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6 septembre 2007 4 06 /09 /septembre /2007 10:54

Pour la première fois depuis trente-sept ans, la messe traditionnelle vient de faire son retour dans ma paroisse.

Plusieurs années avant d’y être tout à fait abolie en 1969, elle y était déjà célébrée ou plutôt défigurée en dépit du bon sens. Pour cette raison et aussi parce qu’une « catéchèse » de plus en plus anémiée y était devenue divaguante, après une brève résistance manifestement sans aucun effet, j’avais quitté ma paroisse il y a environ quarante ans. Quarante ans ! C’est de l’histoire ancienne… Pour garder un lointain souvenir d’enfance de ce temps-là, il faut aujourd’hui avoir au moins cinquante ans.

Dimanche dernier je suis revenu, je n‘étais pas le seul, dans l‘église qui est à quelques pas de chez moi, au lieu d’avoir à faire vingt kilomètres aller et vingt retour. L’important, bien sûr, n’est pas que nous y soyons revenus, mais que la messe y soit de retour. Quelle grâce ! Et qu’elle y soit, comme le veut le Motu proprio, « honorée en raison de son usage antique et vénérable ». C’est cela qui compte. Qu’elle soit honorée. Qu’elle retrouve la primauté d’honneur qui lui est due.

A partir du 14 septembre, en fait à partir du XVIe dimanche après la Pentecôte, ce sera le cas dans beaucoup de paroisses. Peut-être cahin-caha. Question : vais-je abandonner la chapelle et le clergé qui m’ont, dans le diocèse voisin, accueilli pendant les quarante années de mon exil dominical ? Question personnelle mais qui, plus ou moins analogue, va se poser ailleurs aussi.

Je n’aimerais pas que l’on profite de cette messe pour me prêcher une certaine « réception de la foi » telle que, paraît-il, « la présente avec une autorité toute particulière Vatican II ». Ce concile pastoral n’a pas eu pour objet de donner une nouvelle définition de la foi catholique. Et lui attribuer une « autorité particulière » en un tel domaine, cela semble le placer à l‘égal ou au-dessus des conciles qui, eux, ont défini la foi que nous devons « recevoir ». En somme je n’aimerais pas rencontrer un écho persistant de la mémorable formule qui prétendait lui attribuer « autant d’autorité et plus d’importance que le concile de Nicée ».

La communion dans la foi est communion dans le même Credo, le même Notre Père, les mêmes Commandements, la même Eucharistie, la même succession apostolique, la même primauté du Siège romain. Elle n’est pas, quoi qu’en dise Vatican II ou quoi qu’on lui fasse dire, non, elle n’est pas dans une même manière, particulière et obligatoire, de concevoir le dialogue interreligieux, l‘œcuménisme et la liberté. Cette manière varie d’un pays à l’autre ; et, quoi qu’en prétendent les rodomontades collégialistes, il arrive même qu’elle varie d’un diocèse à l’autre.

Il ne faudrait pas non plus que dans la paroisse retrouvée on se serve trop de l’homélie pour tenter de nous faire croire que la messe de Paul VI, devenue la messe facultative, serait sûre et droite, irréprochable, au-dessus de toute critique. Si Paul VI en a fait trois éditions, et son successeur deux, cela marque au moins une longue hésitation et une imperfection longtemps subsistante. D’autres corrections lui viendront. Car il est peu probable que Benoît XVI condamne les livres où le cardinal Ratzinger rejetait l’autel tourné vers l’assistance, la communion dans la main, la suppression des agenouillements et l’esprit de rupture liturgique.

Revenir chaque dimanche dans ma paroisse ne risque-t-il pas en outre de paraître cautionner une anomalie : qu’on ait l’apparence de s‘être mis en règle avec le Motu proprio en « autorisant » une seule messe dans le diocèse, et même pas dans la ville épiscopale ?

Ce ne sont encore que premières impressions, premières réactions. Tout cela nous appelle à une mûre réflexion.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6415 de Présent, du Jeudi 6 septembre 2007
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