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8 juin 2018 5 08 /06 /juin /2018 20:31

A l'occasion des 5 ans du rappel à Dieu de Jean Madiran, Rémi Fontaine vient de sortir aux Presses de la Délivrance son nouveau livre : "Itinéraires de Chrétienté avec Jean Madiran".
Cet ouvrage est préfacé par le Père Abbé du Barroux, Dom Louis-Marie. Yves Chiron en a signé la postface.
Rémi Fontaine dédicacera ce livre dimanche 10 juin à la Fête de Radio Courtoisie (Espace Champerret), à son comptoir du Libre Journal de Lumière de l'Espérance.
 

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 09:18

je me permets de faire remarquer aux niaiseux de Golias que L'Histoire du catéchisme de Jean Madiran est parue en 2005 aux éditions de Paris. C'est à dire, il y a cinq ans. 

Cinq ans : c’est manifestement le temps qu’il a fallu à ces nuisibles pour le lire et en publier leur analyse qui n'intéressera qu'eux. Monsieur Terras qui se prend pour un moderne est finalement un homme du passé. Quel comique. 

J'en profite, en revanche pour attirer votre attention, si nécessaire, sur la publication de "
Chroniques sous Benoît XVI" du même Jean Madiran. On y redécouvre les richesses des cinq premières années de ce pontificat qui nous aura tous marqués, d'une façon ou d'une autre. Incontournable, comme toujours avec Madiran. Plus de détails en cliquant ici

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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 15:37

 

Sous la pression médiatique, le cardinal Ricard a dérapé

A bout de forces, titubant sous une intense pression politico-médiatique, externe et interne, le malheureux cardinal Jean-Pierre Ricard a enfin parlé en son nom et donné sa signature.

Il a fini par publier lui-même un communiqué contre l’Institut du Bon Pasteur (IBP), s’alignant sur l’article de La Croix du 27 avril et cautionnant à son tour le témoignage des menteurs professionnels « infiltrés » de France 2.

Certes, il y avait déjà eu à Bordeaux un communiqué conforme, fin avril, mais impersonnel, il était celui de l’archevêché et point celui de l’archevêque. La Croix du 11 mai nous présente maintenant la « réaction » du Cardinal-Archevêque en personne, qui déclare notamment :

« L’accueil dans l’Eglise diocésaine de l’Institut du Bon Pasteur implique une communion avec les autres composantes de l’Eglise de Gironde (…) qui sont appelées à traduire dans des actes l’engagement que l’Eglise catholique a pris à Vatican II vis-à-vis des chrétiens des autres confessions chrétiennes, des juifs, des membres des autres religions. »

Pourtant les décrets de Vatican II ne font nulle part mention explicite d’aucune négociation, d’aucun accord, d’aucun engagement à l’égard « des autres confessions chrétiennes », ni « des juifs », ni « des membres d’autres religions ». Et personne avant le cardinal Ricard n’en avait publiquement parlé aussi crûment.

Il faut donc comprendre que ces engagements pris « par l’Eglise » l’ont été non point par Vatican II, mais à l’occasion ou à l’intention de Vatican II.

Nous en connaissons un exemple, un seul, mais certain : l’accord de Metz passé avec la Russie stalinienne, comportant l’engagement de ne plus combattre le communisme en échange de représentants de l’Eglise russe autorisés à venir assister en « observateurs » au Concile (cf.  L’accord de Metz, un volume de 75 pages aux Editions Via Romana).

Il ressort donc du communiqué cardinalice que, de la même manière ou d’une manière analogue, une triple négociation secrète, à l’occasion ou à l’intention du Concile, a eu lieu :

— avec « les autres confessions » ;

— avec « les juifs » ;

— avec « des membres des autres religions ».

L’accord secret passé avec Moscou s’était « traduit dans des actes » par l’arrêt de toute opposition explicite au communisme.

Par quels actes l’IBP va-t-il être sommé maintenant de traduire les engagements secrètement pris « par l’Eglise » à l’égard « des chrétiens des autres confessions », et « des juifs », et « des membres des autres religions » ? Il faudra bien alors révéler à l’IBP le contenu précis de ces engagements.

Puisque La Croix confirme à nouveau que la cible de l’affaire est bien « l’Institut du Bon Pasteur, institut de droit pontifical dirigé par l’abbé Philippe Laguérie », c’est donc avec l’abbé Laguérie que le cardinal Ricard aura à en discuter.

Il ne pouvait pas mieux tomber. Nous connaissons assez l’abbé Laguérie pour souhaiter au Cardinal bien du plaisir.

Le malheureux est à la tête d’un diocèse fortement noyauté, notamment par un « groupe de catholiques du diocèse représentant 190 laïcs »d’un extrémisme gauchiste virulent, et par un « conseil presbytéral » d’une quarantaine de prêtres également très marqué par un progressisme imprécateur : ils sont l’un et l’autre médiatisés à grand fracas. Une pratique de la dialectique marxiste prétend faire la loi dans « l’Eglise de Gironde », et le Cardinal y résiste comme il peut. Cette fois, il a visiblement dérapé.

JEAN MADIRAN

 

 

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 23:23

 

http://arphotos.dna.fr/2007/N244/20071018_DNA016953.jpgpuce_carreCe fut une affaire épineuse pour Isabelle de Gaulmyn. Elle avait à expliquer dans La Croix que l’Eglise ne donne pas de consigne électorale… sauf quand elle en donne. Il lui incombait en effet de décrypter pour ses lecteurs l’intervention publique du président Vingt-Trois juste avant le premier tour des élections régionales :

« Voilà longtemps que les évêques ne donnent plus de consignes de vote », écrivait-elle, « il arrive cependant qu’avant une échéance électorale importante, l’Eglise rappelle les chrétiens à leurs devoirs de citoyens. »

Le président Vingt-Trois, entouré du pasteur Claude Baty et du métropolite orthodoxe Emmanuel, avait tonitrué, selon La Croix, que« les Eglises chrétiennes s’insurgent [pas moins !] contre l’accueil durci des migrants ». Insurrection simplement verbale, mais enfin proclamation réellement insurrectionnelle, réclamant en somme davantage de discrimination positive en faveur des immigrés, ce qui signifie inévitablement davantage de discrimination négative en défaveur des Français à la recherche d’un logement ou d’un emploi. Quand il n’y a plus ni logement ni emploi disponible, le président Vingt-Trois peut toujours « s’insurger ». Ce n’est plus une insurrection, c’est une crise de nerfs.

puce_carreEn réalité le président Vingt-Trois recherche des cautions et appuis extérieurs pour retrouver l’autorité morale qu’il a perdue auprès des catholiques par son scandale des obsèques de Philippe Séguin (Présent du 10 février). Nous le lui répéterons publiquement autant de fois qu’il le faudra :

 Désormais, quand il parle au Souverain Pontife ou à n’importe qui, le président Vingt-Trois sait bien que son interlocuteur pense en silence à l’énorme festival de sacrilèges qu’il a présidé le 11 janvier 2010.

Le métropolite et le pasteur ne lui ont pas suffi, mais déjà il avait programmé le recours au rabbin. Ce fut à Notre-Dame de Paris le désastre du dimanche de la Passion, le 21 mars. Reculant devant la violence surnaturelle du chapelet, le Président dut se réfugier dans la sacristie. Je lui souhaite qu’une telle retraite, s’il l’a vécue avec humilité, lui ait été salutaire.

puce_carre« Président », il l’est seulement de l’épiscopat français, et seulement parce que les évêques l’ont élu. La présidence d’un épiscopat n’a pas été fondée par Notre-Seigneur, elle ne comporte aucune autorité canonique, elle s’accompagne, selon les circonstances, d’une sorte d’autorité morale qui est fragile et passagère. Il l’a perdue, et il sait pourquoi, la perte est datée : 11 janvier-21 mars 2010.

puce_carreMais il avait été « président », aussi, le 11 janvier 2010, puisqu’il présidait une eucharistie. On n’a entendu ni lu nulle part qu’en l’occurrence il aurait célébré le saint sacrifice. C’est la même chose dans les deux formulations, croyez-vous ? Mais alors comment se fait-il que tant de prêtres, aujourd’hui, se reconnaissent entre eux par l’emploi systématique de la première et l’omission systématique de la seconde ?

puce_carreSon tempérament naturel, qui est autoritaire et rageur, peut l’entraîner à de dangereuses extrémités, comme son sabotage, méthodique et implacable, des claires dispositions décrétées par Benoît XVI pour libérer et honorer la messe traditionnelle. Malgré tout je l’imagine, réfugié dans sa sacristie, pâle comme un somnambule, et gagné par le repentir. Il y aura plus de joie dans le Ciel et sur la terre pour un archevêque qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf évêques se croyant justifiés par leur invocation routinière et creuse de Vatican II. Mais le président Vingt-Trois ne peut ignorer que le repentir sans réparation serait une impasse.

 

JEAN MADIRAN

 Article extrait du n° 7061 du Samedi 27 mars 2010 de Présent

 

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 12:00
Depuis plus de quarante ans, les catholiques qui le dimanche vont à la messe en français n’y ont jamais entendu le
mot « consubstantiel » ; ils risquent de complètement ignorer le drame, toujours en cours, de son remplacement par l’expression : « de même nature ».

C’est à leur intention que nous rappelons cet exemple tellement significatif de l’abdication catholique devant les exigences abusives de la modernité.

La messe célébrée en français, on l’a sans doute oublié, est antérieure à la promulgation par Paul VI, en 1969, d’une messe nouvelle.

Les premières réclamations et protestations contre la suppression du « consubstantiel au Père », remplacé dans le Credo en français par un insuffisant « de même nature que le Père », sont en effet de l’année 1967.

« De même nature » n’est pas en soi une expression hérétique ; c’est une expression qui ne dit rien : un fils est évidemment de même nature que son père.

Mais inscrire « de même nature » à la place de « consubstantiel » manifeste, au moins en apparence, une intention hérétique ; et en fait, c’est supprimer une affirmation que les trois Personnes divines ne sont qu’un seul Dieu.

On n’a connu alors en langue française aucune désapprobation publique énoncée par une notabilité ecclésiastique, à la seule exception du (futur) cardinal Journet qui, le 1er avril 1967, écrivait dans L’Echo des paroisses vaudoises et neuchâteloises :

« A une époque où, de l’aveu de tous les chrétiens sérieux, protestants et catholiques, la démythologisation fait courir au christianisme l’un de ses plus grands dangers, où le dogme de la divinité du Christ est comme mis entre parenthèses, où l’on renonce, à la suite de Bultmann, à parler de “Jésus-Dieu” pour parler du “Dieu de Jésus”, on peut regretter que le mot béni de “consubstantiel” n’ait pas été retenu par les traducteurs du Credo. On peut espérer que la version “de même nature”, qui ne va pas à dissiper les équivoques, n’est que provisoire. »

Ce supposé « provisoire » est toujours installé, quarante-trois ans plus tard, dans la messe en français comme dans la traduction française du Catéchisme de l’Eglise catholique (1992 et 1998) et de son Compendium (2005).

La première réclamation publique fut en 1967 celle d’une pétition de laïcs. Elle eut pour premiers signataires, leurs noms méritent d’être rappelés, Louis Salleron, Henri Massis, Gustave Thibon, François Mauriac, Roland Mousnier, Jacques de Bourbon-Busset, Pierre de Font-Réaulx, Stanislas Fumet, Maurice Vaussard, Daniel Villey.

Le cardinal Lefebvre, président et tête doctrinale supposée de l’assemblée plénière de l’épiscopat français, y répondit le 27 juillet 1967 que cette pétition « ressemblait trop à une défiance à l’égard de la rectitude doctrinale de la hiérarchie », et que celle-ci ne veut pas avoir « l’air de céder à une pression ». Le Cardinal était partisan de « ne dramatiser en aucune façon une question qui, à l’heure actuelle, a bien perdu de son importance » (sic !). Toutefois « on envisage de donner au consubstantiel, dans une nouvelle édition, une traduction qui ne laisse place à aucune équivoque », « on va chercher pour une nouvelle édition une traduction plus précise ».

Il y a eu en effet plusieurs « éditions nouvelles », notamment du « Missel des Dimanches » qui est réédité chaque année. Mais aucune correction du « de même nature ».

Quarante-trois ans plus tard, l’épiscopat français est toujours en recherche d’« une traduction plus précise », qui « ne laisse place à aucune équivoque ». Il n’a pas encore trouvé.

Il n’a pas trouvé que la traduction plus précise et sans équivoque du latin « consubstantialem » est justement, tout simplement, le mot français « consubstantiel », maintenu hors la loi dans l’Eglise de France depuis quarante-quatre ans.

Au jugement plus haut cité du (futur) cardinal Journet, on ajoutera utilement la consultation des deux classiques qui font référence sur la question : Etienne Gilson, aux pages 120 à 130 de son ouvrage : La société de masse et sa culture (Vrin 1967) ; et Louis Salleron, aux pages 22 à 29 de son ouvrage : La nouvelle messe (Nouvelles Editions Latines 1970, seconde édition 1976).



JEAN MADIRAN


Article extrait du n° 7045 de Présent du Vendredi 5 mars 2010
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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 19:00
puce_carreLes évêques, c’est le motu proprio du 07.07.07 qui le dit, sont instamment priés par le Pape d’exaucer le désir des fidèles qui demandent la messe traditionnelle : à voir le comportement de la majorité des évêques français, on ne s’en douterait guère.
puce_carreNous avons vu hier pourquoi, selon ce même motu proprio Summorum pontificum, c’est la messe en elle-même, la messe traditionnelle, qui a droit de cité dans l’Eglise ; et ce droit est hors d’atteinte, il ne peut nullement être diminué, suspendu ou aboli par les indignités supposées ou réelles que le cardinal Vingt-Trois attribue au traditionalistes.
 puce_carrePareillement s’exprime le cardinal Cañizares Llovera, préfet de la Congrégation romaine du culte divin, dans sa préface au magnifique Missel Vespéral Grégorien que viennent de publier les Editions Sainte-Madeleine du Barroux. On lit notamment dans cette préface (c’est moi qui souligne) :

« La volonté du Pape n’a pas été uniquement de se limiter à répondre aux justes aspirations des fidèles qui se sentent liés, pour diverses raisons, à l’héritage liturgique constitué par le rite romain ; il s’agissait aussi, tout particulièrement, d’ouvrir la richesse liturgique de l’Eglise à tous les fidèles, rendant ainsi possible la découverte des trésors du patrimoine liturgique de l’Eglise à ceux qui les méconnaissaient encore. »

puce_carreReprenons dans l’ordre, comme le fait très pertinemment La Lettre de Paix liturgique (numéro 217 daté du 15 février), le caractère précis et impératif des stipulations pratiques du 07.07.07.

L’article 5, en son premier paragraphe, décrète :

« Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande… »

Attention : cela ne donne aucun droit au curé de refuser ; ni le droit de s’en remettre à l’évêque. Il doit « accueillir », et accueillir « volontiers » : c’est lui d’abord qui en sera responsable devant Dieu.

puce_carreLe curé peut rencontrer des difficultés pratiques : par exemple, le manque de prêtres disponibles. L’article 7 l’a prévu. Dans ce cas, c’est le groupe de fidèles qui doit en informer l’évêque. Non point pour obtenir une autorisation (elle serait superflue) ; mais pour que l’évêque vienne aider le curé à surmonter les difficultés pratiques qu’il a rencontrées : « l’évêque est instamment prié d’exaucer leur désir ». Le cardinal Vingt-Trois, quand il est reçu en audience par le Pape, peut lui expliquer avec quelle promptitude il a répondu à son instante prière.

Si l’évêque lui-même, malgré sa bonne volonté, se trouve embarrassé, « il en sera référé à la Commission pontificale Ecclesia Dei » : désormais cette Commission, article 12, « exercera l’autorité du Saint-Siège » pour veiller à « l’observance et à l’application » du motu proprio.

puce_carreLe seul cas épiscopal envisagé par le motu proprio est celui, article 8, de « l’évêque qui souhaite pourvoir » à la demande du « groupe stable de fidèles » et qui en est empêché : dans ce cas, la Commission pontificale « lui fournira conseil et aide ».
puce_carreLes « empêchements » rencontrés par le curé ou par l’évêque « pour différentes raisons » ne sont pas précisés.

Celui du manque de prêtres disponibles n’est pas le principal, il peut être surmonté en faisant appel aux prêtres de la FSP, de l’Institut du Christ-Roi, de l’Institut du Bon Pasteur, ou encore à des Réguliers de divers Ordres religieux antérieurs.

Mais il existe aussi l’obstacle des militants anti-papistes, des groupes sectaires et manipulateurs assurés de l’appui massif des télévisions, des publications démocrates-chrétiennes, des intellectuels d’appellation contrôlée, des modernistes et maçonniques clandestins installés in sinu gremioque Ecclesiae, au sein même de l’Eglise, instrumentalisant les fidèles et impressionnant les évêques. Il y a en outre la militance subreptice de La Croix par nuances insinuantes et doutes calculés. Et puis encore la police politique, les pressions financières, le préfet aux aguets, la malveillance judiciaire, les représailles laïcistes, les servitudes du dialogue, les obligations de l’écoute, et cette interminable ouverture à gauche qui est constamment un échec. Là, l’obstacle est réel.


JEAN MADIRAN


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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 12:00

puce_carreDans sa « lettre » numéro 117, Paix liturgique vient de ramener notre attention sur les stipulations un peu oubliées du motu proprio Summorum pontificum promulgué le 7 juillet 2007 : notamment que les curés doivent accueillir favorablement les demandes de fidèles désirant la messe traditionnelle, et que les évêques doivent aider en ce sens les curés qui en seraient empêchés (par exemple, par le manque de prêtres disponibles).

puce_carreCette incitation à relire le motu proprio du 07.07.07 nous a conduit à retrouver d’abord le motif qui a déterminé Benoît XVI à prendre une telle décision.

Le préambule du motu proprio rappelle que Jean-Paul II avait déjà pris des mesures en faveur de la messe traditionnelle, et précise qu’il l’avait fait « par sollicitude pastorale » en faveur des « nombreux fidèles [qui] se sont attachés et continuent à être attachés avec un tel amour et une telle passion aux formes liturgiques précédentes. »

Tel fut donc le motif de Jean-Paul II.

Ce n’est pas celui de Benoît XVI.

puce_carreL’article premier du motu proprio nous dit en effet quel est son motif, qui me semble-t-il n’a guère été remarqué, demeurant comme éclipsé par le motif de Jean-Paul II, toujours répété par les commentateurs qui n’ont été attentifs qu’au plus ou au moins de « sollicitude pastorale » envers les traditionalistes.

Benoît XVI a certainement la même sollicitude, mais ce n’est pas le motif qu’il met en avant. Dans l’article premier, il décrète que le Missel romain promulgué par saint Pie V et réédité par Jean XXIII « doit être honoré en raison de son usage vénérable et antique ».

C’est-à-dire que Benoît XVI considère prioritairement non pas la satisfaction subjective des traditionalistes, mais la réalité objective du Missel romain et son imprescriptible droit de cité dans l’Eglise.

puce_carreUn usage antique et vénérable ne peut être supprimé. Une coutume aussi ancienne et aussi respectée ne pourrait être abolie que si l’on découvrait brusquement qu’elle est intrinsèquement mauvaise. Cela est de droit naturel. C’est pourquoi dès le début et pendant trente-huit ans nous avons constamment invoqué le fait que l’interdiction de la messe traditionnelle n’était pas valable.

puce_carreEn même temps, cet article premier précise quel est notre devoir envers ce Missel romain antique et vénérable. Avant tout, nous devons l’honorer.

puce_carreL’honorer ! Le choix d’un tel mot n’est pas accidentel. C’est un mot du Décalogue. « Honorer » n’est pas un acte de peu d’importance. Dis-moi qui tu honores et je te dirai qui tu es. C’est une vertu essentielle, celle du quatrième commandement. C’est la vertu de piété. Tes père et mère honoreras, et tes ancêtres, et tes bienfaiteurs, et tous ceux à l’égard de qui tu es un débiteur insolvable, ta patrie avec ses héros et ses saints ; « et parce que Dieu est notre père, le culte que nous avons pour lui se nomme lui aussi piété, comme le dit saint Augustin ». La piété est une vertu naturelle et elle est un don du Saint-Esprit. Elle est si divine que la prière de l’Eglise, par une mystérieuse et renversante audace, va jusqu’à nous faire invoquer Dieu sous le nom de « Pater piissimus ».

puce_carreIl faut comprendre que si une grande partie du clergé, suivie de fidèles pourtant fervents mais déroutés, s’oppose à la messe traditionnelle, c’est parce qu’ils n’ont pas été élevés dans la vertu de piété, la déstructuration du catéchisme ayant commencé dans les années cinquante avec le « catéchisme progressif » ; Pie XII lui avait donné un coup d’arrêt sans parvenir à en détourner le noyau dirigeant de l’épiscopat français. La plupart des fidèles et des prêtres ayant moins de soixante ans n’ont pas été instruits des trois connaissances nécessaires au salut, on ne leur a point appris les trois vertus théologales, les quatre vertus cardinales, les sept dons du Saint Esprit que savaient par cœur, que savent encore aujourd’hui les enfants de 7 à 10 ans éduqués selon le catéchisme traditionnel. La plupart des moins de soixante ans ont été victimes d’une catéchèse de l’« écoute » et du « dialogue », d’une morale de l’« ouverture » et des « valeurs » au lieu des vertus naturelles et des vertus surnaturelles, ils vivent dans un univers mental différent. Ils ne sont pas des coupables, ils sont bien des victimes. Et c’est un drame très difficilement insurmontable. Cela se passe bien au-dessus des méchancetés, des superficialités, des simplismes du cardinal Vingt-Trois à l’égard des traditonalistes. On lui pardonne son simplisme et sa superficialité bien qu’il ait, lui, plus de soixante ans. Mais ses méchancetés, ce n’est pas nous qui pouvons l’en absoudre.

JEAN MADIRAN

Cet article est extrait du journal PRESENT daté du vendredi 26 février, n°7040, p.1

Site de Présent : www.present.fr

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25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 14:12

puce_carreDans sa « lettre » numéro 117, Paix liturgique vient de ramener notre attention sur les stipulations un peu oubliées du motu proprio Summorum pontificum promulgué le 7 juillet 2007 : notamment que les curés doivent accueillir favorablement les demandes de fidèles désirant la messe traditionnelle, et que les évêques doivent aider en ce sens les curés qui en seraient empêchés (par exemple, par le manque de prêtres disponibles).

puce_carreCette incitation à relire le motu proprio du 07.07.07 nous a conduit à retrouver d’abord le motif qui a déterminé Benoît XVI à prendre une telle décision.

Le préambule du motu proprio rappelle que Jean-Paul II avait déjà pris des mesures en faveur de la messe traditionnelle, et précise qu’il l’avait fait « par sollicitude pastorale » en faveur des « nombreux fidèles [qui] se sont attachés et continuent à être attachés avec un tel amour et une telle passion aux formes liturgiques précédentes. »

Tel fut donc le motif de Jean-Paul II.

Ce n’est pas celui de Benoît XVI.

 

La suite de cet article de Jean Madiran à paraitre dans Présent daté du vendredi 26 février 2010 (n°7040,p.1) peut être lue librement sur le site de PRESENT jusqu'à ce vendredi aux alentours de midi. Accès direct en cliquant ici.

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 13:50

Il fut le premier. Non pas le premier à être inquiété ou révolté par ce qui se passait dans l’Eglise. Mais le premier à défendre clairement la nature et l’importance dogmatiques des anomalies et des scandales politiques, moraux, religieux qui s’installaient dans la vie de l’Eglise sans rencontrer d’opposition adéquate et suffisante. On était en présence d’un infléchissement religieux s’éloignant de plus en plus de l’Ecriture et de la Tradition, c’était une subversion allant jusqu’à effacer la distinction entre le bien et le mal, entre le défendu et l’obligatoire, entre le vrai et le faux, bref un « relativisme » entraînant l’évanouissement progressif des repères fondamentaux. L’abbé de Nantes avait vu, il avait dit que l’on irait jusque-là, qu’on y était déjà en substance. Il fut le premier à opérer une analyse et une synthèse des implications de la crise théologique issue de la Seconde Guerre mondiale, il fut le premier à en définir les causes et la gravité absolue. 

Il fut le premier, aussi, à indiquer une solution : faire appel du Pape au Pape ; demander au Souverain Pontife, selon une procédure canonique parfaitement légitime, un jugement doctrinal sur le concile pastoral : plus précisément, sur les affirmations, insinuations et implications doctrinales de certains textes pastoraux contestés, Vatican II s’étant déclaré pastoral par distinction explicite d’avec doctrinal.

Dans l’immédiat après-concile des années 1966-1970, cette stratégie juridique et théologique rencontra presque uniquement l’incompréhension, voire la raillerie, même parmi les traditionalistes. 

Pour l’abbé de Nantes, ce furent les années décisives de ses quarante à quarante-six ans.

 

16 juillet 1966

 http://www.crc-resurrection.org/Contre-Reforme_catholique/Concile-Vatican-II/images/Abbe-de-Nantes_Yves-Congar.jpg

La mise en œuvre de sa stratégie commença le 16 juillet 1966 par sa lettre au cardinal Ottaviani, alors à la tête de ce qui était encore le Saint-Office. L’évêque de Troyes, dont il dépendait localement, voulut interdire une telle démarche. Cette prétention illégale fut la première de la longue série de décisions arbitraires qui lui seront infligées jusqu’à sa mort. Naturellement il passa outre à l’interdiction que l’évêque n’avait pas le droit de décréter. 

L’abbé de Nantes demandait au Saint-Office que soient doctrinalement jugées ses critiques du concile. Se trouvant saisi d’une requête en bonne et due forme, le Saint-Office, devenu entre temps la Congrégation pour la doctrine, convoqua l’abbé de Nantes en 1968 puis, en 1969, publia une « Notification » qui déclarait l’abbé de Nantes « disqualifié » par ses violences verbales.

Une « notification » n’est pas un jugement. Une « disqualification » est une peine inconnue du droit canon. Le jugement réclamé sur des contestations doctrinales solidement argumentées était esquivé, et le restera. Quant à la « disqualification », elle entraîna une totale et définitive relégation sociologique. L’abbé de Nantes avait quarante-cinq ans.

 

8 avril 1970

 

C’est la période où je l’ai  connu : de l’affaire Pax en France (1964) jusqu’au 8 avril 1970 où il me pria de ne plus revenir le voir à Saint-Parres lès Vaudes. Jusque là nous échangions informations et points de vue. L’épisode de sa « disqualification » nous avait permis de mieux nous connaître et avait fait naître entre nous, malgré notre divergence de comportement pratique concernant la messe nouvelle, une amitié dont j’écrivais en juin 1970 qu’elle « survivra, je l’espère ». En 1983 j’y ai ajouté une apostille : « Cette espérance ne s’est pas vérifiée. » (1) La rupture a été voulue par lui, et bientôt il la décora d’anathèmes incisifs. A peu près comme Mgr Lefebvre en 1988, l’abbé de Nantes en 1970 me manifesta qu’il fallait le reconnaître comme chef, approuver entièrement toutes ses positions et lui obéir sous peine d’être traité en ennemi. Pour Mgr Lefebvre, ce sera mon abstention de tout jugement public sur ses quatre consécrations épiscopales : j’estimais que les approuver ou les désapprouver était au-dessus de ma compétence, extérieur à mes responsabilités et à mon état de simple laïc. Pour l’abbé de Nantes, ce ne fut pas simplement notre divergence d’attitude pratique à l’égard de la messe ancienne et de la nouvelle mais, plus largement, la différence de nature entre sa voie et la mienne.

L’abbé de Nantes était en effet entré dans ce que j’ai appelé la « voie d’accusation ». Certes, ses accusations étaient d’emblée soumises par lui au jugement doctrinal de l’Eglise et spécifiquement du Souverain Pontife, – jugement qu’il n’a jamais pu obtenir, – c’était sa stratégie d’« appel du Pape au Pape », mais enfin ce n’étaient pas de simples doutes ni même de simples critiques, c’étaient bien des accusations, avec des qualifications d’hérésie, portées contre la personne même du Pape. Je trouvais que sa manière et ses violences verbales dépassaient le cadre légitime d’un « appel du Pape au Pape », et réclamaient, pour être moralement possibles, l’assurance d’une vocation extraordinaire, dont je n’étais pas juge ; et qui n’était pas mon cas. Ma voie plus modeste était (elle est toujours) la « voie de réclamation » : rendez-nous l’Ecriture, le catéchisme et la messe (2). 

 

 

7 octobre 2000

Il convient d’insister avec précision sur la « Notification » de 1969, car elle décida de toute la suite (3).

Elle avait eu un précédent. Le « conseil permanent » de l’épiscopat français avait décrété en mars 1967 : « il n’y a pas lieu de prendre en considération ce qui est affirmé et développé dans ces lettres [de l’abbé de Nantes] ». Ce sont les Lettres à mes amis par lesquelles l’abbé de Nantes avait commencé son action publique à partir de 1956. Elles « affirmaient » en effet, mais aussi, le communiqué épiscopal le reconnaissait, elles « développaient » : elles argumentaient, elles motivaient, elles étaient des raisonnements à partir des faits. En face, on « affirmait » sans « développer », et désormais il en sera toujours ainsi. C’est-à-dire qu’on ne réfute pas. On condamne, mais ce n’est jamais une condamnation doctrinale explicitement argumentée. Ce sera une consigne disciplinaire : « ne pas prendre en considération ». Pendant trente-quatre ans de confrontation (1966-2000) l’abbé de Nantes aura allégué des faits constatés et des preuves argumentées, la consigne est restée de ne pas entrer en discussion.

Certes, on ne peut pas en conclure que ses argumentations étaient forcément probantes ni que ses constatations étaient toujours exactes. Mais cela était rendu vraisemblable par le fait extraordinaire que dès le début on s’était dispensé de prendre le risque d’en tenter une réfutation. 

Cela est vrai pour sa contestation juridique comme pour sa contestation théologique. Il aura été frappé de « suspense a divinis » (interdiction d’administrer les sacrements) et d’« interdit » (défense de recevoir les sacrements) sans autre motif exprimé que ses violences verbales. Cela au moment même où Luther était réhabilité malgré les siennes, et placé par le futur cardinal Congar au rang de génie religieux plus grand que saint Thomas ;  au moment même, au long moment où l’on « accompagne » les communistes, leur parti, leurs syndicats et associations, en reconnaissant leurs « intentions louables » et leur « part de vérité », – 

cette fameuse part de vérité que contient toute erreur sauf l’erreur supposée de l’abbé de Nantes.

Au contraire, la « disqualification » prononcée contre lui porte sur « l’ensemble de ses écrits et de ses activités ». Ni l’épiscopat ni le Saint-Siège, en ces années 1956-2000, ne l’ont fait pour personne d’autre : l’ensemble de ses écrits et de ses activités ! Ils ne l’ont fait ni pour Schillebeeckx, ni pour Hans Küng, ni pour les auteurs du « Catéchisme hollandais » ou pour aucun de ceux qui ont mis en doute, voire clairement rejeté, les dogmes catholiques définis dans un langage traditionnel que récuse à leurs yeux la modernité. Depuis la suspense par l’évêque de Troyes en 1966 jusqu’au recours devant le Tribunal de la Signature apostolique rejeté comme « sans fondement » le 7 octobre 2000, c’est un long parcours où l’abbé de Nantes allègue des faits non contestés et des preuves non réfutées, et il aura toujours rencontré la même sentence : «  sans fondement », « disqualifié », « pas lieu de prendre en considération ».

Mieux encore : non seulement la « disqualification » ne reconnaissait à l’abbé de Nantes aucune « part de vérité », mais on a vu, de 1969 jusqu’au 15 février 2010, et même au-delà, qu’avaient été disqualifiés en fait l’ensemble de ses activités et de ses écrits passés, présents et … à venir ! 

La Croix peut bien gémir qu’il fut un « opposant violent ». Violent sans doute : mais ce n’est que la manière verbale de s’opposer qui est ainsi qualifiée. En quoi opposant ? selon quel genre d’argumentation ? opposant sur quels points ? En cinquante ans, de 1960 à 2010, La Croix  ne l’aura jamais dit.

 

15 février 2010

 

L’abbé Georges de Nantes, né le 3 avril 1924, ordonné prêtre le 27 mars 1948, est mort le 15 février 2010 des suites d’une longue maladie qui l’avait immobilisé dans le silence. Depuis l’an 2000 c’est le Frère Bruno qui dirige l’organe mensuel intitulé La Contre-Réforme catholique au XXIe siècle.

Sous ce drapeau de la « Contre-Réforme catholique » (CRC), l’abbé de Nantes laisse une œuvre importante et une école de pensée très active. Sa présence intellectuelle va lui survivre. 

Ses fondations subsistent : principalement la communautés des Petits Frères du Sacré-Cœur (fondée en 1958) et la Ligue de Contre-Réforme catholique (fondée en 1970). Elles ont maintenu, elles maintiennent dans la foi catholique et dans la vie paroissiale deux générations de familles chrétiennes fidèles et ardentes : elles assurent un vrai catéchisme des petits enfants baptisés, une éducation dans la connaissance et l’observance de la loi naturelle, de l’Ecriture sainte, de la Tradition catholique. Ces multiples activités ont fait l’objet de rumeurs hostiles, d’accusations passionnées, dont il faudrait distinguer la part des quiproquos et celle des calomnies avant d’être en mesure d’en juger. Je n’en ai pas fait le tour. Si j’essaie de repenser aux audaces, aux démesures, aux témérités dont l’abbé de Nantes ne s’est pas privé, je me souviens surtout de la désinvolture avec laquelle il a prétendu bousculer, rectifier et dépasser saint Thomas, sans doute est-ce la meilleure fenêtre à ouvrir sur ses outrances.

Mais si l’on veut juger l’arbre à ses fruits, il y aura « lieu de considérer » aussi les œuvres historiques et théologiques écrites par les Petits Frères du Sacré-Cœur sous la direction ou sous l’inspiration de l’abbé de Nantes : l’étude approfondie du Coran, les travaux sur l’Ecriture, sur le Saint Suaire, les quatre gros tomes de Toute la vérité sur Fatima et les admirables pages d’une histoire de France restaurée dans sa vérité politico-religieuse.

En ces jours de deuil de la CRC, que de loin mais fraternellement nous voulons partager, j’ai tenu à rappeler ce que l’on a exclu des bibliographies universitaires, des bibliothèques municipales et paroissiales, et des séminaires : la haute présence intellectuelle parmi nous de l’abbé de Nantes, sa place au premier rang dans l’état de la question, – l’état réel des études et débats sur Vatican II, sur Fatima, sur la révolution nationale du maréchal Pétain, sur l’articulation naturelle de la pensée maurrassienne avec la théologie morale catholique, et finalement sur toute l’étendue politico-religieuse de l’école contre-révolutionnaire française.

(1) Cf. Editoriaux et chroniques, tome II (DMM 1984), p. 282, note 5.

(2) Sur cette distinction entre « voie d’accusation » et « voie de réclamation », cf. l’ouvrage Réclamation au Saint-Père (NEL 1974), p. 31 à 38.

(3) Pour l’analyse et le commentaire détaillés de la « disqualification », voir les pages 19 à 50 du 3e supplément au numéro 135 de la revue Itinéraires (juillet-août 1969).

 

JEAN MADIRAN

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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 15:35
Pour que l’on parle d’autre chose


Avant le 11 janvier 2010, le Cardinal pouvait exercer son hostilité aux dispositions pontificales du 07.07.07 sans avoir besoin, en outre, d’instrumentaliser l’affaire à des fins de diversion tactique.

Après le 11 janvier, son hostilité a marqué un redoublement manifeste et provocateur, jusqu’à préparer une condamnation solennelle des traditionalistes qui réclament une messe non point mensuelle ou bi-mensuelle, mais hebdomadaire, chaque dimanche, comme il est normal.

Il est bien difficile de croire à une simple coïncidence qui serait accidentelle et sans signification.

Tout se passe comme si le Cardinal, voulait, en dramatisant davantage son affrontement avec les traditionalistes, détourner l’attention et obtenir que l’on parle d’autre chose.

Autre chose que quoi ?

Autre chose que le 11 janvier 2010.

Le 11 janvier 2010, comment l’oublier ? lors des obsèques aux Invalides de Philippe Séguin, le Cardinal « présida » une messe de funérailles où l’eucharistie fut distribuée à toute une classe politico-médiatique d’avorteurs, de complices des lois et des pratiques abortives, de prosélytes de la promotion juridique et scolaire de l’homosexualité.

La communion leur fut d’ailleurs donnée comme il convient sans doute à des citoyens conscients de l’éminente dignité moderne de leur personne humaine, c’est-à-dire dans la main, et fièrement debout, selon un rite qui manifeste son profond respect de l’autonomie morale des sans Dieu.

On savait d’avance quelles seraient les particularités dominantes de l’assistance. Dans un tel cas, il convient d’afficher à la porte d’entrée, et au besoin de répéter oralement que pour recevoir la sainte communion il faut être baptisé, catholique, et n’avoir conscience d’aucun péché mortel non encore absous. Il ne nous appartient pas de connaître, et encore moins de juger, l’état au for intérieur de tant d’étranges communiants, ni du Cardinal qui « présidait » la messe. Mais au for externe, il est évident qu’il s’agissait de pécheurs publics en grand nombre ; et le Cardinal présidant a mérité le titre, qui l’accompagne désormais, de « président des pécheurs publics ».

On doit toutefois lui reconnaître une excuse : interdire la communion aux pécheurs publics eût été de sa part, et à ses propres yeux, une discrimination coupable, alors que lui-même professe le conformisme de se déclarer tout à fait engagé dans la « lutte contre toute espèce de discrimination ».

Vers la fin de la IIIe République, les politiciens publiquement compromis dans une très sale affaire disaient entre eux, en manière de boutade : « Il faudrait une guerre pour faire oublier ça. » Ce qui s’est largement vérifié. Aujourd’hui, quand il parle au Souverain Pontife ou à n’importe qui, le Cardinal sait bien que son interlocuteur pense en silence à l’énorme festival de sacrilèges qu’il a présidé aux Invalides le 11 janvier 2010. Peut-être un déchirement aussi profond que celui de la condamnation de l’Action française en 1926 pourrait-il « faire oublier ça ». On entend murmurer de plus en plus fort, dans certains milieux épiscopaux, qu’il existe encore un « courant maurrassien » dans le catholicisme, et qu’il faut le condamner comme une « résurgence du paganisme le plus cynique et le plus dangereux » qui ait jamais existé. Ainsi parlait le cardinal Lustiger, c’était l’une de ses obsessions. De toutes façons, le président du festival paraît moralement handicapé pour longtemps, et c’est justice. Nous comprenons qu’il en soit mortellement accablé, et bien à plaindre.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 7028 de Présent du Mercredi 10 février 2010
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