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1 juin 2003 7 01 /06 /juin /2003 22:33

Nous publions ici un extrait de l'excellent livre du RP Eugène VANDEUR, Docteur en Théologie "La Sainte Messe Notes sur sa Liturgie" (Abbaye de Maredsous - Belgique - 1937). pp. 57 et s.
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A l'origine, l'Eglise ne détermina pas pour ses ornements des couleurs spéciales. Il en est encore ainsi dans l'Eglise orientale. Ce n'est que vers la fin du XII° siècle qu'émanèrent de l'autorité ecclésiastique certaines prescriptions à ce sujet ; sans doute elles ont eu pour causes les tendances de ce siècle à symboliser.
Les couleurs reconnues par la liturgie romaine et prescrites par saint Pie V, sont : le blanc, le rouge, le vert, le violet et le noir (Missale romanum, Rubr. gen. c.18 : De coloribus paramentorum ). La signification symbolique que ces couleurs reçoivent dans l'Ecriture sainte a déterminé aussi les circonstances dans lesquelles nos rubriques les prescrivent.

Le blanc signfie la joie, l'innocence, la gloire angélique, le triomphe des saints, la dignité et la victoire du Rédempteur. Cette couleur est affectée dans l'Eglise romaine aux fêtes de Notre-Seigneur Jésus-Christ, comme Noël, l'Epiphanie, Pâques, l'Ascension, la Fête-Dieu, la fête du Sacré-Coeur ; aux fêtes de la Sainte Vierge, de la Toussaint, à celles des Pontifes, Docteurs, Confesseurs, Vierges, et en général de tous les saints et saintes qui ne furent pas martyrs.

Le rouge symbolise, par son éclat de feu et par sa couleur, le sang ; il est affecté aux fêtes du Saint-Esprit, de la Croix, de la Passion, des Martyrs, y compris celles des Apôtres.

Le vert, cette teinte du printemps, est le symbole de l'espérance ; on l'emploie durant le Temps qui signifie dans la mystique liturgique, le pèlerinage vers le ciel , c'est-à-dire le Temps après l'Epiphanie et la Pentecôte.

Le violet, dont les reflets chatoyants et sombres saturent les yeux, était regardé dans l'antiquité comme la couleur, significative de la royauté, de la puissance, des hautes dignités, de la richesse. L'Eglise a transposé plutôt que renversé ce symbolisme, en l'appliquant à la pénitence, à la prière, dans l'affliction, à l'humiliation ; n'est-ce pas là en effet ce qui nous enrichit et nous élève ? Elle emploie cette couleur durant l'Avent, la Septuagésime, le Carême, ainsi qu'aux Quatre-Temps, Vigiles, Rogations, dans les trois solennelles bénédictions liturgiques de l'année, celles des cierges, des cendres et des rameaux (Collat. Brug. t. XVI, p.519. Etude sur le violet).

Le noir symbolise la puissance qui s'élève contre Dieu, l'action de Satan et ses victoires ; on l'emploie le Vendredi-saint et dans l'Office des défunts. Cet ange déchu n'est-il pas l'auteur de notre mort ? Et n'a-t-il pas fallu celle du Christ pour triompher de celle-ci ?

Dans quelques églises, plus riches, on introduit le rose deux fois l'an : au troisième dimanche de l'Avent, Gaudete, et au quatrième du carême, Laetare. L'origine de cet usage liturgique est qu'au dimanche Laetare le pape bénissait la rose qu'il envoyait à l'un ou à l'autre des princes chrétiens. Cette couleur fut ensuite employée au dimancge Gaudete qui offre certaines analogies liturgiques avec celui de Laetare.

Telles sont les couleurs des ornements dans l'Eglise romaine ; elle n'en admet point d'autres. La sacrée Congrégation des rites a réprouvé l'usage des ornements à toutes couleurs dans lesquelles on ne peut distinguer la prédominance ; elle a défendu de même la couleur jaune ou bleue. On tolère le drap d'or qui, selon l'usage suivi à Rome, peut servir pour le blanc., le rouge, le vert. Le drap d'argent peut servir pour le blanc. Notons que ce n'est point la croix d'une chasuble, ou les bandes d'une tunique qui déterminent leur couleur ; c'est le fond de l'ornement.

Remarquons enfin que ce qui a été dit des couleurs liturgiques ne concerne pas seulement les vêtements sacerdotaux, mais tout ornement servant au culte, comme : l'antipendium ou tenture habillant le devant de l'autel, le conopole ou voile du tabernacle, etc.

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30 mai 2003 5 30 /05 /mai /2003 22:41
par David Balter
 
 

Cela fait longtemps que la "grande Histoire" s'est occupée de la Petite Eglise...Longtemps que ce schisme a paru comme l'entêtement pour la gloire d'une poignée d'anciens combattants vendéens, pris entre le jusqu'au boutisme et le fanatisme. Lorsque le 15 Juillet 1801, le Concordat est signé, il est globalement bien accueilli en France, où l'on sent renaître un espoir sérieux de paix religieuse. La Petite Eglise qui va s'épanouir sur une partie du Poitou constitue vraiment quelque chose d'anachronique ; sur quelques centaines de kilomètres carré, entre 30 et 40 000 catholiques vont basculer dans un schisme qui dure encore, et qui compte quelques dizaines de familles entretenant surtout le souvenir des ancêtres plutôt que la polémique religieuse.
 

LE PROBLEME DE LA LOCALISATION

Il serait inutile de revenir sur le problème de la Petite Eglise sans d'abord noter les incohérences de cette thèse officielle, qui veut que nos catholiques du Poitou aient tout bonnement refusé le Concordat et uniquement le Concordat. Car enfin !

- Que l'on sache, la Petite Eglise est d'abord un phénomène extrêmement localisé, qui s'étend de l'est des Herbiers jusqu'à Parthenay à l'ouest, et est limité au sud à Fontenay-le Comte. Elle comprend principalement Bressuire et Cerizay. Bref, une zone très rurale, tout comme le reste de la Vendée militaire. Est-ce que la bande de territoire couverte par la Petite Eglise a connu quelque évènement particulier sur le plan religieux ? politique ? Non. Ce n'est ni une région plus catholique ou plus royaliste qu'une autre dans cette Vendée militaire où les pays rivalisent en martyrs et en bravoure. Aucun élément ne prédisposait donc le Poitou à se constituer contre le Concordat, à être plus "ultra" que les autres de ce point de vue...

- Il est évident que si les raisons profondes des schismatiques avaient été religieuses, alors, une grande partie de l'ouest de la France aurait elle aussi adhéré au schisme. Mêmes combats, même souffrance, mêmes colonnes infernales, même Foi ;  et pourtant, il suffit de constater. Jamais l'on a connu de Petite Eglise à Luçon, à Machecoul, à Noirmoutier, à Cholet, etc...

L'Histoire que nous appellerons "officielle", on peut la trouver dans un très beau livre d'Auguste Billaud, somme énorme de renseignements par ailleurs, intitulé : "Histoire de la petite Eglise en Vendée et Deux-Sèvres. 1800/1830". Comment l'auteur explique-t-il cette localisation du schisme ? Principalement par le comportement de Mgr de Coucy. Mgr de Coucy est évêque de la Rochelle lorsque Pie VII, en vertu des accords conclus avec Bonaparte, lui demande de démissionner, comme il le demandera à plusieurs dizaines d'évêques français, pour cause de royalisme un peu trop virulent. Mgr de Coucy refuse de démissionner, est exilé en Espagne par le pouvoir politique et remplacé immédiatement. Une partie de ses ouailles et de son clergé lui reste cependant fidèle ; évidemment, il s'agit du nord du diocèse, qui est lui-même confondu avec un morceau de l'ex-Vendée militaire. Le problème est que la petite Eglise s'étend sur trois diocèses : la Rochelle, Poitiers et Luçon, et dépasse donc la juridiction de Mgr de Coucy.
Auguste Billaud explique cette localisation plus étendue par un effet de "contagion" qu'auraient subi les  diocèses voisins. Nous en revenons donc à nos remarques précédentes : si l'effet de contagion avait été avéré, il ne se serait pas arrêté au bout de quelques kilomètres. Qui connaît un peu l'histoire des guerres de Vendée sait que tous, sur le plan religieux, marchaient du même pas et au rythme du même coeur...Encore une fois, c'est toute l'ancienne Vendée militaire qui aurait refusé le Concordat.
La localisation de la Petite Eglise a donc une autre explication...
 
 
 

UN GENERAL NOMME MARIGNY
 

 Cette localisation, il faut bien sûr la chercher durant les Guerres de Vendée. Effectivement, cette région qui deviendra le territoire de la Petite Eglise a quelque chose de particulier ; durant toute la guerre, elle restera d'une fidélité inébranlable à l'un de ses chefs : le général Augustin-Etienne-Gaspard de Bernard de Marigny. Né en novembre 1754 et parent de Lescure, nous passerons rapidement sur son rôle au cours des guerres de Vendée, puisque c'est finalement surtout sa mort et les circonstances tragiques dans lesquelles elle intervint qui nous intéressent.
 Marigny est, avec Charette, le seul officier de carrière de l'état-major des Vendéens. Comme lui, il est ancien officier de marine et comme lui, il sera nommé général. Alors que Charette, jaloux de son indépendance, refusera de se fondre dans la Grande Armée catholique et royale, Marigny en sera nommé général de l'artillerie. Notons qu'il ne se limitera pas seulement à ce poste, puisque doté d'un caractère assez fort et pas toujours réfléchi, il fera parler de lui au cours de nombreuses batailles et aussi lors d'épisodes moins glorieux, comme l'exécution sommaire de plusieurs dizaines de prisonniers bleus qu'il tuera lui-même au sabre...Quoiqu'il en soit et pour bien situer les événements, nous commencerons notre récit lors de l'année 1794.
 La "Virée de Galerne", qui a vu l'armée vendéenne s'avancer jusqu'à Granville, se termine pitoyablement par les massacres du passage de la Loire à Ancenis et la bataille des marais de Savenay, le 25 décembre 1793. Cette bataille sera conduite dans des conditions épouvantables par Marigny, à la tête des derniers lambeaux de la Grande Armée, alors que les autres généraux ont déjà passé la Loire à Ancenis et que plusieurs en sont déjà morts...Dont La Rochejaquelin, le dernier "généralissime". Il faut se rendre à l'évidence : la Grande Armée, début 1794, n'existe plus. Il subsiste en fait quatre armées différentes, toutes commandées par un général qui prétend lui-même au commandement suprême sur les autres.
- Le Choletais revient à l'ancien garde-chasse du comte de Colbert : Stofflet.
- La Vendée dite "maraîchine", c'est-à-dire de l'ouest, est toujours tenue par Charette.
- Le sud est tenu par Sapinaud de la Rairie.
- Et enfin, dans l'emplacement que couvrira 7 ans plus tard la Petite Eglise : Marigny.
 En plus de ces quatre hommes, il nous faut signaler le rôle essentiel que joue l'abbé Bernier. L'ancien curé de St-Laud d'Angers est aussi l'ancien aumônier de la Grande Armée, et après Noël 1793, il devient conseiller de Stofflet, sur lequel il a un grand ascendant. De toutes façons, l'abbé Bernier, excellent orateur et adulé par les paysans, est un homme craint et influent.
 Cette rivalité entre les quatre généraux devient rapidement aigre ; d'autant plus que Marigny, après s'être crânement promené dans Nantes en menaçant Carrier, remporte de multiples victoires grâce à sa bravoure. Il s'empare de Mortagne le 26 mars puis de Clisson (en Poitou). Il est donc décidé d'une conférence pour unir ces armées vendéennes et désigner un généralissime : c'est la réunion de Jallais, qui se terminera plus tard par la fin tragique de Marigny. Laissons Pitre Chevalier nous le raconter, dans sa magistrale "Histoire des guerres de la Vendée" (p.531) :

 "Sapinaud, Marigny, Stofflet et Charette s'assemblent à Jallais, afin d'établir l'unité dans leurs opérations. Ils avaient entre eux 40 000 hommes dont il s'agissait de faire une puissante armée. L'abbé Bernier arrive et brouille les rivaux, déjà aigris. Ne pouvant dominer Charette, il l'empêche de dominer les autres, en fascinant Stofflet. On ne nomme donc point de généralissime ; mais on signe une confédération vendéenne, et l'on convient d'agir de concert, sous peine de mort (toujours l'impossible).
 Marigny doit ouvrir la campagne, et se présente au jour convenu ; mais il n'obtient pas assez de vivres pour ses troupes, qui l'abandonnent...Il manque alors forcément à sa promesse. Jaloux de lui depuis longtemps, Charette et Stofflet l'accusent d'avoir poussé ses soldats à la révolte, et le traduisent devant un conseil de ving-trois généraux et officiers. Charette fait le rapport et conclut à la peine capitale. Il vote en conséquence avec Stofflet, qui se charge de l'exécution. En vain Sapinaud, la Bouère, Beaurepaire, etc...refusent de signer ; l'arrêt fatal est rendu. Marigny l'apprend et ne veut pas le croire... "c'est pour m'effrayer" dit-il en souriant.
 Charette se repentit, assure-t-on, et voulut sauver sa victime ; mais, excité par l'abbé Bernier, Stofflet arrêta Marigny, malade à la Girardière, et le fit fusiller, le 10 juillet 1794, par des soldats allemands (1) ...On refusa un prêtre au condamné...Il commanda le feu avec un héroïque sang-froid.
 Cette exécution fut un crime pour Charette, pour Stofflet et pour l'abbé Bernier ; c'était aussi une faute irréparable...Que pouvaient désormais faire d'utile des chefs qui se jalousaient jusqu'à la mort !"
 

 Dans ses Mémoires, publiées d'après son manuscrit autographe, la marquise de La Rochejaquelin est encore plus précise. Mariée en premières noces avec M. de Lescure, elle était aussi parente par alliance avec Marigny et nous donne à peu près la même version des faits, mais plus détaillée (p.436) :
 "Les Bleus, établis à Chiché et à Bressuire, faisaient d'énormes dégâts ; les habitants dispersés dansles bois ne pouvaient s'y opposer ; Marigny les rassemble, sa vue les ranime ; à la première sortie des Bleus, il les attaque dans les allées de mon château de Clisson et leur tue douze-cents hommes.(...). Marigny fut, de là, prendre Mortagne avec un égal succès ; ces deux victoires lui donnèrent la confiance générale.
 Charette et Stofflet, furieux de voir leur émule si estimé, résolurent sa perte ; lui, loyal, généreux, sans jalousie, ne se défiait pas des trahisons ; elles étaient si loin de son coeur, qu'il n'en croyait nul autre capable. Ces messieurs lui proposèrent une conférence à Jallais ; il s'y rendit ; on chercha le moyen les plus propres à délivrer le pays des postes républicains qui le dévastaient ; on résolut d'attaquer d'abord ceux qui bordaient la Loire ; les généraux s'engagèrent solennellement à unir leurs forces dans ce but et à ne faire aucune autre entreprise. Ces postes étaient dans la partie de Stofflet. Au jour indiqué, les trois armées et leurs chefs gagnent le rendez-vous, Marigny arrive le dernier après une longue marche ; on venait de distribuer les vivres aux troupes des deux autres, il en demande pour la sienne, on répond qu'il n'y en a pas ; ses soldats murmurent, il court au conseil, fait des plaintes véhémentes. Pendant cette dispute, on l'avertit que ses hommes s'en retournent, il monte à cheval, s'élance après, trouve ses soldats furieux ; il ne peut les ramener et partageant leur colère, il les suit ; d'ailleurs, sa présence individuelle ne pouvait être utile.
 Stofflet et Charette essaient l'attaque et sont battus ; alors, ils assemblent un conseil au château de la Boulaye, accusent Marigny d'avoir causé leur défaite en manquant à ses engagements et le déclarent traître ; Charette, le premier, le condamne à mort, les autres y accèdent. Ce général fit, dit-on, avertir secrètement Marigny de venir se réfugier dans la partie qu'il commandait, ne voulant sans doute que le déplacer ; d'un autre côté, les officiers et soldats de Marigny l'engagent à rester à leur tête, dussent-ils combattre Stofflet ; mais il était trop dévoué à son parti pour risquer d'y allumer une guerre civile ; d'ailleurs, malade des fatigues qu'il avait éprouvées à l'armée, il refusa de se cacher, soutint qu'il n'avait rien à craindre et se retira seul, avec ses domestiques, avec ses domestiques, au château de M. de Serin (2) . On avait fait un rassemblement de Poitevins à Cerizay ; Stofflet s'y rend avec des troupes angevines ; on avertit de nouveau Marigny, rien ne l'ébranle ; Stofflet, en passant, détache des hussards allemands qui le fusillent.(...). Il fut poussé, à ce qu'il paraît, par MM. de Rostaing et Berrard. On assure que l'abbé Bernier, qui arrivait dans ce moment de la Bretagne, avait vu secrètement Stofflet à la Morosière ; il était l'âme de son conseil et le dirigeait, on l'accuse généralement d'avoir décidé ce meurtre. On mit beaucoup d'inhumanité dans la mort de M. de Marigny ; on lui refusa un confesseur ; il demanda à parler à Stofflet ; voyant que sa perte était décidée, il s'écria :"Vous voulez ma mort, eh bien, mettez-vous en ligne, joue, feu !"
 

 LE SCHISME AVANT LE SCHISME
 

 On voit bien, à ces récits, les principaux responsables de ce qu'il faut appeler un crime : Charette, Stofflet et l'abbé Bernier. L'effet de cette faute politique grave, si bien relevée par Pitre Chevalier, ne se fit pas attendre. En effet, c'est une large périphérie du Bressuirais qui, du jour au lendemain, fit sécession dans le conflit qui opposait les Blancs et les Bleus. Non pas qu'elle se battit dès lors sur deux fronts ; elle ne se battit plus, tout simplement. Et pourtant, l'effet escompté par les commanditaires et les exécutants de l'assassinat de Marigny était inverse, c'est-à-dire unifier les troupes  royalistes en se débarrassant d'un rival.
 Le premier effet de la mort de Marigny fut l'arrêt total des combats dans cette partie de la Vendée militaire, qui avait été la première à se soulever et avait vu des belles victoire, notamment celle de Bressuire : "L'indignation générale éveilla les remords de Stofflet. Les soldats de Marigny refusèrent d'obéir à ses bourreaux, et demeurèrent cachés dans les bois. -"Qu'on nous rende le chef que nous pleurons, disaient-ils, et vous verrez si nous sommes braves". Quelque temps après, Stofflet cheminait avec deux cavaliers. Des paysans l'aperçoivent et s'écartent avec horreur. - "Voilà, disent-ils, l'assassin de M. de Marigny." Stofflet met pied à terre et leur répond : " vous m'accusez d'un crime que je déplore comme vous. Si vous me croyez vraiment un assassin, fusillez-moi !" Les paysans se turent et le laissèrent passer."(Pitre Chevalier, Histoire des guerres de la Vendée, p.532). En attendant, le mal était fait et la rancune tenace des paysans du Poitou ne désarmait pas...
 La marquise de La Rochejaquelein, qui a vécu ces évènements, raconte (p.438) :
"La nouvelle de l'assassinat de Marigny se répandit dans le rassemblement poitevin ; chaque soldat s'en fut, en déplorant la mort de son chef. Aucun ne voulut servir sous Stofflet qui avait espéré les commander ; dispersés dans les bois, ils se contentaient de tirer des coups de fusil aux Bleus qui faisaient des incursions. Tant que Stofflet a vécu, cette haine s'est conservée, et encore à présent (3) , le nom de Marigny est l'objet des regrets et de la rage des soldats ; ils en voulurent moins à Charette qui ne fut pas l'exécuteur." Certains officiers servirent sous les ordres de Stofflet. C'est le cas de M. de Baugé, que Stofflet fit emprisonner sous un mauvais prétexte. Dès que Charette eut négocié la paix, M. de Baugé s'avança avec les colonnes républicaines et "ne chercha plus qu'à faire poser les armes aux paysans, quand il vit que l'amnistie était réelle et que M. de Charette s'était rendu, car Stofflet s'y refusa plus longtemps que celui-ci. Je ne rappelerai pas les rivalités de ces deux chefs ; l'histoire de la mort de M. de Marigny donne assez la mesure de leur caractère, d'autant qu'ils n'avaient aucune autorité sur lui, ils étaient tous trois généraux".

 Ainsi, il est intéressant de noter que la Petite Eglise, sur le plan géographique, est déjà constituée ! Cette séparation pleine de rancoeur et d'amertume entre les frères d'armes d'hier existe dès le 10 juillet 1794. Bressuire, Cerizay, Montcoutant, La Châtaigneraie, etc... ont déjà fait sécession de la Vendée militaire, non pour se rapprocher des Bleus, mais par haine des assassins de Marigny et en cette partie du Poitou, la guerre est déjà finie ; seul subsiste un désir de vengeance...

 Il est assez étonnant de voir à quel point, dans cette affaire, Charette, Stofflet et l'abbé Bernier ont manqué de jugement. Sans doute ont-ils sous-estimé le lien qui unissait Marigny à ses soldats durant
ces mois de guerre. C'est dans l'ouvrage de Stéphane Hiland qu'on en a le meilleur aperçu. Marigny est un général à part. A l'heure où Charette donne des fêtes assez somptueuses, vu les circonstances, dans des châteaux et où il monte à l'assaut entouré des fameuses -à juste titre- "amazones", Marigny mène une vie toute différente à la tête de ses troupes. Chevauchant avec ses soldats, mangeant avec eux, il ressemble plus à un moine-soldat, aussi simple qu'eux, plus qu'à un gentilhomme de province. Le tout cimenté par une foi ardente et partagée. Ainsi, Marigny, normand d'origine, saura aussi profiter grâce à sa personnalité de la popularité de feu son parent  M. de Lescure, adulé par ses paysans. Et ce n'est pas non plus un hasard si les meilleurs lieux de recrutement de l'armée du général deviendront les principaux "centres de messe" de la Petite Eglise...Qu'on songe à la paroisse de Courlay, petit village qui leva en une seule journée 400 volontaires, et qui compte encore à ce jour une des rarissimes églises détenues par la Petite Eglise.
 

LE FABULEUX DESTIN DE L'ABBE BERNIER
 

 Les mois passent et la Vendée militaire se meurt ; divisés et largement inférieurs en nombre, les Vendéens vont maintenant se battre au gré des paix séparées ou des injonctions du comte d'Artois...Charette et Stofflet sont tous les deux pris en 1796 et fusillés, celui-ci à Angers, celui-là à Nantes. Nous devons nous arrêter sur la mort de Stofflet. Tous les témoignages concordent à ce sujet. Le 14 février 1796, l'abbé Bernier demande à Stofflet de se rendre à la Saugrenière afin d'y discuter d'un enième traité de paix. Au milieu de la nuit, le conseil se sépare et l'abbé Bernier disparaît on ne sait où. A quatre heures du matin, Stofflet, son aide de camp et quelques proches sont cernés par un détachement de Bleus. Stofflet est blessé, traîné à Angers, condamné et fusillé.  Il n'est donc pas étonnant que la rancoeur populaire se soit reportée sur l'ecclésiastique, qui restait seul survivant, et dont la conduite allait désormais justifier le schisme aux yeux des partisans de Marigny...et exciter les "angevins", soldats de Stofflet només ainsi car volontaires de l'Anjou.
 Fin décembre 1799, les chefs chouans réunis à Pouancé décident la continuation des hostilités.  L'abbé Bernier passe un accord avec le général Hédouville, lors d'une entrevue secrète à Angers le 14 janvier 1800 : il use de son reste d'influence pour arracher la paix et en échange, Hédouville lui promet une entrevue avec le premier consul. C'est que l'abbé Bernier  s'est rallié au consulat, et ce ralliement ne se démentira jamais. Si, dans un premier temps, il n'est que "renommé" curé de St-Laud, Bonaparte le rappellera par la suite afin de le désigner négociateur du futur Concordat. C'est l'abbé Bernier qui négociera principalement toutes les clauses du traité avec les Romains et il faut lui rendre cette justice : lui seul sans doute pouvait le faire. Fin connaisseur d'hommes, habitué aux roueries et aux intrigues, il mènera cette oeuvre à bien dans les pires difficultés, de quelque côté qu'elles viennent, en naviguant entre deux schismes.
 En attendant, ce revirement finit de convaincre le Poitou de la trahison de l'abbé et déchaîne encore plus la haine. Loin de constater le retour à la paix religieuse, la réouverture des églises, les fidèles de Marigny considèrent son action comme une deuxième trahison et la réputation de l'abbé ne s'en porte pas mieux, comme le souligne le Comte Boulay de la Meurthe dans son "Histoire de la négociation du Concordat de 1801"(p.163) : "Les antécédents de Bernier, en effet, ne le désigneaient guère pour un pareil rôle. Lorsque dépossédé, pour refus de serment, de sa cure de St-Laud à Angers, il était entré dans l'armée des Vendéens, sa volonté persévérante avait été dès lors de s'y mettre en évidence.(...). La cause royale ne le passionnait pas ; l'ambition personnelle était devenue à peu près son seul guide. Elle l'avait poussé à s'insinuer au milieu des compétitions qui isolaient et affaiblissaient les chefs : de ces tristes intrigues, il était sorti soupçonné et craint par ses adversaires, peu estimé par ses partisans".

 La suite est connue : une grande partie des prêtres de l'ancien territoire de l'armée de Marigny refusent de prononcer la Promesse et se créent en Petite Eglise ; le schisme est consommé. Les plus ardents adversaires du Concordat se comptent chez les proches de Marigny, notamment l'abbé Texier à Courlay. La raison officielle était que Pie VII n'avait pas le droit de démissionner des évêques de leur siège sans faute de laur part, ce qui n'était pas complètement faux, comme l'écrira Pie VII à Bonaparte "mon droit est douteux..." Les schismatiques vont donc s'appuyer sur la décision de Mgr de Coucy de ne pas obéir au pape. Raison seulement "officielle" puisqu'en 1814, ces prêtres rencontreront Mgr de Coucy, soumis depuis plusieurs années, qui leur demandera de rentrer dans le rang. Rien n'y fera et la Petite Eglise continuera, preuve s'il en faut que l'argument religieux n'était pas la véritable raison du schisme...

 Mais revenons à l'abbé Bernier, ou devrions-nous dire plutôt Mgr Bernier, car celui-ci a été nommé depuis évêque d'Orléans, en récompense de ses loyaux services.Alors que Bonaparte se montre fort mécontent du schisme, lui qui avait aussi choisi l'abbé Bernier pour se parer de toute nouvelle contestation religieuse en Vendée, Mgr d'Orléans se propose de faire un voyage dans l'ex-Vendée militaire pour rallier les opposants...Cette initiative n'enchante guère les autorités de la région et le préfet du Maine-et-Loire, Nardon, écrit les mots suivants au général Gouvion (Arch Nat AF iv 1053) : "On parle d'une mission de l'évêque d'Orléans dans l'Ouest. Qu'y viendrait-il faire ? les républicains le détestent. Les royalistes le méprisent. Bernier ne compte pas, dans la contrée, dix partisans. Lui, empêcher les troubles, s'il en existait ? Il en créerait plutôt !".

 Le préfet Nardon voit juste, car d'après Pitre Chevalier, si Mgr Bernier fait un triomphe dans le bocage de Charette, son passage dans l'Anjou est beaucoup plus mouvementé (p. 572) : "[Mgr Bernier]... se vit insulté secrètement et publiquement à Angers. Des lettres pleines d'injures, des bouteilles pleines de sang, lui furent adressées de toutes parts. Il fallut écarter de son passage la population furibonde..." L'abbé Bernier le leur rend bien quand il écrit à Paris pour faire un rapport sur le schisme qui prend de l'ampleur : " Ces pays renferment ce que la Vendée avait de plus lâche et de moins actif. Ses habitants ne se sont même pas montrés lors de la dernière insurrection."(Auguste Billaud, p.134). Et pour cause ! Le mensonge éhonté de l'abbé Bernier montre assez le personnage...qui meurt en 1806.
 

CONCLUSION SUR UNE MORT GENANTE

 Ces quelques lignes n'ont pas été écrites pour dresser un acte d'accusation contre l'abbé Bernier, ni pour excuser le schisme de la Petite Eglise, mais sont plutôt une marque d'étonnement vis-à-vis du silence observé sur la mort du général de Marigny, silence qui dure encore. Il n'est pas besoin d'être beaucoup versé dans l'histoire des guerres de Vendée pour connaître les nom de D'Elbée, Charette, Cathelineau, Stofflet, Lescure, Bonchamps, etc...Mais Marigny ? Ce nom évoque peu de choses comparé aux mérites qu'il a acquis durant cette période.
 Bien sûr, ce souvenir de la perfidie de quelques chefs vendéens est douloureux à tous ceux qui aiment la Vendée militaire ! et alors ? Chacun sait que les acteurs de cette "guerre de géants" étaient aussi de simples hommes et que les erreurs n'ont pas manqué. A quoi sert donc de cacher honteusement ce fait, certes tragique, mais qui fait partie de l'Histoire ? Le souvenir de ces guerres de Vendée se résume aujourd'hui à la Chabotterie, au Puy du Fou, à la bataille de Cholet, aux Lucs-sur-Boulogne, etc...Tout le pays Bressuirais, qui en a pourtant été un acteur essentiel, est tombé dans l'oubli ; et l'on espère que le crime qui s'y est produit s'oubliera avec lui. Un simple exemple suffira : en 1936, l'association "le Souvenir Vendéen", chargé de transmettre la mémoire de ce qui touche aux guerres de Vendée, érigeait (enfin !) un monument à l'endroit où Marigny fut exécuté. On peut lire sous la croix :"A la mémoire de B. de Marigny, général vendéen, et des habitants de Combrand, tombés pour la défense de leur autel, de leur roi et de leurs foyers. 1793/1794". Le moins que l'on puisse dire est que cette épitaphe manque singulièrement de précision ou...de mémoire, ce qui n'est pas glorieux venant du "Souvenir Vendéen".
 En 1993, à l'occasion du bicentenaire des guerres de Vendée, la république admettait enfin qu'elle avait perpétré en Vendée génocide et massacres en tous genres. La même justice sera-t-elle rendue un jour à Marigny par la Vendée ?
 
 
 

      David Balter
 

 


Notes :
(1) : ceux que Pitre Chevalier appelle "les allemands" sont en fait des déserteurs de l'armée de Mayence, amenée par Kleber en Vendée en 1793, et qui ont rejoint les troupes royalistes, en n'ayant évidemment pas les mêmes scrupules. Dans son livre "Marigny ou la mémoire assassinée", Stéphane Hiland rapporte même que Stofflet fut obligé d'envoyer les "allemands", car aucun officier vendéen ne voulut exécuter l'ordre.
(2) : La Girardière, paroisse de Combrand.
(3) : la marquise de la Rochejaquelein meurt en 1857, juste après avoir dicté ses "Mémoires".
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15 mai 2003 4 15 /05 /mai /2003 22:42

par Mgr Henri BRINCARD, évêque du Puy-en-Velay


Le 16 octobre 2002, à l’occasion de l’entrée dans la vingt-cinquième année de son pontificat, le Pape a signé la lettre apostolique « Le Rosaire de la Vierge Marie ». Par cette méditation personnelle, le pape nous livre les secrets de sa prière et de son cœur de père. N’affirme-t-il pas que le Rosaire est sa « prière préférée » et que « depuis ses plus jeunes années, elle a eu une place importante dans sa vie spirituelle » ?

D’une étonnante actualité, ce texte destiné aux chrétiens, à l’Eglise et au monde explique l’enjeu de la redécouverte du Rosaire. Pourquoi avoir ajouté des mystères de lumière ? Comment renouveler la pratique du Rosaire ? Expliquons brièvement ces quelques points fondamentaux.
 
 
L’étonnante actualité de cette lettre et ses enjeux pour les chrétiens, l’Eglise et le monde :

Il est de tradition, après un temps jubilaire, de consacrer une année à la Vierge Marie pour «implorer son aide afin que fructifient les grâces reçues » . Le Saint Père ressent aussi la nécessité de « redécouvrir la pratique du Rosaire » car « ce dernier constitue un moyen très valable pour favoriser chez les fidèles l’engagement de contemplation du mystère chrétien ». Le pape explique ensuite que, face aux influences d’autres religions, « il est plus urgent que jamais que nos communautés chrétiennes deviennent d’authentiques écoles de prière ».
Il invite instamment à prier le Rosaire pour les familles « toujours plus attaquées par des forces destructrices au niveau idéologique et pratique » . La famille que Paul VI qualifiait « d’Eglise domestique » connaît aujourd’hui une grave crise et la prière du Rosaire peut être un puissant moyen pour la surmonter. Le pape recommande particulièrement cette prière car elle est « une aide spirituelle à ne pas sous-estimer pour la famille ».
Enfin, Jean-Paul II souligne qu’en ce nouveau millénaire la prière du Rosaire constitue un engagement pour la paix. En effet, le Rosaire a toujours été proposé aux chrétiens pour implorer de Dieu ce grand don de la paix : « Le Rosaire nous rend bâtisseurs de la paix dans le monde » .
A tous les chrétiens, le Saint Père propose de redécouvrir cette prière à laquelle « l’Eglise a toujours reconnu une efficacité particulière, lui confiant les causes les plus difficiles dans sa récitation communautaire et dans sa pratique constante ».

Pourquoi avoir rajouté au Rosaire les mystères de lumière ?

Jean-Paul II insiste sur un point important : le Rosaire, tout en étant déjà une « méthode valable » de prière, peut être amélioré. Beaucoup en effet se laissent prendre par des méthodes de méditation proposées par d’autres religions. Face à cet engouement pour certaines « techniques répétitives et symboliques », le pape réaffirme que l’importance du Rosaire ne doit pas « être sous-estimée car cette prière est le fruit d’une expérience séculaire », capable de recevoir de nouveaux enrichissements. L’ajout au Rosaire d’une nouvelle série de mystères vise seulement à «aider les fidèles à comprendre cette prière dans ses aspects symboliques, en harmonie avec les exigences de la vie quotidienne » .

Notons aussi que le Saint Père « n’exige » pas que nous récitions ces nouveaux mystères. Il nous les propose : « il me semble toutefois qu’un ajout serait opportun ; tout en le laissant à la libre appréciation des personnes et des communautés ». La raison principale de cette innovation est de donner à la prière du Rosaire une orientation plus christologique. Les mystères de lumière permettent, en effet, de « prendre en compte les mystères de la vie publique du Christ entre le Baptême et la Passion ». En les récitant, nous contemplons le mystère du Christ « lumière du monde » et « les années de sa vie publique » : son baptême, son « auto-révélation » aux Noces de Cana, l’annonce du Royaume de Dieu, la Transfiguration ainsi que l’institution de l’ Eucharistie, signe éclatant du don inouï que Jésus fait de lui-même pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Comment nous renouveler dans la pratique du Rosaire ?

Comme un père parlant à ses enfants, Jean-Paul II évoque discrètement quelques moments importants de sa vie où le Rosaire a joué un rôle décisif : pendant sa jeunesse, lors de différentes épreuves qu’il a connues à l’âge adulte et puis pendant son pontificat, notamment au cours de ce terrible attentat dont il a été victime. La prière du Rosaire a accompagné le pape tout au long de sa vie.

Or, si le rosaire ou l’une de ses parties, le chapelet, a été très pratiqué par les générations anciennes avec de grands fruits, aujourd’hui les plus jeunes générations ignorent cette prière. Puisque le Saint Père invite tout particulièrement les familles à réciter cette prière, ayons des initiatives : par exemple, présentons la dizaine, permettons à l’enfant de dire un « Je vous salue, Marie », ou bien de chanter. Il y a mille manières de faire aimer à des enfants le Rosaire afin que cette prière transforme leur cœur.

Dans les diocèses, les paroisses, les lieux de pèlerinage, pourquoi ne pas proposer une initiation au Rosaire sous la forme d’un enseignement mais aussi en récitant le chapelet d’une manière plus attrayante ? Jean-Paul II nous donne des conseils concrets pour présenter le chapelet comme un chemin de prière.

A chacun de nous, le Saint Père demande : « Reprenez avec confiance le chapelet entre vos mains ! (..) Que mon appel ne reste pas lettre morte ! » Accueillons cet appel. Renouvelons notre manière de dire cette prière en nous souvenant de cette parole de saint Jean Chrysostome : « Celui qui prie tient le gouvernail du monde ! » Oui, prions Marie et prions avec Elle. Que la Mère de Dieu, qui est aussi Mère de l’Eglise et de tous les hommes, nous conduise vers son divin Fils dans une profonde espérance !
 

+ Henri Brincard
Mai 2003

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1 mai 2002 3 01 /05 /mai /2002 22:28

Luigi Beltrame Quattrocchi est né à Catane le 12 janvier 1880 et il arrive à Rome en 1890. C'est là qu'il rencontra et épousa Maria Corsini, le 25 novembre 1905, en la basilique Sainte-Marie-Majeure. Ils se sont connus par l'intermédiaire d'amis communs.

Ils eurent deux fils et deux filles. Les fils sont prêtres, l'un prêtre diocésain et l'autre trappiste. Les filles sont consacrées, l'une consacrée laïque, et l'autre bénédictine.

Diplômé en droit à l'université romaine La Sapienza, Luigi Quattrocchi a suivi une carrière d'avocat auprès de différents ministères italiens. Il était engagé dans l'apostolat catholique et se distinguait par une vie chrétienne exemplaire. Il s'est éteint à Rome, le 19 novembre 1951.


Maria Corsini était née à Florence le 24 juin 1884 et était arrivée à Rome en 1893. Elle partageait les engagements apostoliques de Luigi. En 1914, à la suite du tremblement de terre d'Avezzano, elle s'est dévouée au secours des blessés. Devenue tertiaire franciscaine, elle était catéchiste, et fit partie du Conseil central de l'Action catholique féminine, et adhéra aussi à d'autres mouvements. Elle est aussi l'auteur de différents ouvrages de spiritualité. Elle s'est éteinte à Serravalle (région de Bibbiena), au cours de ses vacances, en 1965.

Pour la première fois dans l'histoire, Jean-Paul II a béatifié fin octobre dernier un couple. C'est ainsi une manière de dire à l'Eglise du troisième millénaire que la sainteté n'est pas le "monopole" des religieux.

Maria et Luigi ont donc eu quatre enfants:
Filippo (aujourd'hui le père Tarcisio), né en 1906;
Stefania (soeur Maria Cecilia), née en 1908 et décédée en 1993;
Cesare (aujourd'hui le père Paolino), né en 1909;
Enrichetta, née en 1914.
Filippo; Stefania et Enrichetta ont d'ailleurs tous les trois assisté à la cérémonie de béatification de leurs parents.

Maria fait de son foyer un lieu chaleureux, où sont accueillis famille et amis.
Avec Luigi, elle se rend chaque jour à la messe.
Maria écrit à ce sujet : "La journée commençait ainsi : messe et communion, ensemble. Sortis de l'église, il me disait "bonjour", comme si la journée ne commençait que maintenant. On achetait le journal, puis on montait à la maison. Lui à son travail, moi à mes occupations. Chacun pour son propre compte, mais en gardant la présence de l'autre incessamment en nous."
Elle dit plus loin : "Le dîner, quelques passages de livres plaisants, puis le chapelet. Vie sereine, intellectuelle, intéressante, intime et reposante. Jamais futile, jamais triste et pessimiste. Vie vécue dans le sens plein de la parole. Non survolée, mais animée de la joie de la conquête qu'il portait en lui chaque minute, avec la joie d'être ensemble, toujours nouvelle."

Maria et Luigi élèvent ainsi avec Foi leurs enfants, soutenus par le Père franciscain Pellegrino Paoli, qui deviendra leur Père spirituel et celui de toute la famille.
En 1913, lorsque Maria est enceinte de leur quatrième enfant, Enrichetta, les médecins lui annoncent qu'elle ne survivra pas si elle garde cet enfant, qui n'a aucune chance de vivre selon eux.
Mais elle décide de se confier à la Providence. Et la naissance se passera bien, après une grossesse malgré tout difficile.

Parallèlement, Luigi s'engage avec Maria dans différents mouvements catholiques italiens. Il appuie ouvertement le Parti populaire naissant. En semble, ils fondent des mouvements de jeunes dans les quartiers défavorisés de Rome. Durant la guerre d'Ethiopie puis la 2ème guerre mondiale, Maria part comme infirmière volontaire de la Croix-Rouge.

Le cardinal Martins, préfet de ma Congrégation pour la cause des saints, a déclaré à leur sujet dans l'Osservatore Romano (10 oct. 2001) que leur "vie constitue une sorte d'évangile familial. Ils ont su vivre saintement leur devoir d'époux, de père et de mère dans un intense et vivifiant rapport entre la Foi et le sacrement du mariage ainsi que dans une parfaite communion de vue, de sentiment et de cœur."

Le père Paolino Rossi, qui a présenté à la Congrégation vaticane pour les Causes des Saints la documentation qui a permis de prouver l'héroicité des vertus des époux, poursuit en disant qu'"il s'agissait d'un couple extrêmement équilibré qui a su joindre une grande attention aux enfants - même lorsque les trois aînés sont entrés dans les ordres. Luigi et Maria sont restés très proches d'eux - à une activité professionnelle et à des apostolats extérieurs, le tout porté par une intense vie de prière. Ils ont su porter l'Evangile au quotidien, de manière cohérente et concrète".

Le père Rossi a expliqué que la Congrégation a approuvé un seul miracle pour les deux serviteurs de Dieu. Il s'agit de la guérison de Gilberto Grossi, qui est aujourd'hui neurochirurgien.
Le postulateur explique que c'est grâce à l'intercession des deux conjoints qu'il a obtenu de Dieu la guérison d'altérations osseuses, qui l'obligeaient souvent à rester immobile. Il a été guéri d'une grave arthrite liée à une inflammation intestinale progressive et provoquant des ulcères cutanés.
Ayant fait la connaissance d'un fils de Luigi et Maria, et après avoir pris connaissance de leur spiritualité et de leur sainteté, il s'était confié à leur commune protection. Il fut guéri alors qu'il travaillait dans la maison de la famille Beltrame Quattrocchi. Il avait été chargé de classer les écrits des époux.
Sa guérison a été reconnue le 21 mai 2001 par la commission des médecins de la Congrégation pour la cause des saints comme étant "imprévue, complète, durable et inexplicable scientifiquement."

"Reconnaissant leur "intercession commune", on peut dire que les théologiens ont souligné que les époux sont unis non seulement dans la dimension humaine mais aussi spirituelle".
En béatifiant ensemble les époux Luigi Quattrocchi et Maria Corsini, Jean Paul II a fait remarquer :
" Aujourd'hui, nous avons une confirmation singulière que le chemin de la sainteté accompli ensemble, en tant que couple, est possible, est beau, est extraordinairement fécond et est fondamental pour le bien de la famille, de l´Eglise et de la société".
"Ils ont vécu, a dit encore Jean Paul II, "un engagement particulier sur le chemin de sainteté auquel les époux sont appelés par la force de la grâce sacramentelle ... Ces époux ont vécu, à la lumière de l´Evangile, et avec une grande intensité humaine, l´amour conjugal et le service de la vie. Ils ont assumer avec une pleine responsabilité la tâche de collaborer avec Dieu à la procréation, se dévouant généreusement à leurs enfants pour les éduquer, les guider, les orienter à la découverte de son dessein d'amour ".

" Sur les chemins de la mission, la famille est la première et la plus importante", a dit encore le pape.
Ils l'ont vécu en effet, dans un climat de sérénité, d´hospitalité, d´amitié, et aussi de distractions, de villégiature, de bicyclette! Et la chose la plus extraordinaire est qu´ils ont su se sanctifier et vivre l´ordinaire.

Enfin, lorsque la béatification de Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi a été approuvée, un problème s´est posé à la Congrégation pour les Causes des Saints: quel jour l´Eglise allait-elle les fêter? C´était la première fois que deux époux étaient béatifiés ensemble.
En général, la fête des bienheureux correspond au jour de leur mort, le jour de leur union à Dieu. Mais pouvait-on fêter les nouveaux bienheureux à deux dates différentes?
Jean-Paul II a demandé que la fête liturgique des bienheureux Quattrocchi soit fixée au jour anniversaire de leur mariage. Luigi et Maria se sont mariés le 25 novembre 1905. Pour le moment, cette fête n´est observée qu´à Rome, le diocèse des bienheureux, car la béatification a un caractère local. S´ils sont canonisés, leur fête liturgique prendra un caractère universel. 
  
Bernard JOUSTRATE

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2 juillet 1992 4 02 /07 /juillet /1992 22:28
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17 août 1991 6 17 /08 /août /1991 21:27
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26 juillet 1990 4 26 /07 /juillet /1990 22:00
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5 avril 1990 4 05 /04 /avril /1990 21:56
When you were here before

Couldn't look you in the eye
You're just like an angel
Your skin makes me cry
You float like a feather
In a beautiful world
And I wish I was special
You're so fuckin' special
But I'm a creep, I'm a weirdo.
What the hell am I doing here?
I don't belong here.

I don't care if it hurts
I want to have control
I want a perfect body
I want a perfect soul
I want you to notice
When I'm not around
You're so fuckin' special
I wish I was special

But I'm a creep, I'm a weirdo.
What the hell am I doing here?
I don't belong here.

She's running out again,
She's running out
She's run run run running out...

Whatever makes you happy
Whatever you want
You're so fuckin' special
I wish I was special...

But I'm a creep, I'm a weirdo,
What the hell am I doing here?
I don't belong here.
I don't belong here.
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