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1 décembre 2007 6 01 /12 /décembre /2007 10:41
C’est aussi un charlatan


Mgr Bruguès en personne nous avait publiquement présenté la découverte de l’« existence de frères et sœurs de Jésus » comme figurant au nombre des récents « résultats » dus au « travail des historiens ». C‘était là un charlatanisme caractérisé.

L’existence de dénommés à l’ancienne « frères » et « sœurs » de Jésus (c’est-à-dire en réalité des parents proches) n’est pas une nouveauté. Mgr Bruguès y voit une découverte qui met en question « la compréhension de l‘énoncé dogmatique de la virginité perpétuelle de Marie ». Cela figure dans sa Note doctrinale, à ce jour non rétractée, du 23 mars 2004 (cf. La trahison des commissaires, 2e édition complétée, p. 41-46 et 74-80).

A la suite de cet exploit, Mgr Bruguès avait été, en décembre 2004, plus ou moins contraint par l‘épiscopat à une « mise au point » sur le culte marial. Il le fit sous les espèces d’une mise en garde contre un livre du théologien Dominique Cerbelaud, écrit « dans le style de la théologie scientifique », et contre un livre du publiciste Jacques Duquesne faisant de la Vierge Marie une mère de famille nombreuse. Esquive dérisoire, il aurait dû faire sa mise en garde contre lui-même, ses divagations officielles, ès qualités de président de la Commission doctrinale, étant autrement graves que celles d’un théologien privé ou de son vulgarisateur.

Avec de tels états de service concernant Jésus et Marie, Mgr Bruguès a néanmoins trouvé le moyen d‘être promu cette année à la sous-direction de la Congrégation romaine pour l‘éducation catholique (séminaires et instituts d’enseignement), et du même coup d‘être « élevé à la dignité archiépiscopale ». Ce n’est possible que par l’entremise d’amis puissants et habiles, et sans scrupules, qui auront fait de lui un portrait suffisamment orthodoxe et rassurant, alors qu’au contraire ils lui donnent leur soutien en raison de ce qu’il est en réalité. Il n’y a pas d’effet sans une cause proportionnée : la cause est ici la survivance, après le décès du pape Montini, de ce que j’ai appelé le « parti montinien », prolongé d’une génération dans l’autre par cooptation. Dépassant certes son éponyme, il est dans l’Eglise le parti de ce que Maritain a nommé l’« apostasie immanente ». On le reconnaît notamment à son anti-dogmatisme, partiellement camouflé sous le prétexte d’une moderniste réinterprétation des dogmes catholiques.

L’idéologie mondialiste d’un métissage systématique des religions, des cultures et des ethnies, la ravageuse démocratie égalitaire (c’est surtout dans la mesure où elle se fait égalitariste que la démocratie devient universellement ravageuse) et le relativisme ambiant n’ont pas épargné l’Eglise catholique. Ils y ont une prolifération concéreuse, l’Eglise s’y est ouverte par son ouverture au monde. Le parti montinien est celui pour lequel c’est l‘évolution du monde qui est enseignante et c’est l’Eglise qui a besoin d’en être enseignée. Dans ce monde avorteur et asphyxiant du début du XXIe siècle, où prédomine ce que Jean-Paul II a nommé la culture de mort, c’est finalement l’Eglise qui va le moins mal. Son clergé n’est pas intellectuellement intact. Ses fidèles sont souvent désorientés par un épiscopat inconsistant ou dissident. Dans le catholicisme actuel les repères, la distinction objective et claire du bien et du mal, la distinction objective du vrai et du faux, la distinction du beau et du laid ont beaucoup perdu de leur nécessaire netteté : mais moins qu’ailleurs. Les sept sacrements de l’Eglise y sont valides, signes sensibles toujours efficaces. La source n’est pas tarie.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6476 de Présent, du Samedi 1 décembre 2007
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