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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 10:30

Dom Louis-Marie, père abbé du Barroux, répond aux questions d'Olivier Figueras, dans Présent daté de samedi dernier.

 

http://blog.rc.free.fr/blog_invites/dom%20louis%20marie.jpg— Trente après celle du Barroux, votre fondation de La Garde vient de vivre la cérémonie de la pose de sa « première pierre ». Huit ans après votre arrivée sur les lieux (et votre arrivée personnelle), où en est cette communauté dont vous fûtes le premier prieur ?

 

— Oui, trente ans après à dix jours près, Mgr Herbreteau a béni la première pierre des futurs bâtiments de Sainte-Marie de la Garde. Le 21 novembre 2002, Dom Gérard accompagnait les huit fondateurs. Ils sont maintenant douze et ils n’ont plus de cellules pour les postulants. Les hôtes sont logés dans des bungalows. Les ateliers et le magasin sont des plus vétustes. Et dans sept ans, la communauté doit avoir acquis son indépendance. C’est pourquoi nous avons lancé les travaux devenus nécessaires si on veut que la communauté puisse continuer à se développer et à rayonner comme doit le faire toute œuvre au service du Seigneur.

 

— Aujourd’hui, c’est Mgr Herbreteau, évêque d’Agen, qui vient de procéder à cette cérémonie. Comment le monastère Sainte-Marie de La Garde est-il perçu par le clergé local, et plus largement par les catholiques des alentours ?

 

— Nous remercions chaleureusement Mgr Jean-Charles Descubes qui nous a accueillis dans son diocèse en 2002 et Mgr Hubert Herbreteau de sa sollicitude à notre égard. Monseigneur est déjà venu bénir la chapelle Sainte-Foy et il n’a pas hésité à revenir pour cette bénédiction de la première pierre. A plusieurs reprises, il a encouragé ses fidèles à venir chez nous pour prier et reprendre des forces spirituelles. Nous avons eu la joie de voir, lors de la cérémonie, l’abbé Tran, curé du centre paroissial Saint-Benoît, et l’abbé Ennessy, la Fraternité Saint-Pierre représentée par l’abbé Stemler, qui nous a si bien accueillis à Bordeaux en mars, et l’Institut du Christ-Roi représenté par le chanoine Téqui, cousin par ailleurs d’un de nos frères du Barroux. Je crois que notre vocation monastique et notre attachement à la forme extraordinaire du rite romain restent un mystère pour beaucoup. Mais, comme nous l’a si bien dit le député-maire d’Agen, M. Jean Dionys du Séjour, les gens parlent de cette fondation et commencent à se poser des questions sur l’essentiel et sur Dieu. Sainte-Marie de la Garde compte déjà cinq oblats séculiers, des laïcs qui s’engagent à vivre selon l’esprit de saint Benoît. Des familles commencent à s’installer dans les environs et d’autres cherchent à le faire. Notre fondation de Sainte-Marie est monastique, mais aussi missionnaire.

 

— La construction du Barroux avait bénéficié de l’enthousiasme des catholiques dits traditionnalistes. Celle du nouveau monastère est-elle, en 2010, aussi « facile » ? Où en êtes-vous du projet ? Et comment peut-on vous aider ?

 

— Le contexte a changé mais le bon Dieu ne change pas. Donc, si Sainte-Marie de la Garde fait partie du dessein de Dieu, alors nous y arriverons. Et je suis sûr que le bon Dieu ne fera pas de miracle financier, bien que pour lui quelques millions d’euros ne soient rien. Il veut que ce monastère sorte du cœur des fidèles, comme pour le temple de Jérusalem auquel les Hébreux donnaient « chacun selon son cœur ». Je ne pense pas que nous puissions faire aussi vite qu’au Barroux : deux abbayes construites en vingt-cinq ans. Mais déjà nous recevons de l’aide, souvent par des dons modestes et parfois par des dons plus importants. Nous avons le permis de construire et les dossiers de consultation des entreprises ont été déposés. Les travaux commenceront dès le mois de juillet. Pour nous aider, vous pouvez envoyer vos dons à l’Abbaye Sainte-Madeleine, 84330 Le Barroux, ou passer par le site internet jeconstruisunmonastere.com. Vous y trouverez de nombreuses informations de toutes sortes. Nous avons aussi une équipe de « Missionnaires de Sainte-Marie » qui nous aident à préparer nos venues dans les régions pour des messes et des conférences. Nous remercions chaleureusement nos missionnaires de Paris, de Versailles, de Nantes, de Rennes, de Vannes et de Bordeaux qui ont fait un travail excellent et fructueux. N’hésitez pas à nous contacter si vous pensez pouvoir nous aider en étoffant les équipes déjà existantes. Je demande surtout aux lecteurs du journal Présent de prier pour la communauté de Sainte-Marie afin qu’ils restent de bons moines malgré l’agitation du chantier. C’est le principal. Et ensuite pour les vocations. Et enfin pour le succès des travaux de cette maison de prière, cette école du service du Seigneur.

 

Propos recueillis par Olivier Figueras

 

•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

L’association Missions de Sainte-Madeleine, qui collecte les fonds en vue des constructions projetées au Monastère Sainte-Marie de la Garde, est assimilée fiscalement aux associations reconnues d’utilité publique. Elle peut donc délivrer des reçus fiscaux pour les dons qu’elle reçoit. Si vous êtes redevable de l’impôt sur le revenu (IR), 66 % de votre don est déductible de vos impôts dans la limite de 20 % de votre revenu imposable. Au-delà de cette limite, l’excédent peut être reporté sur les cinq années suivantes dans les mêmes conditions. Exemple : si vous faites un don de 100 €, vous pouvez déduire 66 € de votre impôt sur le revenu. Votre don vous revient donc en réalité à 34 € seulement.

Article extrait du n° 7075 de Présent, du Samedi 17 avril 2010

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28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 14:23
Un article de Jeanne Smits au sujet de la dernière encyclique du pape Benoit XVI paru dans PRESENT daté du mardi 28 juillet 2009.

A lire à cette adresse
.
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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 13:41
C’est ce qu’on appelle un collector. A savoir un coffret de Jean-Pax Méfret à tirage limité avec 4 CD (soit 40 chansons remastérisées), un superbe livret de 32 pages (avec des documents inédits), un véritable trésor et un voyage à travers l’histoire des années d’après-guerre.

Réalisateur de ce coffret d’anthologie (à tous les sens du terme), Marc Geoffroy explique :

— La plupart des chansons de ce coffret sont le reflet d’une époque bien particulière, celle qui précéda l’effondrement des idéologies et du mur de Berlin. Mais elles sont aussi, et surtout, le reflet de la douloureuse révolte que ces années froides ne cessèrent d’inspirer à Jean-Pax Méfret. Armé, tour à tour d’un stylo ou d’une guitare, constamment inspiré par des faits malheureusement authentiques, Jean-Pax Méfret ne renonça jamais, malgré le climat délétère qui l’entourait, à combattre la violence, la dictature et la bêtise. Certains épisodes qu‘évoquent ces chansons appartiennent donc aujourd’hui à l’Histoire. Mais elles ne sont jamais « dépassées ». Car ce qu’elles nous enseignent est avant tout éternel : le premier des devoirs que nous impose la liberté consiste à en user. En témoignant pour ceux qui en sont privés.

Est-il besoin, ici, de dire combien nous aimons comme un frère Jean-Pax Méfret qui aura été à tous les rendez-vous de l’honneur et de la fidélité ? Et ce n’est jamais sans émotion que Jean Madiran évoque cet artiste debout qui, à une époque où l’on chantait Potemkine ou Che Guevara, chanta Soljenitsyne.

L’album est conçu en 4 CD thématiques :

1. Années froides. Avec Veronika, Goulag, Ni rouge ni mort, Le Chanteur de l’Occident, etc.

2. Histoires militaires. On y retrouve notamment Diên-Biên-Phû, Camerone, Les Oies sauvages, Djebel Amour.

3. Nostalgérie. Avec, en particulier, deux titres que je ne puis écouter sans pleurer : Le Pays qui n’existe plus et Un Noël à Alger. Mais aussi : Les Barricades, Ceux qui ont choisi la France (les harkis), Années soixante, etc.

4. Faits de vie : L’Ile Saint-Louis, Le Journaliste, Parole d’homme, Faire part, etc.

Jean-Pax Méfret ne s’est jamais trompé de combat(s). Grand reporter, il aura été sur tous les fronts et aura témoigné, là où d’autres se vautraient dans le « politiquement correct » ou crachaient dans la soupe, d’un Occident qui perdure contre vents et marées. Et, « puisqu’il faut le dire en chansons / Puisque la guitare est devenue une arme », il parlera de son métier en musique. Professionnel de l‘écrit, il mettra son talent et sa voix – et ce, depuis son premier vinyle en 1980 – au service de ceux qui sont accoutumés à recevoir plus de coups que de caresses. Avec lui, au bord d’un zinc, sur le pont d’un vieux cargo, dans la jungle cambodgienne, nous déclinons autour du verre, de l’amitié, notre credo : drapeau noir et les copains !

• Diffusion, 39, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris (ou www.diffusia.fr). Prix ; 105,50 euros franco de port.

— Prochains concerts : le 8 mai à Bordeaux ; le 10 octobre à Perpignan ; le 30 octobre à Orange.

ALAIN SANDERS

 

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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 14:25
Un DVD pour le dire

 Les gens de ma génération se souviennent du choc que ce fut d’entendre, dans une France alors déjà bien délitée, Jean-Pax Méfret interpréter Le Chanteur d’Occident. J’ai toujours le 45-tours, dédicacé bien sûr, que je garde précieusement. Un homme se levait, dans un paysage entièrement cadenassé par les gaullistes et leurs complices communistes, pour exprimer – en chantant – ce que nous avions dans le cœur. Avec une sacrée rabia qui faisait de nous – et nous n’avons pas changé depuis – des rebelles.

C’est avec une même émotion – et une rabia intacte – que nous retrouvons Jean-Pax Méfret dans un DVD anthologique (et d’anthologie) réalisé à partir de son concert du 11 octobre dernier au Palais des arts et des congrès d’Issy-les-Moulineaux. C’est du grand art, du très grand Méfret. Avec les musiciens du Sound Orchestra (Sauveur Mallia, Marc Campo, Marc Cicero, Pierre-Alain Dahan, Pierre Holassian) dont quelques-uns participèrent aux enregistrements des légendaires années quatre-vingt.

Le concert, que j’avais eu la chance de voir à Aix-en-Provence, s’ouvre sur Pas politiquement correct et s’achève sur Le Chanteur d’Occident. La boucle est bouclée. Et entre ces deux morceaux de bravoure ? Deux dizaines de titres que nous connaissons par cœur – et avec le cœur – parce que ce que chante Jean-Pax Méfret personne ne l’a jamais chanté. Comme personne n’a jamais chanté ceux qu’il honore là. Notre Algérie (Le Pays qui n’existe plus, Djebel Amour, L’Eté 62). Le Liban (Beyrouth). Le Goulag (Sibérie). Et Ceux qui ont choisi la France (c’est le titre d’une de ses chansons). Les légionnaires (Camerone). Les résistants Algérie française (Les Barricades). Les Chouans (Guerres de Vendée). Les paras (Diên-Biên-Phû). Les soldats de fortune (Les Oies sauvages). Etc.

Présentant cet album, sous-titré « Des grands silences… qui entachent l’histoire de France », Jean-Pax explique :

— En vérité, la plupart de ces chansons n‘étaient pas destinées à être enregistrées. A l‘époque où je les ai écrites, elles n‘étaient qu’un cri de révolte que je poussais parfois pour briser le silence qui enveloppait certains chapitres de l’histoire de France. Un hommage à ceux qui avaient traversé les orages de feu et qui, souvent, n’en étaient pas revenus. Un soutien à ceux qui souffraient sous le soleil noir de tous les totalitarismes. Un univers que je partage désormais avec vous. Pour que les faits demeurent. Et que le souvenir reste.

Il reste ce souvenir. D’hier. Et déjà d’aujourd’hui avec, par exemple, un Hommage aux soldats d’Afghanistan. Jean-Pax n’a rien oublié et sa révolte n’est en rien émoussée. C’est pour cela qu’on l’aime. Mais ça, je crois bien qu’il le sait.

• En vente dans les bonnes librairies. Et en particulier à la librairie France-Livres et à la librairie Duquesne.

ALAIN SANDERS

Article extrait du n° 6743 de Présent, du Mardi 23 décembre 2008 Présent
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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 12:39

L’espace de vingt-quatre heures, la vie parisienne a changé de visage. On attendait – il semble que même les évêques attendaient – une mobilisation discrète, un succès d’estime, une attention au mieux curieuse pour ce pape intellectuel que les Français ne connaissaient pas encore. Ce fut un déferlement. Un enthousiasme débordant. La joie sur les visages et la reconnaissance dans les regards : Benoît XVI a parlé au cœur des innombrables jeunes et moins jeunes qui se sont pressés pour ne serait-ce que le voir passer ; il leur, il nous a parlé de la Foi, de l’Esprit, des racines chrétiennes de la France, du vrai sens de la liberté, de l’exacte dimension d’une vraie culture : la recherche de Dieu.

Et il commença très fort, avec cet humour fin et discret qui lui permet de retourner bien des situations, bien des difficultés. Lisez son discours à l’Elysée, où Sarkozy tint à le recevoir en compagnie de tout son gouvernement, tout en donnant des gages énormes, dans son discours, aux « autres religions », aux « traditions philosophiques » (comme si la religion catholique n’en avait pas !), et même, mais peut-être était-ce un lapsus, aux « frères musulmans ». Benoît XVI balaya tout ce relativisme sans en avoir l’air. Montrant que les racines chrétiennes de la France remontent aux tout premiers siècles, et que ce sont elles qui l’ont façonnée, il a donné une vraie réplique au discours présidentiel.

A sarkozy et aux évêques

A la « dignité de l’homme » célébrée par Sarkozy, il répondit « droits de l’homme » ; mais en affirmant ceci : « L’exercice de la présidence de l’Union européenne est l’occasion pour votre pays de témoigner de l’attachement de la France aux droits de l’homme et à leur promotion pour le bien de l’individu et de la société. Lorsque l’Européen verra et expérimentera personnellement que les droits inaliénables de la personne humaine, depuis sa conception jusqu‘à sa mort naturelle, ainsi que ceux relatifs à son éducation libre, à sa vie familiale, à son travail, sans oublier naturellement ses droits religieux, lorsque donc cet Européen saisira que ces droits, qui constituent un tout indissociable, sont promus et respectés, alors il comprendra pleinement la grandeur de la construction de l’Union et en deviendra un artisan actif. »

Respect de la vie, de la liberté de l’enseignement, du travail, de la famille ? Voilà des « droits de l’homme » comme on les connaît peu. Il n’y manquait que la patrie : « A cet égard, il est important de promouvoir une unité qui ne peut pas et ne veut pas être une uniformité, mais qui est capable de garantir le respect des différences nationales et des diverses traditions culturelles qui constituent une richesse dans la symphonie européenne », affirma Benoît XVI qui le dimanche, à Lourdes, allait lancer semblable rappel devant les évêques français rassemblés : « Je suis convaincu (…) que les Nations ne doivent jamais accepter de voir disparaître ce qui fait leur identité propre. Dans une famille, les différents membres ont beau avoir le même père et la même mère, ils ne sont pas des individus indifférenciés, mais bien des personnes avec leur propre singularité. Il en va de même pour les pays, qui doivent veiller à préserver et à développer leur culture propre, sans jamais la laisser absorber par d’autres ou se noyer dans une terne uniformité. »

Ce fut un même vibrant appel à la redécouverte de racines vivifiantes, seules capables de donner et de conserver la vie de l’ensemble, que Benoît XVI lança lors de son grand discours sur la culture, au Collège des Bernardins. Le Logos, la Parole, la grammaire, la musique et le chant des moines tout tendus vers Dieu qui ont ainsi obtenu, crus-je entendre, ce surcroît promis à ceux qui se tournent sans retour vers Celui qui est. Le discours des Bernardins est une réponse au relativisme et à la fausse liberté qui, en refusant tout lien, n’est plus qu’« arbitraire » et tyrannie. Il est aussi une cinglante réplique – mais dite avec combien de douceur et de respect – à ceux qui s’appuient sur la lettre au lieu de chercher l’Esprit avec l’aide de la raison. Benoît XVI venait de rencontrer les représentants de l’islam. Il osa tranquillement dénoncer le « fanatisme fondamentaliste » qui menace ceux qui cherchent la « Parole de Dieu (…) dans la seule littéralité du texte ». Oui, le discours des Bernardins est la suite et le développement du discours de Ratisbonne ; un discours qui indique la complémentarité nécessaire du Ora et labora de saint Benoît comme la source de l’originalité européenne, fruit d’une « culture du travail » couplée avec la « culture de la parole ».

Les doux à Paris

Retransmis sur des écrans géants le long de la Seine, où une foule joyeuse patientait pour voir passer la papamobile, le discours ne fut peut-être pas saisi par tous. Dans l’étroite rue de Poissy que Benoît XVI devait emprunter pour descendre vers Notre-Dame, la situation vira même au cocasse. L’accès en était réservé aux Orphelins apprentis d’Auteuil, artisans de l’estrade où serait célébrée, le lendemain, la messe aux Invalides. Ils voulaient accueillir le passage du Pape avec toute la chaleur dont ils étaient capables. Benoît XVI venait de dire la beauté du chant des moines, de cette Liturgie qui est « une invitation à chanter avec les anges », qui a su trouver une musique digne de Dieu. A côté de moi, un jeune Noir sortit son tam-tam. Les animateurs de toutes ethnies l’entourèrent. Au rythme africain s’ajouta la répétition lancinante de mélodies primitives ; la papamobile s’approcha au son strident des you-yous. Contraste saisissant !

Mais plus tard, au soleil couchant doré de septembre, sur les quais offerts pour un soir aux catholiques, il y eut d’autres scènes, bien plus étonnantes. Des groupes de centaines de personnes restaient au pied des grands écrans pour suivre, recueillis et sereins, le chant des vêpres présidées par le Pape à Notre-Dame. Et ainsi retentirent des psaumes, et le Magnificat, et le Te Deum. Ce vendredi soir, les cloches de Saint-Nicolas-du-Chardonnet tout proche avaient sonné à toute volée pour accueillir le Saint-Père. Et une nouvelle fois (comme l’écrivait Alain Sanders lors des JMJ de 1997), « les doux avaient envahi Paris ».

Vous dirai-je la foule qui se pressait à Saint-François-Xavier, dans le 7e arrondissement, ce soir-là ? Le bâtiment, considérable, se révéla trop exigu pour accueillir ceux qui voulaient veiller « dans la Tradition » en attendant le rendez-vous des Invalides. Ils étaient, dit-on, 2 000. Sans compter les responsables des différentes communautés traditionnelles qui, de Dom Louis-Marie du Barroux au Père Alain de Riaumont, en passant par le supérieur de la Fraternité Saint-Pierre ou les nombreux prêtres de l’Institut du Christ-Roi, vinrent guider les prières. Et les chants : avec un « Parle, commande, règne » qui fit vibrer toute l’église…

Lever de bonne heure pour la messe du samedi matin. Le service de presse mis en place par les évêques de France avait rassuré les journalistes : l’accès à l’Esplanade des Invalides serait libre pour tous, la circulation facilitée pour permettre à ceux qui circuleraient là par hasard d’assister à un bout de cérémonie… En fait, dès 8 heures, tous les accès de la place étaient déjà interdits. Une marée humaine en occupait les moindres recoins : aux 60 000 jeunes qui s’y étaient rassemblés dès la veille après avoir processionné depuis Notre-Dame, s’ajoutaient bien quelque 250 000 personnes de tous âges venues démentir l’idée selon laquelle Benoît XVI, mal connu et peu charismatique, n’allait pas remuer les foules.

Une foule : mais pas au sens psychologique du mot. Une telle qualité de recueillement dans un tel rassemblement, je n’en avais jamais vu. Un tel silence pendant la longue et magnifique homélie du Saint-Père, c’était aussi inattendu qu’impressionnant. Des hommes et des femmes à genoux sur le bitume de la place pendant la consécration : étais-je vraiment dans le carré des élus invités à la cérémonie, où mon badge de journaliste m’avait fait atterrir ? Des jeunes volontaires à genoux pour communier le long des barrières : l’exemple du Saint-Père distribuant le Saint Corps du Christ sur les lèvres aux fidèles agenouillés sur un prie-Dieu avait-il déjà et heureusement déteint ? Ils avaient entendu l’appel du Pape, pendant son homélie, à mieux vénérer le Saint-Sacrement : « Ne négligeons rien pour lui manifester notre respect et notre amour ! Donnons-lui les plus grandes marques d’honneur ! »

Est-ce la jeunesse qui change ? Comme ces jeunes prêtres d’une génération nouvelle, grâce à qui pas moins d’un cinquième des prêtres passés par la sacristie mise en place dans les Invalides portaient soutane.

Et comment dire toute la profondeur des paroles du Pape que la magie d’Internet met aujourd’hui à la portée de chacun. A l’heure d’écrire, en ce petit matin du lundi, ce sont déjà 30 grande pages de texte serré et dense qui s’entassent devant moi, sur tous les sujets brûlants de ce temps. Quel cadeau à la France, Très Saint-Père, quel trésor à relire déjà, pour fortifier la Foi, l’Espérance, et la Charité !

JEANNE SMITS

  Article extrait du n° 6674 de Présent du Mardi 16 septembre 2008

 

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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 13:53

Le quotidien Présent lance un nouvel appel à ses lecteurs. On peut - on a le droit de - ne pas être un inconditionnel de ce journal. Chacun a la possibilité de se faire sa propre opinion. En revanche on ne saurait rester insensible au message d'aujourd'hui, dès lors que l'on est soucieux de disposer encore d'une presse libre qui ne dépende pas des recettes publicitaires.

Pour se faire une idée, on pourra lire le mot de Jeanne Smits, à la Une du journal daté de demain, samedi 7 juin 2008, en cliquant ici.

Dans le même numéro 6605, on peut lire aussi une réponse concernant la possibilité d'abonnement au journal par internet. On en trouvera copie ci-dessous.

Certains se lassent sûrement de devoir lire régulièrement ces appels de Présent. Mais le meilleur moyen de ne plus avoir à les entendre n'est-il pas encore d'y donner suite et de rester ensuite fidèle ?
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Et alors, « Présent sur Internet », ça vous rapporte ?

Oui ! Mais moins que nos abonnements classiques sur papier.

 Nous avons calculé le prix au plus juste pour faire bénéficier nos lecteurs sur la Toile des économies de papier, d’impression et d’envoi qu’ils nous permettent de réaliser en consultant Présent de manière virtuelle. Mais en retenant ce calcul (qui permet, pour l’instant, de maintenir le tarif à 17 euros par mois) nous prenons en quelque sorte à notre charge la plus grosse part de la TVA.

Celle-ci est fixée à 19,6% pour les ventes et abonnements en ligne, à 2,2% seulement lorsque le journal est vendu sous sa forme « matérielle ». Autrement dit, un abonnement sur internet représente un manque à gagner.

Nous savons parfaitement, cependant, que beaucoup de lecteurs « en ligne » choisissent cette formule par esprit ou devoir d’économie, et qu’ils sont nombreux à être jeunes : un public que nous devons toucher… ou mourir.

Impossible, donc, d’augmenter trop le prix du journal précisément sur un média où tout semble gratuit… Sous peine de rendre Présent trop cher pour eux.

En résumé : si vous êtes abonnés à Présent par abonnement postal et que vous préférez basculer sur le « Web », pas de problème… mais pensez à participer de temps en temps, si vous le voulez bien, à notre souscription permanente, pour compenser la perte !

Si vous abonnez ou faites abonner un nouveau lecteur, alors là, pas de scrupules ! Avec quelques centaines d’abonnés nouveaux, le manque à gagner serait largement compensé. Tout comme avec un millier d’abonnés « classiques » nouveaux, Présent serait tiré d’affaire et nous pourrions véritablement nous mettre au travail pour rendre possibles les développements nécessaires.

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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 12:29

 
L’uléma chiite très proche du Hezbollah, Mohammad Hussein Fadlallah, a critiqué l’appel à l’évangélisation du monde lancé par le Saint-Père Benoit XVI. Sa critique se résume en quatre points publiés par un communiqué distribué à la presse et que cite notre confrère libanais, L’Orient-Le Jour, et qui se passe de commentaires.– Maroun Charbel

« La prédication religieuse est une chose naturelle [mais] l’évangélisation envisagée, qui touche en particulier des régions musulmanes, est concomitante à une campagne mondiale (...) destinée à déformer l’image de l’islam, présenté comme un ennemi de la civilisation et du progrès de l’humanité.

« C’est à se demander s’il existe un recoupement d’intérêts objectifs entre l’appel du pape, la campagne hostile à l’islam et les campagnes militaires d’ingérence dans les affaires de plusieurs pays musulmans… De quoi rappeler d’amères expériences d’évangélisation passées, venues dans nos pays sur les coursiers des croisés.

« L’appel à l’évangélisation lancé par le pape s’ajoute à deux autres prises de position : la première ayant trait à l’essence de l’islam, considéré par le pape comme une religion en contradiction avec la raison et la liberté, et la seconde en rapport avec ce que Benoît XVI a appelé le retour du peuple juif sur sa terre, après 3 000 ans, sachant bien que cette entité pratique les plus sauvages des agressions contre les plus élémentaires des droits de l’homme sur sa terre.

« L’appel à l’évangélisation fait partie de la liberté d’expression [mais] pourquoi fait-on, dans ce cas, un si grand tapage quand il s’agit de la “daawa” musulmane ? »

Article extrait de PRESENT n°6602 du mercredi 4 juin 2008, p.3

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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 15:20

Avec le thème de la dissidence, le communautarisme (catholique) est depuis plusieurs années l’objet d’une véritable disputatio, à cause de l’usage délicat, car analogique, de ce concept à manier avec discernement. Au-delà de la polémique, des préjugés et des malentendus, nous avons demandé à Rémi Fontaine, qui en a assumé l’expression avec précaution dans ces mêmes colonnes et s’en est expliqué à plusieurs reprises (notamment sur le Forum catholique), d’en « décrypter » politiquement le sens.


Le communautarisme a plutôt mauvaise presse aujourd’hui, faisant l’effet d’un « chiffon rouge ». Comment en êtes-vous venu à défendre l’idée d’un sain et légitime communautarisme ?

— Très concrètement par l’exemple du scoutisme (traditionnel : celui notamment de l’âge d’or des Scouts de France puis des Scouts d’Europe). Lorsque j’ai écrit L’âme du scoutisme (Editions de Paris, 2003), j’ai été amené à expliciter qu’il correspondait à ce qu’on appelle aujourd’hui un « communautarisme » : un monde à part avec son identité, son code de vie, ses rites, ses préférences… et même son « repli » dans la nature. Mais loin d’être exclusif et fermé sur lui-même, son « communautarisme » était ouvert sur les autres, sur la cité, sur l’universel, sur la civilisation de l’amour. Pépinière de vocations multiples, quel mouvement aura été plus missionnaire au cours de notre XXe siècle ? Par analogie, j’en ai induit qu’il pouvait et devait en être ainsi de toute communauté (naturelle ou d’élection) authentiquement chrétienne.

Plus théoriquement, lorsque j’ai écrit La laïcité dans tous ses débats (Editions de Paris, 2004), je me suis posé la question du malsain et illégitime communautarisme comme corollaire obligé de la malsaine et illégitime laïcité. Dans un chapitre intitulé « Laïcisme ou communautarisme ? Pour sortir de l’aporie », j’ai expliqué le mouvement de balancier qu’opère aujourd’hui le laïcisme entre jacobinisme (égalitarisme entre individus face à l’Etat) et laïcité ouverte (égalitarisme entre communautés). C’est la disparition révolutionnaire des corps intermédiaires qui engendre le repli identitaire comme réponse à la perte d’identité créée par le métissage individualiste du libéralisme. Mais un repli anarchique qui mêle les bons et les mauvais communautarismes et les met absurdement sur un pied d’égalité au nom de la liberté. Pour sortir de ce mauvais dilemme et surtout de la dissociété dans laquelle il nous place, je n’ai pas trouvé d’autre voie alternative (et d’autre mot malgré sa connotation péjorative et quelque peu minée !) que le « sain et légitime communautarisme », à l’instar de Pie XII avec la « saine et légitime laïcité ». J’ajoute parfois national et catholique…

— Comment définiriez-vous ce concept ?

— Je prends bien soin en effet de le déminer en y mettant le plus souvent des guillemets. Le communautarisme est un concept analogique, comme on dit en philosophie, fondé sur une réalité : la communauté. C’est-à-dire qu’il se dit et se vit de plusieurs façons plus ou moins bonnes ou mauvaises, selon qu’il est plus ou moins ordonné ou non au bien commun général.

D’après le Petit Robert c’est un système (disons une pensée ou doctrine) qui développe (défend) la formation de communautés par opposition au métissage individualiste. Par extension, ce peut être la proposition d’une société selon un modèle organique (subsidiarité) plutôt que mécaniste (étatisme laïciste). Mais l’homme étant naturellement un animal social et politique, personne en fait (à part l’ermite ou la brute) n’échappe au communautarisme. Pas même le laïcisme jacobin de stricte observance qui, après la destruction (partielle) des corps intermédiaires, recrée artificiellement ses propres communautés (départements, partis, lobbies de toutes sortes : gay, féministe, immigrationniste…) selon le principe maçonnique : « dissoudre et coaguler ».

Il faut donc bien distinguer :

les communautés légitimes (dites d’ouverture), naturelles ou d’élection, de droit inné ou acquis, qui répondent diversement au bien commun national. Par exemple : les familles, les paroisses, les communes, les provinces, les communautés de travail ou corps de métier, les catholiques ou les protestants de France, le peuple breton ou corse, les Portugais ou les Arméniens habitant en France, la communauté des harkis, les corps de métiers, un club de joueurs de pétanque, etc. ;

les communautés illégitimes (dites aussi d’enfermement), toujours artificielles ou contre nature, parce que fondées sur un désordre politique, moral ou religieux qui nuit au bien commun. Par exemple : les mafias de toutes sortes, un certain lobby gay par son prosélytisme exclusif, un certain lobby islamiste prônant le terrorisme, la secte du Temple solaire, etc.

Comme dans la théorie des ensembles, tout cela se vit dans une commutativité nationale (voire internationale) de bon ou de mauvais aloi, avec inclusions, exclusions, intersections, etc.

Il faut distinguer à la fois pour unir (les communautés légitimes) et pour opposer (les légitimes aux moins légitimes, voire aux malsaines).

Extrait de l'Article paru dans le n° 6600 de Présent, du Samedi 31 mai 2008

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