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29 juillet 2008 2 29 /07 /juillet /2008 13:54

CA AURAIT PU ETRE UNE BELLE HISTOIRE…

Dieudonné faisant baptiser sa fille par l’abbé Laguérie avec Jean-Marie Le Pen pour parrain : pour le comique, qui fut un grand bouffeur de curés et un antifrontiste acharné, cela aurait pu être une belle histoire. Dommage qu’il nage en pleine confusion et ne s’assume pas. Dommage aussi qu’un de ses proches ait voulu jouer les censeurs. Révélations sur les dessous de cette affaire qui a bien failli être étouffée.

 

Tout commence au mois de mai dernier. Au soir du défilé annuel du Front national en l’honneur de Jeanne d’Arc et de la Fête du travail, une rencontre est organisée à Paris. A l’initiative d’un in­dividu que nous nommerons Or­léans (car nous allons être amenés à le retrouver, et pas à son avantage), Dieudonné et l’abbé Philippe Laguérie sont réunis. Dieudonné souhaite faire baptiser son avant-dernier enfant, sa fille Plume, alors âgée de onze mois. Cet­te information nous est connue dans les jours qui suivent. Nous décidons de ne pas en faire état dans l’immédiat. Pour une raison évidente : il ne nous paraît pas souhaitable que la cé­rémonie soit parasitée par une manifestation hostile devant l’église Saint-Eloi de Bordeaux dont l’ab­bé Laguérie est le curé. Une première date est fixée pour le baptême, le 7 juillet, un lundi, jour de relâche du spectacle que donne l’humoriste au Théâtre de la Main d’Or, à Paris, sous le titre : J’ai fait l’con. Il est prévu que Jean-Marie Le Pen soit le parrain. Mais la veil­le, le président du Front national doit présider un banquet patriotique dans la Nièvre. Le lendemain, son agenda politique l’oblige à être au Parlement européen à Strasbourg. D’autres impondérables in­terviennent, de sorte que la cérémonie est décalée au vendredi 11 juillet. Par discrétion, et bien qu’un baptême soit tout ce qu’il y a de public dans la religion catholique, les cérémonies préliminaires ayant lieu sur le parvis de l’église, nous ne nous y rendons pas. Le diman­che 13 juillet en revanche, nous ap­pelons les principaux protagonis­tes : Dieudonné, Jean-Marie Le Pen et l’abbé Laguérie. A ce jour, nous sommes les seuls à nous être entretenus avec les trois, et cela juste avant que tout soit tenté, par Orléans, pour museler l’ensemble de la presse. 

Dieudonné est à moitié breton ! »
(Jean-Marie Le Pen)

Nous sommes certains de notre in­formation mais il est de notre de­voir de la vérifier auprès du père, du parrain et du prêtre. C’est Bruno Larebière qui se charge des contacts pour le compte de « Mi­nute ». Le premier à être joint est l’abbé Laguérie, juste avant les vê­pres. Il a peu de temps mais il con­firme, tant le baptême que l’identité du parrain : c’est bien Le Pen. Au sujet du président du Front national, il ne tarit pas d’éloges sur sa foi catholique : « Je n’ai jamais vu un parrain aussi performant ! Il reprenait toutes les paroles de toute la force de sa conviction bretonne ! » L’abbé Laguérie n’est pas surpris : les deux hom­mes se connaissent depuis longtemps et s’apprécient. « Peut-être parce que moi aussi j’ai le verbe haut ! Il y a une grande amitié entre Jean-Marie Le Pen et moi. D’ailleurs il m’em­brasse quand il me voit ! » L’abbé traditionaliste raconte encore que le président du Front national n’était pas là depuis cinq minutes qu’il y avait déjà « quelques gau­chos » devant l’église, qui l’avaient reconnu en passant, l’église Saint-Eloi n’étant guère éloignée du cinéma Utopia, quartier général de tout ce que la préfecture girondine comp­te de gauchistes de tout poil.

Quelques minutes plus tard, joint également sur son téléphone portable, Jean-Marie Le Pen confirme à son tour d’autant plus facilement que, comme il le dit en souvenir sans doute de son éducation chez les jésuites de Saint-François-Xavier de Vannes, Morbihan, un baptême se fait « coram populo »  : en présence du peuple. Il n’y a rien de secret. Ce n’est bien sûr pas la première fois que le président du Front national est sollicité pour être parrain. Ces dernières années, il a refusé de l’être à plusieurs reprises. Pas par défiance à l’égard des pa­rents « mais compte tenu de mon âge : le parrain doit pouvoir suppléer la disparition des parents, donc être plus jeune ».

Cette année, Jean-Marie Le Pen a pourtant fait deux exceptions. Une première fois en faveur d’Alex­andre Barbera Ivanoff – petit-fils du peintre russe Serge Ivanoff (1893-1983) qui émigra en France après la Révolution bolchevique avant de s’installer aux Etats-Unis –, fondateur du mouvement de « l’essentialisme artistique » et « peintre de l’esprit corsaire », ce qui l’amena d’ailleurs à réaliser un portrait de Le Pen en corsaire, muni d’une longue vue, une hermine sur l’épaule. A près de trente-cinq ans, Barbera Ivanoff est donc entré dans l’Eglise catholique avec Le Pen pour parrain.

La deuxième exception, c’est donc pour la fille de Dieudonné qu’il accepté de la faire. « Quand il m’a demandé d’être son parrain, j’ai ac­cepté volontiers », nous confiait Jean-Marie Le Pen, ajoutant, malicieux et moqueur : « C’est le mariage de la grande famille paria ! Les parias sont cousins germains ! » « Et puis vous savez, ajoutait Le Pen, Dieudonné est à moitié breton ! » Et de rire de bon cœur en narrant que, quand on lui demande ce qu’il a de commun avec l’humoriste, « je réponds toujours : nos grands-mères ! » A pro­pos, cette petite Plume, un peu plus d’un an maintenant, est-elle blanche comme maman ou marron comme papa ? Cette question, justement, a fait réfléchir Le Pen : « C’est drôle les mystères de la génétique : ma filleule est toute blanche, alors que son petit frère est plutôt noir. » Allez comprendre.

 L’humoriste plus serein que son compère

L’information a beau être archi-confirmée, il faut encore joindre Dieudonné. Bruno Larebière s’en charge, lui laissant un message té­léphonique. C’est à partir de là que tout va déraper. Dans l’heure qui suit ce message, alors que notre collaborateur s’apprête à rappeler l’hu­moriste, c’est Orléans qui se manifeste auprès de moi. Il appelle, explique-t-il, de la part de Dieudonné. Celui-ci ne veut pas qu’on parle de ce baptême. C’est une af­faire privée. Et surtout, la divulgation de l’information ne peut que nuire à ses intérêts, au moment où il parvient à retrouver un peu de vi­sibilité médiatique. Le ton est d’a­bord à peu près aimable, puis se fait sec, puis carrément comminatoire.

Orléans téléphone aussi à Bruno Larebière. Deux fois. Tempêtant, exigeant qu’on ne publie pas l’information. Parlant comme s’il s’a­dressait à l’un de ses employés, si tant est qu’il existe encore des pa­trons qui osent encore parler comme cela à leurs employés. Es­sayant enfin de négocier, puisque l’intimidation ne fonctionne pas, jusqu’à ce que Bruno Larebière l’en­voie paître : « J’ai fini par l’envoyer bouler en lui disant que je n’avais pas pour habitude de négocier avec un intermédiaire et que si Dieudonné avait quelque chose à me dire, il avait mon numéro de téléphone. »

Cinq minutes plus tard, la soirée dominicale étant bien avancée, Dieudonné le rappelle enfin. Pour manifester sa colère ? Absolument pas. C’est un homme charmant que nous avons au téléphone. Aimable. Et courtois. Qui fait valoir que s’il ne souhaite pas s’exprimer sur le baptême de sa fille, que si le cheminement qui l’a conduit à la faire baptiser est « quelque chose de très intérieur, de très personnel », il n’entend pas nous empêcher d’écrire quoi que soit : « Ecrivez ce que vous avez à écrire, faites votre travail. Pour le sujet sur Dieudonné et la religion catholique, qui semble vous intéresser, c’est un sujet dont on peut parler. On pourra se voir plus tard avec plaisir. » Ce qu’il souhaite en fait, c’est laisser passer la « polémique » qui ne manquera pas de naître en raison de la personnalité du parrain. Puis il pourra parler de Dieu. Mais, avant de se quitter pour mieux se revoir, pourquoi avoir choisi l’abbé Laguérie ? « Dans les discussions que j’ai pu avoir avec lui, j’ai ressenti un sentiment d’ouverture. »

A converser avec Dieudonné, qui ne demande rien, ne cherche pas à négocier, comme le très désobligeant intermédiaire, qu’on parle éventuellement du baptême de Plu­me mais en « omettant » la présence de Jean-Marie Le Pen, on comprend que sa démarche n’a rien à voir avec ce que Orléans a tenté de nous vendre… Un Orléans qui, excipant de son amitié avec Dieudonné, agissait plus comme s’il avait personnellement à perdre dans cette affaire, tel un dogue dé­fendant son garde-manger, que pour protéger son « ami ». La journée qui suit va le confirmer.

 L’ancien du GUD tente de museler les médias

Le lundi 14 juillet en effet, Orléans revient à la charge, encore plus déterminé. Appels et textos se succèdent. Cela devient si étrange que je décide de différer la publication de l’article, le temps de savoir qui manipule qui. L’information, de toute façon, sera publiée. Nous en avons informé, et Orléans, et Dieudonné. Un site d’informations en ligne est au courant. En raison d’échanges de bons procédés réguliers entre nous, et dans la mesure où nous étions au courant depuis mai, il avait été décidé que nous en aurions la primeur mais que, si nous ne publiions pas l’information, ce site serait averti et aurait la voie libre. Le lundi soir donc, à 23 h 55, la dépêche tombe sur le site de Novopress, diffusée par la bran­che aquitaine de l’agence de presse indépendante (1). Son titre : « Dieudonné, un parrain nommé Le Pen ».

La machine médiatique est-elle lancée ? Oui et non. Oui car, le lendemain, la nouvelle est sur la plupart des sites nationalistes. Mais c’est compter, encore une fois, sans Orléans, qui, ajoutant les courriers électroniques à sa panoplie de petit intimidateur déjà bien lourde, « ordonne » à tous ceux qui ont relayé l’information de Novopress de la retirer, n’hésitant pas à con­tourner ceux qui résistent en faisant intervenir directement auprès de l’hébergeur du site afin qu’il le censure, ou expliquant, histoire de discréditer du même coup, et l’information et l’agence Novopress, qu’il s’agit d’un « canular » ! Durant vingt-quatre heures, l’offensive est sur le point de réussir. Jusqu’à ce que la véracité des faits soit confirmée par Novopress et que « Libéra­tion », le mercredi, publie, sans citer bien sûr l’agence de presse, son « scoop » écrit au conditionnel et dégoulinant de fiel (sans compter que l’abbé Philippe Laguérie se retrouve fait « évêque » dans les co­lonnes de « Libé » !) Rage de Orléans, qui fait savoir à qui veut l’entendre qu’il se vengera (de qui ? de quoi ?), tandis que, de son côté, Dieudonné se montre serein… Comme si, décidément, Orléans avait des intérêts personnels en jeu, du genre de ceux qui mettent sur les nerfs les producteurs de spectacle quand le succès n’est pas ga­ranti ou ceux qui rendent terriblement nerveux ceux qui, espérant un retour sur investissement, se sont portés caution pour la location d’une salle de grande dimension et craignent qu’elle ne soit à moitié vi­de le jour de la représentation ve­nue.

Est-ce de cela qu’il s’agit ? Avec Orléans, difficile de savoir ce qui le motive. Cela fait plusieurs années que cet ancien dirigeant du GUD, le Groupe Union Défense qui fit tant pour la renommée de la faculté d’Assas et le chiffre d’affaires du rayon barres de fer du BHV, s’active dans l’ombre de l’humoriste. Eté 2006, quand Dieudonné, l’essayiste Alain Soral, le fondateur du Ré­seau Voltaire Thierry Meyssan et Ahmed Moualek, président de l’as­sociation La Banlieue s’exprime, s’envolent à destination de Damas, la capitale syrienne, pour gagner ensuite le Liban qui vient d’être bombardé par l’aviation israélienne (2), le voyage n’a été ren­du possible que par l’entregent de Orléans. Celui-ci est d’ailleurs de la partie, prenant soin de se tenir à l’écart des photographes. Sauf une fois.

 L’affiche dite de « la beurette » resurgit…

Ce moment d’inattention – ou plutôt cet instant de vantardise – va lui coûter cher. Sur cette photo, on le voit poser en compagnie de Soral, Dieudonné et Meyssan, tous assis sur un canapé surmonté des portraits du président syrien Ba­char el-Assad et de son père, Hafez el-Assad. Et cette image, qui aurait dû rester une photo souvenir, va être publiée sur le site de La Banlieue s’exprime. Fureur, déjà, de Orléans, qui obtient d’Ahmed Moualek qu’il la retire, mais trop tard. Le mal est fait. Gérant et principal actionnaire d’une société spécialisée dans le conseil en communication, Orléans compte des clients qui n’apprécient ni son ap­parente complaisance à l’égard du régime syrien, ni son compagnonnage avec des individus qui ont la réputation, plutôt justifiée au de­meurant, d’être des antisionistes fervents. Il y perdra un contrat, que l’on dit juteux, avec un « designer » renommé de la place de Paris.

La venue de Dieudonné à la Con­vention présidentielle Bleu Blanc Rouge organisée par le Front national en novembre 2006 dans le cadre de la candidature de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle de 2007 (3), c’est également lui. L’opération est doublement intéressante : en raison bien sûr des passerelles qu’il installe entre politiques de bords a priori opposés sur des b­a­ses dont on ose espérer qu’elles ne se limitent pas à l’antisionisme ; en raison, aussi, de son aptitude à ma­nier le double jeu. Proche de Marine Le Pen, Orléans l’a en effet laissée dans l’ignorance de la venue de Dieudonné à cette convention. C’est avec Jean-Marie Le Pen – et deux proches de celui-ci, quoi qu’ils en disent depuis – qu’il a mon­té cette visite supposée être inopinée, avec le résultat médiatique – les « ravages » disent certains – que l’on a vu. Marine, elle, n’était pas au courant. Parce qu’elle s’y serait opposée ? Sans doute. Quand elle a appris la présence de Dieudonné, elle était proprement furax et a dé­serté les allées où se rendait celui-ci afin d’être sûre de ne pas avoir à le croiser. Quant à Orléans, cette fois, il ne fut pas sur les photos. Ouf.

Ouf pour le chiffre d’affaires de sa société de communication, supérieur à 800 000 euros en 2006, et qui sera sans doute bien plus élevé en 2007, élection présidentielle oblige. C’est en effet de ses locaux qu’est sor­tie la plupart du matériel de pro­pagande du candidat Le Pen, à commencer par l’affiche dite, très improprement, de « la beurette », cet­te jeune fille au piercing et au teint mat censée être une militante du Front national alors que, dans le pays où elle réside et où on peut la croiser dans les agences de casting et dans les « books », le Front national ne se présente pas aux élections. Voilà pourquoi le FN a toujours été incapable de mettre les médias en relation avec cette charmante personne. Comme quoi en­tre manipulation et communication, il y a parfois peu de marge.

 Quand Dieudonné veut réhabiliter Judas

Jeudi dernier, pour la première fois depuis le baptême de sa fille Plume, Dieudonné a fait mine de s’en expliquer. Comme s’il y avait quoi que ce soit à justifier ! Comme s’il n’était pas possible de dire, tout simplement, que oui, il avait voulu que sa fille soit catholique, et que oui, il avait souhaité que Jean-Ma­rie Le Pen en soit le parrain. An­nonçant une conférence de presse, c’est un sketch qu’il a livré au dé­but de son spectacle (NDXA : on peut regarder le sketch en cliquant ici). Et là, oui, il a « fait l’con », en une manœuvre tactique qui pourrait bien être issue des cogitations d’une agence de com’ et ressemble assez aux tergiversations d’Alain Soral quant à la question de savoir pour qui il a vo­té à l’élection présidentielle.

Au Théâtre de la Main d’Or, Dieudonné a pris l’affaire par la dé­rision, se mettant en scène en train d’appeler Le Pen (« Jean-Ma, je l’appelle Jean-Ma ») pour lui demander s’il lui était possible de l’aider à se faire un peu de pub, tirade à pren­dre bien sûr au deuxième degré mais qui laisse un sentiment de malaise. Pas seulement parce que, quand il fait mine d’appeler Le Pen et de lui demander s’il le dérange, le président du FN est supposé répondre : « J’étais dans le jardin en train de torturer un chat » (rires gras de la salle), mais parce qu’il occulte par des bla­gues à deux balles, au motif sans doute que son auditoire ne pourrait pas comprendre, que le baptême est un sacrement, de sorte qu’on fi­nit par se demander ce que veut vraiment Dieudonné.

Au dîner qui a suivi le baptême, à Bordeaux, ville décidément bénie pour Dieudonné puisque c’est là, à la gare, qu’il a rencontré sa femme Noémie qui est originaire de la ré­gion, la conversation entre Jean-Ma­rie Le Pen, l’abbé Laguérie (le cu­ré qui « jacte en latin ») et lui a été amicale mais vive. Au menu : des questions théologiques. L’Ancien Testament, par exemple, qui, on s’en doute, n’est pas son texte préféré… Un témoin d’un échange nous l’a confié : « J’ai été effrayé de la véhémence de son propos. »

Le débat le plus fourni a porté sur la personnalité de Judas. C’est ainsi que Dieudonné a prénommé… son petit dernier, né en juin ! « Nous avons eu, nous a confirmé Jean-Marie Le Pen, une grande discussion, avec l’abbé Laguérie et un pe­tit groupe d’initiés, sur la culpabilité de Judas. » Le sujet passionne l’humoriste depuis longtemps. Il y a dix ans, il en avait fait un spectacle : Pardon Judas. Il voulait même en ti­rer une adaptation cinématographique, dont il avait écrit le scénario avec le frère dominicain Jean Cardonnel, figure emblématique des chrétiens progressistes et au­teur de Judas l’innocent (éd. Indigène, 2001). « Je jouerai Judas, expliquait Dieudonné en 2002, Alain Chabat sera Jésus et Benoît Poelvoorde aura le rôle d’un papillon. » « Il y a un côté Che Guevara dans mon Jésus, poursuivait-il […]. Il faut installer le rire dans le sacré, parce que le sacré, c’est chiant. »

La thèse de Dieudonné, qui nous a confirmé avoir « travaillé avec Jean Cardonnel sur le sujet », n’est pas nouvelle. La psychanalyste Françoise Dolto l’a déjà développée, ainsi que Bernard-Henri Lévy, et Marcel Pagnol en a fait une œuvre théâtrale peu connue et simplement titrée : Judas, qui fut créée en 1955 à Paris avec Raymond Pellegrin dans le rôle-titre. A les en croire, notamment Françoise Dolto et BHL, la trahison de Judas était nécessaire. « Pourquoi dit-on que c’est un salopard, s’interrogeait la psychanalyste, alors que, sans lui, la Passion n’aurait pas pu se déclencher et que le Christ lui a dit : “Ce que tu as à faire, fais-le vite.“ ? »

Pour Dieudonné, outre la nécessité de la trahison de Judas dans l’ac­complissement de la mission di­vine, cette trahison a le mérite d’a­voir été franche et nette, au contraire de celle de Pierre (« Je ne connais pas cet homme ») et il mérite donc un procès en réhabilitation avec cet au­tre argument : «  Pourquoi a-t-on pardonné à certains et pas à d’autres ? Le pardon est-il sélectif ?  »

L’abbé Laguérie, on s’en doute, n’a pas été convaincu par cette présentation de celui à qui, pour Dieudonné, on fait porter « un fardeau qui n’est pas forcément le sien », au point que, le surlendemain du baptême, dans son sermon dominical à Saint-Eloi, il a parlé en chaire de Ju­das. Jean-Marie Le Pen s’est lui aus­si dressé contre cette thèse, mê­me si, reconnaît-il, « moi aussi j’ai dû la défendre quand j’étais chez les jésui­tes » ! « Jésus était connu, ex­plique le président du Front national, il avait fait la marche sur Jérusalem le dimanche des Rameaux. Il n’avait pas besoin que Judas le trahisse pour être arrêté. De toute fa­çon, la faute de Judas, c’est moins la trahison que le suicide, c’est le suicide qui est une faute contre l’espérance. »

Le petit Judas, pas le traître mais le fils cadet de Dieudonné, devrait lui aussi, selon nos informations, être baptisé très prochainement. Par l’abbé Laguérie ? On verra. En tout cas pas avec Le Pen pour parrain : c’est un Inconnu célèbre, Pascal Légitimus, qui mit en scène il y a quinze ans le spectacle d’Elie Semoun et Dieudonné au Zénith, qui a été pressenti pour le porter sur les fonts baptismaux. En parlerons-nous ? On ne sait pas encore. Mais concernant le baptême de Plu­me, on vous a raconté tout ce qu’on savait. N’en déplaise à Orléans.

Jean-Marie Molitor 

1. http://aquitaine.novopress.info

2. Voir notre reportage : « Avec Dieudonné, Soral et Meyssan à Beyrouth », in « Minute » n° 2273 du 13 septembre 2006.

3. Voir notre entretien avec Dieudonné, in « Minute »  2282 du 15 novembre 2006.

Article paru dans le n°2368 de Minute reproduit ici avec l'aimable autorisation de Jean-Marie Molitor

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commentaires

L
<br /> Toute cette affaire donne un excellent sketch de Dieudonné "Le parrain" : on pourra dre ce qu'on veut, il est l'un des meilleurs humporistes français !<br /> <br /> Il secoue, est subversif, ça fait du bien !<br /> <br /> Amicalement.<br />
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C
Etrange, l'attitude de Frédéric Chatillon dans cette histoire de baptême ! Où veut-il en venir, exactement ?
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G
Merci pour ce très bon article de Minute!Je n'ai jamais douté de l'abbé Laguérie, ni de JMLP. Quant à Dieudonné il est évident que ce n'est pas en s'affichant avec l'abbé Lagérie et avec JMLP qu'il allait s'ouvrir les studios de télévision!Quant à "répondre : « J’étais dans le jardin en train de torturer un chat »"de la part de JMLP. je peux témoigner que j'ai vu le président du FN les larmes aux yeux le jour de la mort de son chat il y a quelques années et évoquer ce drame domestique au cours d'un de ses discours avec émotion. Il reste que Dieudonné a pris un risque médiatique certain pour faire baptiser sa fille traditionnellement et avec Le Pen pour parrain. Malgré ce sketch de mauvais goût, il n'y a certainement pas que du mauvais en cet homme.Quant à cet ancien du GUD, son nom ne va pas rester secret très longtemps... Ces "anciens" amis vont se charger de sa pub!Gentiloup
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