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15 juin 2004 2 15 /06 /juin /2004 15:50
" Les grandes chaleurs de l'été ont commencé. Il est rappelé que les églises étant fraîches (pour pouvoir prier commodément) on peut facilement y attraper froid, surtout par les épaules, le ventre et les reins...

Au fait, que nous dit l'Eglise sur la question ?

Le combat pour la pureté : la PUDEUR

Le Catéchisme de l'Eglise catholique en traite dans la deuxième partie de l'explication du 9ème commandement. Il rappelle que :
- le baptème confère à celui qui le reçoit la grâce de la purification de tous les péchés. Mais - précise-t-il - le baptisé doit continuer à lutter contre la concupiscence de la chair et les convoitises désordonnées. Comment y parvient-il ?
- par la vertu et le don de chasteté, par la pureté d'intention, par la pureté du regard, par la prière.

La pureté demande la pudeur.
Celle-ci est une partie intégrante de la tempérance. La pudeur préserve l'intimité de la personne. Elle désigne le refus de dévoiler ce qui doit être caché.
Elle est ordonnée à la chasteté dont elle atteste la délicatesse. Elle guide les regards et les gestes conformes à la dignité des personnes et de leur union.

La pudeur protège le mystère des personnes et de leur amour. La pudeur est modestie. Elle inspire le choix du vêtement. Elle se fait discrétion.

L'Eglise parle d'actualité : "Il existe une pudeur des sentiments aussi bien que du corps. Elle proteste, par exemple, contre les explorations voyeuristes du corps humain dans certaines publicités ou contre la sollicitation de certains médias à aller trop loin dans la révélation de confidences intimes. La pudeur inspire une manière de vivre qui permet de résister aux sollicitations de la mode et à la pression des idéologies dominantes.

Enseigner la pudeur à des enfants et à des adolescents, c'est éveiller au respect de la personne humaine."

La pureté chrétienne demande une purification du climat social. La pureté du coeur libère de l'érotisme diffus et écarte des spectacles qui favorisent le voyeurisme et l'illusion.

Ce qui est appelé la permissivité des moeurs repose sur une conception erronée de la liberté humaine... (C.E.C. n°2520 à 2527)

Certes, personne n'a de mauvaises intentions, ni les jeunes filles et les femmes d'attirer sexuellement les jeunes gens et les hommes, mais l'excès de sensualité débouche souvent sur les désordres de la sexualité, surtout dans le climat d'érotisme actuel. Les prêtres, comme les médecins, par la confession, connaissent bien les conséquences de ce qui peut paraitre anodin. D'autre part, ayant fait eux-mêmes voeu de chasteté et voyant combien de leurs confrères aujourd'hui trahissent leurs engagements, et même, abandonnent le sacerdoce, sous la pression de l'impudeur inconsciente de celles qu'ils côtoyaient.

Enfin, ce n'est plus savoir ce qu'est une église, lieu sacré; ce qu'est la présence réelle et substantielle du corps et du sang du Christ dans la Sainte Eucharistie; ce qu'est la Messe; ce qu'est le prêtre que se comporter ou de se (dé)vêtir comme si de rien, de tout cela, n'était... Alors, attention de ne pas attraper froid, l'été, dans les églises..."

Abbé Christian Laffargue
en l'An de grâce 2004 après Jésus-Christ
Bulletin paroissial n° 156
JUIN II
mois du Sacré-Coeur
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1 avril 2004 4 01 /04 /avril /2004 22:44
Voici l’histoire d’un petit berger devenu un grand pape.

Dans la ville de Bosco, située dans le diocèse de Tortona, au nord de l’Italie, naît le15 janvier 1504 Antoine Ghislieri. Sa famille noble et très ancienne, a été ruinée par la guerre. Chez les Ghislieri, on vit donc pauvrement. Antoine est berger. Tout petit, il est déjà attiré par les choses de Dieu


.

Un jour où il garde son troupeau, il aperçoit deux dominicains qui cheminaient de paroisse en paroisse pour prêcher l’Evangile. Il se met à courir au devant d’eux pour leur parler. Les deux religieux sont autant frappés par l’intelligence de l’enfant que par sa maturité. Nul doute que Dieu l’a mis sur leur chemin pour qu’ils aient soin de lui. Ils proposent donc à l’enfant de les suivre pour faire les études qui lui permettraient de prendre l’habit des Frères prêcheurs. Antoine bondit de joie à cette idée. Il se rend à toute vitesse chez ses parents pour les supplier de le laisser partir avec les deux dominicains, ce qu’ils acceptent volontiers. Après avoir reçu leur bénédiction, voici donc l’enfant en chemin pour sa nouvelle vie.

Un religieux de 14 ans

Au monastère, le postulant fait l’unanimité. Sa gentillesse est si grande et si vive son intelligence ! Sa nature assez colérique et son caractère facilement impressionnable sont compensés par une charité exemplaire. Il a aussi une tendre dévotion pour la Sainte Vierge qu’il sait honorer par mille petites attentions. L’enfant accepte la dure vie monastique et reçoit docilement l’enseignement de ses maîtres. Il est adopté par toute la communauté qui décide de lui donner l’habit des dominicains et le nom de frère Michel Alexandrin (Bosco était en effet proche d’Alexandrie en Piémont).

Le novice débute ses études scolastiques à Vigevano, où il prononce ses vœux solennels en 1519,- à 15 ans ! - puis il est envoyé à Bologne, berceau du fondateur de l’Ordre, réputé pour la solidité de la formation dispensée. Les progrès de frère Michel Alexandrin en théologie sont si rapides qu’il est bientôt capable d’enseigner à son tour. Il connaît certainement l’ivresse que donne le plaisir intellectuel, car le jeune professeur met en garde ses élèves : « il faut toujours assaisonner la science avec le sel de la piété ! » Lui-même donne autant l’exemple par son assiduité aux exercices de la communauté et le temps qu’il passe en oraison devant le tabernacle, que par son zèle à l’étude. Pour lui « la liturgie et l’étude sont les deux mamelles fournissant le lait spirituel sans lequel l’âme reste stérile ».

Lorsqu’il atteint 24 ans révolus, ses supérieurs jugent qu’il est suffisamment préparé pour devenir prêtre. Le jeune frère, lui, s’en trouve pourtant bien indigne. Michel Alexandrin est donc ordonné prêtre et célèbre sa première messe à Bosco, berceau de sa famille. Sa ville natale est alors dans une grande désolation : la contrée vient d’être dévastée par les armées françaises de François 1er marchant sur Pavie, et le jeune prêtre s’emploie à réconforter ses compatriotes.

Il retourne ensuite à Bologne où il reprend l’enseignement de la théologie, puis durant seize ans, il sera successivement le prieur des monastères de Vigevano, de Soncino et d’Alba. Il y laisse le souvenir d’un supérieur juste, plein d’affection pour ses frères qu’il soigne comme aurait fait une maman, tout en réclamant d’eux une stricte pratique de l’obéissance. Exigeant pour ses frères, il l’est aussi pour lui même.

Inquisiteur en Lombardie

Tandis que les armées françaises ravagent la Lombardie, les protestants de Suisse, disciples de Calvin, en profitent pour introduire en fraude de mauvais livres, ce qui constitue un réel danger pour le peuple, curieux de ces écrits qui ont l’attrait de la nouveauté et de la contestation.

Cette grave affaire préoccupe beaucoup le pape. Après en avoir mûrement délibéré, le Saint-Office romain décide de nommer le père Michel Alexandrin Inquisiteur, car sa rigueur théologique lui permettra facilement de démontrer la fausseté des livres hérétiques. Le voici donc envoyé à Côme dans le nord de l’Italie. A peine nommé en 1545, il part visiter le territoire qu’on lui a désigné. Là, au lieu de rechercher ses aises, comme le voudrait sa nouvelle et importante fonction, il va à pied, préférant l’inconfort d’une mauvaise paillasse à un bon lit et s’imposant de mortifiantes privations. En chemin, il égrène son rosaire ou récite à haute voix des prières. Autant de manières de sanctifier sa mission et de montrer l’exemple.

Or il advient qu’à Côme, un marchand a convenu avec les Protestants genevois de l’envoi d’un grand nombre de livres de propagande calviniste qu’il pourra vendre à bon prix en faisant de gros bénéfices. Le bonhomme trouve moyen de corrompre tous chanoines du Chapitre pour qu’ils ferment les yeux sur son trafic. Lorsque le Père inquisiteur apprend l’affaire, il décide d’excommunier tous les responsables de ce mauvais commerce, à commencer par tous les chanoines. Mais ces derniers ne se démontent pas. Ils font courir dans la ville toutes sortes de bruits pour monter le peuple contre l’inquisiteur. Le chanoine le plus compromis a même l’audace de porter plainte auprès du gouverneur de Milan, en lui présentant les choses à sa manière, c’est à dire en cachant le trafic de livres et en imputant toute la responsabilité des troubles à l’intransigeance du père Michel Alexandrin. Le mauvais prêtre est beau parleur et le gouverneur se laisse convaincre. Il convoque l’inquisiteur pour le remettre à sa place de manière outrageante.

Devant cette infamie, il en va de l’honneur de l’Eglise. Ghislieri part sur le champ à Rome pour retracer ce qui s’est passé. Il arrive le 24 décembre 1550. Lorsqu’il frappe à la porte du couvent de son ordre, le prieur le prend pour un de ces ambitieux venu mendier des faveurs à la cour du pape : « Que venez vous chercher ici, mon père ? Venez vous voir si le collège des cardinaux est disposé à vous faire pape ? » dit-il, railleur, et bien loin d’imaginer que ce celui dont il se moquait monterait bientôt sur le trône de saint Pierre ! Qu’importe, l’inquisiteur peut s’expliquer auprès de la Curie qui approuve entièrement sa conduite. Les réclamations injustes des chanoines de Côme sont rejetées, pour leur plus grande confusion.

Ardent défenseur de la foi, le père Michel Alexandrin déploie tout son zèle de prédicateur pour ramener des âmes à Dieu. Nombreux sont ceux qui se convertissent, comme Sixte de Sienne. Ce juif d’origine avait adopté la foi catholique et était entré chez les franciscains, puis il avait tout renié et avait été condamné comme relaps. Avec humilité et douceur, le père inquisiteur lui avait expliqué ses erreurs et était parvenu à le faire revenir à l’Evangile. Sixte entra chez les dominicain et vécut jusqu’à sa mort comme un frère exemplaire de l’ordre.

Evêque et bientôt cardinal

Pendant son séjour à Rome, le père Michel Alexandrin s’est lié d’amitié avec le cardinal Carafa, préfet de la congrégation du Saint-Office. Celui-ci est émerveillé par les qualités d’âme du dominicain. Nul doute que la Providence a choisi ce missionnaire ardent et généreux pour lutter contre l’hérésie protestante qui ne cesse de gagner du terrain. Au lieu de le laisser retourner en Lombardie, Carafa appelle le père Michel Alexandrin qui a 47 ans comme commissaire général du Saint-Office. En 1555 Carafa, élu pape sous le nom de Paul IV, confirme le père Michel Alexandrin dans sa commission au Saint-Office et le nomme évêque de deux diocèses importants situés près de Rome. Le dominicain de 51 ans, ne veut accepter un tel honneur. Il supplie le pape de le laisser mourir sous l’habit de moine, mais celui-ci le rappelle à l’obéissance et le consacre évêque. Le pape lui avait dit : « je vous attacherai au pied une chaîne si forte qu’après ma mort même vous ne pourrez plus songer au cloître ». Cette chaîne est le cardinalat auquel Ghislieri est promu le 15 mars 1557. Quelques mois après, le 14 décembre 1558, Paul IV l’institue à 54 ans Grand Inquisiteur souverain de la Chrétienté (et nul ne portera ce titre après lui).

Les exigences sociales liées à toutes ces charges répugnent à son austérité de dominicain. Le cardinal Ghislieri ne tolère que ce qui est strictement nécessaire à l’étiquette et vit de manière austère. Son palais ressemble à un couvent. Il engage des domestiques disposés à accepter ce mode de vie ascétique, mais les traite avec une délicatesse impensable pour l’époque. Matin et soir, il préside à leur prière, et lorsque l’un d’eux tombe malade, il le fait porter dans une des plus belles pièces du palais pour le soigner comme un prince. Et il ne manque pas, malgré ses nombreuses occupations, de lui rendre visite plusieurs fois dans la journée !

A la mort de Paul IV, est élu l’oncle de Charles Borromée, le pape Pie IV qui pratique le népotisme. Le cardinal grand inquisiteur ne mâche pas ses mots pour le lui reprocher. Ce qui provoque grande colère du pape qui, pour le disgracier, le nomme évêque de Mondovi, petite ville du Piémont. L’inquisiteur obéit, mais il tombe gravement malade. Au moment où son état s’améliore, il apprend la mort de Pie IV (9 décembre 1565) et doit donc retourner à Rome pour l’élection du nouveau pape.

Elu pape

Comme aucune unanimité ne parvenait à se faire sur les noms proposés, le cardinal Charles Borromée proposa celui du grand inquisiteur qui emporta l’élection. A l’annonce de cette décision, le cardinal Ghislieri décida de prendre le nom de Pie V pour bien marquer qu’il oubliait le passé.

Mais quelle sera la réaction du peuple de Rome ? Le cardinal est connu pour sa sévérité. Le nouveau pape met une telle ardeur à faire cesser tous les abus en particulier l’ivrognerie et l’immoralité, qu’il n’est pas très populaire. Il est pourtant attentif aux réclamations des romains. Il met en chantier de grands travaux pour amener l’eau potable en ville et améliorer leur existence. Dans les couvents il s’emploie à restaurer la règle. Il lutte sans trêve contre l’immoralité et l’ignorance des prêtres. Certains ne se confessent jamais. Ils s’en croient dispensés parce qu’ils ont pouvoir de confesser et vivent en état de péché mortel. D’autres sont incapables de dire correctement la messe. Le clergé est dans un bien triste état !

Pour l’intérêt de l’Eglise

Or ce qui est le plus important pour lutter contre l’hérésie protestante est d’avoir de bons et saints prêtres ayant une solide formation. Il établit donc des séminaires et favorise la diffusion des écrits du Docteur angélique, saint Thomas d’Aquin, dont il finance la publication des œuvres. Nulle meilleure arme pour combattre les erreurs du temps que la Somme théologique ! Mais la formation intellectuelle ne suffit pas. Pour que l’Eglise retrouve son beau visage, il faut que ses ministres montrent l’exemple dans la conduite de leur vie et dans leurs mœurs. Pie V est un défenseur absolu des réformes décrétées par le concile de Trente.

Pie V qui avait constaté l’état lamentable du culte divin, engage une grande réforme liturgique qui va aider au renouveau de l’Eglise. Une bulle de 1568 réforme le bréviaire romain, et l’applique à toute la chrétienté. Puis une bulle de 1570, impose l’usage du missel romain aux églises d’Occident dont la tradition liturgique a moins de 200 ans d’existence (c’est pourquoi on parlera de la « messe de saint Pie V »). Pour lutter contre les hérésies, Pie V réforme les services de la Curie (1569), crée la congrégation des évêques et celle de l’Index (1571). Enfin, il ravive le recours à la miséricorde de l’Eglise par les indulgences.

La victoire de Lépante contre les Turcs

Un autre danger menace la chrétienté occidentale : les princes se jalousent et s’opposent entre eux. Certains sont devenus protestants. Les Turcs profitent des oppositions qui divisent l’Europe pour étendre leur domination. En 1566 L’empereur Maximilien II tente de reprendre la Hongrie mais échoue, tandis que le Sultan Soliman II cherchant à s’emparer de l’île de Malte achoppe devant la résistance des chevaliers. Sélim II son successeur, conquiert l’île de Chypre en 1570 dont il décime la population. Il faut à tout prix bloquer l’avance musulmane et le pape écrit aux princes chrétiens pour qu’ils fassent alliance. Seuls répondent Venise et l’Espagne. Le pape suscite un grand élan de prière dans toute la chrétienté et mobilise les confréries du Rosaire.

Les 200 galères de l’armée catholique arrivent le 7 octobre 1571 dans le golfe de Lépante en vue des 300 galères turques. La bataille est terrible. Ordre est donné de libérer les galériens de la ligue chrétienne. Ils renforcent l’assaut des soldats et se battent comme des lions. Quand les turcs font de même, leurs rameurs, en majorité des chrétiens, se retournent contre eux. Trente mille turcs périssent. La marine chrétienne qui a perdu huit mille hommes a stoppé l’expansion musulmane. Pour rendre grâces de cette magnifique victoire, le pape qui, dans le jeûne et la prière, avait confié le sort du monde chrétien à Notre Dame, institue au jour anniversaire de cette belle victoire une fête en son honneur : Notre Dame de la Victoire, aujourd’hui Notre-Dame du Saint Rosaire.

Mais le pape, rongé par la maladie de la pierre, tombe bien malade au début de l’an 1572. Le mal, qu’il supporte avec patience s’aggrave et finalement l’emporte le 1er mai. Cent ans jour pour jour après sa mort, Pie V est béatifié, 69 miracles figurent à son procès de canonisation. Il est canonisé par Clément XI le 22 mai 1712.

Catherine Bousquet

Article publié dans la revue TRANSMETTRE, n°60 daté d'avril 2004
diffusé ici avec l'aimable autorisation de M. Denis SUREAU, directeur de la publication

TRANSMETTRE
www.transmettre.fr
26 rue Roublot 94 210 Fontenay-sous-Bois
Tél. 01 48 76 72 91 - Fax. 01 48 76 89 95

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20 mars 2004 6 20 /03 /mars /2004 23:00

par M. l'abbé P.-H. Grosjean, aujourd'hui prêtre du diocèse de Versailles.

Une conférence à succès dont on peut relire l'essentiel en cliquant ici.

L'abbé Grosjean, très dynamique au demeurant, peut être retrouvé sur www.padreblog.fr.

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1 juin 2003 7 01 /06 /juin /2003 22:37

Entretien avec M. l'abbé Christian LAFFARGUE
Propos recueillis par Xavier ARNAUD




S'il est un sacrement qui semble aujourd'hui tombé quelque peu dans l'oubli chez nombre de catholiques, c'est bien la confession.

 

Pourtant, Monsieur l'abbé, pouvez-vous nous en rappeler le sens et la nécessité ?

Il est “ tombé dans l’oubli ” par suite de la perte du sens du péché, de la notion du Bien et du Mal.
Pourtant, l e  M a l  e x i s t e , S a t a n  e x i s t e , ce n’est pas une abstraction c’est une personne (Catéchisme de l’Eglise Catholique, C.E.C., n°2851, le Delivrez-nous du Mal du Notre Père) qui nous pousse à nous éloigner (péchés véniels) ou à nous séparer de Dieu (péché mortel).
Enfin, “ Si nous disons : nous n’avons pas de péché, nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous ” 1Jn 1,8.
C’est comme pour le corps : si nous laissons la maladie  sans la soigner, nous risquons d’être toujours malades et de toujours en souffrir. Il nous faut consulter un médecin. Quelquefois une opération chirurgicale  est nécessaire pour extraire le mal et être guéris. Pour l’âme, c’est pareil, et le médecin de l’âme c’est le prêtre  qui soulage, guérit et sauve au nom et par le Christ, seul Sauveur (cf C.E.C.n°1441 et suiv.).
Le prêtre a, de ce fait, pouvoir d’enlever, d’extraire, d’effacer le mal : “ Recevez l’Esprit-Saint, ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ” (Jn 20,23 : le Christ aux apôtres, leur apparaissant le dimanche de Pâques).
Retenus ” :  si le pénitent (celui qui se confesse) ne remplit pas les conditions pour être absout. Nous en reparlerons.

Comment expliquez-vous cette désaffection de la part des catholiques ? Les occasions de se confesser sont aujourd'hui plus rares qu'auparavant. On entend moins les prêtres parler de ce nécessaire recours à la confession.
Est-ce à dire, Monsieur l'abbé, que la position de l'Eglise a évolué ?

Cette crise de la confession est une crise qui affecte d’abord l’intelligence : on ne voit plus, on ne connaît plus le péché, ce qui est péché et ce qui ne l’est pas. On a trop voulu déculpabiliser. Or, il ne s’agit pas de voir le péché où il n’est pas, mais de le voir là où il est. En voulant alléger les consciences, ne plus nommer le Mal, on a abandonné les âmes à l’emprise du mal. C’est une “ non assistance à personne en danger ”. On se fait “ complice du péché d’autrui ” (1 Tm 5,22).
Les prêtres ont aussi négligé la prédication des fins dernières (la mort, le jugement, le Ciel, le Purgatoire L’enfer ; cf C.E.C. 1020-1040).  Le Pape JEAN-PAUL II l’a regretté lui-même : “ il est certain que ces prédications touchaient l’homme dans l’intimité de son cœur, tourmentaient sa conscience, le mettaient à genoux, l’amenaient à la grille du confessionnal… et contribuaient ainsi puissamment à son salut.
(“ Entrez dans l’Espérance ” Ed. Mame/Plon 1994, p.266 + pp.272… et 273).
Seul le prêtre peut absoudre, donner l’absolution. On a trop séparé le sacrement de l’Eucharistie de la préparation de l’âme à recevoir saintement le corps et le sang du Christ par le sacrement de Pénitence. Quand on reçoit quelqu’un chez soi, le reçoit-on dans le désordre, la poussière, la saleté ? Et plus celui qu’on reçoit est important, plus on est soucieux de préparer la maison, de se préparer soi-même de la meilleure et de la plus belle façon qui soit !
Quand on veut vraiment, on peut toujours trouver un prêtre pour se confesser. Dans les grandes villes des églises ou des sanctuaires sont réservés pour ce ministère, il y a aussi les monastères, les communautés sacerdotales  et religieuses. Ne se déplace-t-on pas pour consulter un médecin, en prenant beaucoup de temps et en dépensant beaucoup
d’argent ? Et si on est bloqué chez soi, on peut toujours demander à un prêtre de venir. Il sera toujours heureux d’exercer son sacerdoce et de donner ce sacrement de la guérison et du salut de l’âme…

L'absence de recours fréquent à ce sacrement fait que de nombreux catholiques ne savent pas ou plus ou obscurément en quoi consiste la confession. Comment doit-on s'y préparer ?

Il est indispensable de bien s’y préparer car c’est une démarche sérieuse et grave. La santé de l’âme est plus importante encore que la santé du corps. Il existe des textes pour se préparer à la confession. Il ne faut pas qu’ils soient trop vagues évitant de préciser les péchés et leur gravité. Sinon la confession porterait peu de fruits, malgré une démarche louable et toujours courageuse. On peut se procurer, par exemple, le livret Prières du chrétien  (éd. Le laurier, 19 passage Jean Nicot, 75007 Paris, pages 16 à 21). Un examen de conscience par commandements est proposé avec ce qu’il faut faire et dire avant de commencer la confession des péchés, le texte de l’acte de contrition, une prière d’action de grâces, etc…

On a beaucoup discuté autour du fameux "secret de la confession". Pouvez-vous nous en rappeler la signification et l'étendue ? En quoi consiste-t-il et a-t-il des limites ?

Le secret de la confession est absolu, il ne souffre pas d’exceptions. Il protège le pénitent (et le confesseur) et lui donne confiance. Dans le cadre du sacrement de Pénitence, il est seul avec Dieu en présence du prêtre qui Le représente et agit en Son Nom (cf C.E.C. n°1467). Si le prêtre violait ce secret, qui porte sur les péchés entendus et l’identité du pécheur, il serait excommunié (Code de Droit Canon n°1388,1).
N’est pas couvert par le secret ce qui est dit en dehors de la confession proprement dite (mais demeure le “ secret naturel ” : la discrétion sur les choses graves que le prêtre entend dans l’écoute ou l’échange avec le pénitent).
 C’est pourquoi, il faut suivre le rite prescrit par l’Eglise : il faut savoir quand la confession commence (le confesseur, à la demande du pénitent, le bénit) et quand elle finit (par le signe de la croix qui accompagne la formule de l’absolution ou la bénédiction quand l’absolution  n’est pas donnée). Il faut, de ce fait, bien distinguer et séparer la conversation confidentielle  de l’acte de la confession. Rester de par et d’autre d’une table de bureau n’aide pas à cette clarification.

Vous avez parlé des “ conditions à remplir pour être absout ”, quelles sont-elles ?

Les conditions sont au nombre de trois. Elles font partie intégrante du sacrement. Si l’une d’elles fait défaut, le sacrement peut être invalide, c’est-à-dire qu’il n’est pas reçu et que les péchés ne sont pas effacés.

1- La contrition (le regret sincère de son ou de ses péchés) parfaite (par amour de Dieu) ou, au moins, imparfaite  (en voyant la laideur du péché ou en ayant la crainte des peines encourues comme la damnation éternelle : l’enfer).
Sur la route, “ la peur du gendarme ” avec les peines encourues (forte amende, perte “ des points ”, retrait du permis de conduire) est moins bien que de rester toujours fidèle au code de la route et aux limitations de vitesse même “ s’il n’y a pas de gendarmes en vue ”, mais si la peur suffit à épargner sa vie et la vie d’autrui, le résultat est atteint !

2- La confession des péchés (l’aveu). Il est obligatoire d’accuser tous les péchés mortels avec leur nombre (au moins approximatif s’ils sont nombreux) et leur qualité (il faut “ appeler un chat un chat ”). Il faut nommer le péché par son nom et ne pas rester dans le vague, ce qui est une façon habile de les excuser, de les dissimuler, même inconsciemment. Exemple : “ les mauvaises pensées ”. S’agit-il de pensées de colère, de vengeance…, ou de pensées contre la pureté : d’adultère, de fornication, des péchés contre-nature, etc…
Rappelons-nous de la parole du Seigneur : “ Eh bien, moi Je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, en son cœur, l’adultère avec elle ” (Mt 5,28).
Ni plus, ni moins. On n’a pas à raconter les circonstances, donner des détails inutiles, “ raconter sa vie ”, ce qui est souvent, là encore, une auto-justification.
Si on est trop vague ou trop confus, le prêtre, qui doit juger d’après ce qui lui est dit, peut demander des précisions, avec délicatesse mais clarté.

3- La satisfaction (le désir de réparer le mal dont on s’accuse).
En matière de justice, c’est assez facile : j’ai volé quelque chose, je le rendrai. J’ai peiné ou offensé quelqu’un : je lui demanderai pardon. J’ai médit : je dirai du bien de la personne dont j’ai dit du mal ; j’ai calomnié : j’irai dire que je me suis trompé, etc…
Il ne faut pas oublier que si l’absolution efface les péchés (les fautes), elle ne remet qu’en partie “ la peine ” car tout péché produit un désordre, en soi et dans la société (familiale, civile, ecclésiale). “ Les peines ” sont effacées par le pénitence, la prière, les actes de charité envers Dieu et notre prochain, et aussi par “ les indulgences ” dont on a beaucoup parlé lors du Jubilé de l’An 2000. Le Catéchisme a un excellent chapitre sur le sujet (C.E.C. n° 1471 à 1479).
“ La pénitence ” imposée par le confesseur (à ne pas confondre ou à réduire à “ l’action de grâces ”) - et qui est presque symbolique dans la pratique contemporaine-
nous permet, en l’accomplissant  avec soin, de manifester auprès de Dieu, après la confession, qu’on a bien l’intention de réparer du mieux possible les péchés commis et de ne plus les recommencer, avec le secours de Sa grâce.

Une fois ses péchés confessés, un catholique peut-il considérer ses péchés comme pardonnés ? Pardonnez-moi ce résumé un peu simpliste, mais sont-ils "effacés" ?

Non, ce n’est pas du tout simpliste. Quand on “ sort du confessionnal ” (qui garantit l’anonymat) ou du lieu de la confession, on a recouvré la grâce baptismale (la vie divine, “ l’état de grâce ”) si on l’avait perdue par le péché mortel ; et si ce n’était pas le cas, on s’est lavé des salissures (les péchés véniels).
On est alors vraiment réconcilié avec Dieu, c’est pour cela que ce sacrement s’appelle Sacrement de Pénitence et de Réconciliation  dans le Catéchisme  romain actuel (1992/97)
C’est chaque fois une mort (au péché) et une résurrection.
C’est le sang du Christ versé dans sa Passion (d’où découle l’efficacité des sept  sacrements de la Nlle Alliance) qui nous purifie, nous lave de nos péchés (1Jn1,7-9).
C’est la guérison de la lèpre de nos âmes (cf Mt 8,2).
Nous pouvons nous rappeler des paroles de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus :
Quand bien même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui !
(à Mère Marie de Gonzague, sa prieure, en 1897, l’année de sa mort).
Et celles d’Isaïe :
Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, comme neige ils blanchiront ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, comme laine ils deviendront.
(1,18).

Qu'advient-il des péchés dont on aurait involontairement  omis de parler en confession ?

Si c’est involontaire, les péchés oubliés sont pardonnés et effacés avec les autres, par la contrition et l’intention droite qu’on avait de les confesser si on s’en était souvenu. Si on a sur la conscience des péchés graves, on a le devoir de bien préparer sa confession car la négligence à le faire, l’à-peu-près, pourrait indiquer que la contrition n’était pas suffisante, ni le désir  de ne plus recommencer et de faire pénitence  comme nous le fait dire l’acte de contrition.
Si on est scrupuleux , le confesseur donnera des conseils précis à ce sujet.
Il est très conseillé, même pour les péchés véniels, de préparer sa confession  par écrit.
Cela évite beaucoup de défauts : oublis, discours ou digressions inutiles, imprécisions…

Que penser des absolutions collectives ? Ont-elles une quelconque valeur ?

Les absolutions collectives ont été très largement et illégalement dispensées et ont contribué à “ tuer les confessions personnelles ”.
Pour qu’une absolution collective soit valide, il faut… “ que la bateau coule ” (danger immédiat de mort, temps insuffisant pour que le ou les prêtres présents puissent entendre les confessions de chacun des pénitents ” (Code de Droit Canon n°961,1).
“ L’afflux de pénitents lors d’une grande fête ou d’un grand pèlerinage ne constituent pas des cas de nécessité ” précise l’Eglise (§2) et les Evêques ne peuvent pas en disposer autrement (cf Jean-Paul II, exhortation apostolique “ Reconciliatio  et poenitentia ”, 1984, n°33).
C’est tromper les fidèles (qui trouvent bien commode de l’être et montrent ainsi une conscience bien peu éclairée !) que de leur laisser croire que leurs péchés sont ainsi effacés par une simple signe de la croix qui est, en réalité, une simple bénédiction.
Bien-sûr, il s’agit ici de péchés graves, les péchés véniels, en soi, ne sont pas une “ matière obligatoire ”, même si leur accusation régulière en confession est vivement recommandée pour qu’ils ne deviennent pas “ une seconde nature ” (comme la paresse, l’impatience, la gourmandise, la sensualité, etc…) et pour faire réellement des progrès sur le chemin de la sainteté, surtout dans une société aussi immorale et matérialiste  que la nôtre, en Occident et ailleurs !
La pratique actuelle de “ célébrations pénitentielles ” (où l’on se prépare ensemble) avec confessions individuelles  avec le concours de nombreux prêtres, dans une atmosphère de Foi et de piété est tout autre. C’est une excellente formule. Avant Noêl ou Pâques par exemple.

Une dernière question, Monsieur l'abbé : pour bien faire, à quel rythme tout catholique devrait-il recourir au sacrement de la confession ?

Il ne faut pas dépasser le mois, au début, quand on commence à prendre le soin de son âme et de ses relations avec Dieu au sérieux. Sinon, comment se souvenir de ce qu’on a fait après plusieurs mois ? Moins on se confesse, plus c’est difficile, et on n’a rien à dire ; plus on se confesse et plus c’est facile.
Ne fait-on pas sa toilette tous les jours (cf l’examen de conscience du soir), la vérification de ses comptes (chaque semaine par exemple) ? Ne fait-on pas vidanger ou contrôler sa voiture régulièrement ? Même si c’est un véhicule des plus récents et des plus perfectionnés, si vous négligez l’entretien, vous risquez la panne ou de graves dommages. Si c’est la direction ou les freins, c’est l’accident qui vous guette, peut-être mortel, pour vous et pour les autres !
Le mieux est de trouver “ un confesseur ordinaire ”  auprès duquel on se confesse régulièrement, qui nous connaît, qui pourra nous aider à lutter contre le péché, à progresser, à entrer dans la vie d’union à Dieu, qui développera en nous la vie de la grâce, qui est déjà la vie éternelle. C’est avec lui qu’on déterminera le rythme des confessions.
 Enfin, une retraite spirituelle annuelle, “ fondamentale ” (en revoyant les bases de la Foi et de la grâce) et “ fermée ” (dans un même lieu, loin du monde et, surtout, en silence) d’au moins cinq jours, nous permettra de faire la conversion nécessaire. Les Exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola, donnés fidèlement, sont une bonne entrée en matière et un bon début (à renouveler).

“ Courage ” et “ confiance ” ! “ J’ai vaincu le monde ! ” (S. Jean 16,33). 
   
 

Carême 2002 ap. J.-C
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1 juin 2003 7 01 /06 /juin /2003 22:36

Nous publions ici un extrait de l'excellent livre du RP Eugène VANDEUR, Docteur en Théologie "La Sainte Messe Notes sur sa Liturgie" (Abbaye de Maredsous - Belgique - 1937). pp. 37 et s. 
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"Qu'est-ce que l'autel ? Combien de sortes d'autels distingue-t-on ? Que représente l'autel ?

L'autel, d'un mot latin altare, qui signifie chose élevée, alta res, est une table, élevée au-dessus du sol, sur laquelle on offre un sacrifice.
L'Eglise devait avoir son autel, autel d'autant plus sacré que la victime qui s'y immole est un Dieu.

On distingue deux sortes d'autels : l'autel fixe et l'autel portatif. Le premier se compose d'une grande table de pierre, assise sur un massif de même matière avec lequel elle forme un seul tout consacré et fixe. Le second n'est qu'une simple pierre, assez large toutefois pour recevoir le calice et l'hostie, et enchâssée dans une table de pierre ou de bois. La pierre seule est consacrée ; on peut la transporter d'une table dans une autre.
Dans les églises, il y a d'ordinaire plusieurs autels. Le maître-autel, généralement fixe, est le principal; c'est l'endroit où s'accomplissent de préférence les cérémonies. Il est symbole de l'unité de l'Eglise, parce que unique, au moins à l'origine. Les autels latéraux n'existaient pas dans les premiers siècles ; ils n'ont été élevés que plus tard, lorsque s'introduisit l'usage de célébrer plusieurs messes par jour dans la même église.
L'autel doit être de pierre dans la partie qui reçoit le calice et l'hostie. Il doit porter une croix, souvenir de Jésus crucifié, pour rappeler au prêtre et aux fidèles la Passion de Jésus-Christ que le Sacrifice renouvelle mystiquement. Une croix de métal n'est pas requise quand une toile ou une sculpture de Christ en croix apparaît déjà sur l'autel comme premier ornement. (Questions liturgiques - Dom Lambert Beauduin - Abbaye du Mont César, Louvain - Déc.1922 p.312) Cette croix surmontait jadis le ciborium ; à défaut de celui-ci en certains lieux on en vint, vers le IX° siècle, à placer la croix sur l'autel. Il faut aussi deux cierges aux côtés de la croix ; ils sont là pour l'honneur et la vénération de l'adorable Victime. Trois degrés conduisent régulièrement au maître-autel : d'après les liturgistes, les trois vertus théologales de fopi, d'espérance et de charité qui mènent à Jésus-Christ.
En effet, l'autel représente Jésus-Christ ; l'évêque en avrtit le sous-diacre le jour de l'ordination. Du reste le rite de la consécartion des autels le démontre. La pensée du sacrifice de la croix domine dans ces cérémonies, où l'on compte près de deux cents signes de croix. L'autel est de pierre ; or, la pierre est une figure de Jésus-Christ, pierre angulaire (Ephes. II, 20) de l'Eglise, comme l'appelle Saint Paul. Cinq croix sont gravées dans cette pierre ; elles figurent les conq plaies du Sauveur. Elle est purifiée par de nombreuses ablutions, car elle symbolise ce Pontife éternel, saint, innocent, immaculé (Hébr. VII, 26) dont parle l'Apôtre. Elle reçoit maintes onctions faites avec l'huile des catéchumènes et le saint-Chrême; elle est l'emblême de celui de qui il est écrit : L'Esprit du Seigneur repose sur moi, c'est pourquoi il m'a oint. (Luc IV, 18) Dans le sépulcre de cette pierre reposent quelques reliques de saints, dont l'une au moins doit provenir d'un martyr ; l'on sait en effet que primitivement il fut d'usage de célébrer les saints mystères sur le tombeau des martyrs.
L'autel représente donc Jésus-Christ ; c'est la figure de Dieu résidant au milieu de son peuple.
L'usage de construire en-dessu de l'autel un ciborium , espèce de baldaquin le recouvrant, est très ancien. Les ciborium apparaissent dès le IV° siècle en Occident et en Orient. Constantin le Grand a fait excéuter celui du Latran. En certains endroits, ils sont d'une grande richesse. L'Eglise n'a jamais rien épargné pour orner l'autel, l'endroit sacro-saint de son culte.
Sous la coupe de ce ciborium , et cela vers jusque le milieu du XVI° siècle, on suspendait une colombe d'or ou d'argent contenant l'Eucharistie ou sainte Réserve. En 1901, cette coutume était gardée encore à l'abbaye de Solesmes. Depuis, date de la construction du tabernacle. D'ordinaire, et à défaut de chapelle spéciale plus ornée, le tabernacle est placé au maître-autel. Il doit être doré à l'intérieur ou tendu de soie blanche. Il est revêtu à l'extérieur d'un voile appelé conopée, qui peut être des diverses couleurs liturgiques, excepté le noir. Le tabernacle ne peut rien supporter sauf la croix, et encore serait-il préférable qu'il ne supportât rien.
L'usage de placer les reliques des saints à l'autel est bien vénérable. Toutefois les reliquaires doivent disparaître pendant la messe ou l'office des morts, au temps de l'Avent et du Carême, pendant l'exposition du Très-Saint-Sacrement.
Il est si juste qu'au moment du sacrifice de leur Chef auguste, les saints, qui sont les membres de son corps, soient là présents et s'associent dans la gloire au grand acte de la Religion."

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1 juin 2003 7 01 /06 /juin /2003 22:33

Nous publions ici un extrait de l'excellent livre du RP Eugène VANDEUR, Docteur en Théologie "La Sainte Messe Notes sur sa Liturgie" (Abbaye de Maredsous - Belgique - 1937). pp. 57 et s.
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A l'origine, l'Eglise ne détermina pas pour ses ornements des couleurs spéciales. Il en est encore ainsi dans l'Eglise orientale. Ce n'est que vers la fin du XII° siècle qu'émanèrent de l'autorité ecclésiastique certaines prescriptions à ce sujet ; sans doute elles ont eu pour causes les tendances de ce siècle à symboliser.
Les couleurs reconnues par la liturgie romaine et prescrites par saint Pie V, sont : le blanc, le rouge, le vert, le violet et le noir (Missale romanum, Rubr. gen. c.18 : De coloribus paramentorum ). La signification symbolique que ces couleurs reçoivent dans l'Ecriture sainte a déterminé aussi les circonstances dans lesquelles nos rubriques les prescrivent.

Le blanc signfie la joie, l'innocence, la gloire angélique, le triomphe des saints, la dignité et la victoire du Rédempteur. Cette couleur est affectée dans l'Eglise romaine aux fêtes de Notre-Seigneur Jésus-Christ, comme Noël, l'Epiphanie, Pâques, l'Ascension, la Fête-Dieu, la fête du Sacré-Coeur ; aux fêtes de la Sainte Vierge, de la Toussaint, à celles des Pontifes, Docteurs, Confesseurs, Vierges, et en général de tous les saints et saintes qui ne furent pas martyrs.

Le rouge symbolise, par son éclat de feu et par sa couleur, le sang ; il est affecté aux fêtes du Saint-Esprit, de la Croix, de la Passion, des Martyrs, y compris celles des Apôtres.

Le vert, cette teinte du printemps, est le symbole de l'espérance ; on l'emploie durant le Temps qui signifie dans la mystique liturgique, le pèlerinage vers le ciel , c'est-à-dire le Temps après l'Epiphanie et la Pentecôte.

Le violet, dont les reflets chatoyants et sombres saturent les yeux, était regardé dans l'antiquité comme la couleur, significative de la royauté, de la puissance, des hautes dignités, de la richesse. L'Eglise a transposé plutôt que renversé ce symbolisme, en l'appliquant à la pénitence, à la prière, dans l'affliction, à l'humiliation ; n'est-ce pas là en effet ce qui nous enrichit et nous élève ? Elle emploie cette couleur durant l'Avent, la Septuagésime, le Carême, ainsi qu'aux Quatre-Temps, Vigiles, Rogations, dans les trois solennelles bénédictions liturgiques de l'année, celles des cierges, des cendres et des rameaux (Collat. Brug. t. XVI, p.519. Etude sur le violet).

Le noir symbolise la puissance qui s'élève contre Dieu, l'action de Satan et ses victoires ; on l'emploie le Vendredi-saint et dans l'Office des défunts. Cet ange déchu n'est-il pas l'auteur de notre mort ? Et n'a-t-il pas fallu celle du Christ pour triompher de celle-ci ?

Dans quelques églises, plus riches, on introduit le rose deux fois l'an : au troisième dimanche de l'Avent, Gaudete, et au quatrième du carême, Laetare. L'origine de cet usage liturgique est qu'au dimanche Laetare le pape bénissait la rose qu'il envoyait à l'un ou à l'autre des princes chrétiens. Cette couleur fut ensuite employée au dimancge Gaudete qui offre certaines analogies liturgiques avec celui de Laetare.

Telles sont les couleurs des ornements dans l'Eglise romaine ; elle n'en admet point d'autres. La sacrée Congrégation des rites a réprouvé l'usage des ornements à toutes couleurs dans lesquelles on ne peut distinguer la prédominance ; elle a défendu de même la couleur jaune ou bleue. On tolère le drap d'or qui, selon l'usage suivi à Rome, peut servir pour le blanc., le rouge, le vert. Le drap d'argent peut servir pour le blanc. Notons que ce n'est point la croix d'une chasuble, ou les bandes d'une tunique qui déterminent leur couleur ; c'est le fond de l'ornement.

Remarquons enfin que ce qui a été dit des couleurs liturgiques ne concerne pas seulement les vêtements sacerdotaux, mais tout ornement servant au culte, comme : l'antipendium ou tenture habillant le devant de l'autel, le conopole ou voile du tabernacle, etc.

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30 mai 2003 5 30 /05 /mai /2003 22:41
par David Balter
 
 

Cela fait longtemps que la "grande Histoire" s'est occupée de la Petite Eglise...Longtemps que ce schisme a paru comme l'entêtement pour la gloire d'une poignée d'anciens combattants vendéens, pris entre le jusqu'au boutisme et le fanatisme. Lorsque le 15 Juillet 1801, le Concordat est signé, il est globalement bien accueilli en France, où l'on sent renaître un espoir sérieux de paix religieuse. La Petite Eglise qui va s'épanouir sur une partie du Poitou constitue vraiment quelque chose d'anachronique ; sur quelques centaines de kilomètres carré, entre 30 et 40 000 catholiques vont basculer dans un schisme qui dure encore, et qui compte quelques dizaines de familles entretenant surtout le souvenir des ancêtres plutôt que la polémique religieuse.
 

LE PROBLEME DE LA LOCALISATION

Il serait inutile de revenir sur le problème de la Petite Eglise sans d'abord noter les incohérences de cette thèse officielle, qui veut que nos catholiques du Poitou aient tout bonnement refusé le Concordat et uniquement le Concordat. Car enfin !

- Que l'on sache, la Petite Eglise est d'abord un phénomène extrêmement localisé, qui s'étend de l'est des Herbiers jusqu'à Parthenay à l'ouest, et est limité au sud à Fontenay-le Comte. Elle comprend principalement Bressuire et Cerizay. Bref, une zone très rurale, tout comme le reste de la Vendée militaire. Est-ce que la bande de territoire couverte par la Petite Eglise a connu quelque évènement particulier sur le plan religieux ? politique ? Non. Ce n'est ni une région plus catholique ou plus royaliste qu'une autre dans cette Vendée militaire où les pays rivalisent en martyrs et en bravoure. Aucun élément ne prédisposait donc le Poitou à se constituer contre le Concordat, à être plus "ultra" que les autres de ce point de vue...

- Il est évident que si les raisons profondes des schismatiques avaient été religieuses, alors, une grande partie de l'ouest de la France aurait elle aussi adhéré au schisme. Mêmes combats, même souffrance, mêmes colonnes infernales, même Foi ;  et pourtant, il suffit de constater. Jamais l'on a connu de Petite Eglise à Luçon, à Machecoul, à Noirmoutier, à Cholet, etc...

L'Histoire que nous appellerons "officielle", on peut la trouver dans un très beau livre d'Auguste Billaud, somme énorme de renseignements par ailleurs, intitulé : "Histoire de la petite Eglise en Vendée et Deux-Sèvres. 1800/1830". Comment l'auteur explique-t-il cette localisation du schisme ? Principalement par le comportement de Mgr de Coucy. Mgr de Coucy est évêque de la Rochelle lorsque Pie VII, en vertu des accords conclus avec Bonaparte, lui demande de démissionner, comme il le demandera à plusieurs dizaines d'évêques français, pour cause de royalisme un peu trop virulent. Mgr de Coucy refuse de démissionner, est exilé en Espagne par le pouvoir politique et remplacé immédiatement. Une partie de ses ouailles et de son clergé lui reste cependant fidèle ; évidemment, il s'agit du nord du diocèse, qui est lui-même confondu avec un morceau de l'ex-Vendée militaire. Le problème est que la petite Eglise s'étend sur trois diocèses : la Rochelle, Poitiers et Luçon, et dépasse donc la juridiction de Mgr de Coucy.
Auguste Billaud explique cette localisation plus étendue par un effet de "contagion" qu'auraient subi les  diocèses voisins. Nous en revenons donc à nos remarques précédentes : si l'effet de contagion avait été avéré, il ne se serait pas arrêté au bout de quelques kilomètres. Qui connaît un peu l'histoire des guerres de Vendée sait que tous, sur le plan religieux, marchaient du même pas et au rythme du même coeur...Encore une fois, c'est toute l'ancienne Vendée militaire qui aurait refusé le Concordat.
La localisation de la Petite Eglise a donc une autre explication...
 
 
 

UN GENERAL NOMME MARIGNY
 

 Cette localisation, il faut bien sûr la chercher durant les Guerres de Vendée. Effectivement, cette région qui deviendra le territoire de la Petite Eglise a quelque chose de particulier ; durant toute la guerre, elle restera d'une fidélité inébranlable à l'un de ses chefs : le général Augustin-Etienne-Gaspard de Bernard de Marigny. Né en novembre 1754 et parent de Lescure, nous passerons rapidement sur son rôle au cours des guerres de Vendée, puisque c'est finalement surtout sa mort et les circonstances tragiques dans lesquelles elle intervint qui nous intéressent.
 Marigny est, avec Charette, le seul officier de carrière de l'état-major des Vendéens. Comme lui, il est ancien officier de marine et comme lui, il sera nommé général. Alors que Charette, jaloux de son indépendance, refusera de se fondre dans la Grande Armée catholique et royale, Marigny en sera nommé général de l'artillerie. Notons qu'il ne se limitera pas seulement à ce poste, puisque doté d'un caractère assez fort et pas toujours réfléchi, il fera parler de lui au cours de nombreuses batailles et aussi lors d'épisodes moins glorieux, comme l'exécution sommaire de plusieurs dizaines de prisonniers bleus qu'il tuera lui-même au sabre...Quoiqu'il en soit et pour bien situer les événements, nous commencerons notre récit lors de l'année 1794.
 La "Virée de Galerne", qui a vu l'armée vendéenne s'avancer jusqu'à Granville, se termine pitoyablement par les massacres du passage de la Loire à Ancenis et la bataille des marais de Savenay, le 25 décembre 1793. Cette bataille sera conduite dans des conditions épouvantables par Marigny, à la tête des derniers lambeaux de la Grande Armée, alors que les autres généraux ont déjà passé la Loire à Ancenis et que plusieurs en sont déjà morts...Dont La Rochejaquelin, le dernier "généralissime". Il faut se rendre à l'évidence : la Grande Armée, début 1794, n'existe plus. Il subsiste en fait quatre armées différentes, toutes commandées par un général qui prétend lui-même au commandement suprême sur les autres.
- Le Choletais revient à l'ancien garde-chasse du comte de Colbert : Stofflet.
- La Vendée dite "maraîchine", c'est-à-dire de l'ouest, est toujours tenue par Charette.
- Le sud est tenu par Sapinaud de la Rairie.
- Et enfin, dans l'emplacement que couvrira 7 ans plus tard la Petite Eglise : Marigny.
 En plus de ces quatre hommes, il nous faut signaler le rôle essentiel que joue l'abbé Bernier. L'ancien curé de St-Laud d'Angers est aussi l'ancien aumônier de la Grande Armée, et après Noël 1793, il devient conseiller de Stofflet, sur lequel il a un grand ascendant. De toutes façons, l'abbé Bernier, excellent orateur et adulé par les paysans, est un homme craint et influent.
 Cette rivalité entre les quatre généraux devient rapidement aigre ; d'autant plus que Marigny, après s'être crânement promené dans Nantes en menaçant Carrier, remporte de multiples victoires grâce à sa bravoure. Il s'empare de Mortagne le 26 mars puis de Clisson (en Poitou). Il est donc décidé d'une conférence pour unir ces armées vendéennes et désigner un généralissime : c'est la réunion de Jallais, qui se terminera plus tard par la fin tragique de Marigny. Laissons Pitre Chevalier nous le raconter, dans sa magistrale "Histoire des guerres de la Vendée" (p.531) :

 "Sapinaud, Marigny, Stofflet et Charette s'assemblent à Jallais, afin d'établir l'unité dans leurs opérations. Ils avaient entre eux 40 000 hommes dont il s'agissait de faire une puissante armée. L'abbé Bernier arrive et brouille les rivaux, déjà aigris. Ne pouvant dominer Charette, il l'empêche de dominer les autres, en fascinant Stofflet. On ne nomme donc point de généralissime ; mais on signe une confédération vendéenne, et l'on convient d'agir de concert, sous peine de mort (toujours l'impossible).
 Marigny doit ouvrir la campagne, et se présente au jour convenu ; mais il n'obtient pas assez de vivres pour ses troupes, qui l'abandonnent...Il manque alors forcément à sa promesse. Jaloux de lui depuis longtemps, Charette et Stofflet l'accusent d'avoir poussé ses soldats à la révolte, et le traduisent devant un conseil de ving-trois généraux et officiers. Charette fait le rapport et conclut à la peine capitale. Il vote en conséquence avec Stofflet, qui se charge de l'exécution. En vain Sapinaud, la Bouère, Beaurepaire, etc...refusent de signer ; l'arrêt fatal est rendu. Marigny l'apprend et ne veut pas le croire... "c'est pour m'effrayer" dit-il en souriant.
 Charette se repentit, assure-t-on, et voulut sauver sa victime ; mais, excité par l'abbé Bernier, Stofflet arrêta Marigny, malade à la Girardière, et le fit fusiller, le 10 juillet 1794, par des soldats allemands (1) ...On refusa un prêtre au condamné...Il commanda le feu avec un héroïque sang-froid.
 Cette exécution fut un crime pour Charette, pour Stofflet et pour l'abbé Bernier ; c'était aussi une faute irréparable...Que pouvaient désormais faire d'utile des chefs qui se jalousaient jusqu'à la mort !"
 

 Dans ses Mémoires, publiées d'après son manuscrit autographe, la marquise de La Rochejaquelin est encore plus précise. Mariée en premières noces avec M. de Lescure, elle était aussi parente par alliance avec Marigny et nous donne à peu près la même version des faits, mais plus détaillée (p.436) :
 "Les Bleus, établis à Chiché et à Bressuire, faisaient d'énormes dégâts ; les habitants dispersés dansles bois ne pouvaient s'y opposer ; Marigny les rassemble, sa vue les ranime ; à la première sortie des Bleus, il les attaque dans les allées de mon château de Clisson et leur tue douze-cents hommes.(...). Marigny fut, de là, prendre Mortagne avec un égal succès ; ces deux victoires lui donnèrent la confiance générale.
 Charette et Stofflet, furieux de voir leur émule si estimé, résolurent sa perte ; lui, loyal, généreux, sans jalousie, ne se défiait pas des trahisons ; elles étaient si loin de son coeur, qu'il n'en croyait nul autre capable. Ces messieurs lui proposèrent une conférence à Jallais ; il s'y rendit ; on chercha le moyen les plus propres à délivrer le pays des postes républicains qui le dévastaient ; on résolut d'attaquer d'abord ceux qui bordaient la Loire ; les généraux s'engagèrent solennellement à unir leurs forces dans ce but et à ne faire aucune autre entreprise. Ces postes étaient dans la partie de Stofflet. Au jour indiqué, les trois armées et leurs chefs gagnent le rendez-vous, Marigny arrive le dernier après une longue marche ; on venait de distribuer les vivres aux troupes des deux autres, il en demande pour la sienne, on répond qu'il n'y en a pas ; ses soldats murmurent, il court au conseil, fait des plaintes véhémentes. Pendant cette dispute, on l'avertit que ses hommes s'en retournent, il monte à cheval, s'élance après, trouve ses soldats furieux ; il ne peut les ramener et partageant leur colère, il les suit ; d'ailleurs, sa présence individuelle ne pouvait être utile.
 Stofflet et Charette essaient l'attaque et sont battus ; alors, ils assemblent un conseil au château de la Boulaye, accusent Marigny d'avoir causé leur défaite en manquant à ses engagements et le déclarent traître ; Charette, le premier, le condamne à mort, les autres y accèdent. Ce général fit, dit-on, avertir secrètement Marigny de venir se réfugier dans la partie qu'il commandait, ne voulant sans doute que le déplacer ; d'un autre côté, les officiers et soldats de Marigny l'engagent à rester à leur tête, dussent-ils combattre Stofflet ; mais il était trop dévoué à son parti pour risquer d'y allumer une guerre civile ; d'ailleurs, malade des fatigues qu'il avait éprouvées à l'armée, il refusa de se cacher, soutint qu'il n'avait rien à craindre et se retira seul, avec ses domestiques, avec ses domestiques, au château de M. de Serin (2) . On avait fait un rassemblement de Poitevins à Cerizay ; Stofflet s'y rend avec des troupes angevines ; on avertit de nouveau Marigny, rien ne l'ébranle ; Stofflet, en passant, détache des hussards allemands qui le fusillent.(...). Il fut poussé, à ce qu'il paraît, par MM. de Rostaing et Berrard. On assure que l'abbé Bernier, qui arrivait dans ce moment de la Bretagne, avait vu secrètement Stofflet à la Morosière ; il était l'âme de son conseil et le dirigeait, on l'accuse généralement d'avoir décidé ce meurtre. On mit beaucoup d'inhumanité dans la mort de M. de Marigny ; on lui refusa un confesseur ; il demanda à parler à Stofflet ; voyant que sa perte était décidée, il s'écria :"Vous voulez ma mort, eh bien, mettez-vous en ligne, joue, feu !"
 

 LE SCHISME AVANT LE SCHISME
 

 On voit bien, à ces récits, les principaux responsables de ce qu'il faut appeler un crime : Charette, Stofflet et l'abbé Bernier. L'effet de cette faute politique grave, si bien relevée par Pitre Chevalier, ne se fit pas attendre. En effet, c'est une large périphérie du Bressuirais qui, du jour au lendemain, fit sécession dans le conflit qui opposait les Blancs et les Bleus. Non pas qu'elle se battit dès lors sur deux fronts ; elle ne se battit plus, tout simplement. Et pourtant, l'effet escompté par les commanditaires et les exécutants de l'assassinat de Marigny était inverse, c'est-à-dire unifier les troupes  royalistes en se débarrassant d'un rival.
 Le premier effet de la mort de Marigny fut l'arrêt total des combats dans cette partie de la Vendée militaire, qui avait été la première à se soulever et avait vu des belles victoire, notamment celle de Bressuire : "L'indignation générale éveilla les remords de Stofflet. Les soldats de Marigny refusèrent d'obéir à ses bourreaux, et demeurèrent cachés dans les bois. -"Qu'on nous rende le chef que nous pleurons, disaient-ils, et vous verrez si nous sommes braves". Quelque temps après, Stofflet cheminait avec deux cavaliers. Des paysans l'aperçoivent et s'écartent avec horreur. - "Voilà, disent-ils, l'assassin de M. de Marigny." Stofflet met pied à terre et leur répond : " vous m'accusez d'un crime que je déplore comme vous. Si vous me croyez vraiment un assassin, fusillez-moi !" Les paysans se turent et le laissèrent passer."(Pitre Chevalier, Histoire des guerres de la Vendée, p.532). En attendant, le mal était fait et la rancune tenace des paysans du Poitou ne désarmait pas...
 La marquise de La Rochejaquelein, qui a vécu ces évènements, raconte (p.438) :
"La nouvelle de l'assassinat de Marigny se répandit dans le rassemblement poitevin ; chaque soldat s'en fut, en déplorant la mort de son chef. Aucun ne voulut servir sous Stofflet qui avait espéré les commander ; dispersés dans les bois, ils se contentaient de tirer des coups de fusil aux Bleus qui faisaient des incursions. Tant que Stofflet a vécu, cette haine s'est conservée, et encore à présent (3) , le nom de Marigny est l'objet des regrets et de la rage des soldats ; ils en voulurent moins à Charette qui ne fut pas l'exécuteur." Certains officiers servirent sous les ordres de Stofflet. C'est le cas de M. de Baugé, que Stofflet fit emprisonner sous un mauvais prétexte. Dès que Charette eut négocié la paix, M. de Baugé s'avança avec les colonnes républicaines et "ne chercha plus qu'à faire poser les armes aux paysans, quand il vit que l'amnistie était réelle et que M. de Charette s'était rendu, car Stofflet s'y refusa plus longtemps que celui-ci. Je ne rappelerai pas les rivalités de ces deux chefs ; l'histoire de la mort de M. de Marigny donne assez la mesure de leur caractère, d'autant qu'ils n'avaient aucune autorité sur lui, ils étaient tous trois généraux".

 Ainsi, il est intéressant de noter que la Petite Eglise, sur le plan géographique, est déjà constituée ! Cette séparation pleine de rancoeur et d'amertume entre les frères d'armes d'hier existe dès le 10 juillet 1794. Bressuire, Cerizay, Montcoutant, La Châtaigneraie, etc... ont déjà fait sécession de la Vendée militaire, non pour se rapprocher des Bleus, mais par haine des assassins de Marigny et en cette partie du Poitou, la guerre est déjà finie ; seul subsiste un désir de vengeance...

 Il est assez étonnant de voir à quel point, dans cette affaire, Charette, Stofflet et l'abbé Bernier ont manqué de jugement. Sans doute ont-ils sous-estimé le lien qui unissait Marigny à ses soldats durant
ces mois de guerre. C'est dans l'ouvrage de Stéphane Hiland qu'on en a le meilleur aperçu. Marigny est un général à part. A l'heure où Charette donne des fêtes assez somptueuses, vu les circonstances, dans des châteaux et où il monte à l'assaut entouré des fameuses -à juste titre- "amazones", Marigny mène une vie toute différente à la tête de ses troupes. Chevauchant avec ses soldats, mangeant avec eux, il ressemble plus à un moine-soldat, aussi simple qu'eux, plus qu'à un gentilhomme de province. Le tout cimenté par une foi ardente et partagée. Ainsi, Marigny, normand d'origine, saura aussi profiter grâce à sa personnalité de la popularité de feu son parent  M. de Lescure, adulé par ses paysans. Et ce n'est pas non plus un hasard si les meilleurs lieux de recrutement de l'armée du général deviendront les principaux "centres de messe" de la Petite Eglise...Qu'on songe à la paroisse de Courlay, petit village qui leva en une seule journée 400 volontaires, et qui compte encore à ce jour une des rarissimes églises détenues par la Petite Eglise.
 

LE FABULEUX DESTIN DE L'ABBE BERNIER
 

 Les mois passent et la Vendée militaire se meurt ; divisés et largement inférieurs en nombre, les Vendéens vont maintenant se battre au gré des paix séparées ou des injonctions du comte d'Artois...Charette et Stofflet sont tous les deux pris en 1796 et fusillés, celui-ci à Angers, celui-là à Nantes. Nous devons nous arrêter sur la mort de Stofflet. Tous les témoignages concordent à ce sujet. Le 14 février 1796, l'abbé Bernier demande à Stofflet de se rendre à la Saugrenière afin d'y discuter d'un enième traité de paix. Au milieu de la nuit, le conseil se sépare et l'abbé Bernier disparaît on ne sait où. A quatre heures du matin, Stofflet, son aide de camp et quelques proches sont cernés par un détachement de Bleus. Stofflet est blessé, traîné à Angers, condamné et fusillé.  Il n'est donc pas étonnant que la rancoeur populaire se soit reportée sur l'ecclésiastique, qui restait seul survivant, et dont la conduite allait désormais justifier le schisme aux yeux des partisans de Marigny...et exciter les "angevins", soldats de Stofflet només ainsi car volontaires de l'Anjou.
 Fin décembre 1799, les chefs chouans réunis à Pouancé décident la continuation des hostilités.  L'abbé Bernier passe un accord avec le général Hédouville, lors d'une entrevue secrète à Angers le 14 janvier 1800 : il use de son reste d'influence pour arracher la paix et en échange, Hédouville lui promet une entrevue avec le premier consul. C'est que l'abbé Bernier  s'est rallié au consulat, et ce ralliement ne se démentira jamais. Si, dans un premier temps, il n'est que "renommé" curé de St-Laud, Bonaparte le rappellera par la suite afin de le désigner négociateur du futur Concordat. C'est l'abbé Bernier qui négociera principalement toutes les clauses du traité avec les Romains et il faut lui rendre cette justice : lui seul sans doute pouvait le faire. Fin connaisseur d'hommes, habitué aux roueries et aux intrigues, il mènera cette oeuvre à bien dans les pires difficultés, de quelque côté qu'elles viennent, en naviguant entre deux schismes.
 En attendant, ce revirement finit de convaincre le Poitou de la trahison de l'abbé et déchaîne encore plus la haine. Loin de constater le retour à la paix religieuse, la réouverture des églises, les fidèles de Marigny considèrent son action comme une deuxième trahison et la réputation de l'abbé ne s'en porte pas mieux, comme le souligne le Comte Boulay de la Meurthe dans son "Histoire de la négociation du Concordat de 1801"(p.163) : "Les antécédents de Bernier, en effet, ne le désigneaient guère pour un pareil rôle. Lorsque dépossédé, pour refus de serment, de sa cure de St-Laud à Angers, il était entré dans l'armée des Vendéens, sa volonté persévérante avait été dès lors de s'y mettre en évidence.(...). La cause royale ne le passionnait pas ; l'ambition personnelle était devenue à peu près son seul guide. Elle l'avait poussé à s'insinuer au milieu des compétitions qui isolaient et affaiblissaient les chefs : de ces tristes intrigues, il était sorti soupçonné et craint par ses adversaires, peu estimé par ses partisans".

 La suite est connue : une grande partie des prêtres de l'ancien territoire de l'armée de Marigny refusent de prononcer la Promesse et se créent en Petite Eglise ; le schisme est consommé. Les plus ardents adversaires du Concordat se comptent chez les proches de Marigny, notamment l'abbé Texier à Courlay. La raison officielle était que Pie VII n'avait pas le droit de démissionner des évêques de leur siège sans faute de laur part, ce qui n'était pas complètement faux, comme l'écrira Pie VII à Bonaparte "mon droit est douteux..." Les schismatiques vont donc s'appuyer sur la décision de Mgr de Coucy de ne pas obéir au pape. Raison seulement "officielle" puisqu'en 1814, ces prêtres rencontreront Mgr de Coucy, soumis depuis plusieurs années, qui leur demandera de rentrer dans le rang. Rien n'y fera et la Petite Eglise continuera, preuve s'il en faut que l'argument religieux n'était pas la véritable raison du schisme...

 Mais revenons à l'abbé Bernier, ou devrions-nous dire plutôt Mgr Bernier, car celui-ci a été nommé depuis évêque d'Orléans, en récompense de ses loyaux services.Alors que Bonaparte se montre fort mécontent du schisme, lui qui avait aussi choisi l'abbé Bernier pour se parer de toute nouvelle contestation religieuse en Vendée, Mgr d'Orléans se propose de faire un voyage dans l'ex-Vendée militaire pour rallier les opposants...Cette initiative n'enchante guère les autorités de la région et le préfet du Maine-et-Loire, Nardon, écrit les mots suivants au général Gouvion (Arch Nat AF iv 1053) : "On parle d'une mission de l'évêque d'Orléans dans l'Ouest. Qu'y viendrait-il faire ? les républicains le détestent. Les royalistes le méprisent. Bernier ne compte pas, dans la contrée, dix partisans. Lui, empêcher les troubles, s'il en existait ? Il en créerait plutôt !".

 Le préfet Nardon voit juste, car d'après Pitre Chevalier, si Mgr Bernier fait un triomphe dans le bocage de Charette, son passage dans l'Anjou est beaucoup plus mouvementé (p. 572) : "[Mgr Bernier]... se vit insulté secrètement et publiquement à Angers. Des lettres pleines d'injures, des bouteilles pleines de sang, lui furent adressées de toutes parts. Il fallut écarter de son passage la population furibonde..." L'abbé Bernier le leur rend bien quand il écrit à Paris pour faire un rapport sur le schisme qui prend de l'ampleur : " Ces pays renferment ce que la Vendée avait de plus lâche et de moins actif. Ses habitants ne se sont même pas montrés lors de la dernière insurrection."(Auguste Billaud, p.134). Et pour cause ! Le mensonge éhonté de l'abbé Bernier montre assez le personnage...qui meurt en 1806.
 

CONCLUSION SUR UNE MORT GENANTE

 Ces quelques lignes n'ont pas été écrites pour dresser un acte d'accusation contre l'abbé Bernier, ni pour excuser le schisme de la Petite Eglise, mais sont plutôt une marque d'étonnement vis-à-vis du silence observé sur la mort du général de Marigny, silence qui dure encore. Il n'est pas besoin d'être beaucoup versé dans l'histoire des guerres de Vendée pour connaître les nom de D'Elbée, Charette, Cathelineau, Stofflet, Lescure, Bonchamps, etc...Mais Marigny ? Ce nom évoque peu de choses comparé aux mérites qu'il a acquis durant cette période.
 Bien sûr, ce souvenir de la perfidie de quelques chefs vendéens est douloureux à tous ceux qui aiment la Vendée militaire ! et alors ? Chacun sait que les acteurs de cette "guerre de géants" étaient aussi de simples hommes et que les erreurs n'ont pas manqué. A quoi sert donc de cacher honteusement ce fait, certes tragique, mais qui fait partie de l'Histoire ? Le souvenir de ces guerres de Vendée se résume aujourd'hui à la Chabotterie, au Puy du Fou, à la bataille de Cholet, aux Lucs-sur-Boulogne, etc...Tout le pays Bressuirais, qui en a pourtant été un acteur essentiel, est tombé dans l'oubli ; et l'on espère que le crime qui s'y est produit s'oubliera avec lui. Un simple exemple suffira : en 1936, l'association "le Souvenir Vendéen", chargé de transmettre la mémoire de ce qui touche aux guerres de Vendée, érigeait (enfin !) un monument à l'endroit où Marigny fut exécuté. On peut lire sous la croix :"A la mémoire de B. de Marigny, général vendéen, et des habitants de Combrand, tombés pour la défense de leur autel, de leur roi et de leurs foyers. 1793/1794". Le moins que l'on puisse dire est que cette épitaphe manque singulièrement de précision ou...de mémoire, ce qui n'est pas glorieux venant du "Souvenir Vendéen".
 En 1993, à l'occasion du bicentenaire des guerres de Vendée, la république admettait enfin qu'elle avait perpétré en Vendée génocide et massacres en tous genres. La même justice sera-t-elle rendue un jour à Marigny par la Vendée ?
 
 
 

      David Balter
 

 


Notes :
(1) : ceux que Pitre Chevalier appelle "les allemands" sont en fait des déserteurs de l'armée de Mayence, amenée par Kleber en Vendée en 1793, et qui ont rejoint les troupes royalistes, en n'ayant évidemment pas les mêmes scrupules. Dans son livre "Marigny ou la mémoire assassinée", Stéphane Hiland rapporte même que Stofflet fut obligé d'envoyer les "allemands", car aucun officier vendéen ne voulut exécuter l'ordre.
(2) : La Girardière, paroisse de Combrand.
(3) : la marquise de la Rochejaquelein meurt en 1857, juste après avoir dicté ses "Mémoires".
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15 mai 2003 4 15 /05 /mai /2003 22:42

par Mgr Henri BRINCARD, évêque du Puy-en-Velay


Le 16 octobre 2002, à l’occasion de l’entrée dans la vingt-cinquième année de son pontificat, le Pape a signé la lettre apostolique « Le Rosaire de la Vierge Marie ». Par cette méditation personnelle, le pape nous livre les secrets de sa prière et de son cœur de père. N’affirme-t-il pas que le Rosaire est sa « prière préférée » et que « depuis ses plus jeunes années, elle a eu une place importante dans sa vie spirituelle » ?

D’une étonnante actualité, ce texte destiné aux chrétiens, à l’Eglise et au monde explique l’enjeu de la redécouverte du Rosaire. Pourquoi avoir ajouté des mystères de lumière ? Comment renouveler la pratique du Rosaire ? Expliquons brièvement ces quelques points fondamentaux.
 
 
L’étonnante actualité de cette lettre et ses enjeux pour les chrétiens, l’Eglise et le monde :

Il est de tradition, après un temps jubilaire, de consacrer une année à la Vierge Marie pour «implorer son aide afin que fructifient les grâces reçues » . Le Saint Père ressent aussi la nécessité de « redécouvrir la pratique du Rosaire » car « ce dernier constitue un moyen très valable pour favoriser chez les fidèles l’engagement de contemplation du mystère chrétien ». Le pape explique ensuite que, face aux influences d’autres religions, « il est plus urgent que jamais que nos communautés chrétiennes deviennent d’authentiques écoles de prière ».
Il invite instamment à prier le Rosaire pour les familles « toujours plus attaquées par des forces destructrices au niveau idéologique et pratique » . La famille que Paul VI qualifiait « d’Eglise domestique » connaît aujourd’hui une grave crise et la prière du Rosaire peut être un puissant moyen pour la surmonter. Le pape recommande particulièrement cette prière car elle est « une aide spirituelle à ne pas sous-estimer pour la famille ».
Enfin, Jean-Paul II souligne qu’en ce nouveau millénaire la prière du Rosaire constitue un engagement pour la paix. En effet, le Rosaire a toujours été proposé aux chrétiens pour implorer de Dieu ce grand don de la paix : « Le Rosaire nous rend bâtisseurs de la paix dans le monde » .
A tous les chrétiens, le Saint Père propose de redécouvrir cette prière à laquelle « l’Eglise a toujours reconnu une efficacité particulière, lui confiant les causes les plus difficiles dans sa récitation communautaire et dans sa pratique constante ».

Pourquoi avoir rajouté au Rosaire les mystères de lumière ?

Jean-Paul II insiste sur un point important : le Rosaire, tout en étant déjà une « méthode valable » de prière, peut être amélioré. Beaucoup en effet se laissent prendre par des méthodes de méditation proposées par d’autres religions. Face à cet engouement pour certaines « techniques répétitives et symboliques », le pape réaffirme que l’importance du Rosaire ne doit pas « être sous-estimée car cette prière est le fruit d’une expérience séculaire », capable de recevoir de nouveaux enrichissements. L’ajout au Rosaire d’une nouvelle série de mystères vise seulement à «aider les fidèles à comprendre cette prière dans ses aspects symboliques, en harmonie avec les exigences de la vie quotidienne » .

Notons aussi que le Saint Père « n’exige » pas que nous récitions ces nouveaux mystères. Il nous les propose : « il me semble toutefois qu’un ajout serait opportun ; tout en le laissant à la libre appréciation des personnes et des communautés ». La raison principale de cette innovation est de donner à la prière du Rosaire une orientation plus christologique. Les mystères de lumière permettent, en effet, de « prendre en compte les mystères de la vie publique du Christ entre le Baptême et la Passion ». En les récitant, nous contemplons le mystère du Christ « lumière du monde » et « les années de sa vie publique » : son baptême, son « auto-révélation » aux Noces de Cana, l’annonce du Royaume de Dieu, la Transfiguration ainsi que l’institution de l’ Eucharistie, signe éclatant du don inouï que Jésus fait de lui-même pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Comment nous renouveler dans la pratique du Rosaire ?

Comme un père parlant à ses enfants, Jean-Paul II évoque discrètement quelques moments importants de sa vie où le Rosaire a joué un rôle décisif : pendant sa jeunesse, lors de différentes épreuves qu’il a connues à l’âge adulte et puis pendant son pontificat, notamment au cours de ce terrible attentat dont il a été victime. La prière du Rosaire a accompagné le pape tout au long de sa vie.

Or, si le rosaire ou l’une de ses parties, le chapelet, a été très pratiqué par les générations anciennes avec de grands fruits, aujourd’hui les plus jeunes générations ignorent cette prière. Puisque le Saint Père invite tout particulièrement les familles à réciter cette prière, ayons des initiatives : par exemple, présentons la dizaine, permettons à l’enfant de dire un « Je vous salue, Marie », ou bien de chanter. Il y a mille manières de faire aimer à des enfants le Rosaire afin que cette prière transforme leur cœur.

Dans les diocèses, les paroisses, les lieux de pèlerinage, pourquoi ne pas proposer une initiation au Rosaire sous la forme d’un enseignement mais aussi en récitant le chapelet d’une manière plus attrayante ? Jean-Paul II nous donne des conseils concrets pour présenter le chapelet comme un chemin de prière.

A chacun de nous, le Saint Père demande : « Reprenez avec confiance le chapelet entre vos mains ! (..) Que mon appel ne reste pas lettre morte ! » Accueillons cet appel. Renouvelons notre manière de dire cette prière en nous souvenant de cette parole de saint Jean Chrysostome : « Celui qui prie tient le gouvernail du monde ! » Oui, prions Marie et prions avec Elle. Que la Mère de Dieu, qui est aussi Mère de l’Eglise et de tous les hommes, nous conduise vers son divin Fils dans une profonde espérance !
 

+ Henri Brincard
Mai 2003

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1 mai 2002 3 01 /05 /mai /2002 22:28

Luigi Beltrame Quattrocchi est né à Catane le 12 janvier 1880 et il arrive à Rome en 1890. C'est là qu'il rencontra et épousa Maria Corsini, le 25 novembre 1905, en la basilique Sainte-Marie-Majeure. Ils se sont connus par l'intermédiaire d'amis communs.

Ils eurent deux fils et deux filles. Les fils sont prêtres, l'un prêtre diocésain et l'autre trappiste. Les filles sont consacrées, l'une consacrée laïque, et l'autre bénédictine.

Diplômé en droit à l'université romaine La Sapienza, Luigi Quattrocchi a suivi une carrière d'avocat auprès de différents ministères italiens. Il était engagé dans l'apostolat catholique et se distinguait par une vie chrétienne exemplaire. Il s'est éteint à Rome, le 19 novembre 1951.


Maria Corsini était née à Florence le 24 juin 1884 et était arrivée à Rome en 1893. Elle partageait les engagements apostoliques de Luigi. En 1914, à la suite du tremblement de terre d'Avezzano, elle s'est dévouée au secours des blessés. Devenue tertiaire franciscaine, elle était catéchiste, et fit partie du Conseil central de l'Action catholique féminine, et adhéra aussi à d'autres mouvements. Elle est aussi l'auteur de différents ouvrages de spiritualité. Elle s'est éteinte à Serravalle (région de Bibbiena), au cours de ses vacances, en 1965.

Pour la première fois dans l'histoire, Jean-Paul II a béatifié fin octobre dernier un couple. C'est ainsi une manière de dire à l'Eglise du troisième millénaire que la sainteté n'est pas le "monopole" des religieux.

Maria et Luigi ont donc eu quatre enfants:
Filippo (aujourd'hui le père Tarcisio), né en 1906;
Stefania (soeur Maria Cecilia), née en 1908 et décédée en 1993;
Cesare (aujourd'hui le père Paolino), né en 1909;
Enrichetta, née en 1914.
Filippo; Stefania et Enrichetta ont d'ailleurs tous les trois assisté à la cérémonie de béatification de leurs parents.

Maria fait de son foyer un lieu chaleureux, où sont accueillis famille et amis.
Avec Luigi, elle se rend chaque jour à la messe.
Maria écrit à ce sujet : "La journée commençait ainsi : messe et communion, ensemble. Sortis de l'église, il me disait "bonjour", comme si la journée ne commençait que maintenant. On achetait le journal, puis on montait à la maison. Lui à son travail, moi à mes occupations. Chacun pour son propre compte, mais en gardant la présence de l'autre incessamment en nous."
Elle dit plus loin : "Le dîner, quelques passages de livres plaisants, puis le chapelet. Vie sereine, intellectuelle, intéressante, intime et reposante. Jamais futile, jamais triste et pessimiste. Vie vécue dans le sens plein de la parole. Non survolée, mais animée de la joie de la conquête qu'il portait en lui chaque minute, avec la joie d'être ensemble, toujours nouvelle."

Maria et Luigi élèvent ainsi avec Foi leurs enfants, soutenus par le Père franciscain Pellegrino Paoli, qui deviendra leur Père spirituel et celui de toute la famille.
En 1913, lorsque Maria est enceinte de leur quatrième enfant, Enrichetta, les médecins lui annoncent qu'elle ne survivra pas si elle garde cet enfant, qui n'a aucune chance de vivre selon eux.
Mais elle décide de se confier à la Providence. Et la naissance se passera bien, après une grossesse malgré tout difficile.

Parallèlement, Luigi s'engage avec Maria dans différents mouvements catholiques italiens. Il appuie ouvertement le Parti populaire naissant. En semble, ils fondent des mouvements de jeunes dans les quartiers défavorisés de Rome. Durant la guerre d'Ethiopie puis la 2ème guerre mondiale, Maria part comme infirmière volontaire de la Croix-Rouge.

Le cardinal Martins, préfet de ma Congrégation pour la cause des saints, a déclaré à leur sujet dans l'Osservatore Romano (10 oct. 2001) que leur "vie constitue une sorte d'évangile familial. Ils ont su vivre saintement leur devoir d'époux, de père et de mère dans un intense et vivifiant rapport entre la Foi et le sacrement du mariage ainsi que dans une parfaite communion de vue, de sentiment et de cœur."

Le père Paolino Rossi, qui a présenté à la Congrégation vaticane pour les Causes des Saints la documentation qui a permis de prouver l'héroicité des vertus des époux, poursuit en disant qu'"il s'agissait d'un couple extrêmement équilibré qui a su joindre une grande attention aux enfants - même lorsque les trois aînés sont entrés dans les ordres. Luigi et Maria sont restés très proches d'eux - à une activité professionnelle et à des apostolats extérieurs, le tout porté par une intense vie de prière. Ils ont su porter l'Evangile au quotidien, de manière cohérente et concrète".

Le père Rossi a expliqué que la Congrégation a approuvé un seul miracle pour les deux serviteurs de Dieu. Il s'agit de la guérison de Gilberto Grossi, qui est aujourd'hui neurochirurgien.
Le postulateur explique que c'est grâce à l'intercession des deux conjoints qu'il a obtenu de Dieu la guérison d'altérations osseuses, qui l'obligeaient souvent à rester immobile. Il a été guéri d'une grave arthrite liée à une inflammation intestinale progressive et provoquant des ulcères cutanés.
Ayant fait la connaissance d'un fils de Luigi et Maria, et après avoir pris connaissance de leur spiritualité et de leur sainteté, il s'était confié à leur commune protection. Il fut guéri alors qu'il travaillait dans la maison de la famille Beltrame Quattrocchi. Il avait été chargé de classer les écrits des époux.
Sa guérison a été reconnue le 21 mai 2001 par la commission des médecins de la Congrégation pour la cause des saints comme étant "imprévue, complète, durable et inexplicable scientifiquement."

"Reconnaissant leur "intercession commune", on peut dire que les théologiens ont souligné que les époux sont unis non seulement dans la dimension humaine mais aussi spirituelle".
En béatifiant ensemble les époux Luigi Quattrocchi et Maria Corsini, Jean Paul II a fait remarquer :
" Aujourd'hui, nous avons une confirmation singulière que le chemin de la sainteté accompli ensemble, en tant que couple, est possible, est beau, est extraordinairement fécond et est fondamental pour le bien de la famille, de l´Eglise et de la société".
"Ils ont vécu, a dit encore Jean Paul II, "un engagement particulier sur le chemin de sainteté auquel les époux sont appelés par la force de la grâce sacramentelle ... Ces époux ont vécu, à la lumière de l´Evangile, et avec une grande intensité humaine, l´amour conjugal et le service de la vie. Ils ont assumer avec une pleine responsabilité la tâche de collaborer avec Dieu à la procréation, se dévouant généreusement à leurs enfants pour les éduquer, les guider, les orienter à la découverte de son dessein d'amour ".

" Sur les chemins de la mission, la famille est la première et la plus importante", a dit encore le pape.
Ils l'ont vécu en effet, dans un climat de sérénité, d´hospitalité, d´amitié, et aussi de distractions, de villégiature, de bicyclette! Et la chose la plus extraordinaire est qu´ils ont su se sanctifier et vivre l´ordinaire.

Enfin, lorsque la béatification de Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi a été approuvée, un problème s´est posé à la Congrégation pour les Causes des Saints: quel jour l´Eglise allait-elle les fêter? C´était la première fois que deux époux étaient béatifiés ensemble.
En général, la fête des bienheureux correspond au jour de leur mort, le jour de leur union à Dieu. Mais pouvait-on fêter les nouveaux bienheureux à deux dates différentes?
Jean-Paul II a demandé que la fête liturgique des bienheureux Quattrocchi soit fixée au jour anniversaire de leur mariage. Luigi et Maria se sont mariés le 25 novembre 1905. Pour le moment, cette fête n´est observée qu´à Rome, le diocèse des bienheureux, car la béatification a un caractère local. S´ils sont canonisés, leur fête liturgique prendra un caractère universel. 
  
Bernard JOUSTRATE

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2 juillet 1992 4 02 /07 /juillet /1992 22:28
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