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13 décembre 2007 4 13 /12 /décembre /2007 10:40
L‘émotion a gagné jusqu‘à la Nonciature
La Documentation catholique datée du 2 décembre vient elle aussi de censurer le curriculum de Mgr Jean-Louis Bruguès.

Annonçant à son tour la nomination de l’ex-commissaire-président au poste très important de « secrétaire », c’est-à-dire de « numéro 2 » à la congrégation pontificale de l‘éducation, La Documentation catholique énumère les étapes de sa carrière ecclésiastique en passant sous silence la plus haute fonction qu’il ait précédemment exercée.

La congrégation pontificale pour l‘éducation est un dicastère-clé : il est chargé des séminaires, des facultés de théologie et de l’enseignement catholique.

Il y a une… anomalie ? dans la promotion de l’ex-commissaire-président Jean-Louis Bruguès à un poste aussi décisif au sein de la Curie romaine.

Ses états de service contre les dogmes concernant la divinité du Christ et la virginité perpétuelle de Marie lui sont assurément des titres plutôt gênants.

C’est pourquoi l’on dissimule soigneusement, dans son curriculum, le fait qu’il a été le président de la fameuse commission doctrinale de l‘épiscopat français.

Si l’on ose aussi effrontément le cacher au public, c’est peut-être le signe qu’on a osé le cacher aussi lorsqu’on a proposé sa candidature à la première promotion romaine, c‘était en 2005, et c‘était déjà, comme « consulteur », à la congrégation de l‘éducation catholique. Ainsi se préparait sa montée ultérieure au poste de secrétaire et son élévation à la dignité archiépiscopale. Là où il est maintenant, le voici cardinalisable.

Le trou factice dans son curriculum officiel était comblé d’avance par mon opuscule La trahison des commissaires, paru à la fin de l’année 2004. La « mise au point » de Mgr Bruguès sur la Vierge Marie, qui n’est nullement la rétractation due, est consignée dans la « 2e édition complétée » du même opuscule, aujourd’hui épuisé chez l‘éditeur. J’en prépare donc une « 3e édition augmentée », qui sera enrichie du commentaire de l‘étrange promotion romaine.

N’est-ce pas trop insister sur un cas qui est ou devrait être maintenant assez connu ? Mais le propre d’une campagne d’opinion est d‘être patiente et persévérante. Grand praticien en la matière, Léon Daudet assurait qu’une campagne de presse « se prolonge pendant des semaines et quelquefois des mois, parfois des années ». Il ajoutait : « C’est une erreur de croire que le public se lasse rapidement d’une campagne bien menée. » Et il citait en exemple une de ses campagnes, qui avait duré « douze années » (1923-1935).

Persévérance et patience ! Un de nos lecteurs écrivait en novembre au Nonce apostolique à Paris pour lui soumettre l’assertion de Mgr Bruguès, ès qualités de président de la commission doctrinale, ainsi rapportée :

« Toute personne est engagée face au Messie d’Israël, le reconnaissant ou non en Jésus mort et ressuscité (…). La lecture chrétienne ne conteste pas la lecture juive, chacune ayant son propre registre d’interprétation. Que l’une ait raison n’entraîne pas que l’autre ait tort. »

Le Nonce apostolique, Mgr Fortunato Baldelli, a répondu le 27 novembre :

« Si, et nous le croyons fermement, Jésus est le Messie annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament, énoncer le contraire, même en toute bonne foi, est une erreur manifeste et fondamentale. »

La réponse allait de soi ?

Sans doute. Mais c’est celle qu’aucune voix autorisée n’avait faite jusqu’ici.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6484 de Présent, du Jeudi 13 décembre 2007
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