Missae », ils comprennent qu’il s’agit des célébrations auxquelles ils assistent (ou participent) dans les paroisses, depuis presque quarante ans.

En réalité ce ne sont pourtant pas, la plupart du temps, des « messes de Paul VI » mais, au mieux, des « messes issues de la messe de Paul VI ».

Avec Jean-Paul II

En 1995, à la tête d’un important pèlerinage à Rome, Dom Gérard apportait au Pape une caisse de carton contenant 70.000 signatures en faveur du rite traditionnel.

Jean-Paul II lui accorda une audience qu’il programma comme faisant suite à une concélébration dans sa chapelle privée. C’était une marque d’estime et un grand honneur d’être invité à concélébrer avec le Pape… mais dans le rite de Paul VI, ce n’était pas forcément une attention délicate. On aurait attendu plutôt l’inverse : la concélébration avec le Souverain Pontife existe en effet dans le rite romain traditionnel. (L’attente, d’ailleurs, se prolonge, pourquoi le taire, on peut le dire en tout respect, l’attente d’une messe célébrée par le Pape selon ce que Benoît XVI a finalement nommé le « rite extraordinaire ».) A l’occasion de cette concélébration, Dom Gérard eut l’occasion de rappeler publiquement quelque chose de bien connu, « la validité et l’orthodoxie » du nouveau rite promulgué par Paul VI.

Le terme d’« orthodoxie » choqua le cher abbé Paul Aulagnier. En l’occurrence il signifiait simplement que, dans son texte authentique, la nouvelle messe n’est pas hétérodoxe, elle n’est pas hérétique. C’est ce que dirent dès 1969 le cardinal Ottaviani, Cristina Campo, Guérard des Lauriers, Raymond Dulac, Louis Salleron (etc.) ; et c’est ce qui est resté constamment admis par la plupart de ceux qui ont émis des doutes, des réserves, des objections à l’encontre de cette artificielle fabrication, « pernicieuse par son caractère évolutif et œcuménique ».

En France

L’année suivante, Dom Gérard s’est trouvé dans une situation analogue quand il s’est agi de faire entrer le Barroux dans la conférence monastique de France.

Les évêques susceptibles d’accepter une fondation du Barroux dans leur diocèse étaient contraints, au nom d’une « collégialité » manipulée par son noyau dirigeant, de refuser leur autorisation aussi longtemps que le Barroux ne serait pas admis dans la conférence monastique. Celle-ci, probablement sous la pression du même noyau dirigeant, exigea, pour une telle admission, deux concélébrations et, en outre, l’assurance de ne jamais interdire aux prêtres du Barroux de concélébrer en dehors de leur monastère. Cette dernière exigence, Dom Gérard a reconnu plus tard qu’il aurait pu la rejeter en se retranchant sur le droit propre de la communauté du Barroux, fondé sur les Déclarations, approuvées par Rome, auxquelles les moines du Barroux sont solennellement liés par leurs vœux de religion. On y lit en effet : « Vie monastique selon la Règle de saint Benoît et les coutumes léguées par nos anciens, l’office divin et la liturgie de la messe célébrés selon les rites plus que millénaires de la Sainte Eglise Romaine, dans la langue latine : telles sont les deux sources qui ont donné naissance à la communauté du Barroux et constituent sa raison d’exister. » Ce n’est pas un indult dont il serait loisible d’user ou de ne pas user, et qui pourrait être supprimé, c’est ce que le droit canon appelle une lex propria, c’est la « loi propre » de la communauté du Barroux.

Selon une thèse contraire, aucun supérieur religieux ne pourrait interdire à un prêtre de concélébrer selon le « rite ordinaire ». C’est peut-être là une de ces quaestiones disputatae où diverses opinions sont libres de s’opposer les unes aux autres.

Un cas particulier

En tout cas voilà tout ce que l’on peut trouver chez Dom Gérard qui paraisse « en faveur » (?) de la messe nouvelle. Il ne s’en est point caché, cela est de notoriété publique, il a dit ce qu’il avait à en dire, et il n’y a vraiment pas de quoi en faire de lui le moteur ni même un bienveillant accompagnateur du ralliement (qui d’ailleurs n’a pas eu lieu) de la mouvance traditionnelle à une prétendue « nécessité » de la nouvelle messe. Dans la formation qu’il leur a donnée, il a toujours dit à ses moines de s’en abstenir à l’extérieur comme à l’intérieur du monastère. Il aimait mentionner les quatre années où trois moines du Barroux, étudiants à Rome et logés à l’abbaye Saint-Anselme, ont à contre-courant respecté la règle de refuser toute concélébration.

Autrement dit, ce qu’il a été amené à faire en certaines circonstances doit être – pour reprendre une formule officielle employée par le Saint-Siège dans une tout autre affaire – considéré comme « un cas particulier qui ne saurait être généralisé ». Dom Gérard lui-même s’est élevé, et parfois par écrit, contre une telle généralisation :

– Je regrette infiniment, protestait-il, que les deux concélébrations que j’ai consenties pour le bien de notre fondation d’Agen puissent créer un précédent dont on s’autoriserait à tort, non seulement pour en poursuivre et multiplier la pratique, mais aussi et surtout pour le reconnaître comme l’exercice d’un droit.

Gravement, il ajoutait à ce sujet :

– Il me revient le droit d’interdire formellement que l’on s’autorise de moi pour faire le contraire de ce que j’ai enseigné et pour quoi j’ai milité contre vents et marées.

Par « principe »

Selon une vue sommaire, qui est un piège, il ne pourrait y avoir que deux attitudes : ou bien reconnaître la « nécessité d’adopter » la nouvelle messe, ou bien la « refuser par principe ».

Mais « par principe » a un sens propre et un sens figuré.

Au sens propre, refuser la nouvelle messe par principe, ce serait la déclarer invalide ou hérétique.

Au sens figuré, c’est s’en abstenir partout et toujours.

La plupart des prêtres et des fidèles qui s’abstiennent partout et toujours de la nouvelle messe ne la croient cependant ni hérétique ni invalide.

D’ailleurs, dans la plupart des cas, ce n’est point de la « messe de Paul VI » qu’ils s’abstiennent, mais en fait de « messes issues de la messe de Paul VI » dont la valeur est manifestement incertaine.

Et puis…

Ce qui contribue à tout brouiller, c’est aussi, voire d’abord, l’usage de catégories artificielles qui enferment (et déforment) les réalités dans une opposition dialectique entre « ouverture » et « ghetto », « avenir » et « passé », « positif » et « négatif », « largeur d’esprit » et « fermeture ». Ce vocabulaire, ces concepts, ces critères sont d’esprit marxiste-léniniste, ils ont, dans nos démocraties occidentales, survécu à l’effondrement de la Russie soviétique. Les médias en demeurent pourris. La contagion, si l’on n’y veille, n’en épargne personne.



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La rumeur dont nous parlons, la mauvaise rumeur, orale ou imprimée, semble n’avoir pas tout à fait ignoré la fermeté de Dom Gérard face à la nouvelle messe : alors elle trouve commode de supposer que ce fut à la fin de sa vie. Tardivement, sa position serait devenue moins irénique, plus sévère, parce qu’il serait devenu attentif aux effets catastrophiques de la réforme liturgique. Comme s’il n’en avait rien aperçu quand il se faisait (sans motif ?) ermite à Bedoin.



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Jusqu’ici, on n’avait entendu aucun prêtre, aucun laïc déclarant avoir été amené par Dom Gérard à reconnaître la nécessité du nouveau rite. Si maintenant il existe une exception, ce doit être un malentendu.

JEAN MADIRAN


Article extrait du n° 6571 de PRESENT du Jeudi 17 avril 2008, pp. 1 et 3
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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 23:16
Reportage Jérôme Triomphe prépare la défense de l'un des trois supporters mis en examen vendredi dans l’affaire de la banderole anti-Ch’tis. Son client, 30 ans, a reconnu avoir participé au déroulement de la banderole lors la finale de la Coupe de la Ligue PSG-Lens, samedi 29 mars. Il est cadre dans une grande entreprise. Supporter «indépendant», il a déjà fait l’objet de deux interdictions administratives de stade de trois mois dont la deuxième a été annulée par la justice.

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-Votre client s’attendait-il à ce que l’affaire prenne une telle ampleur?

Ni mon client ni personne ne pouvait imaginer la démesure que prendrait cette affaire désormais d’Etat : le Président de la République intervenant publiquement, le Procureur de la République de Bobigny organisant une conférence de presse, les analyses ADN pour tenter de retrouver les personnes impliquées alors qu’il existe des listes d’attente pour ce genre d’investigations lourdes y compris dans des dossiers criminels. Un responsable politique a même évoqué la possibilité de faire appel aux services secrets pour retrouver les coupables ! Cette débauche de moyens en est même indécente quand on sait combien d’infractions restent sans poursuites.

- Pourtant cette banderole était voulue choquante… Elle ne s’adressait pas aux Ch’tis en général et leurs auteurs n’avaient aucune intention de les blesser. Cette banderole s’adressait à un groupe de supporters du club de LENS, les «Red Tigers» dans le cadre d’échanges et de rivalités qui sont récurrents entre certains supporters. C’est choquant pour un œil extérieur non averti mais cela fait des années que des supporters se répondent match après match par banderoles interposées, y compris entre certains supporters Ch’tis de clubs concurrents. Elles n’ont pourtant jamais suscité l’indignation d’aujourd’hui alors que leurs termes n’ont rien à envier à celle qui est en cause. La médiatisation autour de cette affaire s’explique certainement par le succès de l’excellent film de Dany Boon «Bienvenue chez les Ch’tis». Mais faut-il donc faire 17 millions d’entrées pour être l’objet d’une attention et d’une protection politico-médiatico-judiciaire particulières?

-Alors, l’accusation de «provocation à la haine et la violence» était-elle fondée?
Non, évidemment. Les propos de cette banderole sont en effet volontairement caricaturaux et outranciers : ils portent en eux-mêmes la démonstration de leur absence de portée. Qui peut prendre au sérieux , et en tirer un sentiment haineux ou un comportement violent, le fait que les ch’tis seraient des pédophiles, des chômeurs et des consanguins?
L’affaire qui s’en est suivie en est d’ailleurs l’illustration : loin de pouvoir provoquer à la haine ou à la violence, cette banderole a provoqué l’indignation, la réprobation générale et même la compassion envers les Ch’tis.
Tout ce qui est choquant ou même immoral ne tombe pas sous le coup de la loi. C’est le «droit au mauvais goût» qu’a développé Maître Francis Terquem, avocat et cofondateur de SOS Racisme, dans les colonnes de «Libération» du 4 avril 2008.

Propos recueillis par Daphné Mongibeaux
www.parismatch.com
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17 mars 2008 1 17 /03 /mars /2008 19:47
« Ne croyez pas ceux qui vous disent que la jeunesse est faite pour s'amuser ; la jeunesse n'est pas faite pour le plaisir, elle est faite pour l'héroïsme » P. Claudel

Bien chers amis,

Certains d’entre vous seront peut-être étonnés de voir un prêtre adresser une telle lettre aux jeunes alors que le carême se termine.
En voici la raison, sous forme de calendrier :
Samedi avant le dimanche de la Passion : soirée
Vendredi avant les Rameaux : soirée
Samedi avant les Rameaux (et donc début de la Semaine Sainte) : soirée
Il s’agit bien sûr uniquement de l’avant-dernière semaine de carême : étant généralement d’un tempérament optimiste, je n’ai pourtant aucune illusion sur les semaines précédentes, sachant même qu’il y a déjà eu des soirées organisées par des catholiques… le Vendredi Saint !
Je ne reviendrai pas sur le débat classique « pour ou contre les soirées, pour ou contre les rallyes, etc. » Un confrère et ami de Nantes a déjà publié un excellent texte à ce sujet, et j’y souscris totalement. D’ailleurs, sans être devin, je puis imaginer qu’un petit curé de campagne, qui vécut à Ars voici près de deux siècles, doit y adhérer lui aussi du haut du Ciel.
Je voudrais pour ma part vous inviter à réfléchir, d’une manière plus générale, sur le sens de la vie chrétienne pour un jeune catholique en 2008.
En effet, il serait trop facile de se confiner dans un petit bocal confortable et « religieusement correct » : je vais à la Messe tradi, je suis même peut-être scout, j’ai un Sacré-Cœur ici, une fleur de lys là, je vais aux cours de caté, parfois même à la Messe de temps en temps en semaine… donc d’une part je suis en règle avec le Bon Dieu, et d’autre part je ne suis pas loin d’imaginer que je suis le meilleur.
Pensez bien que grand danger qui vous guette, c’est la piété de façade, le « vernis catho », le simulacre d’une existence chrétienne basée sur les apparences. C’est d’estimer que l’on peut concilier la vie mondaine et la vie intérieure, et finalement (tôt ou tard) les ténèbres avec la lumière, autrement dit le péché et la grâce. Si le Christ avait été un homme de compromis, il ne serait pas mort sur la Croix !
Relisez la parabole du pharisien et du publicain : vous y voyez un homme qui limite sa piété à l’accomplissement de préceptes. Vous y voyez un autre qui veut vivre sa relation à Dieu dans la cohérence et dans la sincérité. Lequel d’entre eux êtes-vous ? Avez-vous cette unité de vie qui a toujours été la caractéristique première de tous les saints que l’Eglise nous montre en exemple ?
Le Seigneur, nous le savons bien, n’aime pas les demi-mesures ; il n’aime pas la tiédeur ; il n’aime pas la grisaille ; il n’aime pas le respect humain.
Il n’a que faire des jeunes qui se limitent à une piété formaliste, fade, et qui est bien souvent hypocrite : par exemple, avant de communier, combien se posent la question de savoir s’ils ont assisté à la Messe avec attention et respect, ou s’ils sont en état de recevoir le Corps du Christ ? Etre honnête avec Dieu, c’est la meilleure façon d’être honnête avec soi-même et avec son prochain.
Il n’a que faire des jeunes qui n’ont pas le courage de refuser une invitation pendant le carême, et qui ont peur des ricanements de leurs amis ou de leur « milieu ». Vous craignez qu’on se moque de vous, vous redoutez qu’on vous traite de « coincé » ou de « rigoriste » ? Regardez donc un crucifix, et cherchez au fond de votre cœur à qui vous voulez ressembler.
Si, pour vous, le carême se limite à marmonner machinalement une petite prière avant de vous coucher, à fumer huit cigarettes par jour au lieu de dix, à passer trois heures par jour sur internet au lieu de quatre, ou plus globalement à choisir des privations qui ne vous coûtent pas, alors ne venez pas vous plaindre si par la suite votre vie est maussade, si votre âme ne monte pas vers les sommets, ou si vous avez l’impression que Dieu est injuste lorsque vous êtes en face de l’épreuve, de l’obstacle ou de l’échec. A Celui qui a donné jusqu’à sa propre vie pour vous sauver, aurez-vous essayé d’offrir ne serait-ce qu’un seul sacrifice digne de ce nom (pas celui qui vous arrange, mais celui qui Lui plait)? Il est bon de penser souvent à cette inscription trouvée un vieux calvaire, et qui s’adresse à chacun d’entre nous :

« Je suis la Lumière, et vous ne me voyez pas…
Je suis le Chemin, et vous ne me suivez pas…
Je suis la Vérité, et vous ne me croyez pas…
Je suis la Vie, et vous ne me cherchez pas…
Je suis le Chef, et vous n'obéissez pas…
Je suis le Maître, et vous n'écoutez pas…
Je suis l'Ami, et vous ne m'aimez pas…
Je suis votre Dieu, et vous ne me priez pas…
Alors, si vous êtes malheureux… ne m'en veuillez pas ! »


Dieu merci, il y a des jeunes qui, semblables à saint Jean, sont prêts à suivre le Seigneur jusqu’au pied de la croix. Il y a des héritiers de Baden-Powell, de Guy de Larigaudie, de Pier Giorgio Frassati, du général Mac Arthur («On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années : on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal.»)
Samedi dernier, pendant que certains dansaient et pensaient à tout sauf au Bon Dieu, d’autres sont venus regarder le film de Mel Gibson sur la Passion, et ont ensuite adoré le Vrai Dieu dans l’ostensoir. Plusieurs parmi eux ont même reçu le sacrement de pénitence. Il est clair que le Seigneur, tôt ou tard, saura les récompenser de leurs efforts, de leur ferveur et de leur persévérance :
« C’est bien, serviteur bon et fidèle, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ; entre dans la joie de ton Maître » (Mt. 25,23).
Beaucoup d’entre vous iront sans doute ces prochains jours aux offices de la Semaine Sainte. Je souhaite, en tant que prêtre, y accueillir de nombreux participants qui veulent s’unir au Seigneur en esprit et en vérité, et non des spectateurs distants qui seront passés à côté de l’essentiel.
Il est grand temps, ne pensez-vous pas, de quitter la cohorte déjà trop nombreuse des chrétiens médiocres, et de rejoindre le Bon Dieu avec toute l’exigence que cela comporte, mais en pensant aussi à toute la liberté qu’Il vous accordera sur la terre et à tout le bonheur qu’Il vous procurera au ciel.
Que Notre-Dame vous aide à suivre toujours plus fidèlement Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Bonne Semaine Sainte à tous !

Abbé Philippe Jouachim, FSSP

Pour retrouver le message d'origine sur le Forum Catholique, cliquez ici.
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11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 19:55

9h51, Lourdes. Quelque 70.000 pèlerins participent à une messe internationale, le 11 février 2008 à Lourdes, pour fêter le 150e anniversaire de l'apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous. Cette petite ville de 15.000 habitants, nichée au pied des Pyrénées est le deuxième lieu catholique le plus visité au monde, après Rome. AFP/BONAVENTURE
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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 08:36
par Jean Ousset

L'amour du beau, l'émotion esthétique appartiennent tellement à ce que l'homme a de plus cher, de plus intime, de plus précieux en lui...; tant de rêves s'y rattachent, tant d'heures exquises ou exaltantes leur sont dues...; les fibres les plus profondes de son être s'en trouvent à ce point irradiées, réconfortées, qu'il est juste, qu'il est normal d'éprouver à leur endroit ces mêmes sentiments de réserve, de douce crainte, de pudeur qui nous assaillent quand un parent, un ami très aimé viennent nous confier, par exemple, le secret d'un jeune amour, le secret d'une vocation naissante.

"Comparée à la musique, a dit Nietsche, toute phrase a quelque chose d'indécent...". Mais combien plus indécente alors l'ambition d'un exposé comme celui-ci... entretien odieusement dogmatique sur le Beau. Car le Beau... ça se contemple, c'est fait pour être appréhendé d'un seul élan... ce n'est pas fait pour être phrasé. D'où le paradoxe de ce que je me propose de dire ! N'est-ce pas illégitime en soi ?

Tant d'êtres, tant de choses ne s'épanouissent qu'à la condition d'être respectés à l'extrême, à condition de n'y point toucher, à condition de n'en point parler.

En conséquence, s'attacher à une analyse plus ou moins scolaire, sinon scolastique, de la Beauté n'est-ce pas en détruire l'harmonie, la déflorer en tant que Beauté même ?!

Sans aucun doute ! C'est le péril qu'elle court ! Et que je cours, avec elle, ce soir ! Comme si l'on proposait à un amoureux de disséquer sa bien-aimée, sous prétexte de la mieux connaître et, partant, de l'aimer davantage.

Contempler le Beau... en silence ! Dans le recueillement de ces amants mieux éduqués, mieux avertis, plus fervents... tels devraient être les seuls "entretiens esthétiques". Car, en effet, aujourd'hui, il est peu de sujets plus discordants que celui du Beau. Si le monde a connu des périodes heureuses où l'unanimité d'un goût sûr se manifestait en styles admirables, le plus ignare de nos contemporains est bien obligé de reconnaître aujourd'hui les effets d'une anarchie a peu près complète au chapitre du Beau. Personne au juste ne sait ce que c'est, ce que cela signifie... "Questions de goût personnel". "Des goûts et des couleurs, il n'y a pas à discuter...". Tels sont les avis les plus répandus.

Le texte complet de cette conférence de Jean Housset a été diffusé sur le Forum Catholique. Cette diffusion a été effectuée par épisodes. Nous vous en redonnons les différents liens :

1ère partie http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=371715
2ème partie http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=372263
3ème partie http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=372917
4ème partie http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=373508
5ème partie http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=374460
6ème partie http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=375261
7ème partie http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=375497
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1 janvier 2008 2 01 /01 /janvier /2008 21:44
Chacun à sa place. Chacun en son temps.





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13 décembre 2007 4 13 /12 /décembre /2007 10:40
L‘émotion a gagné jusqu‘à la Nonciature
La Documentation catholique datée du 2 décembre vient elle aussi de censurer le curriculum de Mgr Jean-Louis Bruguès.

Annonçant à son tour la nomination de l’ex-commissaire-président au poste très important de « secrétaire », c’est-à-dire de « numéro 2 » à la congrégation pontificale de l‘éducation, La Documentation catholique énumère les étapes de sa carrière ecclésiastique en passant sous silence la plus haute fonction qu’il ait précédemment exercée.

La congrégation pontificale pour l‘éducation est un dicastère-clé : il est chargé des séminaires, des facultés de théologie et de l’enseignement catholique.

Il y a une… anomalie ? dans la promotion de l’ex-commissaire-président Jean-Louis Bruguès à un poste aussi décisif au sein de la Curie romaine.

Ses états de service contre les dogmes concernant la divinité du Christ et la virginité perpétuelle de Marie lui sont assurément des titres plutôt gênants.

C’est pourquoi l’on dissimule soigneusement, dans son curriculum, le fait qu’il a été le président de la fameuse commission doctrinale de l‘épiscopat français.

Si l’on ose aussi effrontément le cacher au public, c’est peut-être le signe qu’on a osé le cacher aussi lorsqu’on a proposé sa candidature à la première promotion romaine, c‘était en 2005, et c‘était déjà, comme « consulteur », à la congrégation de l‘éducation catholique. Ainsi se préparait sa montée ultérieure au poste de secrétaire et son élévation à la dignité archiépiscopale. Là où il est maintenant, le voici cardinalisable.

Le trou factice dans son curriculum officiel était comblé d’avance par mon opuscule La trahison des commissaires, paru à la fin de l’année 2004. La « mise au point » de Mgr Bruguès sur la Vierge Marie, qui n’est nullement la rétractation due, est consignée dans la « 2e édition complétée » du même opuscule, aujourd’hui épuisé chez l‘éditeur. J’en prépare donc une « 3e édition augmentée », qui sera enrichie du commentaire de l‘étrange promotion romaine.

N’est-ce pas trop insister sur un cas qui est ou devrait être maintenant assez connu ? Mais le propre d’une campagne d’opinion est d‘être patiente et persévérante. Grand praticien en la matière, Léon Daudet assurait qu’une campagne de presse « se prolonge pendant des semaines et quelquefois des mois, parfois des années ». Il ajoutait : « C’est une erreur de croire que le public se lasse rapidement d’une campagne bien menée. » Et il citait en exemple une de ses campagnes, qui avait duré « douze années » (1923-1935).

Persévérance et patience ! Un de nos lecteurs écrivait en novembre au Nonce apostolique à Paris pour lui soumettre l’assertion de Mgr Bruguès, ès qualités de président de la commission doctrinale, ainsi rapportée :

« Toute personne est engagée face au Messie d’Israël, le reconnaissant ou non en Jésus mort et ressuscité (…). La lecture chrétienne ne conteste pas la lecture juive, chacune ayant son propre registre d’interprétation. Que l’une ait raison n’entraîne pas que l’autre ait tort. »

Le Nonce apostolique, Mgr Fortunato Baldelli, a répondu le 27 novembre :

« Si, et nous le croyons fermement, Jésus est le Messie annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament, énoncer le contraire, même en toute bonne foi, est une erreur manifeste et fondamentale. »

La réponse allait de soi ?

Sans doute. Mais c’est celle qu’aucune voix autorisée n’avait faite jusqu’ici.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6484 de Présent, du Jeudi 13 décembre 2007
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1 décembre 2007 6 01 /12 /décembre /2007 10:41
C’est aussi un charlatan


Mgr Bruguès en personne nous avait publiquement présenté la découverte de l’« existence de frères et sœurs de Jésus » comme figurant au nombre des récents « résultats » dus au « travail des historiens ». C‘était là un charlatanisme caractérisé.

L’existence de dénommés à l’ancienne « frères » et « sœurs » de Jésus (c’est-à-dire en réalité des parents proches) n’est pas une nouveauté. Mgr Bruguès y voit une découverte qui met en question « la compréhension de l‘énoncé dogmatique de la virginité perpétuelle de Marie ». Cela figure dans sa Note doctrinale, à ce jour non rétractée, du 23 mars 2004 (cf. La trahison des commissaires, 2e édition complétée, p. 41-46 et 74-80).

A la suite de cet exploit, Mgr Bruguès avait été, en décembre 2004, plus ou moins contraint par l‘épiscopat à une « mise au point » sur le culte marial. Il le fit sous les espèces d’une mise en garde contre un livre du théologien Dominique Cerbelaud, écrit « dans le style de la théologie scientifique », et contre un livre du publiciste Jacques Duquesne faisant de la Vierge Marie une mère de famille nombreuse. Esquive dérisoire, il aurait dû faire sa mise en garde contre lui-même, ses divagations officielles, ès qualités de président de la Commission doctrinale, étant autrement graves que celles d’un théologien privé ou de son vulgarisateur.

Avec de tels états de service concernant Jésus et Marie, Mgr Bruguès a néanmoins trouvé le moyen d‘être promu cette année à la sous-direction de la Congrégation romaine pour l‘éducation catholique (séminaires et instituts d’enseignement), et du même coup d‘être « élevé à la dignité archiépiscopale ». Ce n’est possible que par l’entremise d’amis puissants et habiles, et sans scrupules, qui auront fait de lui un portrait suffisamment orthodoxe et rassurant, alors qu’au contraire ils lui donnent leur soutien en raison de ce qu’il est en réalité. Il n’y a pas d’effet sans une cause proportionnée : la cause est ici la survivance, après le décès du pape Montini, de ce que j’ai appelé le « parti montinien », prolongé d’une génération dans l’autre par cooptation. Dépassant certes son éponyme, il est dans l’Eglise le parti de ce que Maritain a nommé l’« apostasie immanente ». On le reconnaît notamment à son anti-dogmatisme, partiellement camouflé sous le prétexte d’une moderniste réinterprétation des dogmes catholiques.

L’idéologie mondialiste d’un métissage systématique des religions, des cultures et des ethnies, la ravageuse démocratie égalitaire (c’est surtout dans la mesure où elle se fait égalitariste que la démocratie devient universellement ravageuse) et le relativisme ambiant n’ont pas épargné l’Eglise catholique. Ils y ont une prolifération concéreuse, l’Eglise s’y est ouverte par son ouverture au monde. Le parti montinien est celui pour lequel c’est l‘évolution du monde qui est enseignante et c’est l’Eglise qui a besoin d’en être enseignée. Dans ce monde avorteur et asphyxiant du début du XXIe siècle, où prédomine ce que Jean-Paul II a nommé la culture de mort, c’est finalement l’Eglise qui va le moins mal. Son clergé n’est pas intellectuellement intact. Ses fidèles sont souvent désorientés par un épiscopat inconsistant ou dissident. Dans le catholicisme actuel les repères, la distinction objective et claire du bien et du mal, la distinction objective du vrai et du faux, la distinction du beau et du laid ont beaucoup perdu de leur nécessaire netteté : mais moins qu’ailleurs. Les sept sacrements de l’Eglise y sont valides, signes sensibles toujours efficaces. La source n’est pas tarie.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6476 de Présent, du Samedi 1 décembre 2007
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30 novembre 2007 5 30 /11 /novembre /2007 10:43
Jésus facultatif

Dans l’affaire Jean-Louis Bruguès, rien ne bouge depuis trois ans, sauf le personnage lui-même, dont l’irrésistible carrière va de promotion en promotion, comme si de rien n‘était.

Es qualités de président de la Commission doctrinale de l‘épiscopat, Mgr Bruguès est l’auteur non seulement d’une remise en « questionnement » de la virginité perpétuelle de Marie, dont nous reparlerons plus tard, mais aussi d’une singulière façon de manipuler l’acte de foi en Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme.

Pour Mgr Bruguès, reconnaître ou non le Messie en Jésus, mort et ressuscité, est sujet à des « interprétations » diverses et notamment à deux « lectures » :

« La lecture chrétienne ne conteste pas la lecture juive, chacune ayant son propre registre d’interprétation. Que l’une ait raison n’entraîne pas que l’autre ait tort. »

En somme, pour Mgr Bruguès, croire que Jésus, mort et ressuscité, est vrai Dieu et vrai homme, est facultatif. Le oui n’entraîne pas que le non ait « tort ». L’un et l’autre ont raison simultanément. C’est possible si, comme Mgr Bruguès, on renonce explicitement à un « idéal d’objectivité historique illusoire » (texte cité dans La trahison des commissaires, 2e édition complétée). On peut considérer alors la divinité de Jésus-Christ comme une sorte de mythe, utile ou merveilleux, mais n’ayant aucun titre à donner « tort » à sa négation.

La provocante position doctrinale de Mgr Bruguès n’est pas absolument isolée dans l’Eglise. On voit s’exprimer çà et là des tendances plus ou moins analogues ou ressemblantes. Par exemple j’ai lu, sous la plume du cardinal Lacroix, un développement approximativement parallèle (sinon dans son récit, du moins dans sa conclusion) :

« … J’ai appris à goûter l’Ancien Testament et à me familiariser avec lui ; j’ai de mieux en mieux compris que le Nouveau Testament n’est pas un autre livre d’une autre religion qui, pour une raison quelconque, se serait approprié les Saintes Ecritures des Juifs comme une sorte de préfiguration. Le Nouveau Testament n’est autre que l’interprétation de “la Loi, des Prophètes et des Ecritures” tirée de l’histoire de Jésus, donc contenue en elle, sources qui, au temps de Jésus, ne constituaient pas encore un canon définitif mais restaient ouvertes : par elles-mêmes elles témoignaient ainsi de Jésus auprès de ses disciples, comme les textes saints qui manifestaient son mystère. J’en suis venu à penser que le judaïsme (qui ne commence, stricto sensu, qu‘à la fin de la constitution d’un Canon des Ecritures, soit au Ier siècle après Jésus-Christ) et la foi chrétienne exposée dans le Nouveau Testament sont deux modes différents d’appropriation des textes sacrés d’Israël, tous deux ultimement déterminés par la façon d’appréhender le personnage de Jésus de Nazareth. L’Ecriture que nous nommons aujourd’hui Ancien Testament est en soi ouverte sur deux voies. Et nous n’avons en réalité commencé à comprendre qu’après la Seconde Guerre mondiale que l’interprétation juive “après Jésus-Christ” possède elle aussi son propre message théologique. »

Toutefois la différence est que le cardinal Lacroix, ce faisant, n’accomplissait pas un acte magistériel, il racontait sa vie, et sa manière de penser à un certain moment de cette vie. Un cardinal n’a pas forcément une abondance de grâces d‘état pour rédiger son autobiographie. Mgr Bruguès, lui, accomplissait bien une sorte d’acte magistériel. Président de la Commission doctrinale et parlant en son nom, il engageait la responsabilité de la Conférence épiscopale, ainsi que l’ont décidé les évêques français. Or, depuis un tel scandale doctrinal, non rétracté par la hiérarchie, la carrière de Mgr Bruguès progresse au rythme d’une promotion par an, il est maintenant secrétaire (c’est-à-dire numéro 2) de la Congrégation romaine pour l‘éducation (cf. Présent du 29 juin et du 14 novembre). C’est sur cette anomalie persistante que nous avons désormais à réfléchir.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6475 de Présent, du Vendredi 30 novembre 2007
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