Aider Haïti à tout prix, même prohibitif. Dimanche, Mediapart a révélé le coût de la venue d'Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie, à Port-au-Prince, pour la Conférence internationale des villes et régions du monde pour Haïti. Une réunion d'importance car destinée à préparer la grande conférence des donateurs, qui se déroulera prochainement aux Nations unies. Alain Joyandet ne pouvait donc pas la rater. Et comme son calendrier était serré, le secrétaire d'Etat a loué un jet privé. Pour un montant de 116.500 euros.
Un aller-retour express qui coûte cher. Parti de l'aéroport du Bourget le 22 mars au soir, Alain Joyandet était de retour à Paris le surlendemain au petit matin. Un passage éclair de moins de 48 heures. Et si le gouvernement dispose d'une flotte d'avions et Air France de vols quotidiens à destination de l'île ravagée par un séisme, Alain Joyandet n'a pas souhaité y recourir. Raison invoquée, le calendrier:"J'avais des contraintes de calendrier telles que je n'ai pas pu exceptionnellement faire le déplacement avec des avions de ligne", se justifie-t-il ce lundi sur le site du Parisien .
Le même jet que le président
Quid du vol retour? "Le premier avion de ligne aurait fait rater le conseil des ministres à M. Joyandet, chose qu'il ne pouvait pas se permettre vu l'importance de ce conseil, le premier après les élections régionales", explique son entourage à Mediapart. Reste un détail plus difficile à justifier. Plusieurs compagnies aériennes avaient en effet été sollicitées par le ministère des Affaires étrangères. L'une d'entre elles avait proposé un aller-retour pour 107.000 euros, sur un Falcon 900EX. Mais Alain Joyandet a préféré voler sur le même avion que Nicolas Sarkozy, un Falcon 7X, qui appartient à la gamme au dessus, et coûte donc plus cher: 116.500 euros. "Il faut vérifier mais il était au même prix que l'autre, mais avec une escale. M. Joyandet est droit dans ses bottes", a répondu le ministère.
A défaut de convaincre totalement, l'explication a le mérite d'exister. Mediapart rappelle ainsi que le 14 janvier dernier, Alain Joyandet avait déjà loué un jet pour se rendre en urgence à Haïti, et avait alors déboursé 160.000 euros. "La Direction générale de l'aviation civile était en grève ce jour-là", avait rétorqué le ministère.