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11 juin 2005 6 11 /06 /juin /2005 15:48
Haurietis aquas in gaudio… de fontibus salvatoris : Vous puiserez de l'eau avec joie aux sources du salut (Isaïe 12,3). Ce sont les premiers mots de l'encyclique du Pape PIE XII sur le Culte et la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus (15 mai 1956).
Dès les premiers siècles les Pères de l'Eglise, les Docteurs, les écrivains ecclésiastiques célèbrent l'Amour du Rédempteur en montrant que dans la blessure faite au côté du Christ (Jn 19,33-34) se trouvait l'ouverture de la source cachée d'où découlent toutes les grâces.
St Augustin écrit qu' au lieu de dire qu'on lui frappa le côté, qu'on le lui blessa, St Jean dit qu'on le lui ouvrit. C'est l'ouverture des portes de la vie, celle d'où découlent les sacrements de l'Eglise, sans lesquels il ne saurait y avoir d'accès à la vie, à la vraie vie. (…) Cette eau est celle que l'on mêle au calice du salut (à la messe). Elle sert à nous baptiser, elle sert aussi à nous abreuver.
(…) Ô mort qui rend la vie aux morts! Quoi de plus pur que ce sang? Quoi de plus salutaire que cette blessure?
(Commentaire sur l'Evangile de St Jean)
L'Eglise a repris ce commentaire dans la préface de la Messe du Sacré-Cœur de Jésus: De son côté transpercé, laissant jaillir le sang et l'eau, il fit naître les sacrements des l'Eglise, pour que tous les hommes, attirés vers son cœur, viennent puiser la joie aux sources vives du salut.

Sainte MARGUERITE-MARIE (Paray-le-Monial):
Religieuse de la Visitation de Paray-le-Monial (Diocèse d'Autun, Saône et Loire), Sœur Marguerite-Marie Alacoque priait devant le Saint-Sacrement, le 16 juin 1675, lorsque Jésus lui apparut en lui montrant Son cœur en disant: Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes et les a comblés de tant de bienfaits et qui, pour son amour infini, non seulement ne reçoit pas de reconnaissance, mais subit les négligences et les injures, et cela, parfois, de la part de ceux qui sont tenus par un devoir d'amour spécial.
Il lui demandait de chercher à "faire instituer, le vendredi après l'octave de la Fête-Dieu, une fête nouvelle destinée à rendre à Son Cœur l'honneur qui lui est dû et à expier, par de dignes hommages, les injures reçues des pécheurs dans le Sacrement de Son Amour".
Elle rencontra beaucoup d'obstacles, mais grâce à ses confesseurs, en particulier le Père Claude La Colombière s.j. (canonisé par le Pape Jean-Paul II en 1992), elle persévéra.

Le Pape PIE XII, le 15 mai 1956, publiait sa magnifique encyclique Haurietis aquas sur le culte et la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Elle compte cinq parties: I- "L'estime du Culte du Sacré-Cœur repose sur de solides principes"; II-"Le Nouveau Testament et la Tradition"; III-"Le Cœur de Jésus et la mission salvatrice du Rédempteur"; IV-"La naissance et le développement du culte du Sacré-Cœur; V-"Pour une pratique plus éclairée et plus étendue du culte du Sacré-Cœur"

Parmi les dons du Cœur de Jésus: la sainte Eucharistie. Le Pape PIE XII affirme que la divine Eucharistie, en tant que sacrement par lequel Il se donne aux hommes et sacrifice par lequel Il s'immole perpétuellement, ainsi que le sacerdoce, sont des dons du Cœur très sacré de Jésus (n°36).

Don également très précieux: Marie, la Mère de Dieu et aussi notre Mère très aimante à tous (n°37).
Les fidèles doivent associer le culte du Cœur très sacré de Jésus au culte envers le Cœur immaculé de Marie qui a été indissolublement unie au Christ dans l'œuvre de la Rédemption humaine afin que notre salut vienne de l'amour de Jésus-Christ et de ses souffrances intimement unis à l'amour et aux douleurs de sa Mère (n°73).

Le Pape JEAN-PAUL II n'a pas traité directement du Sacré-Cœur de Jésus mais de la Miséricorde, dans sa Lettre du Jeudi-saint 2001 aux prêtres (n°6 et suiv.) en particulier.
Le Pape BENOIT XVI, à l'angelus du dim. 5 juin 2005 déclarait: Grâce à la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, les chrétiens comprennent l'amour de Dieu pour l'humanité.

Abbé Christian LAFFARGUE
Curé, votre pasteur

Source : bulletin paroissial n°172, diocèse de Belley-Ars
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24 juillet 2004 6 24 /07 /juillet /2004 22:56
par Arnaud de Lassus - 24 juillet 2004

Un texte à lire en cliquant ici.
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1 juillet 2004 4 01 /07 /juillet /2004 22:54
par Mgr François DUCAUD-BOURGET  

Le Hérisson est un petit animal qui se nourrit de vermines et de reptiles. La Providence l’a recouvert de dards fort aigus et durs, sa défense contre les serpents, ses ennemis naturels.
L’on donne son nom à un instrument en forme de boule et composé de lames métalliques et réunies au centre par une de leurs extrémités. Celles-là grattent la suie qui obstrue les prises d’air et les cheminées. Ainsi elles sauvent l’homme de l’asphyxie et de la mort.
Tel est le but de cette brochure: être un instrument de salut naturel et surnaturel. Car l’époque où nous devons vivre oblige souvent à rechercher l’air pur, c’est-à-dire à réfléchir, à prier, à réagir contre les abus et erreurs qui nous entourent.
Catholique, dans un milieu catholique, je suis obligé de voir et de ne pas admettre certaines interprétations de notre Religion contraires à notre Foi. Depuis le choc effroyable de la Révolution de 1789, l’homme français, le fils de l’Eglise romaine, s’est trouvé dans un contexte hallucinant, dans un déséquilibre exorbitant qui luttent sans cesse contre la nature créée par Dieu dans l’ordre et pour l’ordre; contre le surnaturel évangélique, révélé pour la perfection de l’ordre. Les meilleures volontés, les plus saints désirs, les aspirations les plus élevées ont eu bien du mal à conserver la ligne droite dans des chemins cahoteux. La poésie, la philosophie se heurtaient aux découvertes des sciences nouvelles, de « la Science , comme disaient certaines sectes matérialistes. Un dégoût profond envahit les âmes qui aspiraient aux plaisirs des sens et même de l’Esprit, celles qui n’acceptaient pas comme leur fin dernière et leur raison d’être, le couperet de la guillotine ou la pelleté de terre du Cimetière.
Il y eut une « renaissance catholique », mais romantique, à la suite de François René de Chateaubriand; puis un élan chrétien social avec Félicité de Lamenais, Lacordaire Montalembert. II y eut Dupanloup, le Cardinal Pie, Monsabré et beaucoup d’autres ecclésiastiques ; le renouveau liturgique de Dom Guéran-ger, à Solesmes, et la Renaissance thomiste de Maritain et Hugon, Garigou Lagrange etc. Il y eut le Père Lagrange, l’exé-gète, l’Ecole de Jérusalem... Marc Sangnier et le Sillon, Maurras et l’Action Française, le modernisme avec Blondel, Leroy, Mounier, l’Abbé Loisy, et Saint Pie X... le meilleur et le pire.

Certes, Rome proclamait la vérité et condamnait l’erreur. Mais la Société, le milieu devenu pratiquement athée par l’école et l’Université laïques, par le divorce (Loi Naquet) détruisant la famille, l’affaire Dreyfus s’efforçant de déshonorer l’Armée; le culte païen de la Science devenue Déesse, après la Raison (de Robespierre), cet ensemble irrespirable à l’âme eut des effets divers chez les Catholiques: l’éveil d’une critique acerbe de tout le passé, de tout ce qui existe de l’Eglise Catholique; le rejet révolutionnaire, anarchique, de la Tradition et de l’Ecriture d’autre part, la fixation de tout le Passé, revécu sans cesse, sans distinction aucune entre le Vrai, le Bien, le Beau transmis jusqu’ici et les petitesses, les manques de goût, les inaptitudes et même les erreurs humaines qui pouvaient y être mêlées.
 Toute une littérature s’ensuivit, littérature de combat diffusant souvent rêveries ou préjugés, les deux parfois mélangés. Beaucoup de jeunes aventureux, aimant le danger, les jeux d’esprit, les bancos, formèrent une sorte d’intelligentsia dont nous trouvons le portrait dans « Il Santo », de Foggazaro.

Beaucoup de jeunes aussi se jetèrent dans la mêlée, couverts du bouclier du classicisme, de l’orthodoxie, sans écarter de la pure farine le son des manies commodes, insinuées par les siècles dans l’Eglise de Dieu.

Il se créa donc peu à peu cette catégorie de personnes que Frère Chrysostome appelle les « Gens sérieux », qui montre du Christianisme le visage le plus déplaisant. Estimant avec justesse au plus haut point la vérité, ils se sont enfermés avec elle de la façon la plus stricte comme on le ferait d’un lingot d’or dans un coffre fort. Mais la vérité n’est pas un métal; elle est fleur, elle est vie, elle respire l’air et le soleil de Dieu. La vérité La vérité des « gens sérieux », s’est desséchée et ce qui en a survécu n’a plus aucun rayonnement, tant il est mêlé d’amertume craintive et hargneuse. Leurs adversaires, les modernistes ont eu beau jeu de les critiquer et tourner en ridicule. Ces malheureux sérieux
n’ont trouvé pour leur défense que de se resserrer dans leur attitude revêche et répulsive, accusant les catholiques les plus humains et normaux d’être des libéraux (parfois même des francs-maçons) cédant le pas devant l’invasion de l’incrédulité, de l’immoralité, de la désintégration religieuse.

Pour eux, la courtoisie, la compréhension, la gaieté, le sourire sont péchés. Les pauvres! Certes, il s’agit là d’un état caractériel, d’une forme d’esprit, de sensibilité ou d’insensibilité pouvant aller jusqu’au mental. Mais ces malheureux ont pris leur attitude d’après des principes tirés de certains auteurs non encore réprouvés par l’Eglise (du moins certains).

D’abord il y a le rigorisme janséniste quelque peu mâtiné de calvinisme, prenant à la lettre la parole de l’Ecriture sainte dans le sens le plus rétréci et souvent asphyxiant; ils font de toute formule, de toute rubrique un véritable lit de Procuste, obligeant à sacrifier, immoler et tuer ce qui en nous n’est pas conforme à leur compréhension personnelle de ces textes, ce qui, en somme, n’est pas loin du libre examen protestant, dont ils ont horreur, puisqu’ils se targuent d’obéir à la Lettre archi-fidèlement, ce qui les rapproche des pharisiens dont Notre Seigneur parlait avec si peu de sympathie et parfois même avec tant de sévérité.

Certes, il est normal d’obéir aux lois édictées par l’Eglise, mais à tout code s’adjoint toujours une jurisprudence qui interprète le texte en tenant compte des temps, des lieux, des circonstances afin de rester dans le réel, dans l’humain, pour que la justice réelle ne soit pas bafouée par la Loi. La loi n’est pas un instrument de torture, mais une règle de droiture. Et dans la théologie il y a toujours eu l’étude des cas de conscience.

Certes, il faut pratiquer la vérité, la vivre. Mais comment le faire si dans tel ou tel cas cette application rigoriste devient injustice ou malfaisance? Par exemple: il est indispensable pour les Fidèles d’accepter l’enseignement de la Tradition apostolique, transmis par l’enseignement des Papes, des Docteurs, de l’Eglise, tels les dogmes de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge. Crus, admis ou discutés jadis, ils sont devenus, de pieuses opi-nions qu’ils étaient jusque-là, des dogmes, après leur proclamation comme tels, avec confirmation par des textes d’Ecriture Sainte les éclairant. Cette Tradition est absolument nécessaire puisqu’après la résurrection de Notre Seigneur, l’Eglise vécut par Elle uniquement avant que le Nouveau Testament eût été écrit.

Les Protestants et les Modernistes ne peuvent donc user de l’argument luthérien, qu’il n’y a de valable et de sacré que la Bible et que le reste venant des hommes n’est pas à accepter.

Nous pourrons encore leur faire remarquer que c’est l’Eglise (et donc des Gens d’Eglise assistés de l’Esprit Saint) qui a déclaré canoniques et inspirés les livres de la Bible, pour le Nouveau comme pour l’Ancien Testament. Il faut donc se résigner à accepter le rôle de la seule Eglise instituée par Jésus-Christ, à qui il a dit « Allez, enseignez toutes les Nations ». Ceci dit, on peut envisager ce qu’on appelle les traditions, bien différentes de la Tradition, qui ne sont que des coutumes religieuses, répondant, certes, au besoin de la dévotion et de la piété, mais d’ori-gine humaine, locale, momentanée, plus ou moins utiles ou sanctifiantes.

Saint Pie V dépouilla la Messe de son époque de bien des habitudes édifiantes, sans doute, mais qui surchargeaient la Liturgie et pouvaient lui enlever quelque chose de sa netteté, de la clarté de son enseignement. Tel un lierre épais s’accrochant aux murailles d’un édifice risque non seulement de le recouvrir et de le CACHER MAIS ENCORE DE PROVOQUER DES fissures et des éclatements de la pierre, des infiltrations de pluie et des lézardes, et finalement de faire d’un monument une ruine. Ici, le monument est spirituel et nous voudrions couper un peu de lierre.

La dévotion mariale est excellente, recommandée, louée. Et ceux que Jésus a donnés comme enfants à la Sainte Vierge doivent de marquer leur filiation par des actes particuliers de vénération et d’amour. Ainsi naquit la dévotion du chapelet (ou du rosaire), propagée par Saint Dominique. Elle a fait des mira-cles et enseigne admirablement la vie spirituelle. Mais encore, doit-elle la favoriser et non en devenir l’étouffoir. Je me souviens d’une paroisse où la récitation du Rosaire faillit tourner en un casus belli, la moitié des orants allant trop vite et l’autre trop lentement. Je les mis d’accord en leur demandant de prier à voix basse ou en silence. Dans un autre cas cette oeuvre de piété était devenue une sorte de salon où chacun faisait de la propagande pour un pèlerinage, pour la Notre Dame (plus ou moins catholique d’ailleurs) qui lui agréait. Arrivant un jour au milieu d’une discussion houleuse et bruyante, je leur dit: « Mesdames, je ne vois aucun empêchement aux apparitions variées de la Sainte Vierge quand et où il lui convient de le faire. Mais partout où elle passe elle dit : PRIERE ET PENITENCE.  Or, la pénitence, pour les femmes, c’est le silence ». Elles se turent, non sans me foudroyer du regard. Mais elles firent grève et ne vinrent plus prier une Sainte Vierge trop exigeante et taciturne.

Ces «  bavures », comme dirait le Cardinal MARTY, n’empêchent pas que les dévotions au chapelet, au scapulaire, aux médailles, aux petits cierges ne soient excellentes, à condition qu’elles aident à mieux pratiquer les vertus chrétiennes, les vraies, et ne favorisent pas l’épanouissement de nos défauts beaucoup trop naturels: attachement à nos goûts, nos manies, nos préjugés, nos jugements infaillibles et téméraires, l’acharnement à les imposer à autrui : charisme et condamnation pour quiconque n’admet pas nos sentences intégralement et ne nous admire pas sans réserve ni discussion. Ce qui n’est qu’égoïsme et vanité despotique, pure sottise. Même parfois une certaine sensualité. Eh oui! il y a tant de plaisir à diriger des âmes qui vous mettent sur un autel comme des saints et qui vénèrent vos vertus et vos hautes intentions... Quelles belles relations vous avez dans le Royaume des Cieux!  Est-ce vous la Sainte? —  Oui, je la suis... ‘Comme dit la vieille légende.

Mais cette volupté d’orgueil est bien un peu sensuelle. On la retrouve augmentée par une sorte d’avarice mystico-érotique cachée sous la meilleure, la plus sainte, la plus sûre des dévotions: celle envers l’Eucharistie. En elle nous découvrons le Verbe, fils de Dieu incarné, sauveur du monde, lui qui nous a donné la loi d’amour. Nous savons (Il nous l’a dit) qu’il change le pain en son corps, le vin en son sang et qu’il vient, homme et Dieu, à la consécration de la Messe, pour être notre nourriture spirituelle et nous communier. Rien de plus mystérieusement émouvant que ce don sacré d’une affection qui veut être unifiante et transformante de nous en Lui. Oui! Mais comment cet élan sublime des âmes vers le Christ, sa Sainteté, sa beauté a-t-il dévié!

Il y a des personnes qui exigent de recevoir la Communion spécialement pour elle seule. En dehors de la Messe; avant ou après celle à laquelle d’autres fidèles assisteraient. « Je veux mon Jésus à moi ».

Il y a celles qui veulent une Messe à leur gré, à leur jour. Les offices normaux de la Paroisse ne leur suffisent pas; certaines font campagne pour imposer « la Five o’clock Mass » si agréable pour couper l’Après-midi et rencontrer ses amies.

Un prêtre du Sacré-Coeur de Montmartre me conta qu’un jour un homme lui posa cette question: «  Est-il possible de faire une neuvaine de communions?

 Mais, certes, oui , lui répondit-il.

 Ah! s’exclama l’autre, vous du moins, vous connaissez la Théologie. Je me suis adressé à sept ou huit prêtres déjà; ils ont tous répondu que ce n’était point possible.

Intrigué, le Chapelain s’informa:  Qu’entendez-vous donc par une neuvaine de communion?

 Eh! naturellement, entendre neuf messes le même jour et communier à chacune d’elle. »

En somme, cet homme transformait le «  Sacrum Commerium » en commerce en gros.
Mais il y a mieux. La Communion normalement ne doit pas être séparée du Sacrifice auquel la Messe nous fait participants. Mais dans la Paroisse dont je m’occupe l’affluence extraordinaire des communiants oblige, le dimanche, pour ne pas empiéter sur la messe suivante, plusieurs prêtres à distribuer l’Eucharistie à différents autels en même temps. Certaines âmes, saintement avides, ou plutôt gourmandes, bondissent d’une chapelle à une autre afin d’y communier le plus possible, trois, quatre ou cinq fois, selon le nombre des Officiants. Ici, nous ne sommes plus dans le gros mais nous arrivons à la Divinité au poids...

A moins que ces hosties ne servent ensuite à des Messes noires ! mais je ne le pense pas : il serait si facile d’aller puiser à pleines mains dans les corbeilles épiscopaliennes et conciliaires.

Quoi qu’il en soit, ce genre de déviation matérialiste se retrouve dans l’excellente dévotion: l’Exposition du Saint Sacrement. Au Moyen Age, les fidèles désirèrent voir l’Hostie consacrée et lui rendre spécialement et publiquement le culte qui lui est dû. Sentiment d’amour filial envers le Dieu incarné. Ce culte est composé de cérémonies et d’un faste conforme à la dignité royale et divine de notre Seigneur.

Dans notre paroisse cette exposition se faisait chaque jour et pendant des années elle s’accomplit sans difficulté. Puis, à un certain moment, la dévotion s’émoussant, sans doute! ou les charges de la vie quotidienne s’accroissant, le Seigneur demeura seul pendant de longs moments et le Clergé décida de raréfier cette cérémonie de dévotion afin d’en assurer l’accomplissement correct, selon les rubriques, le respect et la prudence.

Aussitôt ce fut une levée de boucliers. C’était une insulte envers Dieu et les paroissiens. Il n’y avait qu’à exposer la Sainte Hostie dès qu’il y aurait un nombre suffisant de fidèles et la retirer ensuite. Je proposai, non sans ironie, d’installer un disque tournant où l’on placerait l’Ostensoir dominé par un baldaquin. Lorsqu’un adorateur viendrait, il appuierait sur un bouton, le plateau tournerait, le Saint Sacrement apparaîtrait; puis à la fin de la visite, le même geste renverrait le Bon Dieu dans son incognito... L’idée ne fut pas agréée par ces pieuses gens, plus amateurs de leurs commodités que du respect dû à Dieu.
 ils menacèrent d’aller ailleurs, faisant jouer la loi de la concurrence avec un zeste de chantage. « Mais qu’avez-vous besoin de toutes ces formalités et de ces rites surérogatoires? Si vous désirez vraiment adorer Dieu, il est au Tabernacle en permanence. Et vous n’allez guère le visiter. Cependant, c’est le même Seigneur ici et là » . Je ne les convainquis pas. « Vous ne savez même pas ce qu’est l’Eucharistie! Vous êtes plus ignorants qu’un enfant de première année du catéchisme, vous n’avez pas la Foi; convertissez-vous. Alors nous reparlerons de tout cela ».

Mais persuadés de l’ignorance du clergé, de son manque de vertus, de la supériorité du laïcat, de sa spiritualité, de ses charismes, hommes et femmes, conscients de leur supériorité religieuse, passèrent désormais le temps de la Messe à compter les signes de Croix, les génuflexions du célébrant et même à surveiller les paroles de la Consécration. Car vous savez, ces Messes pourraient bien ne pas être valides.

Un autre pieux exercice, fort utile au progrès spirituel, dévie parfois en un sentimentalisme déplaisant. Les Croisés, jadis après le dur pèlerinage de la quête de Dieu, voyage périlleux à travers pays et peuples inconnus, ennemis de la Croix, arrivaient à Jérusalem comme en Paradis.

Ils goûtaient une joie profonde et bien gagnée en retrouvant les traces de la Rédemption et du sang du Christ, une joie de prédestinés à la couronne éternelle, décidés à continuer tous les sacrifices, toutes les immolations imaginables, allant jusqu’au martyre. Ils chantaient: « O Crux ave; Sancta Mater istud agas » comme en extase et cela c’était du solide, du vrai, pas du sentimental.

J’ai connu un Curé (l’un des pires que j’eus à supporter durant ma longue vie), qui, le Vendredi Saint conduisait le Chemin de Croix de la Paroisse avec des manifestations de piété bouleversantes. Il s’écroulait sur son prie-Dieu, la voix étouffée de sanglots fort impressionnants. Les vicaires voyaient, écoutaient ce drame avec un sourire malicieux, quelque peu exaspéré. Le Bon Dieu, je crois, devait en faire autant. Car il ne s’agissait pas là de se jouer la comédie de la Sainteté, de l’Amour compassionnel ou compatissant, qui s’admire lui-même, mais d’être un honnête homme qui voit, entre Dieu et lui, la différence de l’infini, et qui veut la diminuer par son effort sacrificiel vers la Sainteté, la Passion que Jésus sollicite et exige.

Le Chemin de la Croix doit nous aider dans le don personnel de notre âme, ajoutant ainsi à l’humanité tragique et glorieuse du Christ en croix ce qui manque à sa passion, comme le dit Saint Paul: notre sacrifice.

Dans la liste de ceux qui se leurrent j’allais oublier les « Grégorianistes », sorte de fanatiques despotes, adorant avant tout le chant grégorien au mépris même des authentiques vérités de la charité du Christ, de la raison, de la paix.

Je sais bien que l’Eglise primitive, apostolique, usait pour la synaxe et la liturgie, des psaumes hébraïques, ces merveilleuses cantilènes méditerranéennes, porteuses de tous les sentiments religieux de l’humanité souffrante et espérante. Conservées, modifiées, elles ont suivi les adaptations de l’Eglise au long des âges et devinrent le symbole et le parangon de la musique sacrée. Elles furent un élément essentiel du culte populaire gréco-romain. Mais à l’abri des monastères et des cloîtres, elles devinrent des œuvres d’Art: leur exécution fut étudiée, travaillée, isolée. Là le temps ne manquait pas pour la multiplication des répétitions ni le nombre des offices; ce qui permettait d’obtenir des possibilités de prière, de méditation, de recueillement, d’élans spirituels, permettant de s’élever jusqu’aux émois mystiques. L’état de perfection acquise conféré par les trois vœux de religion convenait, suo generis, à cette expression privilégiée.

Il n’en était pas au Moyen Age de même pour les simples fidèles, petit peuple de Dieu « in statu perfectionnis acquirandae » qui ne disposant pas des mêmes loisirs que les Révérends Pères ne pouvaient et ne peuvent toujours pas dédier à Dieu une œuvre d’Art parfaite. C’est ce que les grégorianistes ne peuvent ou ne veulent pas admettre; eux, ils ont choisi pour leur lobby leur passe-temps préféré, l’occupation de leurs loisirs: le Grégorien.

 Ils prétendent tout sacrifier de la vie, des désirs, des besoins, des communautés laïques, à cette nouvelle idolâtrie de la technique; ils refusent la réalité, les impossibilités matérielles et men-tales, la culture religieuse déficiente quasi générale, l’impréparation fatale des foules. Ils ne distinguent pas entre les préceptes et les conseils évangéliques, sous prétexte d’émulation et du progrès spirituels de quelques-uns, « l’élite ». Ils découragent, ennuient et chassent du Temple tous les autres. Rien de pénible comme un groupe grégorianiste s’exerçant sur les neumes et les quilisma, tandis que la foule reste passive et muette. D’ailleurs la subtilité musicale et spirituelle ne se cantonne PAS DANS LE SEUL DOMAINE artistique et mystique. Les rivalités sont fréquentes dans ce milieu aussi bien que la susceptibilité ou l’esprit de conquête et de domination. La bonne marche de la paroisse doit céder le pas à la volonté de la Cantoria. Le Clergé, par définition, incapable de comprendre ces sublimes évolutions d’âme est ignoré. L’on ne tient compte de ses timides suggestions. Et si, pour le bien commun, il doit s’affirmer et s’opposer aux désirs des choristes, ceux-ci le quittent et vont porter leur talent dans quelqu’autre paroisse, quelle que soit d’ailleurs la liturgie qui s’y pratique, ancienne ou nouvelle; car, au fond, l’essentiel n’est pas le culte divin, l’essentiel n’est pas la Vérité, l’essentiel est de chanter en grégorien. Je connais trois maîtrises qui, toutes trois, chantent actuellement le nouvel Ordo.

D’ailleurs, cette humeur discuteuse et tyrannique n’est pas le propre des laïcs ni de notre temps. L’Ecole de Solesme a formé des maîtres éminents: Dom MOCREAU, Dom GAJARD, Dom de MALHERBE et tant d’autres, excellents. Chacun d’eux soutenait son interprétation personnelle avec force argument et même injures. L’un d’eux disait d’un opposant: « il est d’une ignorance encyclopédique ». Rien de moins!

 Cette sainte maison envoyait chaque année des examinateurs dans ses filiales pour établir ou rétablir le bon usage des textes. Je me souviens de la réflexion, ironiquement douloureuse, d’un vieux moine disant: « tout de même, avant de mourir, je voudrais bien savoir chanter  Amen ».

 J’allais oublier le danger des lectures pieuses et des vies de saints, il y a là plus ou moins péril selon les caractères des lecteurs. Car chacun de nous a tendance à s’identifier aux héros de l’histoire racontée. Une hagiographie est donc plus efficace sur les âmes que ne peut l’être un récit pornographique ; le sens intime chrétien, la formation, la culture catholique, l’éducation mettent l’homme en garde contre une semblable littérature et le font s’en détourner avec dégoût. Mais les impressions religieuses de l’hagiographie s’imposent à certains esprits faibles, qui finiront par s’imaginer que la sainteté consiste en pratiques minutieuses et tyranniques, ou en phénomènes extraordinaires et voyants. Ils ne se diront pas que la sainteté est personnelle ; qu’il n’y a pas de saints qui se ressemblent exactement, que chaque âme doit obtenir sa perfection propre qui n’est pas celle des autres ; et que ce n’est pas faire preuve de grande humilité que de s’imaginer capable d’attirer des grâces que Dieu réserve à ses martyrs, à ses docteurs, à ses héros.; que de croire que l’enfer est tellement attiré par votre vertu qu’il s’acharne dramatiquement à la détruire. La vie des Saints est l’historique d’une âme spéciale et non pas de la nôtre. Il nous reste donc à faire comme les saints ont fait, chacun à sa manière non pas à les copier servilement... en y ajoutant cependant notre vanité, notre égoïsme et nos tendances publicitaires. Comme les saints nous devons vivre des principes évangéliques, mais adaptés à nos caractères, physiologiques et mentaux, à notre milieu, à notre temps. Notre vieux supérieur, Monsieur Berrué, nous disait: « certains d’entre vous me demandent: pour le carême, quelle pénitence dois-je faire? faut-il prendre la discipline? — Non, Monsieur. Vous êtes tous des nerveux. — Dois-je jeûner? — Et non, Monsieur! Vous êtes tous des anémiques. — Alors, que dois-je faire? —Suivre la règle, Monsieur... et œ n’est pas une petite pénitence. »
Après cela si Dieu vous envoie des extases.., eh, bien! vous les prendrez et n’aurez aucunement envie d’en tirer vanité.
Quant aux personnes sensibles qui redoutent les attaques du Démon, je les prie de considérer que le Démon n’a pas besoin de se changer en Ange de lumière ou en monstre infernal mais qu’il n’a qu’à laisser faire nos défauts et nos mauvaises tendances, surtout notre égoïsme, notre vanité et notre méchanceté, pour se procurer la maîtrise de nos âmes. Le meilleur exorcisme est, le seul quotidien, doit être 1° l’abstention des péchés mortels, 2° le combat pour notre perfection, la lutte contre nous-mêmes, l’abnégation de soi-même.
Vous me direz peut-être que j’exagère? Hélas, nous sommes en pleine réalité. Evidemment il ne s’agit pas de la généralité de nos fidèles, mais d’un très petit nombre. Malheureusement il est le plus bruyant, tels les batraciens, le soir à la campagne, et qui mâles et femelles, barbotent dans les bénitiers. L’on n’a pas retrouvé le moyen, comme il se fit jadis à Saint-Paul-Serge de Narbonne de les changer en marbre au fond des vasques sacrées.
Il y a des années de cela, j’ai connu un homme qui passa toute sa vie au charitable crochet des archevêques, évêques, moines, moniales et curés de France et de Navarre. Toujours de mine fraîche et souriante, vêtu de neuf, fort élégamment et changeant de costume quatre fois l’an. Il comptait à chacune de ses dupes des histoires horrifiantes, où juifs et francs-maçons s’unissaient aux communistes et aux révolutionnaires pour obtenir de lui le manuscrit d’un livre scandaleux et compromettant le clergé, ou bien un film porno ecclésiastique, qu’il possédait... et qu’il serait bien obligé de vendre si l’Eglise ne lui donnait pas les moyens de vivre décemment. Et cette ficelle grosse comme un câble accrochait à tout coup, jusqu’au jour où...
Je l’avais rencontré à l’abbaye de Hautecombes où je faisais ma retraite annuelle. Plus tard, par le Révérend Père hôtelier, j’appris la fin du passage de notre homme dans la sainte maison.
Comme, bien repu de la sévère provende les bons et beaux offices religieux et de la conversation du Révérendissime Père Abbé; en secret il prit à part l’un des moines et mystérieuse-ment lui confia: « Mon cher Père, la charité et mon devoir de chrétien m’obligent à vous informer que le Père Z a dit ceci et cela de vous ». Sursaut du Révérend. Avec un ton pincé:
« Merci de m’avoir prévenu ». Une heure plus tard, même scène avec le Père Z. II répéta la comédie à chacun des moines qui soucieux de silence et d’observance de la règle se turent mais se regardèrent les uns les autres en chiens de faïence chargés d’électricité. Jusqu’au jour où au chapitre, le Père Y creva l’abcès et déclara: «  J’accuse le Père Z d’avoir dit cela à mon sujet »‘ — « Jamais de la vie », se récria l’incriminé, c’est vous qui avez dit de moi telle ou telle chose. - Pas du tout... Qui vous a dit cela? Un tel... . Les autres moines entrèrent dans la ronde; et le nom de l’auguste plaisantin se retrouva sur toutes les lèvres. Il fut renvoyé sur l’heure, naturellement, et s’en fut propager son infâme, lucrative et pieuse industrie dans un autre jardin secret de la religion chrétienne.
Ce rufian avait bien suivi la méthode que nous dénonçait M. Berrué, nous répétant:  « Messieurs, on a toujours un motif surnaturel pour faire une saleté ». Comme notre escroc, il y a des catholiques capables de voiler d’un saint zèle pour la défense de l’Eglise, la sauvegarde de la foi intégrale et traditionnelle, les pires calomnies, les jugements téméraires les plus odieux. Déformant l’Ecriture Sainte, ils savent que la piété est utile à tout surtout pour satisfaire des instincts les plus bas. Elle gagne la confiance des honnêtes gens. Relisez Tartuffe. Il y a aujourd’hui après les seize ans de révolution religieuse que nous continuons de traverser, bien des personnes qui se targuent de prétendus services rendus à la Cause (comme ils disent) pour dresser les catholiques les uns contre les autres; et manient avec une dextérité éhontée la calomnie et le mensonge sous toutes formes possibles afin de démolir ce que les pionniers de la résistance ont édifié, et de s’emparer de leur pauvre et douloureuse renom-mée. Peut-être aussi des corbeilles de la quête? mais ceci ressortit d’un catéchisme différent du nôtre. Il m’est donc arrivé d’étonner sans le scandaliser notre Cher et Vénéré Mgr LEFEBVRE de mon désir d’écrire quelques pages sur la « nocivité des vertus chrétiennes mal comprises ». II a parfaitement pénétré ma pensée et approuva le paradoxe.

En effet, surtout pendant le 19’ siècle et le 20’ la spiritualité catholique insista beaucoup sur l’humilité et l’obéissance, à la suite de Saint Ignace de Loyola et de son « perinde ac cadaver ». Là-dessus, Paul Claudel emboucha sa trompette pour que le
 monde entier sache qu’il n’était RIEN et que pratiquement sa modestie était au-dessus de tout éloge. Ce qui faisait dire à Mgr BEAUSSARD à ce sujet: Homme, chrétien, prêtre... tu crois que ce n’est rien?
Depuis 1926, les modernistes, les progressistes chrétiens (qui repoussaient le titre de catholique déjà) affirmèrent ex cathedra:
on ne se damne pas en obéissant, axiome précieux à ceux qui commandent et qui leur permet d’ordonner les pires absurdités, les injustices et les filouteries morales ou autres, sans jamais risquer d’opposition. Méthode qu’Alfred Jarry attribuait à son Père Ubu, lorsque celui-ci devenu roi décida de faire passer tous ses sujets à la machine à décerveler. Ainsi toutes critiques, toute opposition étaient supprimées et le Chef pouvait appuyer sa tyrannie du poids de la sottise universelle consentante, comme nous l’éprouvons dans notre saine et libre Démocratie et dans l’Eglise collégiale d’aujourd’hui.
La spiritualité de tous les collèges, écoles, catéchismes, cercles d’étude, noviciats, etc... peut se résumer en ces mots: (que Monsieur Marty, Cardinal de profession, m’assénait dans ses épîtres au lieu de répondre à mes questions précises): « obéissez ». Je fus donc obligé de lui dire: «1’Evangile est-il donc une religion pour robots ? sommes-nous obligés d’accepter les décisions d’ordinateurs? faut-il renier sa nature humaine, l’intelligence, la volonté, la conscience pour sauver son âme? Faut-il l'annihiler, la tuer, pour accomplir la volonté du Dieu qui l’a créée, incompatible avec vos principes personnels, votre philosophie et vos idées individuelles? » Car la nature humaine a des droits donnés par Dieu, ces droits de l’homme dont parle souvent le Saint Père, qui n’ont rien à voir avec ceux prêchés en 1789 et si bien proclamés à l’O.N.U. et à Helsinki. Lorsque l’intelligence se heurte à l’erreur flagrante ou à la mauvaise foi, fait-elle la volonté de Dieu en les acceptant par obéissance à un supérieur ignare ou criminel, retranché derrière une formule qui n’a plus aucun sens dans les circonstances actuelles?
« Croyez-vous, Excellence ,dis-je à Mgr Lefebvre, que si j’avais pratiqué la modestie à la mode, si j’avais admis l’analphabétisme et la débilité mentale qu’on m’attribuait et dont on a voulu me persuader pendant de nombreuses années; si j’avais humblement préféré l’avis et la décision des autres, et de tous les autres, de n’importe qui, et cela contre la certitude personnelle, intime et viscérale de leur erreur et de leur nocivité ; si j’avais accepté passivement les oukases ou le diktat de n’importe qui au sujet de n’importe quoi (a fortiori lorsque ce sujet n’est autre que le salut éternel de mon âme et du monde entier!); si j’avais été patient et doux, si je n’avais point frappé du poing sur la table, si je n’avais point parlé, protesté hautement et dure-ment, y aurait-il encore aujourd’hui une messe catholique à Paris? »
Car enfin, de quoi s’agit-il?
De faire plaisir à quelqu’un? ou d’obéir à Dieu? «In omnibus respice finem... » dit le proverbe latin.
Quand vous montez dans un bus, vous savez où il vous mène; vous n’y montez pas au hasard; vous choisissez le terminus.
En religion, vous devez agir ainsi.
Le but: l’éternelle, l’invariable Vérité, qui est amour, c’est-à-dire Dieu.
Or, la Religion est le lien qui nous rattache à Dieu. Elle est aussi le chemin qui nous mène à Lui. Jésus a dit « je suis la voie »... lui, le « religieux de Dieu ».
Toutes les pratiques signalées dans les pages précédentes ont été choisies pour aider à notre salut. Par notre faiblesse d’esprit ou de volonté, ou des deux, chacune d’elles peut gêner ou empêcher d’atteindre notre but réel. Nous en faisons quelque chose de terrestre assez poussiéreux et parfois boueux.
Alors rappelons-nous que:
Dieu « est Celui qui est l’Etre, la Simplicité absolue, parfaite, sans aucun négatif, complications, 1’UNITE.
« Soyez parfaits, comme le Père est parfait , dit notre Seigneur.
«Le Père et Moi nous sommes UN. »

 Soyez donc simple. Votre Religion consistera dans cette imi-tation qui éliminera de votre âme toutes les différences et complications, les divisions, les plis et les replis des suites du péché originel et de nos fautes personnelles; nos déformations psychologiques: inquiétudes, angoisses, problèmes intellectuels, sensoriels, ou sensuels; surtout notre attachement à nous, à la personnalité que nous ont octroyée les milliards de générations ancestrales, leurs milieux de vie, leur éducation, leur santé, leurs maladies... les chromosomes. Tout cela s’attache à nous pour troubler notre vision, notre jugement et nous donner une fausse perspective de la vie afin de nous faire manquer le but réel:
notre Salut éternel, indispensable au salut du monde. « Celui qui veut être mon disciple “ abneget semet ipsum ». Car c’est bien là, cette unique et absolue vérité: qui se sauve sauve le monde par la communion des Saints. On l’oublie souvent.
Tout se répercute à travers l’Univers, même la vertu, même le bien individuel. Dans l’ordre pratique, la religion est donc avant tout d’ordre personnel:  « Ce soir même il te sera demandé compte de ton âme ». Cependant, n’étant pas seul dans le monde, vivant en société, et toute société ayant des lois, des règles et une hiérarchie, la religion, divine par son but, humaine par ses composants, aura des règles, un culte, une liturgie, sociaux. Elle devra veiller au maintien et à la sauvegarde des rapports entre les fidèles et Dieu et des fidèles entre eux. Mais toujours sans perdre de vue son point essentiel et primordial: l’honneur du Père et la sainteté des fils, conformés à la perfection par la simplicité du Père.
C’est ainsi que la sanctification du jour dominical, le jour du Seigneur, est le but de la cessation du travail, afin de consacrer son temps à la méditation et à la liturgie, à la messe, la plus sainte, la plus précieuse des liturgies.., si l’homme veut bien la comprendre et la réaliser en communiant le plus totalement pos-sible avec la Divinité du Sacrifice: notre Christ.
A chaque instant de la vie, les créatures que nous sommes doivent être envisagées sous cet aspect surnaturel, non pas pour nous transformer en saint de vitrail, en canonisé, mais en faisant de nous, de nos rapports avec notre famille, notre travail, notre cité, notre patrie, notre temps, nos loisirs, nos plaisirs, nos peines, nos deuils, notre santé, nos maladies, nos épreuves.., en faisant de nous-mêmes, tels que nous sommes réellement, avec notre être vivant dans le temps, celui-là que Dieu a voulu créer de toute éternité, celui qui a sa place exacte à remplir dans l’Univers, à une certaine époque et pour l’Eternité glorieuse à Dieu et à nous-mêmes, si nous savons le comprendre; si nous voulons l’accomplir.

En bref : qu’est-ce que la religion?
Elle est un lien entre l’homme et Dieu, un échange d’être, une réciprocité de force, de tendresse, d’amour, une alliance des droits. Un don constant et mutuel. Tout le reste: liturgie, théologie, pieuses pratiques, sacrements servent soit à se procurer, soit à conserver, soit à accroître cet état d’union entre Lui et nous, chacun de nous portant en soi la création entière: minéraux, végétaux, animaux, esprit, tout ce qui le compose: ces rapports constants et actifs d’instincts, de facultés surnaturalisés avec le Créateur, le Père, la Force première et éternelle, la surabondance de vie, la Vie elle-même. « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire. »
Lorsque Jésus nous apporta la Révélation du Fils: la Sainte Trinité. l’Incarnation, la Rédemption, réponse sacrificielle de l’humanité: Lui, à Dieu Père; réponse de soumission aimante, de connaissance éblouie, admirative, rayonnant de bonheur; sacrifice légitime, remboursement d’une dette insolvable: le péché... II a dit à ses Apôtres, au Roc de son unique Eglise:
« Enseignez toutes les nations. »
Et l’Esprit Saint nous fut envoyé par Lui, l’Amour immolé, pour que nous comprenions que sa religion est, comme l’Esprit, lien d’amour entre le Père et le Fils, ce Fils divin qui a voulu que nous devenions ses frères selon la nature et selon la Grâce, enrichissement divin, et, comme Lui, que nous soyons « UNUM », un seul être avec Dieu!
 L’Esprit Saint nous offre les moyens de parvenir à ce résultat, voulu par Dieu: notre perfection, c’est-à-dire notre bonheur. Le Père nous a tout donné: Il a créé nos corps et nos âmes, avec leurs facultés: intelligence, volonté, mémoire, imagination, conscience; toutes nos possibilités. Le Fils l’a mérité pour nous. L’Esprit nous aide: enseignement de l’Eglise, grâces actuelles répétées, multipliées. Par dessus tout: sa Grâce sanctifiante, la Vie divine transmise par le baptême et les sacrements. Au risque de choquer les intégrissimes, il semble bien que c’est le  « culte de l’homme », le culte de « l’homme pour Dieu ». C’est un culte constant: le souffle de chaque vie, les battements de notre cœur... pour commencer par le commencement de ses dons. Lui, Il pense toujours à nous. Jésus nous l’affirme. Nous, nous ne pensons à Lui, guère, qu’à jour et heure fixes. Lorsque nous allons à confesse, par exemple.
Et c’est à ce moment-là que nous nous décernons un brevet de bonne conduite. Nous allons au premier prêtre sur notre chemin. Il se peut qu’il vous dise, après vos aveux:  Quel est votre défaut le plus habituel? Prenez-vous la résolution de le combattre et, finalement de le vaincre (c’est-à-dire: avez-vous le ferme propos, la volonté de renoncer à votre défaut quotidien)? Formulerez-vous cette volonté chaque matin dans votre prière, en reprenant contact avec Dieu? La renouvelez-vous dans la journée? Vous répondrez:  Oui, naturellement! Mais vous ne vous adresserez plus à ce prêtre trop exigeant. Car ce que nous cherchons, au confessionnal, c’est un tranquillisant, un certificat de bonne conduite. Ce n’est pas notre perfectionnement. C’est un décapant, non un fortifiant... Et cela n’est pas ce que Dieu a voulu en instituant la Pénitence. De plus les grâces, mises là à votre disposition, qu’en faisons-nous? Inutilisées ou gaspillées (ce qui revient au même), nous devrons en rendre compte. « Redde vilicationem tuam... » L’Eglise, qui apprécie le surnaturel à son immense valeur, n’oblige ses fidèles qu’une fois l’an. II ne faut pas se jouer du ciel, faire le comédien à ses yeux, jusqu’à se leurrer, parfois: se mentir. Que de personnes gênent l’évolution de leurs âmes par cette inconsidération !
Enfin.., résumons-nous!
La religion consiste à mettre Dieu et nous à leur juste place fixée par son amour en ce monde et en l’autre tout simplement. En devenant simple, en nous simplifiant. En ne faisant qu’un avec Lui, en nous intégrant en Lui, à l’image du Divin Maître : « Le Père et moi nous sommes un » .
II vient aussitôt à l’esprit que ce n’est pas un petit travail:
vivre le Christ, vivre Dieu, demande énergie, effort, lutte, peine et victoire.
« Celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et me suive ». Sa croix , c’est chacun, c’est nous, c’est notre humanité compliquée, déviée, dévoyée qu’il faut écheniller, sarcler, tailler, redresser, orienter, élever, épanouir. Pour nous y aider Jésus nous a donné des outils, des remèdes: nos facultés:
intelligence-volonté. II a institué les Sacrements, l’ordre surnaturel. Il est même resté parmi nous par son Eucharistie, et par son Esprit.  « Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles ».
Alors tout est possible. Epanoui, enrichi de Lui. « Je puis tout en celui qui me fortifie »  disait Saint Paul. Et depuis lui, ça n’a pas changé. II disait aussi:  « Je sais en qui j’ai cru et je suis certain ». Il ajoutait :  « Je surabonde de joie dans mes tribulations ». Il n’y a plus rien à ajouter: seulement à comprendre et à aimer ce qui est.
Car, au fond, la Religion est une immortelle histoire d’amour, une intimité divine entre deux êtres faits pour se comprendre et s’aimer consubstantiellement; de vivants qui veulent le bonheur conforme à leur être, à leur substance, à leurs désirs, à leur être. Une amitié qui doit devenir si parfaite qu’elle parvient à l’unité dans les personnalités distinctes: « Le Père et Moi, nous sommes un. ».
Alors, toutes nos pensées, actions, vouloirs à chaque instant de nos existences parviendront à cette sainte obsession, à cette présence divine qui dépasse infiniment celle des amoureux conser-vant le souvenir de l’être aimé. Alors tout dans l’existence est changé, transformé, bouleversé de bonheur, exalté... L’exaltation de la simplicité divine, de I’Etre.
Voilà donc où parviennent les âmes dégagées des suies accumulées en elles par les fausses dévotions, les vertus erronées, les idées compliquées. Notons bien qu’en tout cela il y a un zeste d’humour qui se moque de soi, un grain d’ironie pour assaisonner nos sacrifices, le sourire complice de celui qui a compris, de celui qui aime et par dessus le tout un bel éclat de rire. Car nous devons être des saints sans en avoir l’air, des saints sans pleurs de joie, des saints qui ne savent pas qu’ils sont des saints... des saints qui ne sont pas de tristes saints. Des saints qui n’embêtent personne, que le diable.
Comme disent les Antillais pleins de sagesse: « Tristesse, ennui, c’est caca diable ».

François DUCAUD-BOURGET

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30 juin 2004 3 30 /06 /juin /2004 22:47
Parmi les choses que l’Eglise a toujours enseignées et qu’elle ne pourra jamais cesser d’enseigner, "il y a aussi cette déclaration infaillible où il est dit qu’il n’y a pas de salut hors de l’Eglise". Voici à ce sujet un texte de la S.C. du Saint-Office (Lettre de la SC du Saint-Office, 8 août 1949 – à l’archevêque de Boston. Ed. Desclée-Collection – a priori introuvable sur le web, sauf en guise de citation rattachée à Dominus Iesus).

“(…) Nous sommes obligés à croire, de foi divine et catholique, toutes les vérités contenues dans la
Parole de Dieu, Ecriture ou Tradition, et que l’Eglise propose à croire comme divinement révélées,
non seulement par un jugement solennel, mais encore par son magistère ordinaire et universel
(Conc. du Vatic. Sess. III, c III ; Denz). Or, pami les choses que l’Eglise a toujours prêchées et ne
cessera pas d’enseigner, il y a aussi cette déclaration infaillible où il est dit qu’il n’y a pas de salut
hors de l’Eglise. Cependant, ce dogme doit s’entendre dans le sens que lui attribue l’Eglise
elle-même. Le Sauveur, en effet, a confié l’explication des choses contenues dans le dépôt de la foi,
non pas au jugement privé, mais à l’enseignement de l’autorité ecclésiastique. Or, en premier lieu,
l’Eglise enseigne qu’en cette matière il existe un mandat très strict de Jésus-Christ, car il a chargé
explicitement ses apôtres d’enseigner à toutes les nations d’observer toutes les choses qu’il avait
lui-même ordonnées (Mt XXVIII, 19-20).

Obligations d’entrer dans l’Eglise
Le moindre de ces commandements n’est pas celui qui nous ordonne de nous incorporer par le
baptême au Corps mystique du Christ qui est l’Eglise, et de rester unis à lui et avec son Vicaire par
qui lui-même gouverne ici-bas son Eglise de façon visible. C’est pourquoi nul ne se sauvera si,
sachant que l’Eglise est divinement instituée par le Christ, il refuse malgré cela de se soumettre à
elle ou se sépare de l’obédience du pontife romain, vicaire du Christ sur la terre. Non seulement
notre Sauveur a-t-il ordonné que tous les peuples entrent dans l’Eglise, il a aussi décrété que c’est là
un moyen de salut sans lequel nul ne peut entrer dans le royaume éternel de la gloire.

Le « désir » peut suffire
Dans son infinie miséricorde, Dieu a voulu que, puisqu’il s’agissait des moyens de salut ordonnés à
la fin ultime de l’homme non par nécessité intrinsèque, mais seulement par institution divine, leurs
effets salutaires puissent également être obtenus dans certaines circonstances, lorsque ces moyens
sont seulement objets de « désir » ou de « souhait ». Ce point est clairement établi au Concile de
Trente aussi bien à propos du sacrement de baptême qu’à propos de la pénitence (Sess. VI, c.V et
XIX. Denz., n. 797 et 807.). Il faut en dire autant, à son plan, de l’Eglise en tant que moyen général
de salut. C’est pourquoi, pour qu’une personne obtienne son salut éternel, il n’est pas toujours
requis qu’elle soit de fait incorporée à l’Eglise à titre de membre, mais il faut lui être uni tout au
moins par désir ou souhait. Cependant, il n’est pas toujours nécessaire que ce souhait soit explicite
comme dans le cas des catéchumènes. Lorsque quelqu’un est dans l’ignorance invincible, Dieu
accepte un désir implicite, ainsi appelé parce qu’il est inclus dans la bonne disposition de l’âme,
par laquelle l’on désire conformer sa volonté à celle de Dieu. Ces choses sont clairement exprimées
dans la Lettre dogmatique publiée par le souverain pontife Pie XII, le 20 juin 1943, « sur le Corps
mystique de Jésus Christ ».Dans cette Lettre, en effet, le souverain pontife distingue clairement ceux
qui sont actuellement incorporés à l’Eglise et ceux qui lui sont unis par le désir seulement. (…)
Vers la fin de la même encyclique, invitant à l’unité avec la plus grande affection ceux qui
n’appartiennent pas au corps de l’Eglise catholique, il mentionne ceux qui, « par un certain désir et
souhait inconscient, se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur ». Il ne les exclut
aucunement du salut éternel, mais il affirme par ailleurs qu’ils se trouvent dans un état « où nul ne
peut être sûr de son salut éternel » et même qu’ »ils sont privés de tant et de si grands secours et
faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l’Eglise catholique ». Par ces paroles, le Pape
condamne aussi bien ceux qui excluent du salut éternel les hommes qui ne sont unis à l’Eglise que
par le désir implicite, que ceux qui affirment erronément que tous les hommes peuvent se sauver à
titre égal dans toutes les religions (Cf. Pie IX, Singulari quedem, Denz. N.1641 s. ; Pie IX, Quanro
conficiamur moerore, Denz. N.1677.) »
Cité in CONNAISSANCE ELEMENTAIRE DU RENOUVEAU CHARISMATIQUE (1984) -
Action Familiale et Scolaire - p.145 ANNEXE 1 « Hors de l’Eglise, pas de salut »

On relèvera également ces lignes de Jean Paul II dans "Veritatis Splendor" :
"L'Eglise sait que la question morale rejoint en profondeur tout homme, implique tous les hommes, même ceux qui ne connaissent le Christ et son Evangile, ni même Dieu. Elle sait que précisément sur le chemin de la vie morale la voie du salut est ouverte à tous, comme l'a clairement rappelé le Concile Vatican II : "Ceux qui, sans qu'il y ait de leur faute, ignorent l'Evangile du Christ et son Eglise, mais cherchent pourtant Dieu d'un coeur sincère, et s'efforcent, sous l'influence de sa grâce, d'agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel." Et il ajoute : "A ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l'Eglise le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie (Const.dogm. Lumen Gentium n.16)."
Veritatis Splendor - Jean Paul II - 1993

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22 juin 2004 2 22 /06 /juin /2004 15:51
par M.l'Abbé Christian Laffargue


Dans une lettre apostolique signée le 7 avril 2002, dimanche dans l'octave de Pâques dédié depuis peu à la divine Miséricorde, le Pape JEAN-PAUL II réaffirme motu proprio (de sa propre autorité) la doctrine et la discipline de l'Eglise sur la célébration du Sacrement de Pénitence.
Pour mieux marquer l'importance de ces rappels, deux cardinaux-préfets de Congrégations (J. Ratzinger pour la Foi, J.-A. Medina Estevez pour le Culte divin et les Sacrements) et le Président du Conseil Pontifical pour l'interprétation des textes législatifs (Mgr J. Herranz), ont chacun insisté sur l'importance de ce texte.

On ressent, à la lecture de ce document, le souci douloureux du Bon Pasteur - illustré par les souffrances physiques et visibles du Saint Père dans ses récents déplacements pastoraux - des brebis blessées pour les conduire dans la bergerie afin que l'oubli de l'aspect divin du sacrement n'entraîne de graves dommages pour la vie spirituelle des fidèles et pour la sainteté de l'Eglise.
(Ière partie, in fine).

Le Pape rappelle ce que le Code de Droit Canon (C.I.C.), l'exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia (2 déc. 1984) et le Catéchisme de l'Eglise Catholique (C.E.C.) ont clairement affirmé au sujet du sacrement de Pénitence et de Réconciliation. Il insiste surtout sur la tendance à l'abandon de la confession personnelle et sur le recours abusif à l'absolution générale ou collective qui doit rester exceptionnelle et dont l'extension est devenue arbitraire (CIC, 961,§1,2°).

Dans sa Lettre aux prêtres pour le Jeudi-Saint 2001, consacrée au Sacrement de Pénitence, il leur demandait de faire redécouvrir au Peuple de Dieu que le Sacrement de Pénitence est la voie ordinaire pour obtenir le pardon et la rémission des péchés graves (…) dans les formes liturgiques prévues(n°12). Dans celle du Jeudi-Saint 2002, consacrée au Sacrement de l'Eucharistie, il insistait pour redire que la célébration personnelle est la forme ordinaire de l'administration de ce sacrement et que c'est seulement en cas de grave nécessité qu'il est légitime de recourir à la forme communautaire de la confession avec absolution collective tout en rappelant - ce que beaucoup ignorent aujourd'hui - que même dans ce cas on ne peut jamais jamais se dispenser de recourir ensuite à la confession individuelle des péchés graves, ce que les fidèles doivent avoir le désir de faire pour que l'absolution soit valide (CEC n°1483). (n°3 de "Misericordia Dei")

Le Pape Jean-Paul II rappelle ce que le Droit canon précisait clairement (Canon 961,§1,2°), qu'une grave nécessité n'est pas suffisante pour le seul motif d'un grand afflux de pénitents tel qu'il peut se produire pour une grande fête ou un grand pèlerinage (n°4, 2). Il n'appartient pas, d'ailleurs, au confesseur d'en juger mais à l'évêque diocésain dans le cadre des dispositions prises par les Conférences épiscopales et soumises à Rome (congrég. pour le Culte divin et la discipline des Sacrements) à la lumière du présent document (n°5, 6 et suiv.).

Les pénitents n'ont pas à choisir l'absolution collective, comme s'il s'agissait d'une possibilité normale et équivalente à la forme ordinaire (personnelle) (4,c).
Ils sont tenus par l'obligation de confesser selon leur espèce et leur nombre les péchés graves non encore confessés individuellement, après un sérieux examen de conscience (canon 988,§1) et on doit réprouver tout usage qui limite la confession à une accusation d'ordre général, ou seulement à un ou plusieurs péchés considérés comme étant plus significatifs.
Sur la confession des péchés véniels le Saint Père rappelle (n°3) qu'il est recommandé aux fidèles de les confesser aussi compte tenu de l'appel de tous à la sainteté ; il cite sur ce point le canon 988,§2, Reconciliatio et paenitentia (n°32) et le Catéchisme au n°1458.

Il est demandé que les Ordinaires (dont les évêques), les curés et les recteurs d'églises et de sanctuaires vérifient qu'il existe concrètement les plus grandes facilités possibles pour les confessions : présence visible des confesseurs dans les lieux de culte durant des heures précises, l'adaptation des horaires à la situation réelle des pénitents, leur disponibilité spéciale pour confesser avant et durant la célébration des Messes(n°2).
Au n°9, le Pape précise que le lieu des confessions doit être muni d'une grille fixe permettant aux fidèles et aux confesseurs de l'utiliser librement (canon 964,§2). (n°9,b). Il touche ici au devoir de discrétion et au droit des fidèles à l'anonymat.

Mais tout ceci serait facilement admis, et suivi, si ne sévissait depuis la fin du XXème siècle la perte du sens du péché. Le Pape Jean Paul II le rappelle dans l'introduction de Misericordia Dei en citant le n°18 de Reconciliatio et paenitentia. Il citait aussi cette exhortation apostolique à propos de la distinction entre péchés mortels et péchés véniels au n°70 de l'encyclique Veritatis splendor du 6 août 1993. C'est la contestation de certains théologiens sur cette distinction (n°69) qui pervertit la conscience personnelle. Elle est alors "erronée", obscurcie, n'étant plus éclairée par la Vérité qui fait voir et juger ce qui est bien et ce qui est mal. Et c'est l'Eglise qui "de par la volonté du Christ est maîtresse de vérité" (cf n°62 à 64 de Veritatis splendor).

Concluons avec les premiers mots du Saint-Père dans son motu proprio : Puisse l'Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde (Jn 1,29) sauver son peuple de ses péchés (Mt 1,21) et lui ouvrir le chemin du Salut !

"Ouvrez donc bien votre cœur pour en faire sortir les péchés par la confession; car à mesure qu'ils en sortiront, le précieux mérite de la Passion divine y entrera pour le remplir de bénédiction." Saint François de Sales (Vie dévote, chap. XIX)
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15 juin 2004 2 15 /06 /juin /2004 15:50
" Les grandes chaleurs de l'été ont commencé. Il est rappelé que les églises étant fraîches (pour pouvoir prier commodément) on peut facilement y attraper froid, surtout par les épaules, le ventre et les reins...

Au fait, que nous dit l'Eglise sur la question ?

Le combat pour la pureté : la PUDEUR

Le Catéchisme de l'Eglise catholique en traite dans la deuxième partie de l'explication du 9ème commandement. Il rappelle que :
- le baptème confère à celui qui le reçoit la grâce de la purification de tous les péchés. Mais - précise-t-il - le baptisé doit continuer à lutter contre la concupiscence de la chair et les convoitises désordonnées. Comment y parvient-il ?
- par la vertu et le don de chasteté, par la pureté d'intention, par la pureté du regard, par la prière.

La pureté demande la pudeur.
Celle-ci est une partie intégrante de la tempérance. La pudeur préserve l'intimité de la personne. Elle désigne le refus de dévoiler ce qui doit être caché.
Elle est ordonnée à la chasteté dont elle atteste la délicatesse. Elle guide les regards et les gestes conformes à la dignité des personnes et de leur union.

La pudeur protège le mystère des personnes et de leur amour. La pudeur est modestie. Elle inspire le choix du vêtement. Elle se fait discrétion.

L'Eglise parle d'actualité : "Il existe une pudeur des sentiments aussi bien que du corps. Elle proteste, par exemple, contre les explorations voyeuristes du corps humain dans certaines publicités ou contre la sollicitation de certains médias à aller trop loin dans la révélation de confidences intimes. La pudeur inspire une manière de vivre qui permet de résister aux sollicitations de la mode et à la pression des idéologies dominantes.

Enseigner la pudeur à des enfants et à des adolescents, c'est éveiller au respect de la personne humaine."

La pureté chrétienne demande une purification du climat social. La pureté du coeur libère de l'érotisme diffus et écarte des spectacles qui favorisent le voyeurisme et l'illusion.

Ce qui est appelé la permissivité des moeurs repose sur une conception erronée de la liberté humaine... (C.E.C. n°2520 à 2527)

Certes, personne n'a de mauvaises intentions, ni les jeunes filles et les femmes d'attirer sexuellement les jeunes gens et les hommes, mais l'excès de sensualité débouche souvent sur les désordres de la sexualité, surtout dans le climat d'érotisme actuel. Les prêtres, comme les médecins, par la confession, connaissent bien les conséquences de ce qui peut paraitre anodin. D'autre part, ayant fait eux-mêmes voeu de chasteté et voyant combien de leurs confrères aujourd'hui trahissent leurs engagements, et même, abandonnent le sacerdoce, sous la pression de l'impudeur inconsciente de celles qu'ils côtoyaient.

Enfin, ce n'est plus savoir ce qu'est une église, lieu sacré; ce qu'est la présence réelle et substantielle du corps et du sang du Christ dans la Sainte Eucharistie; ce qu'est la Messe; ce qu'est le prêtre que se comporter ou de se (dé)vêtir comme si de rien, de tout cela, n'était... Alors, attention de ne pas attraper froid, l'été, dans les églises..."

Abbé Christian Laffargue
en l'An de grâce 2004 après Jésus-Christ
Bulletin paroissial n° 156
JUIN II
mois du Sacré-Coeur
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1 avril 2004 4 01 /04 /avril /2004 22:44
Voici l’histoire d’un petit berger devenu un grand pape.

Dans la ville de Bosco, située dans le diocèse de Tortona, au nord de l’Italie, naît le15 janvier 1504 Antoine Ghislieri. Sa famille noble et très ancienne, a été ruinée par la guerre. Chez les Ghislieri, on vit donc pauvrement. Antoine est berger. Tout petit, il est déjà attiré par les choses de Dieu


.

Un jour où il garde son troupeau, il aperçoit deux dominicains qui cheminaient de paroisse en paroisse pour prêcher l’Evangile. Il se met à courir au devant d’eux pour leur parler. Les deux religieux sont autant frappés par l’intelligence de l’enfant que par sa maturité. Nul doute que Dieu l’a mis sur leur chemin pour qu’ils aient soin de lui. Ils proposent donc à l’enfant de les suivre pour faire les études qui lui permettraient de prendre l’habit des Frères prêcheurs. Antoine bondit de joie à cette idée. Il se rend à toute vitesse chez ses parents pour les supplier de le laisser partir avec les deux dominicains, ce qu’ils acceptent volontiers. Après avoir reçu leur bénédiction, voici donc l’enfant en chemin pour sa nouvelle vie.

Un religieux de 14 ans

Au monastère, le postulant fait l’unanimité. Sa gentillesse est si grande et si vive son intelligence ! Sa nature assez colérique et son caractère facilement impressionnable sont compensés par une charité exemplaire. Il a aussi une tendre dévotion pour la Sainte Vierge qu’il sait honorer par mille petites attentions. L’enfant accepte la dure vie monastique et reçoit docilement l’enseignement de ses maîtres. Il est adopté par toute la communauté qui décide de lui donner l’habit des dominicains et le nom de frère Michel Alexandrin (Bosco était en effet proche d’Alexandrie en Piémont).

Le novice débute ses études scolastiques à Vigevano, où il prononce ses vœux solennels en 1519,- à 15 ans ! - puis il est envoyé à Bologne, berceau du fondateur de l’Ordre, réputé pour la solidité de la formation dispensée. Les progrès de frère Michel Alexandrin en théologie sont si rapides qu’il est bientôt capable d’enseigner à son tour. Il connaît certainement l’ivresse que donne le plaisir intellectuel, car le jeune professeur met en garde ses élèves : « il faut toujours assaisonner la science avec le sel de la piété ! » Lui-même donne autant l’exemple par son assiduité aux exercices de la communauté et le temps qu’il passe en oraison devant le tabernacle, que par son zèle à l’étude. Pour lui « la liturgie et l’étude sont les deux mamelles fournissant le lait spirituel sans lequel l’âme reste stérile ».

Lorsqu’il atteint 24 ans révolus, ses supérieurs jugent qu’il est suffisamment préparé pour devenir prêtre. Le jeune frère, lui, s’en trouve pourtant bien indigne. Michel Alexandrin est donc ordonné prêtre et célèbre sa première messe à Bosco, berceau de sa famille. Sa ville natale est alors dans une grande désolation : la contrée vient d’être dévastée par les armées françaises de François 1er marchant sur Pavie, et le jeune prêtre s’emploie à réconforter ses compatriotes.

Il retourne ensuite à Bologne où il reprend l’enseignement de la théologie, puis durant seize ans, il sera successivement le prieur des monastères de Vigevano, de Soncino et d’Alba. Il y laisse le souvenir d’un supérieur juste, plein d’affection pour ses frères qu’il soigne comme aurait fait une maman, tout en réclamant d’eux une stricte pratique de l’obéissance. Exigeant pour ses frères, il l’est aussi pour lui même.

Inquisiteur en Lombardie

Tandis que les armées françaises ravagent la Lombardie, les protestants de Suisse, disciples de Calvin, en profitent pour introduire en fraude de mauvais livres, ce qui constitue un réel danger pour le peuple, curieux de ces écrits qui ont l’attrait de la nouveauté et de la contestation.

Cette grave affaire préoccupe beaucoup le pape. Après en avoir mûrement délibéré, le Saint-Office romain décide de nommer le père Michel Alexandrin Inquisiteur, car sa rigueur théologique lui permettra facilement de démontrer la fausseté des livres hérétiques. Le voici donc envoyé à Côme dans le nord de l’Italie. A peine nommé en 1545, il part visiter le territoire qu’on lui a désigné. Là, au lieu de rechercher ses aises, comme le voudrait sa nouvelle et importante fonction, il va à pied, préférant l’inconfort d’une mauvaise paillasse à un bon lit et s’imposant de mortifiantes privations. En chemin, il égrène son rosaire ou récite à haute voix des prières. Autant de manières de sanctifier sa mission et de montrer l’exemple.

Or il advient qu’à Côme, un marchand a convenu avec les Protestants genevois de l’envoi d’un grand nombre de livres de propagande calviniste qu’il pourra vendre à bon prix en faisant de gros bénéfices. Le bonhomme trouve moyen de corrompre tous chanoines du Chapitre pour qu’ils ferment les yeux sur son trafic. Lorsque le Père inquisiteur apprend l’affaire, il décide d’excommunier tous les responsables de ce mauvais commerce, à commencer par tous les chanoines. Mais ces derniers ne se démontent pas. Ils font courir dans la ville toutes sortes de bruits pour monter le peuple contre l’inquisiteur. Le chanoine le plus compromis a même l’audace de porter plainte auprès du gouverneur de Milan, en lui présentant les choses à sa manière, c’est à dire en cachant le trafic de livres et en imputant toute la responsabilité des troubles à l’intransigeance du père Michel Alexandrin. Le mauvais prêtre est beau parleur et le gouverneur se laisse convaincre. Il convoque l’inquisiteur pour le remettre à sa place de manière outrageante.

Devant cette infamie, il en va de l’honneur de l’Eglise. Ghislieri part sur le champ à Rome pour retracer ce qui s’est passé. Il arrive le 24 décembre 1550. Lorsqu’il frappe à la porte du couvent de son ordre, le prieur le prend pour un de ces ambitieux venu mendier des faveurs à la cour du pape : « Que venez vous chercher ici, mon père ? Venez vous voir si le collège des cardinaux est disposé à vous faire pape ? » dit-il, railleur, et bien loin d’imaginer que ce celui dont il se moquait monterait bientôt sur le trône de saint Pierre ! Qu’importe, l’inquisiteur peut s’expliquer auprès de la Curie qui approuve entièrement sa conduite. Les réclamations injustes des chanoines de Côme sont rejetées, pour leur plus grande confusion.

Ardent défenseur de la foi, le père Michel Alexandrin déploie tout son zèle de prédicateur pour ramener des âmes à Dieu. Nombreux sont ceux qui se convertissent, comme Sixte de Sienne. Ce juif d’origine avait adopté la foi catholique et était entré chez les franciscains, puis il avait tout renié et avait été condamné comme relaps. Avec humilité et douceur, le père inquisiteur lui avait expliqué ses erreurs et était parvenu à le faire revenir à l’Evangile. Sixte entra chez les dominicain et vécut jusqu’à sa mort comme un frère exemplaire de l’ordre.

Evêque et bientôt cardinal

Pendant son séjour à Rome, le père Michel Alexandrin s’est lié d’amitié avec le cardinal Carafa, préfet de la congrégation du Saint-Office. Celui-ci est émerveillé par les qualités d’âme du dominicain. Nul doute que la Providence a choisi ce missionnaire ardent et généreux pour lutter contre l’hérésie protestante qui ne cesse de gagner du terrain. Au lieu de le laisser retourner en Lombardie, Carafa appelle le père Michel Alexandrin qui a 47 ans comme commissaire général du Saint-Office. En 1555 Carafa, élu pape sous le nom de Paul IV, confirme le père Michel Alexandrin dans sa commission au Saint-Office et le nomme évêque de deux diocèses importants situés près de Rome. Le dominicain de 51 ans, ne veut accepter un tel honneur. Il supplie le pape de le laisser mourir sous l’habit de moine, mais celui-ci le rappelle à l’obéissance et le consacre évêque. Le pape lui avait dit : « je vous attacherai au pied une chaîne si forte qu’après ma mort même vous ne pourrez plus songer au cloître ». Cette chaîne est le cardinalat auquel Ghislieri est promu le 15 mars 1557. Quelques mois après, le 14 décembre 1558, Paul IV l’institue à 54 ans Grand Inquisiteur souverain de la Chrétienté (et nul ne portera ce titre après lui).

Les exigences sociales liées à toutes ces charges répugnent à son austérité de dominicain. Le cardinal Ghislieri ne tolère que ce qui est strictement nécessaire à l’étiquette et vit de manière austère. Son palais ressemble à un couvent. Il engage des domestiques disposés à accepter ce mode de vie ascétique, mais les traite avec une délicatesse impensable pour l’époque. Matin et soir, il préside à leur prière, et lorsque l’un d’eux tombe malade, il le fait porter dans une des plus belles pièces du palais pour le soigner comme un prince. Et il ne manque pas, malgré ses nombreuses occupations, de lui rendre visite plusieurs fois dans la journée !

A la mort de Paul IV, est élu l’oncle de Charles Borromée, le pape Pie IV qui pratique le népotisme. Le cardinal grand inquisiteur ne mâche pas ses mots pour le lui reprocher. Ce qui provoque grande colère du pape qui, pour le disgracier, le nomme évêque de Mondovi, petite ville du Piémont. L’inquisiteur obéit, mais il tombe gravement malade. Au moment où son état s’améliore, il apprend la mort de Pie IV (9 décembre 1565) et doit donc retourner à Rome pour l’élection du nouveau pape.

Elu pape

Comme aucune unanimité ne parvenait à se faire sur les noms proposés, le cardinal Charles Borromée proposa celui du grand inquisiteur qui emporta l’élection. A l’annonce de cette décision, le cardinal Ghislieri décida de prendre le nom de Pie V pour bien marquer qu’il oubliait le passé.

Mais quelle sera la réaction du peuple de Rome ? Le cardinal est connu pour sa sévérité. Le nouveau pape met une telle ardeur à faire cesser tous les abus en particulier l’ivrognerie et l’immoralité, qu’il n’est pas très populaire. Il est pourtant attentif aux réclamations des romains. Il met en chantier de grands travaux pour amener l’eau potable en ville et améliorer leur existence. Dans les couvents il s’emploie à restaurer la règle. Il lutte sans trêve contre l’immoralité et l’ignorance des prêtres. Certains ne se confessent jamais. Ils s’en croient dispensés parce qu’ils ont pouvoir de confesser et vivent en état de péché mortel. D’autres sont incapables de dire correctement la messe. Le clergé est dans un bien triste état !

Pour l’intérêt de l’Eglise

Or ce qui est le plus important pour lutter contre l’hérésie protestante est d’avoir de bons et saints prêtres ayant une solide formation. Il établit donc des séminaires et favorise la diffusion des écrits du Docteur angélique, saint Thomas d’Aquin, dont il finance la publication des œuvres. Nulle meilleure arme pour combattre les erreurs du temps que la Somme théologique ! Mais la formation intellectuelle ne suffit pas. Pour que l’Eglise retrouve son beau visage, il faut que ses ministres montrent l’exemple dans la conduite de leur vie et dans leurs mœurs. Pie V est un défenseur absolu des réformes décrétées par le concile de Trente.

Pie V qui avait constaté l’état lamentable du culte divin, engage une grande réforme liturgique qui va aider au renouveau de l’Eglise. Une bulle de 1568 réforme le bréviaire romain, et l’applique à toute la chrétienté. Puis une bulle de 1570, impose l’usage du missel romain aux églises d’Occident dont la tradition liturgique a moins de 200 ans d’existence (c’est pourquoi on parlera de la « messe de saint Pie V »). Pour lutter contre les hérésies, Pie V réforme les services de la Curie (1569), crée la congrégation des évêques et celle de l’Index (1571). Enfin, il ravive le recours à la miséricorde de l’Eglise par les indulgences.

La victoire de Lépante contre les Turcs

Un autre danger menace la chrétienté occidentale : les princes se jalousent et s’opposent entre eux. Certains sont devenus protestants. Les Turcs profitent des oppositions qui divisent l’Europe pour étendre leur domination. En 1566 L’empereur Maximilien II tente de reprendre la Hongrie mais échoue, tandis que le Sultan Soliman II cherchant à s’emparer de l’île de Malte achoppe devant la résistance des chevaliers. Sélim II son successeur, conquiert l’île de Chypre en 1570 dont il décime la population. Il faut à tout prix bloquer l’avance musulmane et le pape écrit aux princes chrétiens pour qu’ils fassent alliance. Seuls répondent Venise et l’Espagne. Le pape suscite un grand élan de prière dans toute la chrétienté et mobilise les confréries du Rosaire.

Les 200 galères de l’armée catholique arrivent le 7 octobre 1571 dans le golfe de Lépante en vue des 300 galères turques. La bataille est terrible. Ordre est donné de libérer les galériens de la ligue chrétienne. Ils renforcent l’assaut des soldats et se battent comme des lions. Quand les turcs font de même, leurs rameurs, en majorité des chrétiens, se retournent contre eux. Trente mille turcs périssent. La marine chrétienne qui a perdu huit mille hommes a stoppé l’expansion musulmane. Pour rendre grâces de cette magnifique victoire, le pape qui, dans le jeûne et la prière, avait confié le sort du monde chrétien à Notre Dame, institue au jour anniversaire de cette belle victoire une fête en son honneur : Notre Dame de la Victoire, aujourd’hui Notre-Dame du Saint Rosaire.

Mais le pape, rongé par la maladie de la pierre, tombe bien malade au début de l’an 1572. Le mal, qu’il supporte avec patience s’aggrave et finalement l’emporte le 1er mai. Cent ans jour pour jour après sa mort, Pie V est béatifié, 69 miracles figurent à son procès de canonisation. Il est canonisé par Clément XI le 22 mai 1712.

Catherine Bousquet

Article publié dans la revue TRANSMETTRE, n°60 daté d'avril 2004
diffusé ici avec l'aimable autorisation de M. Denis SUREAU, directeur de la publication

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20 mars 2004 6 20 /03 /mars /2004 23:00

par M. l'abbé P.-H. Grosjean, aujourd'hui prêtre du diocèse de Versailles.

Une conférence à succès dont on peut relire l'essentiel en cliquant ici.

L'abbé Grosjean, très dynamique au demeurant, peut être retrouvé sur www.padreblog.fr.

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1 juin 2003 7 01 /06 /juin /2003 22:37

Entretien avec M. l'abbé Christian LAFFARGUE
Propos recueillis par Xavier ARNAUD




S'il est un sacrement qui semble aujourd'hui tombé quelque peu dans l'oubli chez nombre de catholiques, c'est bien la confession.

 

Pourtant, Monsieur l'abbé, pouvez-vous nous en rappeler le sens et la nécessité ?

Il est “ tombé dans l’oubli ” par suite de la perte du sens du péché, de la notion du Bien et du Mal.
Pourtant, l e  M a l  e x i s t e , S a t a n  e x i s t e , ce n’est pas une abstraction c’est une personne (Catéchisme de l’Eglise Catholique, C.E.C., n°2851, le Delivrez-nous du Mal du Notre Père) qui nous pousse à nous éloigner (péchés véniels) ou à nous séparer de Dieu (péché mortel).
Enfin, “ Si nous disons : nous n’avons pas de péché, nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous ” 1Jn 1,8.
C’est comme pour le corps : si nous laissons la maladie  sans la soigner, nous risquons d’être toujours malades et de toujours en souffrir. Il nous faut consulter un médecin. Quelquefois une opération chirurgicale  est nécessaire pour extraire le mal et être guéris. Pour l’âme, c’est pareil, et le médecin de l’âme c’est le prêtre  qui soulage, guérit et sauve au nom et par le Christ, seul Sauveur (cf C.E.C.n°1441 et suiv.).
Le prêtre a, de ce fait, pouvoir d’enlever, d’extraire, d’effacer le mal : “ Recevez l’Esprit-Saint, ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ” (Jn 20,23 : le Christ aux apôtres, leur apparaissant le dimanche de Pâques).
Retenus ” :  si le pénitent (celui qui se confesse) ne remplit pas les conditions pour être absout. Nous en reparlerons.

Comment expliquez-vous cette désaffection de la part des catholiques ? Les occasions de se confesser sont aujourd'hui plus rares qu'auparavant. On entend moins les prêtres parler de ce nécessaire recours à la confession.
Est-ce à dire, Monsieur l'abbé, que la position de l'Eglise a évolué ?

Cette crise de la confession est une crise qui affecte d’abord l’intelligence : on ne voit plus, on ne connaît plus le péché, ce qui est péché et ce qui ne l’est pas. On a trop voulu déculpabiliser. Or, il ne s’agit pas de voir le péché où il n’est pas, mais de le voir là où il est. En voulant alléger les consciences, ne plus nommer le Mal, on a abandonné les âmes à l’emprise du mal. C’est une “ non assistance à personne en danger ”. On se fait “ complice du péché d’autrui ” (1 Tm 5,22).
Les prêtres ont aussi négligé la prédication des fins dernières (la mort, le jugement, le Ciel, le Purgatoire L’enfer ; cf C.E.C. 1020-1040).  Le Pape JEAN-PAUL II l’a regretté lui-même : “ il est certain que ces prédications touchaient l’homme dans l’intimité de son cœur, tourmentaient sa conscience, le mettaient à genoux, l’amenaient à la grille du confessionnal… et contribuaient ainsi puissamment à son salut.
(“ Entrez dans l’Espérance ” Ed. Mame/Plon 1994, p.266 + pp.272… et 273).
Seul le prêtre peut absoudre, donner l’absolution. On a trop séparé le sacrement de l’Eucharistie de la préparation de l’âme à recevoir saintement le corps et le sang du Christ par le sacrement de Pénitence. Quand on reçoit quelqu’un chez soi, le reçoit-on dans le désordre, la poussière, la saleté ? Et plus celui qu’on reçoit est important, plus on est soucieux de préparer la maison, de se préparer soi-même de la meilleure et de la plus belle façon qui soit !
Quand on veut vraiment, on peut toujours trouver un prêtre pour se confesser. Dans les grandes villes des églises ou des sanctuaires sont réservés pour ce ministère, il y a aussi les monastères, les communautés sacerdotales  et religieuses. Ne se déplace-t-on pas pour consulter un médecin, en prenant beaucoup de temps et en dépensant beaucoup
d’argent ? Et si on est bloqué chez soi, on peut toujours demander à un prêtre de venir. Il sera toujours heureux d’exercer son sacerdoce et de donner ce sacrement de la guérison et du salut de l’âme…

L'absence de recours fréquent à ce sacrement fait que de nombreux catholiques ne savent pas ou plus ou obscurément en quoi consiste la confession. Comment doit-on s'y préparer ?

Il est indispensable de bien s’y préparer car c’est une démarche sérieuse et grave. La santé de l’âme est plus importante encore que la santé du corps. Il existe des textes pour se préparer à la confession. Il ne faut pas qu’ils soient trop vagues évitant de préciser les péchés et leur gravité. Sinon la confession porterait peu de fruits, malgré une démarche louable et toujours courageuse. On peut se procurer, par exemple, le livret Prières du chrétien  (éd. Le laurier, 19 passage Jean Nicot, 75007 Paris, pages 16 à 21). Un examen de conscience par commandements est proposé avec ce qu’il faut faire et dire avant de commencer la confession des péchés, le texte de l’acte de contrition, une prière d’action de grâces, etc…

On a beaucoup discuté autour du fameux "secret de la confession". Pouvez-vous nous en rappeler la signification et l'étendue ? En quoi consiste-t-il et a-t-il des limites ?

Le secret de la confession est absolu, il ne souffre pas d’exceptions. Il protège le pénitent (et le confesseur) et lui donne confiance. Dans le cadre du sacrement de Pénitence, il est seul avec Dieu en présence du prêtre qui Le représente et agit en Son Nom (cf C.E.C. n°1467). Si le prêtre violait ce secret, qui porte sur les péchés entendus et l’identité du pécheur, il serait excommunié (Code de Droit Canon n°1388,1).
N’est pas couvert par le secret ce qui est dit en dehors de la confession proprement dite (mais demeure le “ secret naturel ” : la discrétion sur les choses graves que le prêtre entend dans l’écoute ou l’échange avec le pénitent).
 C’est pourquoi, il faut suivre le rite prescrit par l’Eglise : il faut savoir quand la confession commence (le confesseur, à la demande du pénitent, le bénit) et quand elle finit (par le signe de la croix qui accompagne la formule de l’absolution ou la bénédiction quand l’absolution  n’est pas donnée). Il faut, de ce fait, bien distinguer et séparer la conversation confidentielle  de l’acte de la confession. Rester de par et d’autre d’une table de bureau n’aide pas à cette clarification.

Vous avez parlé des “ conditions à remplir pour être absout ”, quelles sont-elles ?

Les conditions sont au nombre de trois. Elles font partie intégrante du sacrement. Si l’une d’elles fait défaut, le sacrement peut être invalide, c’est-à-dire qu’il n’est pas reçu et que les péchés ne sont pas effacés.

1- La contrition (le regret sincère de son ou de ses péchés) parfaite (par amour de Dieu) ou, au moins, imparfaite  (en voyant la laideur du péché ou en ayant la crainte des peines encourues comme la damnation éternelle : l’enfer).
Sur la route, “ la peur du gendarme ” avec les peines encourues (forte amende, perte “ des points ”, retrait du permis de conduire) est moins bien que de rester toujours fidèle au code de la route et aux limitations de vitesse même “ s’il n’y a pas de gendarmes en vue ”, mais si la peur suffit à épargner sa vie et la vie d’autrui, le résultat est atteint !

2- La confession des péchés (l’aveu). Il est obligatoire d’accuser tous les péchés mortels avec leur nombre (au moins approximatif s’ils sont nombreux) et leur qualité (il faut “ appeler un chat un chat ”). Il faut nommer le péché par son nom et ne pas rester dans le vague, ce qui est une façon habile de les excuser, de les dissimuler, même inconsciemment. Exemple : “ les mauvaises pensées ”. S’agit-il de pensées de colère, de vengeance…, ou de pensées contre la pureté : d’adultère, de fornication, des péchés contre-nature, etc…
Rappelons-nous de la parole du Seigneur : “ Eh bien, moi Je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, en son cœur, l’adultère avec elle ” (Mt 5,28).
Ni plus, ni moins. On n’a pas à raconter les circonstances, donner des détails inutiles, “ raconter sa vie ”, ce qui est souvent, là encore, une auto-justification.
Si on est trop vague ou trop confus, le prêtre, qui doit juger d’après ce qui lui est dit, peut demander des précisions, avec délicatesse mais clarté.

3- La satisfaction (le désir de réparer le mal dont on s’accuse).
En matière de justice, c’est assez facile : j’ai volé quelque chose, je le rendrai. J’ai peiné ou offensé quelqu’un : je lui demanderai pardon. J’ai médit : je dirai du bien de la personne dont j’ai dit du mal ; j’ai calomnié : j’irai dire que je me suis trompé, etc…
Il ne faut pas oublier que si l’absolution efface les péchés (les fautes), elle ne remet qu’en partie “ la peine ” car tout péché produit un désordre, en soi et dans la société (familiale, civile, ecclésiale). “ Les peines ” sont effacées par le pénitence, la prière, les actes de charité envers Dieu et notre prochain, et aussi par “ les indulgences ” dont on a beaucoup parlé lors du Jubilé de l’An 2000. Le Catéchisme a un excellent chapitre sur le sujet (C.E.C. n° 1471 à 1479).
“ La pénitence ” imposée par le confesseur (à ne pas confondre ou à réduire à “ l’action de grâces ”) - et qui est presque symbolique dans la pratique contemporaine-
nous permet, en l’accomplissant  avec soin, de manifester auprès de Dieu, après la confession, qu’on a bien l’intention de réparer du mieux possible les péchés commis et de ne plus les recommencer, avec le secours de Sa grâce.

Une fois ses péchés confessés, un catholique peut-il considérer ses péchés comme pardonnés ? Pardonnez-moi ce résumé un peu simpliste, mais sont-ils "effacés" ?

Non, ce n’est pas du tout simpliste. Quand on “ sort du confessionnal ” (qui garantit l’anonymat) ou du lieu de la confession, on a recouvré la grâce baptismale (la vie divine, “ l’état de grâce ”) si on l’avait perdue par le péché mortel ; et si ce n’était pas le cas, on s’est lavé des salissures (les péchés véniels).
On est alors vraiment réconcilié avec Dieu, c’est pour cela que ce sacrement s’appelle Sacrement de Pénitence et de Réconciliation  dans le Catéchisme  romain actuel (1992/97)
C’est chaque fois une mort (au péché) et une résurrection.
C’est le sang du Christ versé dans sa Passion (d’où découle l’efficacité des sept  sacrements de la Nlle Alliance) qui nous purifie, nous lave de nos péchés (1Jn1,7-9).
C’est la guérison de la lèpre de nos âmes (cf Mt 8,2).
Nous pouvons nous rappeler des paroles de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus :
Quand bien même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui !
(à Mère Marie de Gonzague, sa prieure, en 1897, l’année de sa mort).
Et celles d’Isaïe :
Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, comme neige ils blanchiront ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, comme laine ils deviendront.
(1,18).

Qu'advient-il des péchés dont on aurait involontairement  omis de parler en confession ?

Si c’est involontaire, les péchés oubliés sont pardonnés et effacés avec les autres, par la contrition et l’intention droite qu’on avait de les confesser si on s’en était souvenu. Si on a sur la conscience des péchés graves, on a le devoir de bien préparer sa confession car la négligence à le faire, l’à-peu-près, pourrait indiquer que la contrition n’était pas suffisante, ni le désir  de ne plus recommencer et de faire pénitence  comme nous le fait dire l’acte de contrition.
Si on est scrupuleux , le confesseur donnera des conseils précis à ce sujet.
Il est très conseillé, même pour les péchés véniels, de préparer sa confession  par écrit.
Cela évite beaucoup de défauts : oublis, discours ou digressions inutiles, imprécisions…

Que penser des absolutions collectives ? Ont-elles une quelconque valeur ?

Les absolutions collectives ont été très largement et illégalement dispensées et ont contribué à “ tuer les confessions personnelles ”.
Pour qu’une absolution collective soit valide, il faut… “ que la bateau coule ” (danger immédiat de mort, temps insuffisant pour que le ou les prêtres présents puissent entendre les confessions de chacun des pénitents ” (Code de Droit Canon n°961,1).
“ L’afflux de pénitents lors d’une grande fête ou d’un grand pèlerinage ne constituent pas des cas de nécessité ” précise l’Eglise (§2) et les Evêques ne peuvent pas en disposer autrement (cf Jean-Paul II, exhortation apostolique “ Reconciliatio  et poenitentia ”, 1984, n°33).
C’est tromper les fidèles (qui trouvent bien commode de l’être et montrent ainsi une conscience bien peu éclairée !) que de leur laisser croire que leurs péchés sont ainsi effacés par une simple signe de la croix qui est, en réalité, une simple bénédiction.
Bien-sûr, il s’agit ici de péchés graves, les péchés véniels, en soi, ne sont pas une “ matière obligatoire ”, même si leur accusation régulière en confession est vivement recommandée pour qu’ils ne deviennent pas “ une seconde nature ” (comme la paresse, l’impatience, la gourmandise, la sensualité, etc…) et pour faire réellement des progrès sur le chemin de la sainteté, surtout dans une société aussi immorale et matérialiste  que la nôtre, en Occident et ailleurs !
La pratique actuelle de “ célébrations pénitentielles ” (où l’on se prépare ensemble) avec confessions individuelles  avec le concours de nombreux prêtres, dans une atmosphère de Foi et de piété est tout autre. C’est une excellente formule. Avant Noêl ou Pâques par exemple.

Une dernière question, Monsieur l'abbé : pour bien faire, à quel rythme tout catholique devrait-il recourir au sacrement de la confession ?

Il ne faut pas dépasser le mois, au début, quand on commence à prendre le soin de son âme et de ses relations avec Dieu au sérieux. Sinon, comment se souvenir de ce qu’on a fait après plusieurs mois ? Moins on se confesse, plus c’est difficile, et on n’a rien à dire ; plus on se confesse et plus c’est facile.
Ne fait-on pas sa toilette tous les jours (cf l’examen de conscience du soir), la vérification de ses comptes (chaque semaine par exemple) ? Ne fait-on pas vidanger ou contrôler sa voiture régulièrement ? Même si c’est un véhicule des plus récents et des plus perfectionnés, si vous négligez l’entretien, vous risquez la panne ou de graves dommages. Si c’est la direction ou les freins, c’est l’accident qui vous guette, peut-être mortel, pour vous et pour les autres !
Le mieux est de trouver “ un confesseur ordinaire ”  auprès duquel on se confesse régulièrement, qui nous connaît, qui pourra nous aider à lutter contre le péché, à progresser, à entrer dans la vie d’union à Dieu, qui développera en nous la vie de la grâce, qui est déjà la vie éternelle. C’est avec lui qu’on déterminera le rythme des confessions.
 Enfin, une retraite spirituelle annuelle, “ fondamentale ” (en revoyant les bases de la Foi et de la grâce) et “ fermée ” (dans un même lieu, loin du monde et, surtout, en silence) d’au moins cinq jours, nous permettra de faire la conversion nécessaire. Les Exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola, donnés fidèlement, sont une bonne entrée en matière et un bon début (à renouveler).

“ Courage ” et “ confiance ” ! “ J’ai vaincu le monde ! ” (S. Jean 16,33). 
   
 

Carême 2002 ap. J.-C
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1 juin 2003 7 01 /06 /juin /2003 22:36

Nous publions ici un extrait de l'excellent livre du RP Eugène VANDEUR, Docteur en Théologie "La Sainte Messe Notes sur sa Liturgie" (Abbaye de Maredsous - Belgique - 1937). pp. 37 et s. 
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"Qu'est-ce que l'autel ? Combien de sortes d'autels distingue-t-on ? Que représente l'autel ?

L'autel, d'un mot latin altare, qui signifie chose élevée, alta res, est une table, élevée au-dessus du sol, sur laquelle on offre un sacrifice.
L'Eglise devait avoir son autel, autel d'autant plus sacré que la victime qui s'y immole est un Dieu.

On distingue deux sortes d'autels : l'autel fixe et l'autel portatif. Le premier se compose d'une grande table de pierre, assise sur un massif de même matière avec lequel elle forme un seul tout consacré et fixe. Le second n'est qu'une simple pierre, assez large toutefois pour recevoir le calice et l'hostie, et enchâssée dans une table de pierre ou de bois. La pierre seule est consacrée ; on peut la transporter d'une table dans une autre.
Dans les églises, il y a d'ordinaire plusieurs autels. Le maître-autel, généralement fixe, est le principal; c'est l'endroit où s'accomplissent de préférence les cérémonies. Il est symbole de l'unité de l'Eglise, parce que unique, au moins à l'origine. Les autels latéraux n'existaient pas dans les premiers siècles ; ils n'ont été élevés que plus tard, lorsque s'introduisit l'usage de célébrer plusieurs messes par jour dans la même église.
L'autel doit être de pierre dans la partie qui reçoit le calice et l'hostie. Il doit porter une croix, souvenir de Jésus crucifié, pour rappeler au prêtre et aux fidèles la Passion de Jésus-Christ que le Sacrifice renouvelle mystiquement. Une croix de métal n'est pas requise quand une toile ou une sculpture de Christ en croix apparaît déjà sur l'autel comme premier ornement. (Questions liturgiques - Dom Lambert Beauduin - Abbaye du Mont César, Louvain - Déc.1922 p.312) Cette croix surmontait jadis le ciborium ; à défaut de celui-ci en certains lieux on en vint, vers le IX° siècle, à placer la croix sur l'autel. Il faut aussi deux cierges aux côtés de la croix ; ils sont là pour l'honneur et la vénération de l'adorable Victime. Trois degrés conduisent régulièrement au maître-autel : d'après les liturgistes, les trois vertus théologales de fopi, d'espérance et de charité qui mènent à Jésus-Christ.
En effet, l'autel représente Jésus-Christ ; l'évêque en avrtit le sous-diacre le jour de l'ordination. Du reste le rite de la consécartion des autels le démontre. La pensée du sacrifice de la croix domine dans ces cérémonies, où l'on compte près de deux cents signes de croix. L'autel est de pierre ; or, la pierre est une figure de Jésus-Christ, pierre angulaire (Ephes. II, 20) de l'Eglise, comme l'appelle Saint Paul. Cinq croix sont gravées dans cette pierre ; elles figurent les conq plaies du Sauveur. Elle est purifiée par de nombreuses ablutions, car elle symbolise ce Pontife éternel, saint, innocent, immaculé (Hébr. VII, 26) dont parle l'Apôtre. Elle reçoit maintes onctions faites avec l'huile des catéchumènes et le saint-Chrême; elle est l'emblême de celui de qui il est écrit : L'Esprit du Seigneur repose sur moi, c'est pourquoi il m'a oint. (Luc IV, 18) Dans le sépulcre de cette pierre reposent quelques reliques de saints, dont l'une au moins doit provenir d'un martyr ; l'on sait en effet que primitivement il fut d'usage de célébrer les saints mystères sur le tombeau des martyrs.
L'autel représente donc Jésus-Christ ; c'est la figure de Dieu résidant au milieu de son peuple.
L'usage de construire en-dessu de l'autel un ciborium , espèce de baldaquin le recouvrant, est très ancien. Les ciborium apparaissent dès le IV° siècle en Occident et en Orient. Constantin le Grand a fait excéuter celui du Latran. En certains endroits, ils sont d'une grande richesse. L'Eglise n'a jamais rien épargné pour orner l'autel, l'endroit sacro-saint de son culte.
Sous la coupe de ce ciborium , et cela vers jusque le milieu du XVI° siècle, on suspendait une colombe d'or ou d'argent contenant l'Eucharistie ou sainte Réserve. En 1901, cette coutume était gardée encore à l'abbaye de Solesmes. Depuis, date de la construction du tabernacle. D'ordinaire, et à défaut de chapelle spéciale plus ornée, le tabernacle est placé au maître-autel. Il doit être doré à l'intérieur ou tendu de soie blanche. Il est revêtu à l'extérieur d'un voile appelé conopée, qui peut être des diverses couleurs liturgiques, excepté le noir. Le tabernacle ne peut rien supporter sauf la croix, et encore serait-il préférable qu'il ne supportât rien.
L'usage de placer les reliques des saints à l'autel est bien vénérable. Toutefois les reliquaires doivent disparaître pendant la messe ou l'office des morts, au temps de l'Avent et du Carême, pendant l'exposition du Très-Saint-Sacrement.
Il est si juste qu'au moment du sacrifice de leur Chef auguste, les saints, qui sont les membres de son corps, soient là présents et s'associent dans la gloire au grand acte de la Religion."

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